Levée des 300 000 hommes

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La levée des 300 000 hommes est une mesure militaire prise par la Convention le 24 février 1793. Alors que la toute jeune république doit affronter la coalition de la plupart des souverains européens, l'armée française subit un forte hémorragie de ses soldats, la trahison de certains officiers qui se traduisent par des défaites et une nouvelle invasion du territoire national. Pour renforcer les effectifs les révolutionnaires républicains décident de réquisitionner les jeunes français susceptibles de porter les armes. Mais il y avait de nombreuses exemptions de mobilisation, surtout favorables aux personnel politique partisans de la Révolution, et aussi aux fils de riches.

Une partie des ruraux, les plus touchés par la mesure, qui rappelait le système si détesté de la milice d'Ancien Régime (avant la Révolution de 1789) se révoltèrent, surtout dans les départements de l'ouest.

La levée des 300 000 hommes n'atteint pas ses objectifs dans la mobilisation de nouveaux soldats, aussi le 23 août 1793, alors que la situation militaire intérieure et extérieure a empiré, la Convention doit décréter la levée en masse.

Les volontaires de 1792[modifier | modifier le wikicode]

En 1792, pour faire face à l'invasion du territoire par les armées austro-prussiennes, l' Assemblée Législative avait autorisé la mobilisation de volontaires (qui se sont engagés pour faire une seule campagne militaire). Aux côtés des soldats de métiers issus de l'armée royale d'Ancien Régime, ces soldats ont remporté les batailles de Valmy (20 septembre 1792) et de Jemappes (6 novembre 1792). Sur leur lancée, après avoir repoussé l'invasion, les soldats français conquièrent la Belgique et s'installent en territoire allemand à l'ouest du Rhin. Beaucoup de volontaires de 1792, estiment alors qu'ils ont accompli leur devoir, sauvé la Révolution et que leur « contrat » étant rempli ils peuvent retourner dans leurs foyers. Ce que nombre d'entre eux font pendant l'hiver au début de 1793, malgré les appels de la Convention à ce qu'ils restent « sous les armes ». Or au même moment, atterrés par l'exécution du roi Louis XVI, et pour l'Angleterre par l'occupation de la Belgique, les souverains européens se coalisent et reprennent la guerre sur toutes les frontières de la France. L'armée française qui « s 'amaigrit » doit faire face à un ennemi de plus en plus nombreux.

La levée des 300 000 hommes[modifier | modifier le wikicode]

En février 1793, alors que les opérations militaires reprennent l'armé républicaine ne dispose plus que de 200 000 hommes, or le comité de défense général estime qu'il en faudrait au minimum 500 000. Les 300 000 homes « manquants » vont dont être l'objet d'une levée militaire. Comme en 1791 et 1792, il est prévu qu'elle doit se faire par un appel aux volontaires. Or les volontaires se font rares. Pour obtenir les effectifs imposés à chaque collectivité territoriale la loi prévoit que les vides seraient complétés par des non-volontaires. La désignation de ces derniers est laissée à l'initiative des autorités locales. Plusieurs possibilités s'offrent à elles : le tirage sort, l'élection ou la désignation d'office. Les recrues ainsi désignées ne peuvent être que des hommes âgés de 18 à 40 ans, célibataires ou veufs sans enfants à charge. La loi prévoit la possibilité de se faire remplacer, le remplaçant était « acheté » par la famille du non-volontaire désigné, à charge en plus de lui fournir l'équipement, l'habit et l'armement.

Les volontaires ne sont pas nombreux. Les raisons en sont multiples. Les Français qui s'étaient enrôlés en 1791 et 1792, et qui étaient retournés chez eux, ne sont guère enthousiastes pour repartir. Seuls les plus « patriotes » et les plus républicains acceptent. En effet la situation a changé depuis l'été 1792. La monarchie a été abolie et le roi a été guillotiné le 21 janvier 1793. Les Français les plus modérés sont réticents à défendre la République. La guerre à faire contre l'ensemble de l'Europe monarchique, risquait d'être longue et difficile. Les défaites militaires de l'hiver n'auguraient rien de bon.

Il faut donc compléter les effectifs exigés par des non-volontaires recrutés « de force ». Les autorités locales sont soumises à de fortes pressions de la part des familles de leurs administrés. Une partie des désignés d'office sont des hommes dont la population veut se débarrasser : ainsi dans les communes modérées, on désigne les patriotes les plus remuants, ou bien même les prêtres constitutionnels. Ailleurs on élimine de la vie collective les chômeurs, les indigents. Le tirage au sort, plus hasardeux est le plus contesté : il rappelle trop le tirage au sort de la milice d'Ancien Régime. Dans les départements de l'ouest il est l'étincelle qui va déclencher le soulèvements des ruraux de Vendée, déjà opposés à d'autres mesures prises par les révolutionnaires depuis 1789. Pour assurer la bonne exécution de la loi la Convention envoie dans chaque département un duo de représentants en mission.

Cependant certains départements parvinrent à fournir les effectifs exigés : c'est le cas de la Marne, de l'Aube, de la Somme, la Haute-Saône qui sont des départements au contacts de l'ennemi, mais aussi de départements plus à l'abri comme l 'Indre, Le Loir-et-Cher, l'Eure-et-Loir, la Haute-Vienne, l'Ardèche, voire la Sarthe.

Au total on estime que la levée des 300 000 hommes ne fournit que la moitié des effectifs demandés.

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