Monuments de Djerba

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Carte topographique de Djerba.

L’île de Djerba est située au sud-est de la Tunisie1. Elle est reliée au continent par la chaussée romaine d' « El Kantara », ainsi que par le bac qui assure un pont maritime entre Ajim (porte d’accès de l’île), et la falaise d’El Jorf (point avancé du continent africain). Ayant à peu près la forme d'un quadrilatère et une superficie d'environ cinquante-deux mille hectares, l'île recèle une belle diversité de sites et de monuments anciens.

Chantée par Homère sous le nom d’« île des Lotophages », Djerba a un riche passé historique et a hérité d'un patrimoine archéologique et architectural (militaire, religieux) varié. On citera notamment la forteresse turque de Ghazi Mustapha, les nombreuses mosquées, la synagogue de la Griba, deux églises (l'une catholique, l'autre orthodoxe), le site archéologique de Meninx (d'origine phénicienne), le mausolée numide de Henchir Bourgou, et encore une nécropole punique ou des catacombes romaines.

Le long des côtes de l'île, subsistent de nombreux Borjs2 (bastions, forts et fortins). Ils eurent longtemps une fonction de guet et de protection de l’île contre les incursions ennemies. Ils sont en plus ou moins bon état de conservation, certains si familiers qu'ils font quasiment partie du paysage et qu'on les remarque à peine, d'autres en partie recouverts ou démantelés par des siècles de dominations diverses, d'autres enfin dont les puissants remparts flanquent toujours les hauteurs.

Les forts[modifier | modifier le wikicode]

Borj Ghazi Mustapha[modifier | modifier le wikicode]

Fort Djerba Tunisie

C'est un monument très ancien de la petite syrte3. Situé au bord de la mer et près du port de Houmt souk, la forteresse a eu plusieurs noms : Borj El Kebir, le fort Espagnol, Borj Ghazi Mustapha, Borj El Hafi, El Hicar4.

La première construction de cet édifice fut en 12895 par Roger de Loria, amiral d’Aragon et de Sicile, sur les cendres de vestiges romains. Puis le monument a subi un réaménagement et un renforcement au XVe siècle et plus précisément en 1557 par Dragut, de ce fait il présente un vrai témoin de la grande bataille entre les Turcs et les Espagnols. Il est de forme rectangulaire cerné de tours rondes et carrées. La porte d’entrée ne donne pas directement accès à la cour intérieure et ce pour une raison défensive.

Par ailleurs, le fort abrite plusieurs salles et est pénétré de chemins qui offrent une vue dégagée sur les environs. À l’intérieur de Borj Ghazi Mustapha, on peut remarquer à l’entrée des stèles de l’époque médiévale6.

À côté du monument, on trouve une importante citerne. Il faut noter que dans une partie du Borj des locaux ont été ajoutés au XVIe siècle par les Turcs comme la mosquée, dont le minaret était rond mais qui a aujourd’hui disparu. Il abrite actuellement deux Zaouïas, celle de Sidi Saad et de Ghazi Mustapha, dédiée à Ghazi Mustapha Bey.

Borj el jemejem ou Borj errous ; Tour des crânes[modifier | modifier le wikicode]

Borj el jemejem ou Borj errous ; Tour des crânes

En 1560 Dragut assiégea l’armée ibérique, aidé par des indigènes et par une flotte en provenance d’Istanbul. Le siège se solda par une grande défaite de l’armée espagnole, des milliers d’entre eux y ont laissé leur vie.

Emporté par son triomphe, Dragut a même bâti, à l’ouest de Borj El Kébir, une tour conique de 40 mètres à la base et haute de dix mètres. Elle était bourrée à craquer de crânes et autres ossements macabres prélevés sur des milliers de soldats. Cette tour des crânes a survécu jusqu’en 1848, date à laquelle elle fut rasée. Son contenu funeste est enterré sur ordre d’Ahmed Bey, qui a cédé aux pressions européennes.

Borj El Castil[modifier | modifier le wikicode]

Il a été construit au XIIIe siècle par Roger Lorie, amiral du nord de Sicile. Ce fort est situé dans la partie sud de l’île, à l’extrémité de la presqu'île Bine El Guidiane. C’est une grande forteresse d’environ 30 mètres de hauteur. Les murs sont très épais et ont une forme carrée. Ce fort est doté de plusieurs tours, dont les plus hautes sont situées dans les quatre angles. Ce fort fut restauré au XVe siècle à l’époque Hafside et au XVIe siècle pendant la domination Turque, et enfin au XVIIe siècle pendant le règne du Bey de Tunis Hammouda Pacha. Il s’appela dans un premier temps « Castello » avant de prendre le nom de Borj El Castil.

Non loin, on trouve le sanctuaire du Sidi Marcil (« Saint Marcel ») ou aujourd’hui encore les femmes qui ne peuvent pas avoir d’enfants viennent avec l’espoir de pouvoir tomber enceintes.

Borj El Akrab[modifier | modifier le wikicode]

Il se situe au milieu du golfe Bougrara, se présente comme une petite redoute circulaire percée de meurtrières et entourée par la mer. Edifié par Dragut au XVIe siècle, il est connu comme le fort aux scorpions : une légende raconte qu’un prince qui avait perdu tous ses enfants à cause des piqûres de scorpion, conduisit son dernier fils dans ce fort isolé. Mais un jour l’enfant reçut en présent une grappe de raisin dans laquelle se cachait un scorpion, ce qui a causé la mort de cet enfant.

Quelques Borjs peu connus[modifier | modifier le wikicode]

Il existe de nombreux autres Borj à Djerba qui sont en général très peu connus :

  • Borj Ajim: défend un mouillage profond au sud de Djerba et a été édifié au milieu du XVIe siècle par Dragut. Fortement armé, ce fort disposait de deux bastions et d’une « tobjia », autrement dit une plateforme d’artillerie. Ceci s’explique par le fait qu’Ajim, face au Djorf, est le seul mouillage qui permet le passage de bateaux de grands tonnages. Ces murs ont une forme carrée qui ne dépasse pas les 6 mètres de hauteur. Il est appelé aussi « Borj El Marsa » (Fort du port). C’est un fort de défense et de protection à la fois.

Les lieux de culte de l’île[modifier | modifier le wikicode]

Les mosquées[modifier | modifier le wikicode]

La cour de la mosquée Sidi Brahim Jomni et les chambres d’étudiants à l’étage

Djerba est marquée par une forte densité de mosquées (environ 360) et chacune d’elle est unique et différente7.

Mosquée Sîdî Brahîm Eljomnî[modifier | modifier le wikicode]

Elle est située au centre de la ville de Houmt Souk. À l’origine, c’était une école pour promouvoir le Malékisme, qui daterait selon certaines sources historiques de 1675. Elle a été spécialement édifiée en l’honneur du Cheikh Ibrahim Eljomni.

Le monument se compose d’importantes unités architecturales ; on peut distinguer une salle de prière, une cour avec portiques, une salle d’ablution et d’autres annexes, une salle funéraire, une école coranique et des chambres pour les étudiants à l’étage.

Mosquée Tejdît[modifier | modifier le wikicode]

Mosquée Tejdite
Les chambres des enseignants et des étudiants de la mosquée Boumessouer

Elle est située à Fatou, banlieue de Houmt souk, non loin de la côte et remonte à la fin du XVe siècle. Les caractéristiques défensives de son architecture montrent le rôle important des mosquées fortifiées dans le système défensif de l’époque.

Cette mosquée se compose de différentes unités architecturales dont on distingue une salle de prière, une cour, une école coranique, une salle d’ablution et d’autres annexes.

Mosquée Bou Messouer ou Ejjâmaa El kébîr[modifier | modifier le wikicode]

Située à El hachen au nord de l’île, à 3 kilomètres de Houmt Souk sur la route de Mellita, c’est la plus ancienne mosquée de Djerba, datant du Xe siècle, et l’une des plus importantes. Ce monument a joué un important rôle religieux et éducatif et a contribué à la formation de plusieurs sommités théologiques, adeptes de la « Wahbiyâ El Ibadhiyâ ».

La mosquée se compose de différentes unités architecturales dont on distingue une salle de prière, une cour avec portique, une salle d’ablution, des chambres des enseignants et des étudiants, et des mihrab extérieurs indiquant la direction de La Mecque.

La mosquée Fadhloun[modifier | modifier le wikicode]

Ce monument se trouve aux abords de Khazroun en banlieue de la ville de Midoun8, au nord-est de l’île. Il date probablement du XIVe siècle.

Jamaa Fadhloun

Cette mosquée appartenait à une chaîne de mosquées ; elles n’étaient pas très éloignées de la côte et elles formaient une deuxième ligne défensive, renforçant les postes de surveillance avancés installés sur la côte.

Le monument est composé des éléments suivants :

  • une salle de prière qui s’élève au milieu d’une cour clôturée, dont le sol est couvert d’un enduit de chaux.
  • des dépendances comprenant une salle principale qui abritait l’école coranique, et deux petites pièces, dont l’une était destinée au logement et l’autre était utilisée pour garder les réserves alimentaires.

Jamaa Ettrok[modifier | modifier le wikicode]

Jamaa Ettrok

Il est situé au centre de Houmt Souk. À l’origine, c’était une mosquée hanafite qui daterait selon certaines sources historiques de la fin du XVIe siècle. Actuellement il est malékite et a subi plusieurs modifications tout en gardant son aspect ottoman turc. Le monument se compose de diverses unités, dont une salle de prière, une salle d’ablution, un minaret indépendant et des annexes.

Jamaa Ghorba[modifier | modifier le wikicode]

Il est situé au centre de Houmt Souk. À l’origine, c’était une medersa ibadite s’appelant Touzine, qui daterait du XVe siècle. Depuis le XIXe siècle et jusqu’à nos jours, il est devenu « malékite » (d’où le non d’étrangers donnée aux malékites venant s’installer dans l’île), et a subi quelques modifications.

Le monument se compose de diverses unités dont une salle de prière, une salle d’ablution, un minaret indépendant, un mausolée, des chambres d’étudiants, une maison pour le Sheikh et des annexes.

Jamaa El Outa

Jamaa El Outa[modifier | modifier le wikicode]

C’est un petit monument enterré dans la campagne, en pleine forêt d'oliviers, situé pas loin de la route entre Sedoukech et El Kantara. Seules deux coupoles et une entrée en voute sont visibles de l’extérieur, le reste est complètement sous la terre. C’est un prie-dieu « ibadite » d’origine, avec un aspect défensif apparent. On le date entre le XIe siècle et le XIIIe siècle.

La mosquée El Bassi

La mosquée El Bassi[modifier | modifier le wikicode]

Monument situé dans la compagne dans le village de Walegh, c’était une grande école « ibadite » qui date du XVIIIe siècle. Il a été édifié pendant la période Husseinite et présente un style architectural turc-ottoman9.

Le monument se compose d’importantes unités architecturales ; on peut distinguer une salle de prière, une cour avec portiques, une salle d’ablution et des sanitaires, une maison pour le Sheikh, une école coranique, une bibliothèque, des chambres pour les étudiants et plusieurs annexes.

Les mausolées[modifier | modifier le wikicode]

Mausolée : « Zaouïa ».La zaouïa n’est pas à proprement parler un édifice réservé au culte, mais une sorte de sanctuaire dédié à la mémoire d’un marabout ou un chef de confrérie. S’il s’agit d’un saint local il y est généralement inhumé. La zaouïa se double généralement d’un espace d’université coranique que fréquentent des étudiants logés dans des chambres disposées à l’intérieur.

La zaouïa de Sidi Abdelkader[modifier | modifier le wikicode]

Il s'agit d'une Zaouïa située dans la vieille ville de Houmt Souk, dédiée pour le mouvement Kadérite Malékite. Cet édifice est fondé avec une touche ottomane composé d'un mausolée, d'une mosquée et d'un patio cerné de galeries.

Les synagogues[modifier | modifier le wikicode]

La synagogue de la Ghriba[modifier | modifier le wikicode]

Synagogue de la Ghriba

Ce lieu de culte est situé dans le village d’Erriadh (Hara Sghira) à 9 kilomètres du sud de Houmt-souk10. Selon plusieurs écrits, la construction remonterait à la destruction du premier temple de Jérusalem, en 565 avant l’ère chrétienne. De ce fait les serviteurs du temple ont choisi l’île de Djerba comme refuge. Et depuis la Ghriba (la plus ancienne des synagogues du Maghreb) a vu le jour dans ce vieux village berbère (qui s’appelait Dighet et actuellement Hara Sghira).

Selon une autre version (une légende plus poétique), le nom de ce lieu de pèlerinage serait dû à une très belle femme inconnue qui aurait installé sa hutte à peu de distance du village juif de Hara Sghira. La légende dit que cette femme avait des dons miraculeux de guérison. Elle ne fut cependant jamais totalement acceptée par la communauté. Un jour les villageois courent voir un feu du côté de sa hutte mais ils n’interviennent pas, par peur qu’elle ne se livre des activités de sorcellerie. Le lendemain ils trouvèrent l’étrangère morte dans la hutte totalement détruite par les flammes mais son corps était intact. Les villageois regrettant leur attitude auraient alors bâti la synagogue11 sur l’emplacement la hutte et le pouvoir miraculeux de l’étonnante étrangère agirait toujours.

La magie et la beauté de l’histoire de « la Ghriba » attirent tout au long de l’année Juifs et Musulmans curieux de connaître son histoire. Chaque année, un pèlerinage aux monuments de culte juifs de renommée mondiale se déroule au mois de mai. En 2018, environ 3 000 personnes venues du monde entier ont participé à une grande fête et une sortie à la Ghriba.

Les églises[modifier | modifier le wikicode]

L'église catholique Saint-Joseph[modifier | modifier le wikicode]

L’église12 se situe en plein centre de Houmt Souk, le chef-lieu administratif de l'île de Djerba. Son existence remonte à 1848, date à laquelle les quelques familles chrétiennes habitant l’île (essentiellement de pauvres pêcheurs maltais) ont, à partir d'une simple cabane achetée à la famille ben Ayed, édifié une modeste église de forme carrée (représentant seulement un tiers de sa grandeur actuelle). Ils lui ont adjoint, côté sud, un petit presbytère construit pour le premier curé résident, un père capucin italien, venu la même année à Houmt Souk pour aider et animer la petite communauté religieuse catholique .

En 1901, le curé de l'époque, d'origine maltaise, a rajouté à l'église deux vraies tours dotées de cloches. Il a fait percer des fenêtres en haut de la nef principale, puis décorer les piliers de l'église avec des chapiteaux sculptés en pierre de Malte par un sculpteur de Gozzi. Il a fait également recouvrir ces piliers de damas lyonnais en soie, ce qui donnait à l'intérieur de l'église un aspect chaud et presque chatoyant. Dédiée à Saint Joseph, l'église a existé dans cet état jusqu'en 1964, année où la République tunisienne l'a nationalisée, pour servir de salle d'études aux enfants pauvres, puis être transformée en salle de sport. En 2005, un décret présidentiel a rendu l'église aux chrétiens pour qu'ils y célèbrent à nouveau leur culte religieux. Elle a été alors restaurée, puis décorée avec des copies d'anciennes mosaïques chrétiennes, trouvées en Tunisie.

L’église orthodoxe Saint-Nicolas[modifier | modifier le wikicode]

Saint-Nicolas, église orthodoxe de Houmt Souk (vue intérieure).
Saint-Nicolas, église orthodoxe de Houmt Souk (vue extérieure).

À Houmt Souk, en face de la Marina, se tient une autre église, chrétienne-orthodoxe, une église beaucoup plus discrète mais toujours en activité. Elle fut édifiée dans les années 1890, à une époque où la communauté grecque du lieu était importante. En ce temps-là, les pêcheurs grecs venaient chaque été, le long des rivages libyens et tunisiens, accomplir leur campagne de pêche d'éponges. Beaucoup finirent par s'installer à Sfax ou à Djerba comme pêcheurs ou artisans, et c'est ainsi qu'ils firent construire à Djerba, juste à côté du port de Houmt Souk, une petite église grecque orthodoxe qu'ils appelèrent Saint-Nicolas (du nom du saint patron des pêcheurs). À cette époque, entre 1900 et 1920, la communauté grecque vivant à Djerba se chiffrait aux alentours de 1 000 personnes, et durant les fêtes de la Pâque orthodoxe, cet édifice religieux, à peine plus grand qu'une chapelle, accueillait des centaines de Grecs orthodoxes.

Aujourd'hui, on peut voir, à côté de l'église Saint-Nicolas, la tombe où repose un des pionniers de l’hôtellerie de Djerba : Joannis Kindynis, un Grec propriétaire de « Le Lotos », un hôtel qu'il fit construire en 1940 à la place d’un entrepôt des éponges qui appartenait à son père, lui-même conservateur de l’église orthodoxe jouxtant l’hôtel. De nos jours, un autre djerbien d'origine grecque est à la fois le maître de l'hôtel et le gardien de l'église.

Monuments de l’époque antique[modifier | modifier le wikicode]

Meninx[modifier | modifier le wikicode]

Le site Meninx est situé dans l’extrême sud-est de Djerba. Cette ville, fondée par les Phéniciens, a connu son apogée à l’époque romaine, devenant alors la capitale de l’île.

L’île prendra alors le nom libyco-punique de Meninx qui signifie manque d'eau. Ce site renferme des vestiges apparents sur une longueur de deux kilomètres et une largeur de 800 mètres environ.

Les fouilles ont permis de découvrir l’existence d’un amphithéâtre, un théâtre, une basilique et une esplanade qui devaient constituer le forum (place publique) de la cité. Par ailleurs, le sol est jonché de vestiges, tels que des bases de colonnes en marbre blanc, des colonnes en granit, des chapiteaux ainsi que de nombreuses statues. Cette ville a connu une activité commerciale et artisanale très importante. Meninx demeure le chef-lieu de l'île de Djerba jusqu'à la seconde moitié du IIIe siècle ou du début du IVe siècle. Après cette date, elle fut remplacée par Girba (dans le voisinage de Houmet Souk). Meninx était une ville riche, en témoigne la diversité du marbre qui ornait ses constructions. Les archéologues ont identifié plusieurs types de marbres.

Le mausolée Numide de Bourgou[modifier | modifier le wikicode]

Djerba Bourgou

Appelé Henchir Bourgou, ce site est situé à 2 kilomètres de la ville de Midoun13 et considéré parmi les plus anciens de Djerba. Sur un terrain non fouillé, se dresse un édifice qui fait partie des mausolées royaux de la Numidie, rappelant, par son architecture, pleins d'autres de ces monuments funéraires préislamique à Sabratha (Libye) et à Siga (Algérie).

Avec ses 4,5 mètres de hauteur, il est construit en blocs taillés dans le calcaire et basés sur un plan triangulaire. Il abritait ainsi un couloir permettant l'accès à la chambre funéraire. Faisant probablement partie de l’antique Phoar, Henchir Bourgou est le seul témoin d'une vielle ville du IVe siècle av. J.-C. En effet, il a été mentionné pour la première fois au début du XIXe siècle siècle puis par Victor Guérin en 1862. Une équipe de l'Institut national d'archéologie et d'art s’est chargé en 1981 de l'étude du monument, tandis que la collecte du matériel archéologique a été effectuée en 1996. Il s’est avéré qu’il s’agissait de la céramique à vernis noir. De ce fait, la Tunisie a proposé en 2012 ce site pour un projet de classement sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, étant un des mausolées royaux de Numidie, de la Maurétanie et des monuments funéraires préislamiques.

La nécropole punique de Souk el Guebli[modifier | modifier le wikicode]

La nécropole punique de Souk el Guebli

Le nom d'El Guebli a toujours été lié à l'histoire car il possède un site archéologique de taille. Il s'agit de la nécropole punique. Située au sud-est de l'île, elle s'étend sur une superficie de 5 000 mètres carrés. D'importants vestiges funéraires ont été dévoilés durant plusieurs fouilles, c'était essentiellement de la poterie.

En fait, ce site est un véritable témoin de la culture autochtone mêlée à la touche phénicienne, qui a engendré cette architecture libyco-punique. Grâce à ses caveaux rupestres, la nécropole d’Essouk El Guebli remonte au IIIe siècle av. J.-C. Les premières tombes ont été découvertes dans des périodes indéterminées par des fouilleurs clandestins, tandis que le reste des tombes a été exploré de façon scientifique au début des années 1950 par un certain inspecteur Ratel Gontran. Et depuis, on ne dispose d'aucun complément d’information sur ces tombes. Cette douzaine de tombes représente un meilleur échantillon des tombes antiques existantes sur l’île.

La nécropole punique de Souk el Guebli

En effet, on trouve parmi les composantes de l’architecture funéraire : un dromos, une cour intérieure à ciel ouvert et quatre chambres funéraires. Par contre, le mobilier funéraire trouvé dans cette tombe est extrêmement varié, il est constitué d’un grand nombre de plats, d’amphores puniques, grecques, gréco-italiques et italiques, de lampes hellénistiques et d’autres objets en métal. Tous ces vestiges venus de partout de la Méditerranée indiquent les grands flux maritimes qui existaient à cette époque. Malgré ça, ces trésors à ciel ouvert demeurent menacés par les inlassables pilleurs et les faux-chercheurs malhonnêtes.

Les catacombes romaines d’El Fahmin[modifier | modifier le wikicode]

Les catacombes romaines d’El Fahmin

De tout temps, Guellala, la ville pionnière en poterie, ne cesse de cacher des trésors. Encore sur sa localité, la région d'El Fahmin possède de très magnifiques catacombes creusées dans les roches en calcaire. Peu fréquentées par la communauté, il est difficile de les apercevoir de passage, mais elles se trouvent à l'ouest de Meninx sur la route qui mène vers Guallela. On ne trouve que quelques très rares sources répertoriées concernant ces catacombes. Cette nécropole romaine daterait du IVe siècle. Les catacombes abritent deux cavités creusées dans le calcaire ; ces cavités recevaient les sarcophages. La première cavité possède 9 sépultures tandis que la deuxième en a 7. D’autre part, les ornements dans cette nécropole et ses formes taillées dans le calcaire, sont uniques par rapport à celles du continent.

Atelier de tissage traditionnel à Djerba[modifier | modifier le wikicode]

Le tissage traditionnel de Djerba a une grande réputation depuis l’Antiquité14. Les techniques utilisées reposaient sur deux phases complémentaires : celle de la préparation du fil de laine qui se faisait à l’échelle de famille par les femmes, puis celle du tissage qui se faisait dans les ateliers de tissage.

L’atelier du tisserand djerbien est assez typique, c’est une longue salle voûtée, à demi enfoncée dans le sol pour y maintenir une température modérée. Cette salle est terminée aux deux extrémités par un mur triangulaire imprimant au toit une très forte inclinaison.

L’intérieur est assez sombre ; quatre ou six métiers se font face, laissant libre un étroit passage au milieu. Le matériel rustique est fait en bois du pays : olivier et palmier.

Derrière chaque métier le tisserand portant la hazamia (sorte de tablier à larges rayures) et se livre à une épuisante gymnastique des bras, des jambes et du bassin pour lancer et reprendre sa navette dont la course est souvent très longue.

La poterie[modifier | modifier le wikicode]

L’atelier (Hanout)[modifier | modifier le wikicode]

Atelier de poterie

L'atelier est une vaste pièce servant à usiner et sécher les ustensiles en argile15. Son orientation est toujours vers le sud, afin de contourner les vents du nord et de tirer profit au maximum de la lumière du jour, indispensable au modelage des formes argileuses produites à gauche de l’entrée sur les tours16.

Cet atelier se compose de deux espaces dissemblables et contigus : d’abord une aire étroite de fabrication, le long de l’entrée, ensuite une aire plus spacieuse tenant lieu de séchoir pour les pièces provenant du tournage.

L’architecture de cet espace est soumise à des règles strictes. Elle favorise le séchage gradué qui s’étale sur quelques semaines, baignant dans une température humide. Le soleil, la lumière et les changements la température sont absolument évités.

Lieu de séchoir pour les pièces provenant du Tournage

Des arcades énormes en pierre, sculptées dans les roches massives, jonchent les toits splendides de ces hangars, supportant le poids impressionnant du toit.

De plus, et afin d’atteindre l’isolation thermique destinée à un séchage progressif, le sol de l’édifice était taillé à 50 ou 60 centimètres au-dessous du niveau extérieur.

À l’exception de l’entrée sud de l’atelier l’épaisse enceinte extérieure est solidement remblayée à coup de gravas de poterie et autres blocs pierreux.

Ce soutènement atteint le toit, lequel est suffisamment épais et revêtu de deux couches de demis troncs de palmiers ensevelis sous les algues de posidonie (un isolant thermique et anticorrosif pour les troncs). Le tout est coiffé d’une coulée d’argile, puis d’une couche de sable de 40 cm d’épaisseur environ.

Lieu de séchoir pour les pièces provenant du Tournage

Les petites ouvertures dans le toit remplacent parfaitement l'absence de fenêtres, de même qu’elles favorisent la luminosité et l’aération. Elles sont colmatées lors du séchage.

Les voûtes bénéficient de la couche de pierres entourant l’atelier en plus des contreforts extérieurs qui soutiennent les murs est et ouest. Ce qui permet à ces arcades, désormais solidifiées, de résister à la pression latérale.

  • Le four : il est situé en règle générale derrière le mur nord de l’édifice. Sa quasi-totalité est en dessous du niveau du sol, afin d’éviter tout gâchis thermique. Il se compose de trois éléments :
  • La « coucha » : c’est l’endroit où sont disposées les pièces à cuire. Il a la forme d’une coupole, avec des orifices au toit qu’on ouvre et ferme en fonction des besoins. Ils sont obstrués au moyen de sable et de poterie en vue d’optimiser l’isolation thermique.
  • La chambre de chauffe : l’âtre du four, situé immédiatement sous le four et chauffée dans un premier temps par des troncs de palmiers en incandescence.
    L’accès du four
  • L’accès du four : une espèce de tranchée aboutissant au foyer de la chambre de chauffe. Les céramistes se sont habitués à édifier eux-mêmes leurs fours, utilisant à cet effet, des briques massives et réfractaires, moulées à même la terrasse (terha) surplombant l’atelier. L’enfournement est une étape cruciale requérant une haute dextérité, étant donné les exigences d’un échauffement progressif et minutieux.

Les établissements économiques[modifier | modifier le wikicode]

Les Fondouks[modifier | modifier le wikicode]

L’entrée dun Fondouk à Houmt Souk

L’étymologie italienne du terme « fondacco » dénote un genre de construction caractéristique des cités méditerranéennes et moyen-orientales. Il est synonyme du mot égyptien « oukala », désignant un établissement destiné à recevoir les négociants accompagnés de leurs marchandises et de leur bétail. Ceux de Houmet Essouk passent pour des fondouks urbains qui ont commencé à pulluler autour de la méditerranée vers la fin du XVIe siècle.

Toutefois Léon l'Africain en a parlé confirmant leur existence depuis la première moitié du XVIe siècle : « …les fondouks de ce centre commercial sont toujours fréquentés par les marchands alexandrins, européens, turcs et tunisiens… »

Il reste un nombre élevé d’établissements toujours en état, bien que quelques-uns pêchent par leur état de délabrement avancé. Par ailleurs, cette densité reflète le rôle commercial de premier rang joué par ces espaces, des siècles durant.

Dans ces chroniques relatives au commerce florissant que connaissait Houmt Souk, Léon l'Africain remarque : «Tous ces commerçants chrétiens, juifs et musulmans se trouvent réunis dans les fondouks pour s’approvisionner ; les Vénitiens viennent pour le sel et les fruits, les autres achètent de l’huile, de la poterie et surtout des lainages.}}

Les Fondouks restent uniformes quant à leur configuration, leur aspect extérieur, leur cachet architectural de même que les éléments entrant dans la composition du fondouk, à savoir le rez-de-chaussée et l’étage respectivement destinés au bétail, au stockage des marchandises, et au séjour des clients.

Les dépôts ainsi que les chambres à étage étaient surtout ombragés par des galeries à arcades, embrassant de tous les côtés un patio spacieux. On y trouve une citerne souterraine (pour la réception d’eaux de pluie) et un puits (pour la lessive et les toilettes). De même que pour la construction, il a été fait appel à des matériaux de la région, aux formes et aux techniques en vigueur, modérant ainsi la chaleur de l’été, la rigueur de l’hiver et dotant d’édifice d’une ventilation renouvelée.

La galerie marchandise couverte : Souk Erbaâ[modifier | modifier le wikicode]

La galerie marchande couverte: Souk Erbaa

C'est une galerie rappelant le modèle turc, décrite par Servonnet et Laffite comme étant « …Un bazar couvert (souk) constitué de deux rues voûtées en coupant à angle droit en leur milieu, et recevant l’air et le jour de petits soupiraux percés dans la voûte même. De chaque côté s’ouvrent les étroites boutiques, bourrées de marchandises. ».

Elle est couverte pour prendre soin des marchandises exposées. Les passants y sont également mieux protégés contre les intempéries. Enfin, cette toiture aide à gérer le transit et mieux garder les précieux produits dont les bazars sont garnis. Depuis leur création, ces galeries possédaient des portails qu’on fermait en fin d’après-midi. Ce bazar date du XIXe siècle ou peut-être de la fin du XVIIe siècle.

L’espace Djerbien[modifier | modifier le wikicode]

Le menzel[modifier | modifier le wikicode]
Tabia

Le menzel est un élément fondamental ; c'est l’espace même de la résidence de la famille qui y exerce sa totale souveraineté. Il est également le lieu de travail et de l’entraide familiale, mais un lieu de villégiature aussi, puisque le Djerbien y passe la majeure partie de son temps, entouré de sa famille. Les contours sont affinés et agencés pour lui conférer un look qui s’est accommodé des paramètres naturels, écologiques, idéologiques et culturels.

Parmi ces éléments, citons la clôture « tabia » : une haie en terre, suffisamment élevée pour protéger le « menzel » contre les « badauds » et qui sert en même temps de brise-vent. Coiffée d’agave, d’aloès et de cactus, la haie est fixée et surélevée, offrant de surcroît aux résidents du menzel des comestibles, des plantes médicinales et des matériaux manufacturiers.

Elle abrite des insectes et des reptiles indispensables pour tout équilibre écologique. Ces haies épousent en rangées parallèles les sinuosités des sentiers ondoyants et en permanence ombragés17.

La maison « El Houch »[modifier | modifier le wikicode]
El Houch

Généralement située loin de l’entrée de la ferme, elle se distingue par sa structure qui a réussi un double pari : fédérateur de la famille élargie, et agent de cohésion et d’aide mutuelle entre ses membres et différents noyaux. Chaque famille y jouit d’un seuil minimum d’autonomie.

Répondant à tout cela, le houch comprend des éléments communs tel que le patio (ouast el houch), l’entrée «la squifa», une pièce en chicane, et la cuisine (matbakh).

D’autres éléments sont propres à chaque noyau familial : les « suites » (diar). Le mekhzène edhiaf est le pavillon des hôtes.

D’autre part, le houch s’est parfaitement intégré au milieu naturel et a reflété l’état d’esprit de la société de même que son mode de vie.

En plus d’avoir relevé des défis climatiques (étés torrides, taux d’humidité élevé, pluies irrégulières…) ce foyer a pris en considération la nature et la spécificité de la famille, ainsi que les orientations idéologiques et intellectuelles prépondérantes.

Les maisons traditionnelles djerbiennes offrent un cachet général distinctif, des normes architecturales communes et une conception similaire de ses principales composantes. Ceci étant, elles n’obéissent pas à un plan architectural uniforme, mais plutôt à des modèles variés et homogènes.

Le houch a représenté la configuration résidentielle qui convient à la composition de la famille et aux relations économiques entre ses membres, la famille étant alors, dans son acceptation, synonyme d’unité socio-économique au sein de laquelle l’individu était condamné à l’astreinte et la censure mais jouissant d’une sécurité simultanée.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Djerba
  2. Djerba :ministère de la culture et de la sauve garde du patrimoine
  3. http://www.patrimoinedetunisie.com.tn/fr/monuments/borj_ghazi.php
  4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Borj_El_Kebir
  5. Djerba Perle de la Méditérranée :Auteur Hédi Ben Ouezdou
  6. Si Djerba m’était contée…de Foued Rais
  7. http://www.djerbamuseum.tn/index.php?option=com_content&view=article&id=75&Itemid
  8. http://mansourhanin.blogspot.com/2015/11/monument-le-plus-celebre-djerba.html
  9. https://www.webmanagercenter.com/2018/05/29/420507/revue-patrimoine-et-creativite-un-numero-consacre-a-lile-de-djerba/
  10. https://fr.wikipedia.org/wiki/Synagogue_de_la_Ghriba_(Djerba)
  11. http://wwwout.boutsonde.c-du-monde.com/1af/htm/tunisie/djerba.htm
  12. http://abcdjerba.over-blog.com/2017/10/e-eglises.html
  13. https://fr.wikipedia.org/wiki/Henchir_Bourgou
  14. http://www.djerba-insolite.com/article/le-tissage-traditionnel-de-djerba
  15. http://jerba-la-douce.blogspot.com/2008/02/la-ville-de-djerba.html
  16. http://www.edjerba.com/huilerie/
  17. https://www.leaders.com.tn/article/15019-djerba-l-ile-aux-sables-d-or
Article mis en lumière la semaine du 22 janvier 2024.
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