La Ferme des animaux
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'La Ferme des animaux' | |
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Titre | 'La Ferme des animaux' |
Auteur | George Orwell |
Pays | Royaume-Uni |
Lieu de sortie | Londres |
Éditeur | Secker and Warburg |
Précédent | Un peu d'air frais |
Suivant | 1984 |
Genre | Dystopie Satire |
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La Ferme des animaux (Animal Farm) est un roman britannique de George Orwell paru en 1945.
Il s'agit d'une critique du communisme en Union soviétique, qui met en scène les animaux d'une ferme vivant une expérience semblable à la Révolution russe et à l'arrivée au pouvoir de Staline.
Ce livre, comme un autre grand roman d'Orwell, 1984, est considéré comme un chef-d'œuvre1. Il a connu deux adaptations.
La traduction française de Jean Quéval est parue en 1947. Elle s'est d'abord intitulée Des animaux partout ! puis La République des animaux et enfin La Ferme des animaux.
Histoire
L'histoire se déroule dans la ferme de M. Jones. Les animaux, maltraités et fatigués, rêvent d'une vie meilleure, ce que leur prédit un cochon âgé, Sage l'Ancien, avant sa mort. Ils décident alors de se révolter contre Jones, et le chassent de la ferme avec tout son entourage.
Ils instaurent un nouveau régime, l'Animalisme, qui promet égalité et prospérité pour tous les animaux, et renomment la Ferme du Manoir en Ferme des animaux. Ses chefs en sont l'ombrageux Napoléon et l'enthousiaste Boule de Neige. Très vite, des désaccords naissent entre les deux dirigeants. Ils tentent de les régler démocratiquement d'abord, mais Napoléon, ne supportant pas de voir Boule de Neige être plus populaire que lui, lance des molosses aux trousses de son rival, lequel n'a d'autre choix que s'enfuir.
Napoléon devient le chef suprême de la ferme et instaure un régime totalitaire dans lequel les cochons ont tous les pouvoirs, et les autres animaux deviennent leurs esclaves. Les « traîtres » sont exécutés, les animaux vivent dans la peur perpétuelle des molosses de Napoléon, voient leur hymne Bêtes d'Angleterre remplacé par des chants à la gloire de leur chef, et le règlement est progressivement transformé par les cochons, leur permettant de se conduire comme des humains (en fumant, buvant, donnant des coups de fouet, ...).
Le roman se termine avec une visite des fermiers des environs dans la ferme des animaux. Ils admirent l'efficacité de l'Animalisme, où les animaux travaillent plus que chez eux, tout en étant beaucoup moins bien traités.
Personnages
La Ferme des animaux est une violente critique du communisme, ou plutôt du stalinisme, qui a perverti les idées d'origine de Karl Marx et Lénine. Orwell, plutôt que critiquer directement Staline et les soviétiques, a préféré transposer la situation dans une ferme, avec des animaux comme principaux acteurs, ce qui lui permet de simplifier l'histoire compliquée de la Russie soviétique.
Sage l'Ancien (Karl Marx et Lénine)
Ce cochon âgé convoque tous les animaux de la ferme trois jours avant sa mort. Il leur raconte la vision qu'il a eue : les animaux devenus maîtres d'eux-mêmes et non forcés de travailler sans cesse et de finir tués ou mangés par leur maître, la liberté et l'égalité pour tous. Il a initié la révolution des animaux et a créé le chant Bêtes d'Angleterre. Son crâne est vénéré comme une idole à l'instar du mausolée de Lénine pendant quelque temps, puis est oublié.
Il représente à la fois :
- Karl Marx, auteur du Capital et du Manifeste du Parti Communiste (avec Friedrich Engels), et initiateur des idées communistes ;
- Lénine, célèbre révolutionnaire et premier dirigeant communiste de la Russie ;
- l'idéal communiste rêvé par ces deux hommes.
Napoléon (Joseph Staline)
Cet ombrageux cochon devient le dirigeant de la ferme aux côtés de Boule de Neige après l'exclusion de M. Jones. Si la cohabitation commence sous de bons augures, il ne tarde pas à se brouiller avec Boule de Neige. Il s'oppose fermement à la création d'un moulin à vent proposée par son rival et tente de régler ce conflit pacifiquement d'abord, mais, comprenant que Boule de Neige est plus populaire que lui, il le force à s'enfuir en le faisant poursuivre par ses molosses, des chiots qu'il a enlevés à leur mère et dressés à terroriser ses opposants. Devenu le seul chef de la ferme, il en fait une véritable dictature, où tous les animaux doivent travailler pour les autres cochons.
Il symbolise Joseph Staline, qui prépare son accession au pouvoir des années à l'avance sans en avoir l'air. À la mort de Lénine, Staline fait disparaître son testament politique, Lénine s'étant opposé à ce qu'il lui succède. Puis il évince le charismatique Léon Trotski et devient peu à peu le seul chef de l'URSS, qui se transforme en une des pires dictatures du XXe siècle, Staline usant notamment de la terreur et de très nombreuses exécutions pour maintenir son pouvoir2.
Boule de Neige (Léon Trotski)
Ce cochon, inventif et loyal, devient l'un des deux dirigeants de la Ferme des animaux après la fuite de Jones. Il est très populaire. Son idée de moulin à vent pour alléger la tâche des animaux causera sa perte : Napoléon, s'y opposant, le fait chasser de la ferme avec les chiens qu'il a dressés pour répandre la terreur. Napoléon se justifie en déclarant que Boule de Neige n'était autre qu'un espion à la solde de Jones. Boule de Neige est ensuite accusé de tous les maux de la ferme, bien qu'il n'y soit jamais revenu.
Il symbolise Léon Trotski. Cet acteur majeur de la Révolution russe est le principal rival de Staline, qui réussit à le chasser d'URSS après la mort de Lénine. Le dictateur soviétique est par la suite véritablement obsédé par Trotski, le faisant traquer et assassiner au Mexique en 1940, où il s'était exilé3.
La population russe
Malabar
Le cheval Malabar travaille sans cesse. Ses deux devises, Je vais travailler plus dur et Napoléon ne se trompe jamais, en disent long sur sa loyauté et son obéissance. Si Napoléon le cite pour exemple, il n'hésite pas à l'envoyer à l'équarrisseur dès qu'il est sur le point de mourir, afin de s'acheter de l'alcool.
Malabar symbolise les russes qui ont cru sincèrement et loyalement aux valeurs du régime soviétique. Il peut également être associé au mineur Aleskeï Stakhanov, qui avait lors d'un concours extrait une quantité très importante de charbon et qui avait été utilisé par la propagande soviétique comme exemple à tous les ouvriers de l'URSS.
Lubie
Lubie est une jument coquette qui préfère les flatteries des humains à la loi dure et austère instaurée par Napoléon. Elle finit par s'enfuir et se mettre au service des hommes plutôt que rester dans la ferme.
Lubie représente les Russes qui ont préféré s'enfuir d'URSS lorsque la loi est devenue trop dure, comme les intellectuels qui ont émigré lors des années 1920.
Les moutons
Manipulés par les cochons, ils sont totalement soumis à ces derniers et n'ont absolument pas conscience de la gravité de la situation, trop bêtes pour se poser la moindre question. Ils acclament systématiquement les cochons dans les débats, empêchant les rares contestataires de continuer, en chantant Quatrepattes, oui ! Deuxpattes, non !. Ce refrain devient plus tard Quatrepattes, bon ! Deuxpattes, mieux !.
Les moutons représentent les Russes les plus endoctrinés et soumis à leurs maîtres sans tenter de résister.
Les poules
Ce sont les animaux les plus exploités de la ferme par les animalistes, devant pondre sans s'arrêter.
Elles représentent les femmes en URSS, qui étaient surexploitées.
Brille-Babil : les propagandistes
Ce goret est un animal très persuasif, qui sert de porte-parole des cochons en allant voir les autres animaux. Il réussit à chaque fois à les convaincre que Napoléon ne commet des actions contestables que par sécurité ou par souci du bien-être de ses sujets. C'est lui qui modifie subtilement les sept commandements afin de justifier les actions injustes des cochons.
Il représente le très large réseau de propagande de Staline qui visait à endoctriner la population4.
On peut classer dans la même catégorie Minimus, un autre cochon, qui interdit le chant Bêtes d'Angleterre, et les remplace par des poèmes à la gloire de Napoléon.
Benjamin : George Orwell
Ce vieil âne cynique prédit dès le début les dérives de l'Animalisme. Il dit à la fin du récit une phrase devenue célèbre « Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d'autres. ».
Il symblolise George Orwell, qui était lui-même un cynique et détestait le stalinisme5. Sa présence dans le roman permet à Orwell de critiquer le communisme à sa guise.
Moïse : la religion
Ce corbeau, d'abord fidèle à Jones, change de camp et soutient finalement Napoléon. Il répète sans cesse qu'après leur mort, les animaux iront au Paradis, la « montagne de Sucrecandi ».
Il représente la religion en URSS, notamment l'Église orthodoxe.
Les molosses de Napoléon : la police politique
Napoléon a enlevé ces chiens à leur mère, il les dresse pour terroriser les animaux. Ce sont eux qui chassent Boule de Neige de la ferme.
Ils symbolisent les services secrets et polices politiques de Staline, qui faisaient régner la terreur en URSS6.
Les humains
M. Jones : Nicolas II
Ce fermier est le propriétaire de la Ferme du Manoir. Négligeant ses animaux, il oublie un soir de les nourrir, ce qui provoque la révolte de ses bêtes. Il se fait chasser de sa propriété avec tout son entourage et tente ensuite de la reprendre.
Il représente le Tsar de Russie Nicolas II. Ce dirigeant autocrate voit son pays déstabilisé par la Première Guerre Mondiale et ne peut résister face à la vague révolutionnaire qui s'empare de son pays. Il abdique en mars 1917 et est assassiné ainsi que sa famille en 1918, sur ordre des communistes7.
M. Whymper : Franklin D. Roosevelt
Il a été engagé par Napoléon pour servir d'intermédiaire entre la Ferme des animaux et les autres fermiers. "Whimper" veut dire "geindre" en anglais.
Il symbolise Franklin Delano Roosevelt, qui, avant et au début de la Seconde Guerre Mondiale, est appelé à résoudre divers conflits politiques sans vouloir clairement s'engager dans un camp, résolu à ne pas mêler les USA dans cette guerre qui ne concernait à l'époque que l'Europe. Il ne prendra part au conflit mondial qu'après le bombardement de Pearl Harbor par les japonais (alliés à l'Allemagne).
M. Frederick : Adolf Hitler
M. Frederick est un fermier des environs, dirigeant la ferme de Pinchfield. Les animaux ont peur de lui et de ses pratiques, ce qui n'empêche pas Napoléon de négocier avec lui. Malgré cela, Frederick finit par attaquer la ferme. Ils rompent alors leurs relations commerciales avec lui.
Il symbolise Adolf Hitler. Lorsque débute la Seconde Guerre Mondiale, les dictateurs allemand et soviétique signent un pacte de non-agression. Mais Hitler, considérant que l'URSS fait partie de l'« espace vital » que doivent conquérir les allemands, envahit la Russie. Cette attaque se termine par une défaite allemande et les soviétiques vont devenir des ennemis acharnés de l'Allemagne, intégrant donc les forces alliées, qui regroupent le Royaume-Uni, la France libre et les USA8.
M. Pilkington : Winston Churchill
Un autre fermier des environs, dirigeant la ferme de Foxwood. Les animaux se méfient de lui, mais moins que pour Frederick. Après l'attaque de ce dernier, c'est avec lui qu'ils entament des relations commerciales.
Il s'agit du premier ministre britannique Winston Churchill. Après l'invasion d'Hitler en URSS, les soviétiques font partie de ses alliés.
Symboles de l'Animalisme
L'hymne : Bêtes d'Angleterre
Bêtes d'Angleterre et d'Irlande,
Animaux de tous les pays,
Prêtez l'oreille à l'espérance
Un âge d'or vous est promis.
L'homme tyran exproprié,
Nos champs connaîtront l'abondance,
De nous seuls ils seront foulés,
Le jour vient de la délivrance.
Plus d'anneaux qui pendent au nez,
Plus de harnais sur nos échines,
Les fouets cruels sont retombés
Éperons et mors sont en ruine.
Des fortunes mieux qu'en nos rêves,
D'orge et de blé, de foin, oui da,
De trèfle, de pois et de raves
Seront à vous de ce jour-là.
Ô Comme brillent tous nos champs,
Comme est plus pure l'eau d'ici,
Plus doux aussi souffle le vent
Du jour que l'on est affranchi.
Vaches, chevaux, oies et dindons,
Bien que l'on meure avant le temps,
Ce jour-là préparez-le donc,
Tout être libre absolument.
Bêtes d'Angleterre et d'Irlande,
Animaux de tous les pays,
Prêtez l'oreille à l'espérance
Un âge d'or vous est promis.
Le règlement : les sept commandements
- Règle n°1 : Tout deuxpattes est un ennemi, sauf les volailles.
- Règle n°2 : Tout quatrepattes ou tout volatile, un ami.
- Règle n°3 : Nul animal ne portera de vêtements.
- Règle n°4 : Nul animal ne dormira dans un lit.
- Règle n°5 : Nul animal ne boira d'alcool.
- Règle n°6 : Nul animal ne tuera un autre animal.
- Règle n°7 : Tous les animaux sont égaux.
Adaptations
- 1954 : La Ferme des animaux, dessin animé de John Halas et Joy Batchelor9
- 1997 : La Ferme des animaux, téléfilm de John Stephenson10
Pour aller plus loin...
Vikiliens pour compléter
- George Orwell
- Karl Marx
- Lénine
- Révolution russe de 1917
- Joseph Staline
- Léon Trotski
- Communisme
- Stalinisme
- URSS
Liens externes
- La Ferme des animaux de George Orwell, site consacré au livre de George Orwell
- George Orwell, site consacré à la vie et l'œuvre de l'écrivain, et la page consacrée à La Ferme des animaux
Références
- ↑ 1984 de Orwell (Analyse), La Philosophie
- ↑ La Grande Terreur en URSS, La Vie des Idées
- ↑ 20 août 1940. Le tueur du NKVD Ramón Mercader fiche un pic à glace dans le crâne de Trotski, Le Point
- ↑ La propagande soviétique, La propagande pendant la seconde guerre mondiale
- ↑ Orwell à la rencontre du totalitarisme, Le cafard cosmique
- ↑ Histoire des services secrets soviétiques, Fonjallaz
- ↑ La tragédie des Romanov, Les derniers Romanov
- ↑ Staline, le meilleur allié d'Hitler... jusqu'en 1941, La Voix de la Russie
- ↑ Fiche Allociné du dessin animé La Ferme des animaux, Allociné
- ↑ Fiche Allociné du téléfilm La Ferme des animaux, Allociné
Article mis en lumière la semaine du 30 juin 2014. |
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