La Chanson de Roland

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Huit scènes de la Chanson de Roland, enluminure du XVe siècle.

La Chanson de Roland est une chanson de geste composée à la fin du XIe siècle probablement en 1098. Cette longue épopée est le plus ancien texte littéraire parvenu jusqu'à nous rédigé en langue française. Ce texte reprend certainement des récits oraux plus anciens.

L'œuvre[modifier | modifier le wikicode]

La Chanson de Roland a été écrite en anglo-normand, dialecte de langue d'oïl. Son auteur n'est pas connu. La dernière ligne du manuscrit « Ci falt la geste que Turoldus declinet » (ainsi prend fin la geste que Turoldus récite ou a composée) ne donne pas de certitude sur le rôle exact de ce Turold - un Normand, d'après son nom1 -, qui peut tout aussi bien être le poète, auteur de l'œuvre, que le copiste l'interprète (jongleur)2. Le texte montre en tout cas que l'auteur avait des connaissances sur la Bible et la littérature latine.

La mort de Roland à Roncevaux

La Chanson de Roland est un poème épique qui raconte de manière très romancée, en près de 4 000 vers décasyllabes assonancés, un épisode ayant eu lieu sous le règne de Charlemagne. La trahison de Ganelon, un seigneur franc, aboutit à la destruction de l'arrière-garde de l'armée franque, qui revenait de sept années d'expédition militaire dans l'Espagne musulmane. Cette arrière-garde est commandée par Roland, neveu de Charlemagne, qui trouve une mort glorieuse dans les combats. Charlemagne venge les morts de son armée en détruisant l'armée musulmane, puis il punit Ganelon qui s'est révélé être un félon. Ce texte, qui raconte une aventure se passant au VIIIe siècle, décrit en réalité la vie et les coutumes des chevaliers des XIe et XIIe siècles. La piété des combattants francs et les combats acharnés contre les musulmans indiquent l'ambiance de l'époque des premières croisades en Palestine.

Les personnages[modifier | modifier le wikicode]

  • Roland : neveu de Charlemagne. Il est inspiré du personnage de Roland, marquis de Bretagne ;
  • Olivier : meilleur ami de Roland ;
  • Ganelon : félon ou traître à Charlemagne, il débute l'histoire en provoquant Roland ;
  • Marsile : roi des Sarrasins ;
  • Charlemagne : roi des Francs, personnage historique.

Le récit[modifier | modifier le wikicode]

La trahison de Ganelon
Afin d'obtenir le départ de Charlemagne qui, depuis sept ans, lui fait la guerre, Marsile, le roi musulman de Saragosse, lui envoie une ambassade. Celle-ci est porteuse d'un message mensonger : Marsile se convertira au christianisme si les Francs partent, mais il n'a pas l'intention de tenir sa promesse. Charlemagne prend conseil auprès des grands seigneurs francs. Roland, neveu de Charlemagne, est persuadé du mensonge de Marsile et demande que l'on continue la guerre. Ganelon, grand seigneur franc et beau-père de Roland, fatigué par toutes ces années de guerre, demande que l'on accepte la proposition des musulmans. Après une suggestion de Roland, Charlemagne ordonne à Ganelon de se rendre auprès de Marsile pour lui transmettre les conditions des Francs pour arrêter la guerre. À la cour de Marsile, Ganelon, furieux envers Roland, trahit Charlemagne, accepte de lui dire que Marsile se convertira. Ganelon, pour se venger de Roland, conseille à Marsile d'attaquer l'arrière-garde de l'armée. Ganelon fera tout pour que cette arrière-garde soit commandée par Roland.
La bataille et la mort de Roland
Affrontement des chrétiens (à gauche) et des musulmans (à droite) pendant la bataille de Roncevaux
Vingt mille Francs, dont les douze pairs du royaume, sont attaqués par cent mille musulmans dans la vallée de Roncevaux, en territoire espagnol. Roland refuse de suivre le conseil de son ami Olivier. Celui-ci lui demande de sonner du cor (l'olifant) pour appeler Charlemagne au secours. Roland est orgueilleux et confiant dans sa valeur, et il ne veut pas apparaître comme un peureux et se trouver ainsi déshonoré et déshonorer sa famille.
Malgré leur courage et les actions héroïques, longuement décrites, qu'ils accomplissent, les Francs sont submergés par le nombre. Il ne reste plus que quelques dizaines de Francs. Roland décide alors d'appeler Charlemagne au secours. Mais Olivier s'y oppose, reprenant les raisons que Roland lui avait faites auparavant. Passant outre, Roland sonne du cor. Charlemagne l'entend et, malgré les avis de Ganelon, fait demi-tour pour venir au secours de ce qui reste de son arrière-garde. Tous les pairs ont été tués. Mais les musulmans n'osent pas attaquer Roland qui est blessé. Celui-ci, avant de succomber d'un éclatement des tempes, tente de briser son épée Durandal. Puis ayant avoué ses péchés, il meurt ; son âme est transportée au paradis par les archanges Michel et Gabriel.
Le châtiment des musulmans
Charlemagne arrive à Roncevaux après la mort de Roland. Un ange vient le prévenir que le soleil sera arrêté pour permettre la bataille et la victoire contre les musulmans. Le roi Marsile, battu, est de retour à Saragosse : il reçoit l'aide de Baligant, émir de Babylone, qui arrive à la tête d'une armée formidable, composée de géants et de guerriers féroces. La bataille est rude ; elle se termine par un duel entre Charlemagne et Baligant. Charlemagne est vainqueur et tue Baligant, grâce à l'intervention de l'archange Gabriel. L'armée musulmane, battue, se noie dans l'Èbre (le fleuve qui passe à Saragosse). La ville se rend : elle est rechristianisée de force.
Le châtiment de Ganelon
Ganelon écartelé après sa condamnation pour félonie
Un tribunal des grands seigneurs juge Ganelon pour félonie. Ce dernier est accompagné de sa famille et de ses amis. Ganelon se défend et attribue la faute du désastre à l'orgueil de Roland. Pour décider du sort de Ganelon, on recourt à un duel judiciaire entre Pinabel, ami de Ganelon, et Thierry, fidèle vassal de Charlemagne. Pinabel est tué. Ganelon, déclaré coupable par le jugement de Dieu, est condamné à être écartelé et ses partisans sont pendus. Ayant vengé Roland, Charlemagne fait un rêve : Gabriel lui commande d'aller secourir le roi Vivien qui est assiégé par les païens (les musulmans) dans la cité d'Imphe. La chanson se termine sur ce rebondissement qui appelle de nouvelles aventures de Charlemagne.

La Chanson de Roland et l'histoire[modifier | modifier le wikicode]

La Chanson de Roland est un récit imaginé à partir d'un fait historique réel, raconté par Eginhard, le biographe de Charlemagne, vingt ans après l'événement. En 778 Charlemagne intervient dans le nord de l'Espagne alors sous domination musulmane, pour aider le gouverneur musulman Suleyman Ben Al-Arabi, révolté contre son chef l'émir de Cordoue. Une armée de Charlemagne passant par l'est des Pyrénées s'empare de la Catalogne, une autre armée passant par l'ouest des Pyrénées conquiert la Navarre. Les deux armées convergent vers Saragosse pour l'assiéger. Mais la ville ne se rend pas. Un soulèvement des Saxons (en Germanie) oblige Charlemagne à abandonner l'Espagne et à regagner la France. Son armée, qui repasse les Pyrénées par l'ouest est attaquée dans le col de Ronceveau par des paysans montagnards du Pays basque. Ceux-ci sont certainement très mécontents des ravages causés par l'aller-et-retour de l'armée franque dans leur région. Les Francs subissent de lourdes pertes : le duc Roland (chef de la marche de Bretagne) est parmi les morts.

De ce fait peu glorieux pour les Francs, les récits populaires, qui certainement précèdent la rédaction de la Chanson de Roland, vont opérer un maquillage. Les paysans basques sont remplacés par les redoutables guerriers musulmans devant lesquels il est honorable de mourir pour un guerrier chrétien ; l'échec devant Saragosse se transforme en victoire grâce aux interventions répétées de Dieu et de son archange Gabriel. Le triomphe des chrétiens est donné comme la preuve de la supériorité du christianisme sur les faux dieux.

Les grands thèmes de la Chanson de Roland[modifier | modifier le wikicode]

Les derniers vers du texte en ancien français de la Chanson de Roland, vers 1080.

La Chanson de Roland décrit la vie matérielle, le monde mental et les relations particulières des guerriers de l'époque féodale c'est-à-dire des XIe et XIIe siècles.

Ces guerriers sont guidés par l'honneur
Ils suivent les droits et devoirs créés par les liens entre le vassal à son suzerain. Ils mettent en avant la fidélité à leur suzerain pour qui ils combattent. La faute la plus grave est la félonie.
Ces guerriers sont liés à leur famille
Il y a des querelles familiales entre Roland et Ganelon le second époux de sa mère. Les amis et parents tante, et oncle de Ganelon sont entraînés dans sa chute et paient de leur vie leur appartenance au même lignage.
Ces guerriers sont des chrétiens
Ces hommes brutaux se placent constamment sous la protection de Dieu; ils attendent que celui-ci les seconde dans leurs combats, car ils combattent pour le triomphe du christianisme face à l'islam. Celui-ci d'ailleurs est assez mal connu (les musulmans apparaissent comme polythéistes puisqu'ils adorent aussi Apollon). Le récit se ressent de l'époque de son élaboration, c'est l'esprit des Croisades en « Terre sainte » qui obsède une grande partie des guerriers de l'ouest européen à l'époque.

Notes[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Article mis en lumière la semaine du 25 juillet 2011.
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