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Journées du 31 mai et du 2 juin 1793

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La journée révolutionnaire du mai-juin 1793, est une insurrection des Sans-culottes parisiens, et des députés Montagnards pour chasser du pouvoir les députés Girondins qui dominaient la Convention depuis septembre 1792.

La lutte entre Girondins et Montagnards

Jacques Pierre Brissot, le principal chef girondin.

La lutte entre Girondins et Montagnards s'envenime pendant l'hiver 1793. Les députés, tous républicains, s'opposent sur la conduite à tenir pour défendre la république menacée. En particulier ils ne sont pas d'accord sur les mesures à prendre pour gagner l'appui des Sans-culottes, qui devraient fournir un appui militaire et de surveillance de la population suspecte d'antirépublicanisme.

Les Girondins, qui étaient d'ardents partisans de la guerre contre les souverains européens, refusent de prendre les mesures économiques et sociales qui permettraient de mobiliser les Sans-culottes contre la reprise désastreuse de la guerre étrangère au printemps 1793. Les difficultés militaires sont aggravées par l'insurrection vendéenne à partir de mars 1793. Les Montagnards se résigneraient à céder temporairement sur certaines revendications politiques, sociales et économiques réclamées par les Sans-culottes.

En janvier 1793, l'échec des Girondins pour sauver le roi Louis XVI, leur montre qu'ils perdent de l'influence sur les députés de la Plaine (le centre politique), qui sont majoritaires dans la Convention nationale et qui les soutenaient jusqu'alors. La position dominante des Girondins dans la Convention est fragilisée par la trahison, le 1er avril 1793, du général Dumouriez, ancien ministre girondin de la guerre, chef de l'armée du Nord.

Les attaques des Montagnards contre les chefs girondins

Jean-Paul Marat, accusé par les Girondins il sera triomphalement acquitté

Le 3 avril, à la Convention Robespierre demande la mise en accusation des complices du général. Déclaré traître à la patrie, il est particulièrement visé Brissot (un des chefs importants de la Gironde). Il renouvellera ses attaques le 10 avril.

Le 5 avril, le Club des Jacobins, alors présidé par Marat, demande à ses filiales de provinces d'exiger de la Convention la destitution des députés ayant voté en faveur de « l'appel au peuple » lors du procès de Louis XVI, y figurent la plus grande partie des députés girondins. Pour réagir à cette atteinte inédite à la représentation nationale, le 13 avril, sur proposition de Guadet, un chef girondin, la Convention vote la mise en accusation de Marat ( 226 voix pour, 93 voix et 47 abstentions). Mais le 24 avril, le tribunal révolutionnaire acquitte Marat à qui les Sans-culottes parisiens font un triomphe.

Le 15 avril, la menace se précise contre les Girondins : 35 des 48 sections révolutionnaires de Paris réclamant à la Convention la destitution de 22 députés girondins.

La riposte des Girondins

Les Girondins particulièrement bien implantés dans les administrations départementales tentent de mobiliser leurs partisans. Le 30 avril, Pétion (autre chef girondin) dans sa Lettre aux partisans parle de la « loi agraire » c'est-à-dire de l'attaque contre la propriété privée, si les Sans-culottes triomphent. Pourtant le 4 ami, les Girondins ne peuvent s'opposer à la loi du maximum sur les grains qui est une première atteinte au droit de propriété. Le 9 mai, les sections de Bordeaux, celles de Nantes, dominées par la bourgeoisie marchande très favorables aux Girondins menacent les Sans Culottes.

Jacques René Hébert. Son journal Le Père Duchesne était très lu par les Sans-culottes.

À Marseille, les représentants en mission sont expulsés le 29 avril. Commence alors une chasse contre les sans-culottes et les jacobins marseillais.

À Lyon, les républicains modérés et les royalistes pactisent et renversent la municipalité de tendance montagnarde le 29 mai, le représentant en mission Chalier est emprisonné (il sera guillotiné le 17 juillet).

Le 17 mai 1793, Camille Desmoulins, un ami de Danton et de Robespierre, au club des Jacobins (club politique alors le haut lieu de l'action montagnarde), présente son Histoire des Brissotins ou Fragment de l'histoire secrète de la Révolution (Brissotin est l'équivalent de Girondin). Il y dénonce les agissements politiques des Girondins.

Le 18 mai, Guadet propose de dissoudre la Commune de Paris, qu'il dénonce comme une « autorité anarchique, avide à la fois d'argent et de domination ». La Convention nomme une commission d'enquête chargé d'examiner l'action de la Commune. Tous les douze membres de la commission sont des Girondins.

Le 24 mai, la Commission des Douze ordonne l'arrestation de Jacques Hébert, un chef montagnard, substitut du procureur de la Commune, ainsi que de certains chefs sans-culottes comme Varlet et Dobsen.

Le 25, la Commune réclame la libération d'Hébert. Le chef girondin Isnard, qui préside la Convention, rejette la demande et menace : « Si par ces insurrections toujours renaissantes, il arrivait qu'on portât atteinte à la représentation nationale (c'est à-dire-à la Convention), je vous déclare, au nom de la France entière, Paris serait anéanti ; bientôt on chercherait sur les bords de la Seine si Paris a existé ». Cette déclaration de guerre à la capitale, rappelle les menaces du duc de Brunswick, chef des armées qui alors envahissaient la France, en juillet 1792. Alors les Parisiens avaient répondu par l'attaque du château des Tuileries et l'arrestation du roi Louis XVI.

La journée du 31 mai 1793

Le 26 mai, au club des Jacobins, Robespierre appelle à l'insurrection des Sans Culottes parisiens. Le 29 mai, les délégués des 33 sections de Paris forment un comité insurrectionnel de neuf membres (parmi lesquels figurent Dobsen, Varlet qui ont été libérés la veille sur ordres de la Convention, dominée par le Marais et la Montagne puisque les députés girondins l'avaient désertée). Le 31 mai il est porté à 25 membres en s'adjoignant 4 membres de la Commune de Paris et de 11 représentants du département, deux organismes aux mains des Montagnards.

Le 31 mai, à Paris, le tocsin sonne pour donner le signal de l'insurrection contre la Convention. La foule assiège les bâtiments de l'assemblée. Vers 17 heures des pétitionnaires sont reçus à la barre de la Convention. Les revendications forment un programme de défense de la Révolution ; les députés chefs de la Gironde doivent être exclus de la Convention, la Commission des Douze doit être dissoute. Les suspects d'anti-républicanisme doivent être arrêtés et les administrations des administrations départementales, le plus souvent aux mains des partisans des Girondins doivent être « épurées  » (c'est-à-dire, leurs membres élus, doivent en être chassés et remplacés par de nouvelles autorités nommées par la Convention sur recommandations des Montagnards locaux). Le droit de vote doit être réservé aux seuls Sans Culottes.

Les journées révolutionnaires

Les Sans-culottes réclament la création d'une armée révolutionnaire chargée d'opérer des réquisitions de nourriture dans les campagnes. Le prix du pain doit être taxé pour ne pas dépasser trois sous la livre, le manque a gagner étant compensé par une taxe sur les riches. Des secours aux indigents, aux vieillards, aux infirmes, aux parents des défenseurs de la Patrie, doivent être organisés. Toutes ces mesures sont en opposition complète avec la pensée économique des Girondins et d'une bonne partie des députés de la Plaine. Ils sont en effet partisans d'une non-intervention des pouvoirs publics dans la vie économique.

Les députés, malgré l'intervention de Robespierre, refusent d'adopter les mesures demandées ; seule la dissolution de la Commission des Douze est votée. Les manifestants se retirent. L'insurrection parisienne a donc échoué. Elle triomphera deux jours plus tard.

Pour en savoir plus, lis l’article : Journée du 2 juin 1793.
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