Jean-Baptiste Van Helmont

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche
Portrait de Jean-Baptiste Van Helmont.

Jean-Baptiste Van Helmont est un alchimiste, chimiste, physiologiste et médecin originaire des Pays-Bas espagnols. Il est né à Bruxelles le 12 janvier 1579 et mort à Vilvorde le 30 décembre 1644.

Il est connu pour avoir découvert le gaz carbonique et le rôle du suc gastrique dans la digestion. Il a permis de marquer une frontière nette entre l'alchimie et la chimie, les deux termes étant jusqu'alors considéré comme synonyme1. Il peut être considéré comme un précurseur de la biochimie2

Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Portrait de Jean-Baptiste Van Helmont par Mary Beale, datant des années 1670. On cru longtemps qu'il s'agissait d'un portrait de Robert Hooke

D'origine noble, Jean-Baptiste Van Helmont est né à Bruxelles qui appartenait alors aux Pays-Bas espagnols en 1579. Il étudie d'abord la philosophie obtenant un diplôme à l'âge de 17 ans. Il étudie ensuite l'astronomie, les mathématiques, la géométrie et la chirurgie. Il fut diplômé de médecine en 1599, et on lui proposa une chaire à l'université de Louvain. L'histoire veut qu'il est refusé ce poste, car atteint de la galle, il ne réussit pas à guérir en utilisant les enseignements de cette université et se tourne donc vers un onguent à base de souffre qui le guérit3. Il appartenait au courant de pensée initié par Paracelse un siècle plus tôt, rejetant la médecine d'Hippocrate et de Galien qui était alors majoritaire. Sa médecine, comme celle de Paracelse, utilisait des minéraux pour soigner.

Il fut inquiété par l'Inquisition espagnole entre 1626 et 1634, très présente aux Pays-Bas, avec la parution de son ouvrage De magnetica vulnerum curatione en 1615 pour attaquer Rudol Goclenius un médecin calviniste allemand qui réfutait l'existence de cet onguent le qualifiant de diabolique. Son ouvrage fut censurée et l'Eglise lui interdira de publier dès 1617. Son œuvre est publié à Paris en 1621, à son insu, 27 propositions furent extraite du livre et en 1627 Van Helmont fut déclarée hérétique4 Il est arrêté en 1634, suite à la condamnation de Galilée. Il n'eut pas à subir le bûcher comme Giordanno Bruno ou à finir dans une prison ecclésiastique comme Galilée et fut simplement brièvement assigné à résidence dans un monastère de Bruxelles jusqu'en 1636. Il eut cependant interdiction de publier jusqu'en 1642, et tout ses travaux publiées entre 1599 et 1634, furent confisqué soit environ cinq ouvrages, aujourd'hui exposé à Malines5. Sa veuve, Margarita van Ranst, qu'il avait épousé en 1609, parvint à le réhabilité à titre posthume.

C'est l'onguent armaire (unguentum armarium)6 qui est à l'origine de ses problèmes. Un remède attribué à Paracelse7 dans son ouvrage Archidoxes magiques, permettant de guérir un blessée en enduisant l'arme ayant occasionné la blessure de cet onguent8. Van Helmont chercha à comprendre comment fonctionnait ce remède, les phénomènes physiques qui était à l'œuvre. Selon lui cette guérison s'expliquait par la présence d'une force : le « magnétisme animal »9 qui serait en sommeil chez L'Homme mais que l'on pourrait réveiller par moment et agir à distance, ce principe serait similaire au magnétisme de la Terre sur une boussole. Cependant, c'est la volonté de van Helmont d'étendre ce principe de guérison aux guérisons miraculeuse, par les reliques notamment10 , qui lui occasionna des frictions avec l'Inquisition. Faisant ainsi agir Dieu et les saint selon les lois naturelles, impensable pour l'époque.

Il mit également en évidence la présence d'oxyde minéraux et de dioxyde de carbonne dans les eaux thermales notamment celle de Spa sur lesquelles il consacra un traité en 162411. Il mourut en 1644 à Vilvorde non loin de Bruxelles, juste avant sa mort il publia quelques petits traités sur la façon de soigner diverses maladies et blessures12 sous le nom dOpuscula medica inaudita, qui furent réédité en 1648 par son fils sous le titre Ortus medicinae13.

Découvertes[modifier | modifier le wikicode]

De l'alchimie au début de la chimie[modifier | modifier le wikicode]

Statue à l'effigie de Van Helmont à Bruxelles datant de 1899.

L'oeuvre de Van Helmont fut publiée par son fils François-Mercure en 1648, qui était lui aussi alchimiste et médecin. Van Helmont s'oppose à la théorie des quatre éléments d'Aristote et de Platon. Pour lui, il n'existe pas quatre éléments, mais un seul : l'eau. C'était également l'avis de Thalès. Selon Van Helmont, la matière est constitué intégralement d'eau. Il tente de le prouver, en faisant pousser un saule dans une caisse en bois, avec une quantité de terre précise. Le saule à été arrosée pendant 5 ans avec de l'eau de pluie, passé préalablement au tamis. Il observa qu'a la fin, l'arbre pesait 76 kg de plus, tandis que la terre n'avait perdu que 57g. La terre n'ayant pas sensiblement variée, c'est donc l'eau qui s'est changée en bois et en racine, c'est à dire en substance solide que l'on rattachait à l'élément Terre.14. L'expérience réalisé par van Helmont est en réalité bien plus ancienne, on en trouve déjà trace chez Clément de Rome, dans ses Recognitiones et chez Nicolas de Cuse, qui n'en font cependant qu'une expérience de pensée.

Ces observations sont confirmées par d'autres alchimistes, qui ont découvert différents acides : l'esprit-de-sel (acide chlorhydrique) dont il découvre un moyen de production15, huile de vitriol (acide sulfurique, l'eau forte (acide nitrique), et l'eau dite « régale » (un mélange d'acide nitrique et sulfurique) capable de dissoudre l'or. Cette dissolution des minéraux par les acides était interprété à l'époque comme un retour élémentaire à l'eau. Van Helmont reprit à son compte un terme de Paracelse, l'alkahest, une substance théorique capable de dissoudre n'importe quel élément et ainsi le ramener à l'état d'eau. Et utiliser cette substance sur elle même produirai une eau parfaitement pure. Il affirme également que l'alkahest serait capable de guérir toute les maladies16

Ainsi pour Van Helmont, ce n'est pas de la terre que les végétaux tire leur nourriture. Il faudra attendre le XIXe siècle et les expérience de Justus von Liebig, qui montrèrent que bien que la terre serve de support aux plantes, et leur apporte en petite quantité des sel minéraux essentiel à leur croissance. Antoine de Lavoisier démontra en 1768, que la terre ne se transformait pas en eau, mais n'en établit pas encore sa composition17.

Découverte des gaz et du gaz carbonique[modifier | modifier le wikicode]

Van Helmont observa que les corps ne se transformait pas immédiatement en eau. Notamment le charbon qui après combustion ne laisse qu'un infime pourcentage de cendre, le reste serait selon lui transformé en un esprit sauvage qu'il nomme « gas sylvestre » (le dioxyde de carbone)18. Le mot gas venant du néerlandais « ghoast » signifiant esprit. Il retrouve ce gas sylvestre dans de nombreuses observations : fermentation du raisin pour le vin, de l'hydromel, dans la poudre à canon... C'est lui qui est responsable du phénomène constatée à la grotte du chien dans les environs de Naples, de l'asphyxie des mineurs dans les mines, etc.

Le savais-tu.png
Le savais-tu ?
D'où vient le mot gaz ?
Van Helmont fut le premier à mettre en évidence la présence du gaz, plus précisément du dioxyde de carbone que l'on nomme aussi gaz carbonique. Mais d'où vient le mot gaz, il semblerait que Van Helmont l'est empruntée au néerlandais « geest » ou à l'allemand « ghast » ces deux mots signifiant « esprit », qui est à rapproché de l'anglais « ghost » signifiant fantôme. Une autre théorie veut que Van Helmont est nommée cet état de la matière « gas » de sorte à le rendre proche du chaos. En effet en néerlandais le son g et ch sont proches.


En hommage à Van Helmont, Antoine de Lavoisier lorsqu'il décrivit les trois états de la matière dans le premier chapitre de son Traité élémentaire de chimie publié en 1789, désigna ce troisième état de la matière sous le nom de "gaz".

Médecine[modifier | modifier le wikicode]

En médecine, Van Helmont travailla sur le phénomène de digestion des aliments et mis en évidence l'existence de suc gastrique, et sa conception de la digestion est assez proche de ce qui s'avère aujourd'hui être le rôle des enzymes. Il fut également le premier à appliquer des procédées chimiques aux soins médicaux.Par exemple, en traitant les brûlures d'estomac avec des solutions alcalines (basique). Ses pratiques médicales était en totale opposition avec la médecine de son temps, à base de remèdes tantôt traditionnelles, tantôt issue de Paracelse, tantôt prétendument magique.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Jean-Baptiste Van Helmont de Wikipédia.
  • Les oeuvres de Jean Baptiste Van Helmont traittant des principes de medecine et physique pour la guérison assurée des maladies, traduction de Jean Le Conte, Lyon, janvier 1670 Lire en ligne.
  • Gérard Borvon, Histoire du carbone et du CO2, Éditions Vuibert, 2017, chapitre « Jean-Baptiste Van Helmont, l’eau, la croissance des végétaux et le " gas silvestre " »
  • Halleux Robert. « Le procès d'inquisition du chimiste Jean-Baptiste Van Helmont (1578-1644) : les enjeux et les arguments ». In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148ᵉ année, N. 2, 2004. pp. 1059–1086 lire en ligne
  • Paul Nève de Mévergnies, Jean Baptist van Helmont. Philosophe par le feu, Liège et Paris, 1935.
  • Jean Baptiste Van Helmont précurseur de la médecine moderne sur Focusonbelgium.be
  • Halleux Robert. « Gnose et expérience dans la philosophie chimique de Jean-Baptiste Van Helmont ». In: Bulletin de la Classe des sciences, tome 65, 1979. pp. 217–227;

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Joly, Bernard. « À propos d'une prétendue distinction entre la chimie et l'alchimie au xviie siècle : Questions d'histoire et de méthode », Revue d'histoire des sciences, vol. tome 60, no. 1, 2007, pp. 167-184.
  2. PAGEL, W. « J. B. Van Helmont (1579–1644) », Nature 153, 675–676 (1944)
  3. Jean Baptiste Van Helmont un scientifique rebelle du XVIIe siècle sur Dailyscience.be
  4. Delcourt, Marie. Humanisme Et Renaissance, vol. 3, no. 3, 1936, pp. 337–338.
  5. C. Broeckx,« Notice sur le manuscrit Causa J. B. Helmontii déposé aux Archives Archiépiscopales de Malines » , Annales de l'Académie d'Archéologie de Belgique, 9 (1852), 277-327; 341-367.
  6. Emile Van Heurck, L'onguent armaire et la poudre de sympathie dans la science et le folklore, Anvers, 1915
  7. Paracelse, De summis Naturae Mysteriis libri tres, Bâle, 1570, p 127-129
  8. Marcelle Bouteiller, Médecine populaire d'hier et d'aujourd'hui, Paris, 1966
  9. A. Crabtree, Animal Magnetism. Early Hypnotism and Psychical Research, 1766-1925. An Annotated Bibliography, New York, s.d.
  10. C. Broeckx, « Interrogatoires du docteur J.B. Van Helmont sur le magnétisme animal publiés pour la première fois », dans Annales de l'Académie d'Archéologie de Belgique, 13 (1856), p. 314
  11. J. B. Helmontius, Supplementum de Spadanis fontibus, Liège, Streel, 1624.
  12. Jean Baptiste Van Helmont sur focusonbelgium.be
  13. Joly, Bernard, « L'alkahest, dissolvant universel ou quand la théorie rend pensable une pratique impossible/L 'alkahest, universal solvent or when the theory makes thinkable an impossible practice », Revue d'histoire des sciences, vol. 49, no. 2, 1996, pp. 305-344
  14. H. E. Hoff, « Nicolaus of Cusa, Van Helmont, and Boyle: the first experiment of the Renaissance in quantitative biology and medicine », Journal of the History of Medicine, 19 (1964), 99-1 17
  15. Biographie de Van Helmont sur Curieuseshistoires-belgique.be
  16. Jean-Baptiste Van Helmont, « Potestas medicaminum », Ortus medicinae id est, initia physicae inaudita : Progressus medicinae novus, in morborum ultionem, ad vitam longam, Amsterdam, 1648.
  17. Antoine de Lavoisier, « Mémoire sur la Nature de l'eau et sur les expériences par lesquelles on a prétendu prouver la possibilité de son changement en terre », Histoire de l'Académie royale des sciences ... avec les mémoires de mathématique & de physique... tirez des registres de cette Académie, Académie des Sciences, 1770, Paris, p.73-83
  18. Les oeuvres de Jean Baptiste Van Helmont traittant des principes de medecine et physique pour la guérison assurée des maladies, traduction de Jean Le Conte, Lyon, janvier 1670, p. 69 Lire en ligne.
Portail des sciences — Tous les articles sur la physique, la chimie et les grands scientifiques.
Portail de la médecine —  Tous les articles sur la médecine, les médecins, les maladies...