Jésuites

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L'emblème des jésuites, IHS

Les Jésuites sont les membres d'un ordre religieux catholique appelé la Compagnie de Jésus. Fondée en 1534 par Ignace de Loyola, elle fut reconnue par le pape Paul III en 1540.

Les jésuites se spécialisèrent dans la propagation de la foi catholique. Ils fondèrent de nombreux collèges où ils enseignaient aux garçons des classes aisées dirigeantes. Ils organisèrent aussi de nombreuses missions pour convertir des peuples non chrétiens ou considérés comme hérétiques par les catholiques.

Leur très grande influence et leur soumission au pape inquiétèrent les autorités de nombreux pays européens. Par leurs actions dans l'enseignement et les missions en Europe et outre-mer, ils ont été l'un des instruments les plus actifs de la Réforme catholique. Ayant fait le vœu d'obéissance au pape, qui à l'époque était aussi un souverain étranger puissant, ils ont été soupçonnés d'être des « agents de l'étranger ». De ce fait, ils étaient considérés comme un danger par les souverains absolutistes. Au XVIIIe siècle, ils ont été expulsés de France, d'Espagne, du Portugal et de nombreux États italiens. L'ordre fut supprimé par la papauté entre 1773 et 1814.

Puis les jésuites reprirent de l'importance au XIXe siècle, en particulier dans l'enseignement et dans le soutien à la politique centralisatrice des papes.

La fondation de la Compagnie de Jésus[modifier | modifier le wikicode]

Ignace de Loyola

La Compagnie de Jésus est fondée dans la première moitié du XVIe siècle par Ignace de Loyola. Gentilhomme navarrais, soldat il est gravement blessé en 1521. Il décide alors de devenir « soldat du Christ ». Il entreprend des études universitaires qui en 1528 le conduisent à Paris. Il groupe autour de lui six camarades qui en 1534, font le serment de se consacrer au service de Dieu, de se rendre en Terre sainte (Palestine) pour y convertir les musulmans et de se mettre sous les ordres du pape. En 1537, ils sont à Venise. Ils y attendent sans succès de pouvoir s'embarquer pour la Palestine. Ils créent alors la Compagnie de Jésus destinée à s'employer de « toutes ses forces au perfectionnement de ses membres... et au salut et perfectionnement du prochain... pour la plus grande gloire de Dieu ». En 1540, le pape Paul III approuve les constitutions (ou statuts) de la compagnie.

L'organisation des jésuites[modifier | modifier le wikicode]

Les jésuites sont très exigeants vis-à-vis de leurs condisciples. D'après les statuts de la Compagnie, un Jésuite doit « se dépouiller de toutes affections de la chair envers ses parents...Il ne vit plus que pour Notre seigneur qui lui tient lieu de parents... il doit être convaincu qu'en vivant sous l'obéissance, il doit se laisser mener et conduire à la volonté de la divine Providence, par l'entremise des supérieurs, comme un cadavre qui se laisse mener et porter en tous sens... ». La sélection est donc rigoureuse.

L'homme qui souhaite devenir Jésuite doit faire un noviciat de deux années. Il prononce alors les trois vœux des membres du clergé : pauvreté, chasteté et obéissance à la règle. Puis commence une période pendant laquelle ses supérieurs l'observent pour juger de son aptitude à devenir Jésuite. Dès que cela leur paraît satisfaisant, il est autorisé à prononcer le quatrième vœu (que seuls les jésuites font) : celui d'obéissance au pape pour toutes les missions qu'il lui confiera. Il est alors véritablement Jésuite.

La Compagnie de Jésus est organisée militairement. À sa tête se trouve le Supérieur général, élu à vie par l'assemblée des responsables provinciaux. Il a l'autorité absolue. Les régions où la Compagnie agit sont regroupées en provinces, chacune d'entre elles étant dirigée par un provincial, qui est nommé par le Supérieur général et est responsable devant lui.

L'action des jésuites[modifier | modifier le wikicode]

Un missionnaire jésuite au Brésil au XVIIIe siècle

Les jésuites vivent au milieu des autres hommes qu'ils essaient de ramener ou de convertir au catholicisme. Ils portent le même vêtement que les prêtres séculiers. Afin d'être efficaces ils exercent les métiers où ils ont un public : ils sont prédicateurs, confesseurs, précepteurs, professeurs, missionnaires.

Ils s'intéressent particulièrement à la formation de la jeunesse, du moins celle qui donnera les futurs responsables politiques ou religieux. Les jésuites ouvrent des collèges comme à Vienne en Autriche, à Prague en Bohême, à Malines et Louvain en Belgique, à Paris (le collège de Clermont aujourd'hui Lycée Louis-le-Grand)... Ils rénovent les méthodes d'enseignement : les langues anciennes (le grec et le latin) sont mises à l'honneur, l'émulation entre les élèves est stimulée par un système de récompenses. Évidemment les élèves reçoivent une éducation religieuse mais de plus, on les forme à la vie mondaine puisqu'ils vont fréquenter les « grands de ce monde » ou qu'ils en proviennent. En 1556, à la mort d'Ignace de Loyola, les jésuites dirigent 36 collèges où étudient près de six mille élèves.

Ces collèges servent de base pour la reconquête religieuse de l'Autriche, du sud de l'Allemagne, de la Bohême, de la Belgique. Ces régions échappent désormais aux protestants. Car l'autre grande activité des jésuites est l'action missionnaire. Les jésuites s'implantent dans les colonies françaises (au Canada en particulier), portugaises (au Brésil et dans les comptoirs portugais de l'Inde) et espagnols (en Amérique centrale et du sud). En Amérique du sud, les jésuites évangélisent les Amérindiens, mais ils les regroupent dans les reductions, en particulier au Paraguay, où ils échappent au semi-esclavage organisé par les colons portugais et espagnols (le système de l'encomienda).

Les jésuites tentent aussi de s'implanter au Japon. En 1549, un samouraï leur donne le fief de Nagasaki ; mais une réaction nationaliste les chasse en 1597. En Chine, Matteo Ricci dès 1582 adapte le christianisme aux traditions chinoises et réussit à être un familier de la cour impériale chinoise. Cette méthode sera condamnée par la papauté à plusieurs reprises aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Les réalisations des jésuites[modifier | modifier le wikicode]

En théologie le jésuite espagnol Molina a imaginé la doctrine selon laquelle le libre arbitre de l'homme peut contrarier la grâce divine, lui donner une valeur efficace ou la perdre. Cette doctrine (le molinisme) a été approuvée par la papauté en 1607.

En morale les jésuites étaient réputés dans l'art de la casuistique, c'est à dire de la façon dont, dans chaque circonstance particulière, les lois générales de la morale et de la religion doivent être appliquées. De ce fait ils avaient une grande influence sur les fidèles (en particulier parmi les classes aisées dont la vie privée était souvent en rupture avec les règles chrétiennes). C'est en grande partie cette façon de faire qui explique l'opposition des jansénistes et des jésuites.

En matière d'enseignement les jésuites privilégiaient les humanité latines, le goût du style oratoire et le développement de la volonté.

En architecture, le style jésuite s'inspire des ordres antiques (dorique, ionique et corinthien). Né au moment de la réforme catholique il privilégie le décor majestueux et somptueusement décoré destiné à éblouir les fidèles.

L'opposition aux jansénistes[modifier | modifier le wikicode]

L'importance prise par les jésuites dans la vie spirituelle du catholicisme, mais aussi leur influence souvent considérable auprès des autorités princières ou des décideurs leur vaut de nombreux adversaires.

Les jésuites s'opposent aux Jansénistes qui leur reprochent leur morale accommodante envers les défaillances humaines. Si les jésuites obtiennent la condamnation des idées jansénistes par la papauté, par contre les Jansénistes recueillent le soutien d'une partie des intellectuels européens. En 1656-1657, Blaise Pascal dans son livre Lettres provinciales attaque avec succès les positions des jésuites. En France les jésuites sont en butte aux décisions des parlements dont une grande partie des membres sont gagnés aux idées jansénistes ou gallicanes.

La soumission sans condition aux ordres du pape, professée par les jésuites, les font soupçonner d'être des facteurs de divisions pour l'unité du pays autour de son souverain. Le pape était à l'époque un souverain italien tout en étant le chef de l'Église catholique. Le fait qu'une partie de la population, dont l'influence est importante, puisse échapper au contrôle de l'autorité princière inquiète le pouvoir politique qui tente partout en Europe d'installer la monarchie absolue. Aussi au XVIIIe siècle dans de nombreux pays européens les jésuites sont expulsés : en 1759 du Portugal, en 1764 de France, en 1767 d'Espagne et du royaume de Naples, en 1768 de Toscane. Devant l'hostilité de nombreux souverains catholiques envers les jésuites, en 1773, le pape Clément XIV dissout la Compagnie de Jésus. Les jésuites se réfugient dans des pays non catholiques qui les accueillent avec bienveillance, puisque l'arrivée des expulsés renforce les cadres intellectuels du pays. C'est le cas de Frédéric II en Prusse et de Catherine II en Russie. Ce n'est qu'en 1814, une fois la période révolutionnaire et impériale passée, que le pape Pie VII rétablira l'ordre des jésuites.

Le supérieur général des jésuites (en soutane blanche) au milieu d'élèves à Goa (Inde) en 2006

Les jésuites aujourd'hui[modifier | modifier le wikicode]

L'ordre des jésuites joue encore un grand rôle dans la recherche scientifique, mais aussi dans l'enseignement secondaire et supérieur, sans compter bien sûr la vie religieuse du catholicisme. Les jésuites sont environ 20 000 (ils étaient 34 000 en 1964). Ils sont installés dans 112 pays. Ils sont particulièrement nombreux en Asie. Leur rôle dans la vie intellectuelle et religieuse est important. Ils publient les revues Études (en France), America (aux États-Unis)... En France ils contrôlent cinq établissements d'enseignement supérieur et dix-sept établissements secondaires (où ils ont formés quelques ministres du gouvernement Fillon et de nombreux chefs de grandes entreprises actuelles).

Le 13 mars 2013, un jésuite argentin, le cardinal Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, est élu pape et prend le nom de François.


Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Michel Mourre. Dictionnaire encyclopédique d'histoire. Bordas.
  • Compagnie de Jésus. Wikipédia.
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