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Insurrection polonaise de 1830

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L'aigle polonais abattu par la Russie. L'ordre règne à Varsovie. caricature britannique de 1831

L’insurrection polonaise de 1830 ou guerre polono-russe de 1830-1831 est le soulèvement des Polonais contre la domination de leur pays par la Russie. Elle débute en novembre 1830 sur le refus des soldats polonais d'être envoyés en guerre contre les Français qui viennent de faire leur révolution et les Belges qui luttent pour leur indépendance contre le Royaume des Pays-Bas. Les autorités russes sont chassées de Varsovie.

Devant le refus de négocier de Nicolas Ier, l'empereur russe qui est en même temps roi de Pologne, les insurgés polonais proclament l'indépendance de leur pays en janvier 1831. Mais les pays européens refusent de venir en aide aux insurgés. Malgré quelques succès, les Polonais sont vaincus par les Russes en octobre 1831. La répression russe est rigoureuse. Des milliers d'intellectuels polonais s'exilent en Europe occidentale, en particulier en France. La Pologne perd les droits qu'elle avait depuis 1815.

La Pologne avant 1830[modifier | modifier le wikicode]

Le Royaume de Pologne, ou Royaume du Congrès en 1830. (en vert clair)

En 1815, le grand-duché de Varsovie (création de Napoléon Ier) est donné au tsar Alexandre Ier et devient le royaume de Pologne.

Alexandre Ier, désormais aussi roi de Pologne, accorde une « Diète » chargée de voter les impôts et les lois. Le premier vice-roi, qui sur place représente Alexandre, est le général Zajaczek, un polonais ancien général de Napoléon. Les Polonais peuvent continuer à parler leur langue qui est enseignée. La Pologne dispose aussi d'une armée indépendante de l'armée russe. Mais c'est le Grand-Duc Constantin, le frère du tsar, qui la commande. La Pologne dispose d'un drapeau national distinct du drapeau russe. Si le catholicisme est proclamée religion d'État, les autres confessions ont la permission de se manifester publiquement. La liberté de la presse est instituée.

La noblesse polonaise, le clergé catholique, grands propriétaires terriens acceptent cette situation. Mais l'importante population paysanne vit difficilement, sans bouger toutefois.

Cependant les patriotes polonais sont mécontents. En effet la Lituanie qui jusqu'au XVIIIe siècle avait été unie à la Pologne n'est pas intégrée dans le nouvel État. Avant les partages de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle, le royaume de Pologne avait une superficie de 600 000 km2, le nouveau royaume de Pologne n'en a que 127 000. Des Polonais vivent sous la domination autrichienne (en Galicie) ou prussienne (en Posnanie). Les officiers polonais, dont une grande partie avaient servi dans l'armée napoléonienne et les étudiant des universités de Varsovie et de Vilna s'agitent et forment des sociétés secrètes. Certains sont arrêtés puis déportés en Russie.

Les libéraux polonais se recrutent dans la peu nombreuse bourgeoisie qui a profité de la présence française du temps de Napoléon et admire le régime politique du Royaume-Uni ou de la France de l'époque. Ils regrettent que la Diète ait un rôle insignifiant (notons qu'à la même époque, la Russie était une monarchie absolue et n'avait pas d'assemblée représentative de la population).

En décembre 1825, l'empereur Alexandre Ier meurt. Son frère Nicolas Ier lui succède. Celui-ci ayant dû affronter un complot organisé par les société secrètes révolutionnaires décide de renforcer la bureaucratie, accentue la centralisation et limite les libertés. Les « libertés » polonaises sont donc menacées. Le vice-roi de Pologne meurt en juillet 1826 et n'est pas remplacé (ainsi la fiction d'une autonomie de la Pologne tombe). Le pouvoir réel est assuré par le Grand-Duc Constantin, frère du tsar.

L'insurrection de novembre 1830[modifier | modifier le wikicode]

En juillet les Parisiens renversent le roi Charles X. Celui-ci est remplacé par son cousin Louis-Philippe Ier. Fin août 1830, les Belges se soulèvent contre le roi des Pays-Bas qui était leur souverain.

Le tsar propose à l'Autriche et à la Prusse, garantes de la stabilité monarchique en Europe, d'intervenir en Belgique pour écraser les rebelles. En effet, si ceux-ci triomphaient, ils donnerait un exemple désastreux pour les peuples européens qui contestent une domination étrangère sur leur territoire. L'organisation de l'Europe réactionnaire installée par les traités de 1814 et 1815 volerait en éclats.

Des rumeurs circulent dans Varsovie que l'armée polonaise va devoir intervenir en Belgique. Une grande partie des officiers et sous-officiers polonais, favorables aux idées françaises, (« le droit des peuples à disposer d'eux-même »), s'alarment.

Dans la nuit du 29 novembre 1830, Piotr Wysocki, (sous-lieutenant instructeur de l'école des aspirants d'infanterie) et 24 de ses hommes s’emparent du palais du Belvédère, dans le but d'y assassiner le grand-duc. Mais celui-ci parvint à s'échapper. Les comploteurs s'emparent alors de l'arsenal et dès le lendemain contrôlent tout Varsovie.

Les autorités civiles polonaises loyales aux Russes, en particulier le prince Adam Jerzy Czartoryski, tentent sans succès de désarmer les rebelles. Mais ceux-ci installent un gouvernement provisoire avec des loyalistes et des éléments plus radicaux.

Le 5 décembre 1830, le général Józef Chłopicki, un ancien cadre des armées napoléoniennes, mais qui doute du succès de l'insurrection, se proclame dictateur. Il veut rétablir l'ordre et tente de négocier avec le tsar. Il espère obtenir le renvoi du grand-duc Constantin, la confirmation des libertés polonaises voire le rattachement de la Lithuanie à la Pologne. Mais, le 18 décembre 1830, la diète reconnait l’insurrection comme « nationale ».

Le 7 janvier 1831, les Polonais apprennent que le tsar exige la soumission totale et ne veut rien entendre des revendications polonaises.

Le 25 janvier 1831, la diète vote la déposition de Nicolas Ier du trône de Pologne, c'est la déclaration de guerre.

Le 29 janvier 1831, un gouvernement national polonais (présidé par Adam Czartoryski) est mis en place.

Le refus d'intervention des puissances occidentales[modifier | modifier le wikicode]

L'ordre règne à Varsovie. Caricature de Grandville en 1831

Constatant que les révolutions avaient cessé en Europe, le tsar envoie des troupes en Pologne afin de rétablir son autorité. Les Polonais doivent donc faire la guerre. Les 80 000 soldats polonais vont affronter plus de 170 000 soldats russes.

L'élan patriotique est réel en Pologne. Des nobles équipent à leurs frais des unités combattantes, les élégantes vendent leurs bijoux. Mais les Polonais sont en fait partagés sur l'avenir. Les nobles et le clergé catholique, qui forment le camp des « Blancs », refusent les mesures de partage des terres qui auraient rallié les paysans à la cause des insurgés. De ce fait, ils sont prêts à négocier avec les Russes. Les « Rouges » sont plus favorables à l'accord avec les couches populaires qui permettrait d'avoir les ressources humaines suffisantes pour renforcer l'armée et obtenir l'indépendance (cette opposition rappelle celle des Girondins et des Montagnards, dans les années 1792-1794 en France).

Les insurgés comptaient sur le soutien des gouvernements européens. En particulier ils espéraient une intervention du gouvernement français du roi Louis-Philippe Ier ou bien celui du gouvernement belge qui sont nés eux-mêmes d'une insurrection. Mais ces gouvernement refusent d'apporter leur soutien. Ils ont trop besoin de faire oublier leur origine et veulent être acceptés par les autres gouvernements pour la plupart de tendance absolutiste. Casimir Perier, le chef du gouvernement français dira « Le sang des Français n'appartient qu'à la France ». Ce soutien d'ailleurs aurait été difficile à apporter, car il aurait fallu traverser les territoires du royaume de Prusse qui est hostile aux insurgés (du fait, entre autres, qu'il détient des territoires peuplés de Polonais).

Par contre l'insurrection polonaise mobilisa une grande partie de l'opinion publique (à l'époque l'aristocratie et la bourgeoisie), au Royaume-Uni et surtout en France (les intellectuels, les anciens républicains et bonapartistes). Le National, journal français qui avait été à l'origine de l'insurrection parisienne de juillet 1830 écrivait « Les Polonais invoquent notre appui : ils l'obtiendront ! La conscience des peuples ne connaît qu'un droit : l'indépendance des peuples. Elle n'a qu'une règle : le secours aux opprimés ! ». Mais leur enthousiasme ne peut compenser leurs effectifs réduits et le peu d'influence qu'ils avaient sur les gouvernements.

Quand le 16 septembre 1831, au cours d'un débat à la chambre des députés pour justifier l'inaction du gouvernement français, Sébastiani, le ministre des Affaires étrangères, affirma que « la tranquillité régnait à Varsovie », l'opposition transforma la formule en « l'ordre règne à Varsovie » ce qui provoqua une émeute de protestation dans Paris.

La guerre polono-russe[modifier | modifier le wikicode]

La bataille de Grochów. La cavalerie polonaise à droite

L'armée polonaise inférieure en nombre est de plus peu expérimentée. L'armée russe qui vient de participer à la guerre contre les Turcs est en « meilleure forme ». Malgré cela, les premier combats à partir de février 1831, se terminent en faveur des Polonais. Les batailles répertoriées ci-dessous n'opposent que des éléments réduits des armées combattantes, elles n'engagent pas la totalité des troupes d'où la multiplication des rencontres. Notons enfin que les premiers combats se déroulent en hiver saison qui est rigoureuse en Pologne.

  • bataille de Stoczek (14 février 1831), victoire polonaise
  • bataille de Dobra, (17 février) victoire polonaise
  • première bataille de Wawer (19 février), bataille non décisive entre Russes et Polonais
  • bataille de Białołęka (24 février), victoire polonaise
  • bataille de Grochów (25 février), victoire polonaise
  • bataille de Kurów (3 mars), victoire polonaise
  • seconde bataille de Wawer (31 mars), victoire polonaise
  • bataille de Debe Wielkie (31 mars), victoire polonaise
  • bataille de Domanice (9 avril)
  • bataille d’Iganie (10 avril), victoire polonaise
  • bataille d'Ostrołęka (26 mai 1831), défaite polonaise
  • bataille de Wola (6 septembre), défaite polonaise

Le 6 septembre les Russes assiègent Varsovie et s'en emparent le 8 septembre.

Les luttes entre Polonais[modifier | modifier le wikicode]

Pendant l'été 1831, les Russes parviennent à se regrouper. Mais, devant le danger, les Polonais se déchirent. Le haut commandement est renouvelé mais sans grand effet. Les conservateurs veulent liquider les chefs insurgés les plus radicaux. Dans la nuit du 15 août, une chasse à l'homme a lieu à Varsovie. Le gouvernement doit démissionner et son chef Czartoryski fuit la capitale.

La répression russe[modifier | modifier le wikicode]

Les Russes confisquent les biens des insurgés. Les révoltés furent arrêtés et déportés en Sibérie.

En 1832, Nicolas Ier retire la constitution de 1815. Elle est remplacée par les Statuts organiques de l'administration du Royaume de Pologne. L'autonomie de la Pologne est quasi effacée : la diète est abolie et l'armée polonaise est dissoute.

Bien que la langue polonaise soit reconnue comme langue de l'administration, le pouvoir russe ferme les grandes institutions et foyers culturels polonais du royaume : l'Université de Varsovie, le Lycée de Varsovie, la Société des Amis des Sciences. Il pense ainsi étouffer l'âme polonaise.

Beaucoup de famille de l'élite polonaise quittent le pays, on estime cette émigration à près de 4800 familles. Beaucoup se réfugièrent en France où elles furent accueillies comme des martyres de la liberté. Cette émigration continua tout au long du siècle. Tout en maintenant les liens sentimentaux avec la « sœur de l'Est », leur présence entretint en France une hostilité marquée envers la Russie tsariste qui se manifesta à l'occasion des autres soulèvements polonais. Cette hostilité ne sera levée qu'à la fin du siècle avec l'alliance franco-russe pour faire face à la montée en puissance de l'Allemagne.

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