Harkis

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Pendant la guerre d'Algérie, les harkis étaient des militaires d'origine algérienne de confession musulmane. Ils servaient comme soldats auxiliaires dans l'armée française chargée de la « pacification », c'est-à-dire qui combattait contre les rebelles nationalistes algériens du FLN.

Après les accords d'Évian, signés le 18 mars 1962, alors que les Pieds-noirs (les habitants d'Algérie d'origine européenne) se rapatriaient sur la France métropolitaine, que l'armée française évacuait ses soldats métropolitains et abandonnait ses installations militaires, le gouvernement français sur ordres du président de la République, le général De Gaulle, refusa d'accueillir massivement en France les harkis. La plus grande partie d'entre eux durent rester en Algérie, où ils furent impitoyablement réprimés pour le motif d'avoir trahi leur pays. Ceux qui parvinrent à gagner la France furent parqués dans des camps dans le sud du pays.

Qui étaient les harkis ?[modifier | modifier le wikicode]

Jeune harki en 1961

Les harkis étaient des habitants de l'Algérie, de confession musulmane. Depuis le statut de l'Algérie, voté par l'Assemblée nationale française en 1947, les harkis étaient des citoyens français, « Français de souche nord-africaine » comme on disait alors. Cette citoyenneté française accordée aux indigènes était mal acceptée par la majorité des colons d'origine européenne. Ils étaient, comme les autres habitants n'ayant pas une origine européenne, des citoyens de seconde zone, puisque par effet de la loi électorale, un colon équivalait à huit ou neuf indigènes.

Au début du conflit algérien, en 1954, les harkis étaient des petits paysans propriétaires ou des ouvriers agricoles sur les domaines des colons d'origine européenne. Pour la plupart ils étaient analphabètes (les autorités coloniales sur demande des notables-colons avaient freiné la scolarisation des enfants indigènes de peur qu'ils ne concurrencent les enfants des colons). La plus grande partie d'entre eux étaient pauvres.

L'enrôlement au service de la France n'est pas pour la plupart lié au patriotisme (sauf pour quelques notables harkis anciennement francisés, comme le bachaga Boualam qui était vice-président de l'Assemblé nationale française).

Afin de parvenir au contrôle du territoire, l'armée française tente d'isoler son adversaire et de terroriser ses complices éventuels. Pour cela des ratissages de grande envergure sont pratiqués sur le terrain. La présence des civils est interdite dans certaines régions, des villages sont vidés de leurs habitants qui sont regroupés dans des camps contrôlés étroitement par l'armée française. Les paysans risquent de tout perdre. Mais une fois le militaire français parti, arrive le rebelle qui exerce lui aussi des représailles, punit les « tièdes ». C'est l'exode de près de 3 millions de ruraux qui fuient (L'Algérie avait alors une population d'environ 10 millions d'habitants).

Une partie d'entre eux vont alors s'engager auprès de l'armée française. Celle-ci est favorable à l'enrôlement d'habitants connaissant le pays aussi bien que les rebelles, et qui passant sous son contrôle ne risquent pas de rejoindre le camp ennemi. La France espère également montrer à l'opinion internationale, très hostile à la guerre d'Algérie, qu'une partie des indigènes combat pour le « maintient de l'Algérie dans la France ».

Leur contrat était de durée mensuelle et renouvelable. Les harkis sont rémunérés 750 francs (de l'époque) soit plus de 100 euros par jour de service environ deux fois le salaire minimum de l'époque, mais ils ne bénéficient ni des allocations familiales, ni des assurances sociales.

L'action militaire des harkis[modifier | modifier le wikicode]

Les harkas (groupements de harkis) sont créées dès 1955. Ce sont des forces auxiliaires mobiles, de caractère tribal à recrutement temporaire. En janvier 1957, on recense 70 harkas regroupant 2 186 harkis, ils étaient 57 000 en février 1961. Pendant la durée de la guerre d'Algérie près de 80 000 hommes sont passés dans les harkas.

Selon une instruction de l'état-major français de mai 1957 les harkas ne doivent opérer que dans un cadre local. Leur emploi ailleurs doit être exceptionnel et de durée limitée. Elles doivent toujours être utilisées en complément de soldats de l'armée régulière. D'ailleurs à l'origine leur armement était sommaire (fusil de chasse), mais progressivement on leur confie des armes de guerre qui doivent être rendues après chaque opération.

Dès le début de 1959, les harkis sont employés dans les opérations de ratissages par l'intermédiaire des commandos de chasse (10% des effectifs) qui poursuivent les petits groupes des rebelles de l'Armée de Libération Nationale. Mais la plupart du temps les harkis assurent les patrouilles et la protection des villages.

Notons qu'à côté des harkas, les autorités françaises avaient organisé d'autres formations paramilitaires : les moghaznis, les groupes mobiles de sécurité (GMS), les groupes d'autodéfense (GAD) et les Unités territoriales auxquelles se rajoutent les réservistes spéciaux, les 'assas. Au total en janvier 1961, près de 154 700 hommes d'origine indigène et musulmans servaient auprès de l'armée française.

Les harkis abandonnés par les autorités françaises[modifier | modifier le wikicode]

Par le référendum du 8 janvier 1961, les Français acceptaient l'autodétermination en Algérie, il s'agissait en fait d'accorder l'indépendance à l'Algérie. Dès le 20 mai 1961, les Algériens et Français négocient à Évian. Les accords d'Évian seront signés le 18 mars 1962. Ils organisaient la période de transition entre les autorités coloniales françaises et les nouvelles autorités algériennes nées dans la lutte anti-coloniale.

Le sort des harkis était à peine évoqué. Les futures autorités algériennes affirmaient qu'elles accorderaient des garanties à tous les habitants reconnus comme citoyens de statut civil français. Elles renoncent à poursuivre ceux qui auraient combattu aux côtés des Français. Cependant si on envisage un possible rapatriement des habitants d'origine européenne, les harkis pourtant considérés dans tous les discours comme des citoyens français ne peuvent envisager un rapatriement (selon le mot de De Gaulle, la France n'est pas leur patrie). On ne peut envisager qu'une migration d'habitants, de réfugiés et encore seulement si leur vie était en danger.

L'armée française organise dès mars 1962, la démobilisation des harkis. Ils pouvaient être embauchés pour un contrat de six mois non renouvelables et employés dans des tâches non-militaires. Ils pouvaient être licenciés avec une prime (ce que choisirent 80 % des harkis), ou bien s'ils étaient célibataires et en bonne condition physique s'engager dans l'armée française (6% des choix). Mais on devait dans tous les cas leur faire valoir qu'il leur serait difficile de s'intégrer en France.

Dans la période de transition entre le cessez-le-feu (19 mars 1962) et la proclamation de l'indépendance (5 juillet 1962), l'ordre était assuré par des unités mixtes composées par 90% d'indigènes (dont les harkis et des combattants détachés par l'Armée de Libération nationale) et 10% de soldats du contingent français. Mais dès avril 1962, les harkis sont pris à parti par les Algériens qui règlent leurs comptes, parmi lesquels on trouve des patriotes de {{"|la 25e heure ».

L'armée française encore sur place reçoit l'ordre de ne pas intervenir. Aussi, certains officiers français organisent des réseaux {{"|évasion » des harkis vers la France. Le gouvernement français demande aux autorités militaires de mettre fin à ces tentatives, de poursuivre et punir ceux qui les organisaient. Il demande de renvoyer en Algérie les harkis qui auraient pu gagner la France dans ces conditions clandestines, mais de le faire discrètement pour ne pas choquer l'opinion publique française.

Après l'indépendance les harkis restés en Algérie sont persécutés, voire éliminés. Selon des estimations il y aurait eu entre 60 et 70 000 morts. La Croix-Rouge a estimé en 1965 à 13 500 le nombre de harkis incarcérés dans les prisons civiles ou militaires algériennes.

En 1962, 20 000 supplétifs (harkis et autres) ont été accueillis dans les camps d’hébergement militaires installés en France et 3 200 se sont engagés dans l’armée française. Au total environ 91 000 harkis et membres de leurs familles se sont installés en France de 1962 à 1968. Leur vie n'y était pas facile.

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