Guerre de la sixième coalition

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Pendant la guerre contre la sixième coalition de 1812 à 1814, Napoléon Ier doit d'abord combattre la Russie, alliée du Royaume-Uni et des insurgés espagnols et portugais. Puis à partir de 1813, à la suite de la défaite française en Russie, la Prusse, certains états allemands et la Suède rejoignent la coalition anti-française.

La guerre est marquée par la désastreuse campagne de Russie pendant laquelle au cours de la dramatique retraite de Russie en 1812 la plus grande partie de l'armée napoléonienne est anéantie.

La guerre se poursuit par la campagne d'Allemagne avec la défaite française à l'occasion de la gigantesque Leipzig en 1813.

Enfin, en 1814, se déroule la campagne de France qui, malgré la grande activité militaire de Napoléon, aboutit à la défaite française et à la première abdication de Napoléon Ier en avril 1814. La France vaincue signe le premier traité de Paris.

Pourquoi Napoléon attaque-t-il la Russie?[modifier | modifier le wikicode]

L'Europe en 1811

En 1811, mis à part la guerre qui sévit en Espagne, la paix règne en Europe. Napoléon apparait comme le maître de l'Europe. Depuis le traité de Tilsit de juillet 1807, Napoléon et l'empereur de Russie, le tsar Alexandre Ier sont officiellement alliés. Cependant progressivement la mésentente grandit entre la France et la Russie.

Les Russes sont une des principales victimes du Blocus continental. Les grands propriétaires russes ne peuvent plus vendre aux Britanniques leurs blés, leurs bois, leurs eaux-de-vie et leurs fourrures. Les Russes, qui à l'époque avaient une industrie très faible, ne peuvent plus acheter les produits industriels britanniques. Aussi à la fin de 1810, le tsar rompt le Blocus continental et frappe de lourdes taxes les produits importés de France. C'est une déclaration de guerre économique contre Napoléon.

Par ailleurs, le tsar est inquiet par le fait que Napoléon ait renforcé le grand-duché de Varsovie, à la suite de la défaite autrichienne de 1809. Les Russes y voient la reconstitution de la Pologne, sous protection française. Cette Pologne pourrait devenir une base pour l'invasion du territoire russe. En 1810, le tsar envisage de s'emparer du grand duché et masse des troupes à la frontière, Napoléon en fait de même; le tsar renonce provisoirement à son projet. Ce sentiment d'une politique française anti-russe est renforcé par l'annexion à l'empire français des côtes allemandes de la mer du Nord et la désignation comme héritier du trône de Suède, en 1810, du maréchal français Bernadotte. Ces faits font passer la mer Baltique sous contrôle français; or cette mer est la fenêtre essentielle de l'ouverture de la Russie vers l'ouest.

Le tsar a des visées de conquête sur la partie européenne de l'empire turc ottoman. La Russie et la Turquie sont d'ailleurs en guerre. Mais le tsar est mécontent des négociations entre les Turcs et la France (alors qu'à Tilsit, il semblait entendu que Napoléon avait laissé la liberté d'action aux Russes).

Bien qu'ayant refusé de marier deux de ses sœurs à Napoléon, qui lui en avait fait la demande, le tsar est irrité par le mariage de Napoléon avec l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche fille de l'empereur François Ier d'Autriche.

Pour Napoléon, en 1811, la Russie est le seul pays de l'Europe continentale qui conteste sa domination de l'Europe. Le retrait russe du Blocus continental est une brèche énorme dans le dispositif napoléonien. Aussi Napoléon doit-il attaquer la Russie.

Les préparatifs de la guerre[modifier | modifier le wikicode]

Afin de pouvoir intervenir en Europe centrale les Russes font la paix avec les Turcs en mai 1812, et s'entendent, en avril 1812, avec la Suède (qui est mécontente de l'annexion de la Poméranie suédoise par la France). Bien sûr le Royaume-Uni promet de l'argent (la « cavalerie saint-Georges »). De son côté, Napoléon exige la participation de soldats prussiens et autrichiens aux côtés des troupes françaises.

Les Russes ne peuvent compter que sur leurs propres forces militaires. Ils disposent d'environ 350 000 soldats, dont une partie est en train de regagner la Russie après avoir combattu les Turcs. L'armée napoléonienne est forte d'environ 700 000 hommes. Napoléon a mobilisé des Français (moins de la moitié) mais aussi des Italiens, des Polonais, des Allemands, des Autrichiens... Cette armée sera nommée « Armée des Vingt Nations »

Le 8 avril 1812, le tsar adresse un ultimatum à la France, les Français doivent évacuer la Prusse et la Poméranie et renoncer au Blocus continental. En guise de réponse, Napoléon convoque le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche à Dresde le 13 mai d'assurer de leur soutien. Le 23 juin 1812 l'armée napoléonienne (surnommée «  Grande Armée ») envahit la Russie.

Les grandes phases de la guerre[modifier | modifier le wikicode]

La campagne de Russie[modifier | modifier le wikicode]

Pour en savoir plus, lis l’article : campagne de Russie de 1812.
Les soldats napoléoniens passent la Bérésina.

Peu confiants dans leurs troupes, par ailleurs très inférieures en nombre, les généraux russes reculent, profitant ainsi des grands espaces qu'offrent la géographie de leur pays. En abandonnant du terrain, ils détruisent les réserves de nourritures afin de gêner l'approvisionnement de leurs adversaires. Napoléon, habitué à combattre dans des espaces plus morcelés et petits, n'arrive pas à accrocher sérieusement son ennemi. Son armée fond du fait des malades, des déserteurs, des hommes qu'il faut laisser pour contrôler le pays et les voies de communications avec la Pologne qui servent de base arrière aux "Français".

Le 7 septembre, les Russes, afin de défendre Moscou, se retranchent à Borodino et acceptent le combat. C'est la bataille de la Moskowa. Près de 80 000 soldats, les deux camps confondus, y seront tués ou gravement blessés. Napoléon vainqueur, commet l'erreur de ne pas faire poursuivre l'armée russe qui se retire en bon ordre à l'est de Moscou. Le 14 septembre Napoléon entre dans Moscou (l'ancienne capitale et la "ville sainte" de la Russie). Il espère que le tsar va demander la paix. Le soir même un gigantesque incendie commence à Moscou (ville en grande partie construite en bois). Cet incendie prive d'abri et de ravitaillement l'armée napoléonienne. Les Russes renforcés recommencent à attaquer. Le 19 octobre Napoléon ordonne la retraite vers l'Allemagne.

Cette retraite va tourner au désastre. L'hiver russe est plus précoce que d'habitude. Les soldats français ne sont pas équipés pour affronter le froid. Les Russes parviennent à interdire un trajet plus au sud. La route empruntée est la même qu'à l'aller, or elle est vide de tout ravitaillement: les soldats doivent se nourrir en abattant les chevaux, mettant ainsi les cavaliers à pieds, et contraignant les artilleurs à abandonner leurs canons. Le tragique passage de la Bérésina (du 26 au 27 novembre) anéantit l'armée. Apprenant la nouvelle d'un coup d'état qui a eu lieu à Paris, mais qui a échoué, Napoléon abandonne l'armée pour regagner Paris. Le commandement des "Français" est confié au maréchal Ney. Au passage de la frontière allemande il ne reste qu'environ 100 000 hommes; la « grande Armée » a perdu près d'un demi-million d'hommes, la plus grande partie de sa cavalerie et l'essentiel de son artillerie.

La campagne d'Allemagne[modifier | modifier le wikicode]

Pour en savoir plus, lis l’article : Campagne d'Allemagne de 1813.
La bataille de Leipzig, vue du côté des coalisés

L'effondrement français, provoque le départ des soldats prussiens et allemands enrôlés dans la « Grande Armée ». Le gouvernement prussien abandonne Napoléon et rejoint la coalition anti-française. Par contre, les princes du centre et du sud de l'Allemagne restent fidèles à Napoléon. L'Autriche reste neutre jusqu'en juin.

Napoléon parvient à mettre sur pieds une nouvelle armée: il appelle sous les drapeaux les jeunes gens qui auraient dû partir en 1813 et même en 1814. Il réunit ainsi près de 350 000 hommes, malheureusement pour lui, la plus grande partie est jeune, faible ou inexperimentée.

Napoléon, se portant au secours du roi de Saxe, son allié, bat les Russo-Prussiens à Lützen (2 mai 1813) et à Bautzen (20-21 mai 1813). Mais faute de cavalerie, il ne peut les poursuivre. Une trêve, organisée par l'Autriche, permet aux deux camps de souffler. Le 12 juin, après avoir vainement demandé à Napoléon d'abandonner l'Allemagne, l'Autriche rejoint la coalition (la Suède de Bernadotte avait fait de même en mars).

Les combats reprennent en été, avec des succès et des défaites pour les français. La bataille décisive a lieu du 16 au 18 octobre à Leipzig. Les coalisés sont deux fois plus nombreux que les français. C'est un échec sanglant pour Napoléon. Il doit faire retraite vers la France et ne dispose plus que d'environ 60 000 hommes lorsqu'il atteint le Rhin. Son allié le roi de Saxe a été fait prisonnier à Leipzig; le roi de Bavière, son autre allié, rejoint la coalition.

La campagne de France[modifier | modifier le wikicode]

Pour en savoir plus, lis l’article : Campagne de France de 1814.
Les mouvements de Napoléon Ier pendant la campagne de France

Les coalisés font savoir le 4 décembre 1813, qu'ils ne combattent pas le peuple français mais seulement Napoléon. Ce dernier doit tenir compte du mécontentement de la population face à la conscription généralisée, à l'augmentation des impôts, à la disparition de la monnaie métallique. Cependant les armées napoléoniennes d'Espagne résistent dans le sud-ouest et en Catalogne, en Italie et en Belgique il en est de même.

Napoléon réussit à créer une armée de 175 000 hommes (mais avec 140 000 nouveaux soldats inexpérimentés qu'il n'a pas le temps de former). Face à lui les Prussiens commandés par le maréchal Blücher passent le Rhin le 1er janvier 1814. Aidés par les Autrichiens commandés par le prince Schwarzenberg ils occupent l'Alsace, la Lorraine et la Champagne. Blücher descend la Marne en direction de Paris, Schwarzenberg descend la Seine en direction de la capitale. Napoléon par une suite de déplacements rapides parvient à vaincre les envahisseurs: les Prussiens à Brienne le 29 janvier, puis à Champaubert le 10 février, à Montmirail le 11 février, à Vauchamps le 14. Les Autrichiens sont battus à Mormant, Nangis et Montereau les 17-18 février. Napoléon reprend espoir.

Les coalisés lui adressent un ultimatum: Napoléon doit négocier avant le 10 mars, sur la base du retour de la France à ses frontières de 1792. Ils menacent de rétablir la royauté en France (avec pour roi Louis XVIII, frère de Louis XVI). De plus les quatre grandes puissances par le pacte de Chaumont s'engagent à surveiller la France pendant 20 ans. Les coalisés se renforcent. Napoléon rejette l'ultimatum. De nouveau il attaque. Mais si Blücher est bousculé à Craonne le 7 mars il ne peut être délogé de Laon le 9 mars. Schwarzenberg ne peut être vaincu à Arcis-sur-Aube les 20-21 mars. Napoléon fait retraite vers l'est jusqu'à Saint-Dizier. Puis rapidement il fait marche vers Paris où la résistance aux envahisseurs est organisée.

Partout les lignes de défense craquent, les Britanniques atteignent Bordeaux et Toulouse, Lyon tombe aux mains des Autrichiens. Le gouvernement impérial quitte Paris et se réfugie à Blois. Paris assiégé se défend mais doit capituler le 31 mars. Les maréchaux refusent de continuer le combat. Le 3 avril le Sénat impérial vote la déchéance de Napoléon et le rappel du roi Louis XVIII. Après avoir tenté de se suicider, Napoléon, installé au château de Fontainebleau, abdique sans conditions le 6 avril. Il part pour l'exil à l'île d'Elbe dont il devient le souverain.

Vikiliens pour compléter sur les guerres napoléoniennes[modifier | modifier le wikicode]

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