Guerre de Succession d'Espagne

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Louis XIV en 1705. Le roi a 67 ans.

La guerre de succession d'Espagne s'est déroulée de 1701 à 1714. Elle a opposé la France de Louis XIV et son alliée l'Espagne de Philippe V d'un côté, à l'empereur germanique Léopold Ier, au roi Guillaume III d'Angleterre et au gouvernement des Provinces-Unies de l'autre côté.

La question de la succession d'Espagne se pose depuis 1665 en raison de l'état de santé du roi d'Espagne Charles II de Habsbourg (épileptique, hérédosyphilitique, stérile). Le 1er novembre 1700, Charles II meurt sans descendance. Les deux principales familles régnantes d'Europe, celle de France (Bourbon) et celle d'Autriche (Habsbourg), toutes deux très apparentées à Charles II, revendiquent alors le trône.

La guerre a pour but de déterminer comment sera réparti l'énorme héritage de la couronne d'Espagne à la mort du roi Charles II d'Espagne qui n'a pas d'enfant. Il y a deux héritiers possibles : Louis XIV (du moins son petit-fils Philippe qui hérite des droits à la couronne de Marie-Thérèse d'Autriche, épouse de Louis XIV et sœur ainée du roi Charles II d'Espagne) et Léopold Ier (du moins son fils cadet Charles et petit-fils de Marie-Anne d'Espagne fille du roi Philippe III d'Espagne).

La guerre fut extrêmement difficile et la France très souvent en très grande difficulté et son territoire envahi en de multiples endroits. Néanmoins le rétablissement militaire français en 1712 permet de négocier la paix. Le petit-fils de Louis XIV reste roi d'Espagne et conserve les colonies américaines ; mais il doit céder toutes ses possessions italiennes et belges aux Autrichiens. L'Angleterre obtient des avantages commerciaux dans les colonies espagnoles d'Amérique et s'empare de Terre-Neuve et de l'Acadie, colonies françaises. L'Angleterre s'installe dans des points stratégiques en mer Méditerranée.

Cette guerre marque la fin de la suprématie française en Europe et confirme la maîtrise des mers et l'extension coloniale de l'Angleterre. L'Autriche (possession personnelle de Léopold Ier) devient une grande puissance européenne.

Le grand marchandage européen[modifier | modifier le wikicode]

En rouge, les successeurs possibles du roi Charles II

Le roi d'Espagne n'est pas encore mort que déjà les souverains européens disposent de ses possessions. Le roi n'ayant pas d'enfant, ses deux héritiers sont ses cousins germains : le roi de France Louis XIV et l'empereur germanique Léopold Ier. En mars 1700, par un traité secret Louis XIV, le roi d'Angleterre Guillaume III et le gouvernement des Provinces-Unies s'entendent pour un règlement de la succession espagnole. L'Angleterre et les Provinces-unies obtiennent que les Pays-Bas espagnols (la plus grande partie de la Belgique actuelle) restent au roi d'Espagne ; ces deux pays ne souhaitent pas que la France s'y installe car elle serait alors la voisine immédiate des Provinces-Unies et pourrait redonner de l'activité au port d'Anvers, qui est concurrent du port de Londres. L'Espagne et ses colonies américaines reviennent à l'archiduc Charles, fils cadet de l'empereur Léopold. Les possessions italiennes de l'Espagne (le Milanais, Naples et la Sicile) sont données à Louis XIV, qui pourrait par la suite les échanger contre le duché de Savoie et le duché de Lorraine et ainsi réaliser l'unification territoriale de la France.

Mais l'empereur Léopold non consulté ne donne pas son accord. Surtout le roi d'Espagne ne veut pas démembrer ses possessions. Il veut que son héritier ait tout et il pense que seule la France, encore considérée comme la plus grande puissance européenne, pourra maintenir l'unité des possessions espagnoles face aux convoitises des autres pays. Après avoir longuement réfléchi, Louis XIV accepte l'héritage espagnol en faveur de Philippe duc d'Anjou, un de ses petits-fils, qui devient le roi d'Espagne Philippe V en novembre 1700.

Les maladresses de Louis XIV[modifier | modifier le wikicode]

Devenu roi d'Espagne, Philippe V, qui a seize ans, doit accorder de grands privilèges à la France. Ainsi les Français installent des garnisons dans les forteresses de Pays-Bas espagnols, ce qui inquiètent les Provinces-Unies.

Les Français obtiennent le monopole de l' asiento, c'est-à-dire, le droit de fournir des esclaves africains aux colonies espagnoles des Antilles et d'Amérique centrale ; cela mécontente les Anglais et les Néerlandais qui jusque-là profitaient de ce commerce très rentable.

De plus Louis XIV garantit la possibilité pour son petit-fils, déjà roi d'Espagne, de devenir le roi de France, si tous ses autres héritiers disparaissent avant sa mort. Les souverains européens craignent que la France mettre la main sur l'Espagne, ses possessions européennes et ses colonies.

Pour combattre cette politique française, l'empereur Léopold, le roi Guillaume III d'Angleterre et le gouvernement des Provinces-Unies forment, en 1701, la Triple alliance contre la France et l'Espagne. La plupart des princes allemands se joignent à l'alliance. Le but de la coalition est de donner la couronne espagnole à l'archiduc Charles, fils cadet de l'empereur Léopold.

La guerre[modifier | modifier le wikicode]

Le roi Philippe V au moment de son accession au trône
L'archiduc Charles, vers 1706, au moment où certains pays européens le reconnaissent comme roi d'Espagne

L'Espagne, alliée de la France, avec une armée insuffisante et des finances délabrées, est incapable de défendre seule ses possessions européennes. L'essentiel de l'effort militaire est donc fourni par la France. Or les finances de celle-ci sont désastreuses depuis la guerre de la Ligue d'Augsbourg ; de plus les protestants français des Cévennes se sont révoltés et mènent la guérilla contre les troupes royales. Aux débuts des combats le commandement français est assuré par des chefs médiocres, qui seront remplacés par des chefs plus satisfaisants comme le duc de Vendôme et le maréchal de Villars. Les Anglais, en plus de leur marine de guerre qui règne sur les mers, disposent de beaucoup d'argent pour financer leurs alliés et leurs troupes sont commandées par le duc de Marlborough un général de valeur. Les Impériaux, quant à eux, sont commandés par le prince Eugène de Savoie-Carignan un excellent chef militaire.

De 1704 à 1706, les armées franco-espagnoles connaissent des revers, elles sont battues à Bleinheim (Allemagne) en 1704 ; à Ramillies en 1706 et à Audenarde en 1708 (Pays-Bas espagnols) ce qui contraint les Français à évacuer la Belgique ; en 1709 la défaite de Malpaquet oblige les Français à abandonner la Flandre et Lille mais ils ont infligé de lourdes pertes aux Alliés. Le terrible hiver de 1708-1709, ravage la France.

Les Anglais s'emparent de Gibraltar (en 1704) et de l'île de Minorque dans les Baléares, l'archiduc Charles débarque en Catalogne, s'empare de Barcelone et se fait proclamer roi d'Espagne à Madrid en septembre 1706.

Devant ces désastres Louis XIV est obligé de demander les conditions de la paix. Mais les exigences des Hollandais (en particulier que Louis XIV déclare la guerre à son petit-fils) font échouer les négociations.

Cependant la situation évolue. En 1710, le duc de Vendôme arrive à chasser les Anglo-Autrichiens d'Espagne. En 1712 le maréchal de Villars bat le prince Eugène à Denain et brise l'offensive qui se préparait en direction de Paris. En 1711, Marlborough a été disgracié par la reine Anne qui a succédé à son beau-frère Guillaume III en 1701. Surtout, en 1711, l'archiduc Charles est devenu empereur germanique après la mort prématurée de son frère ainé Joseph Ier. L'Angleterre ne souhaite pas qu'il réunisse les possessions autrichiennes et les possessions espagnoles. Les Anglais abandonnent la coalition anti-française.

La paix[modifier | modifier le wikicode]

Deux traités de paix sont signés : celui d'Utrecht en 1713 avec l'Angleterre (devenue le Royaume-Uni en 1707) et les Provinces-Unies ; le traité de Rastatt de mars 1714 est signé avec l'empereur Charles VI.

Le Royaume-Uni est le grand gagnant : la France abandonne ses revendications sur la baie d'Hudson et lui cède Terre-Neuve, l'Acadie qui lui permettent de s'installer au Canada ; de plus la France rase les fortifications du port de Dunkerque. L'Espagne lui cède Gibraltar et Minorque et lui donne le droit d'asiento dans ses colonies américaines.

L'empereur (en même temps archiduc d'Autriche) s'empare des possessions espagnoles d'Europe : le Milanais, la région de Mantoue, la Sardaigne, le royaume de Naples et les Pays-Bas espagnols qui deviennent alors les Pays-Bas autrichiens.

Le duc de Savoie prend la Sicile (jusque-là espagnole) et se fait donner le titre de roi.

Philippe V reste roi d'Espagne mais renonce à ses droits à la couronne de France. Louis XIV garde l'Alsace et Landau, mais doit rendre les villes de Brisach, Fribourg et Kehl sur la rive droite du Rhin (se privant ainsi d'une protection supplémentaire sur la frontière est de la France).


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