Guerre de Sept Ans

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Le roi Frédéric II de Prusse

La guerre de Sept Ans se déroule de 1756 à 1763. Elle oppose la Prusse (alliée du Royaume-Uni) à une coalition formée par la France, l'Autriche, la Russie, la Saxe, la Suède, la Pologne. La guerre se déroule surtout en Allemagne et en Bohême.

Cette guerre est due à la volonté de Marie-Thérèse d'Autriche de récupérer la Silésie, qu'elle avait dû céder au roi de Prusse Frédéric II en 1748, à la fin de la guerre de Succession d'Autriche.

Le Royaume-Uni s'unit à la Prusse afin que celle-ci l'aide à protéger le Hanovre (propriété personnelle du roi d'Angleterre). La France se trouve entraînée dans la guerre à la suite de son alliance avec l'Autriche, parce que la Prusse attaque la Saxe (l'Électeur de Saxe est le beau-père du dauphin de France) et parce qu'elle est en guerre contre le Royaume-Uni au Canada et en Inde.

Marie-Thérèse d'Autriche vers 1759

Pendant les sept années de guerre, le roi de Prusse (qui en fait se bat seul contre les autres pays européens) alterne les victoires (comme celle de Rossbach en 1757) et les défaites (comme celle de Kunersdorf en 1759). Très compétent pour les affaires militaires, Frédéric II a bénéficié aussi de la médiocrité du commandement des armées adverses (en 1759, alors qu'ils viennent de détruire l'armée prussienne, Russes et Autrichiens renoncent à marcher sur Berlin, la capitale prussienne, alors qu'elle est sans défense). En janvier 1762, le « second miracle » est l'arrivée au pouvoir en Russie de Pierre III qui, grand admirateur de Frédéric, retire son pays de la coalition.

En 1763, ne pouvant vaincre Frédéric, la France et l'Autriche acceptent la paix. La Prusse conserve la Silésie.

En Europe, la guerre de Sept Ans a eu des conséquences très importantes. La Prusse devient une grande puissance avec qui l'Autriche doit composer en Allemagne. La France perd sa prépondérance militaire et diplomatique.

Parallèlement, la guerre se déroule aussi en Amérique du Nord, où les Français installés au Québec luttent contre les Britanniques, mais également en Inde, où ils se disputent le contrôle d'une partie du pays. Les Britanniques sont victorieux. La France perd son empire colonial pour le bénéfice des Britanniques et des Espagnols. Le Royaume-Uni devient la première puissance coloniale et maritime et prépare ainsi sa place de première puissance industrielle du XIXe siècle.

Attention Les luttes franco-britanniques dans les colonies sont traitées dans Luttes franco-britanniques en Inde au XVIIIe siècle et luttes franco-britanniques en Amérique du Nord au XVIIIe siècle. Pour un article général sur la rivalité entre la France et l'Angleterre, lire Rivalité franco-anglaise de 1688 à 1815.

L'Autriche opère un renversement des alliances[modifier | modifier le wikicode]

Situation de la Prusse en Europe centrale

L'objectif autrichien est de récupérer la Silésie, perdue à l'issue de la guerre de succession d'Autriche. Pour cela, il lui faut briser l'alliance franco-prussienne qui lui avait été fatale. Pour y arriver, l'Autriche offre les Pays-Bas autrichiens (la Belgique actuelle) à la France. Cela devrait réjouir la France dont le but depuis des siècles est de protéger Paris en repoussant toujours plus au nord sa frontière avec les pays germaniques. Mais le roi Louis XV, voulant conserver l'alliance prussienne, refuse la proposition autrichienne.

Au Royaume-Uni, les marchands londoniens et les colons britanniques installés en Amérique du Nord demandent la destruction de l'empire colonial français, en particulier au Canada et dans la vallée du Mississippi (présence française qui gêne leur progression vers l'ouest et le commerce des fourrures). Le Royaume-Uni envisage donc une reprise de la guerre coloniale avec la France. Mais pour cela, il lui faut retenir l'armée française en Europe. De plus, le roi du Royaume-Uni est en même temps Électeur de Hanovre (principauté située en Allemagne de l'ouest et qui est à portée de l'armée française). Cette protection avait jusque là été assurée par l'Autriche, alors ennemie permanente de la France. Mais le revirement autrichien laisse le Hanovre sans protection. Il faut donc que les Britanniques (qui ont une armée de terre faible) trouvent un allié qui assurerait la défense du Hanovre. Cet allié ce sera le roi Frédéric II de Prusse qui veut garder la Silésie. En janvier 1756, Frédéric II rompt donc son alliance avec la France et s'allie au Royaume-Uni.

Le gouvernement français est effrayé par la rupture avec la Prusse : la France se trouve isolée en Europe. Maintenant c'est la France qui recherche l'alliance autrichienne. En mai 1756, par le traité de Versailles, l'Autriche et la France se promettent de se secourir si elles étaient attaquées en Europe (or, seule l'Autriche pouvait être attaquée en Europe : pour la France, ce serait en Amérique ou en Inde, ou sur mer). La France passait donc un marché de dupe.

Pour renforcer ses chances face à la Prusse, l'Autriche s'allie avec Élisabeth Ire tsarine de Russie, le roi de Suède, l'Électeur de Saxe, le roi de Pologne qui tous voient d'un mauvais œil la montée en puissance de la Prusse en Allemagne.

La guerre en Europe[modifier | modifier le wikicode]

La guerre en 1756[modifier | modifier le wikicode]

Le petit royaume de Prusse (environ deux millions d'habitants) est donc pris en tenaille par des adversaires qui sont capables de mobiliser des armées nombreuses, mais dispersées. Frédéric II décide d'agir rapidement avant la concentration des armées ennemies. Le 26 août 1756, il attaque d'abord la Saxe, proche, riche mais à l'armée insuffisante. La Saxe est rapidement vaincue, la capitale Dresde est occupée le 9 septembre, son armée est incorporée dans l'armée prussienne. L'Électeur de Saxe se retire en Pologne dont il est aussi le roi.

Le Royaume-Uni (où William Pitt l'Ancien devient ministre des Affaires étrangères) déclare la guerre à la France le 20 juin (la France le fera le 26 juin). La marine britannique (qui avec 130 navires est le double de la marine française) organise le blocus des côtes françaises. Cependant en mai-juin 1756, la France s'empare de l'île de Minorque une possession britannique dans les îles Baléares.

La guerre en 1757[modifier | modifier le wikicode]

Le Saint-Empire romain germanique, dont l'empereur est l'époux de la reine Marie-Thérèse, déclare la guerre à la Prusse, qui vient d'attaquer la Saxe, un des États de l'Empire. L'Autriche qui va supporter le poids de la guerre, reçoit l'aide russe (100 000 hommes) et française (120 000 hommes). En face Frédéric II peut leur opposer 200 000 soldats aguerris.

Au printemps, Frédéric II attaque la Bohême appartenant à Marie-Thérèse et assiège Prague en mai. Mais l'arrivée d'une armée de secours autrichienne le contraint à se replier en Silésie. Frédéric est battu par les Autrichiens à Kola (18 juin), par les Russes à Gross Jaegersdorf (30 août), mais ceux-ci n'exploitent pas leur victoire. Ses alliés hanovriens sont battus par les Français à Clostersevern (26 juillet) qui s'emparent du Hanovre.

Frédéric II attaque les Français et les Impériaux qu'il bat sévèrement à Rossbach le 5 novembre, puis, se retournant contre les Autrichiens, il les bat difficilement à Leuthen le 5 décembre.

Pour affaiblir l'offensive française en Allemagne, la marine britannique tente vainement un débarquement près du port de Rochefort sur la côte atlantique de la France.

La guerre en 1758[modifier | modifier le wikicode]

L'infanterie de Hesse-Cassel (alliée des Prussiens) à la bataille de Krefeld le 23 juin 1758

En Allemagne, Frédéric II tente sans succès de détruire les Autrichiens. Le 16 avril il prend Schweidnitz (en Moravie). Une offensive russo-suédoise le contraint à faire face. Il gagne difficilement à Zondorf (25 août) contre les Russes. Mais il est battu par les Suédois à Tarnow (25 septembre) et par les Autrichiens à Hochkirch (14 octobre). Cependant, il continue à se battre.

Au Hanovre, les Français attaqués par l'armée britannico-hanovrienne du duc de Brunswick-Lunebourg (en fait des mercenaires) sont battus à Krefeld (23 juin) doivent abandonner le pays.

La marine britannique attaque les côtes françaises. Elle réussit à débarquer une armée à Cancale (5 juin) : celle-ci marche sur Saint-Malo, mais ne parvient pas à s'en emparer. Un raid maritime sur Cherbourg permet la prise de la ville en août. Une nouvelle attaque sur Saint-Malo échoue.

La guerre en 1759[modifier | modifier le wikicode]

Bataille navale de la Baie de Quiberon 20 novembre 1759

L'année est très difficile pour les Prussiens. Ils sont battus à Kay (23 juillet), puis subissent un désastre à Kunersdorf (12 août) face aux Russes. Le 21 novembre, ce sont les Autrichiens qui sont vainqueurs à Maxen. Cependant, la mésentente entre ses ennemis permet à Frédéric II de continuer à exister.

Les Français attaquent le Hanovre, sont vainqueurs à Bergen (13 avril) et s'emparent de Minden. Mais les Hanovriens, qui se sont ressaisis, les battent à Minden le 1er août. Cependant, faute de troupes suffisantes, ils ne peuvent exploiter leur succès.

Envisageant une invasion de la Grande-Bretagne, les Français tentent un regroupement de leur flotte de guerre. Mais la flotte venue de la Méditerranée (de Toulon) est coulée le 19 août à bataille de Lagos ou du Cap Saint-Vincent (au large du Portugal) par la marine britannique. La flotte française de l'Atlantique (de Brest) est coulée par les Britanniques au large de Quiberon (20 novembre). L'invasion ne peut avoir lieu.

La guerre en 1760[modifier | modifier le wikicode]

La Prusse est toujours en difficulté. Les Autrichiens envahissent la Silésie et prennent Glatz. Malgré leurs victoires de Leignitz (1er août) et de Torgau (3 novembre), les Prussiens échouent devant Dresde (capitale de la Saxe) en juillet et un raid russe s'empare de Berlin et l'occupe pendant quatre jours au début d'octobre.

Les Français ne peuvent venir à bout des Hanovriens et sont battus à Landhust (23 juin), à Emsdorf (14 juillet) et à Warburg (31 juillet).

La guerre en 1761[modifier | modifier le wikicode]

La situation est toujours défavorable aux Prussiens (qui n'ont plus que 100 000 hommes dont beaucoup sont des adolescents) et à leurs alliés Hanovriens. Le Royaume-Uni suspend ses versements d'argent (la "cavalerie Saint-George"). Les Français les battent à Grünberg (21 mars), les Autrichiens s'emparent de la ville de Schweidnitz, récemment fortifiée par les Prussiens ; les Russes s'emparent du port de Kolberg, sur la mer Baltique (décembre).

Cependant les Français sont une nouvelle fois vaincus à Villingshausen (16 juillet)

La guerre en 1762[modifier | modifier le wikicode]

L'armée prussienne est réduite à 60 000 hommes. La situation prussienne est désespérée. Mais la tsarine Élisabeth Ire meurt le 5 janvier. Son successeur, Pierre III, un prince allemand grand admirateur de Frédéric II, rompt l'alliance russe avec l'Autriche et la France (16 mars) , fait la paix et s'allie avec Frédéric II (5 mai). Il lui rend les prisonniers et lui envoie un contingent de 20 000 soldats russes. La Suède abandonne la guerre le 22 mai.

Frédéric débarrassé du danger russe, bat les Autrichiens à Bukersdorf (21 juillet), à Reichenbach (16 août), à Schweidnitz (9 octobre) puis à Freiberg (29 octobre). Il reprend la Saxe.

Les Français battus à Willemsthal (24 juin) doivent évacuer Cassel début novembre. Les diplomates européens, réunis à Fontainebleau depuis le 3 novembre, se rencontrent pour rechercher les conditions de la paix.

Conclusion de la guerre de Sept Ans[modifier | modifier le wikicode]

La paix de Paris, signée le 10 février 1763 entre la France et le Royaume-Uni, consacre la perte de la plupart des colonies de la France au bénéfice de son adversaire. Le Royaume-Uni s'empare du Canada, de l'Acadie, de la partie Est de la vallée du Mississippi, de plusieurs îles des Antilles (La Dominique, Saint-Vincent, Tobago, La Grenade) et des possessions françaises de l'Inde (sauf les cinq comptoirs de Pondichéry, Karikal, Mahé, Chandernagor et Yanaon). De plus, la France abandonne la Louisiane à l'Espagne pour la dédommager de la perte de la Floride qui devient britannique. Et elle rend Minorque au Royaume-Uni.

Parallèlement, par la paix de Hubertsbourg (résidence de l'Électeur de Saxe) signée le 15 février de la même année, l'Autriche cède définitivement la Silésie à la Prusse.

Cette guerre, que la France ne pouvait éviter1, lui coûte quelque 170 000 hommes (morts ou blessés). Mais paradoxalement, elle n'en sort pas ruinée2.

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. "La guerre de sept ans n'apportera au royaume [de France] que mécomptes et humiliations. On l'a dite inutile. Était-elle évitable ? Évidemment non ! Au moment où elle éclate officiellement (Louis XV déclare la guerre à l'Angleterre le 9 juin 1756), elle dure, outre-mer, depuis quelque deux ans : nul ne pouvait y mettre un terme à vue humaine." (François Bluche, Louis XV, Perrin, collect. Tempus, 2003, p. 107).
  2. "|...| ce n'est pas un pays ruiné [la France] qui se résolvait à la paix, mais un pays riche, entreprenant, obligé de céder provisoirement à son rival britannique la première place dans le monde." (François Bluche, Louis XV, 2003, p. 118).

Vikiliens pour compléter sur les guerres au XVIIIe siècle[modifier | modifier le wikicode]

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