Gottfried Leibniz

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Portrait de Gottfried Leibniz par Christoph Bernhard Francke

Gottfried Wilhelm Leibniz est un mathématicien, philosophe, diplomate et juriste allemand, né le 1er juillet 1646 à Leipzig, en Allemagne et mort à Hanovre le 14 novembre 1716. Il est une personnalité centrale dans l'histoire des sciences (surtout dans celle des mathématiques) et dans l’histoire de la philosophie.

Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Commercium philosophicum et mathematicum, correspondance entre Leibniz et Jean Bernoulli

Gottfried Leibniz est né peu de temps avant la fin de la guerre de Trente Ans de parents tous deux juristes. Il est élevé principalement par sa mère et son oncle car son père meurt quand il a 6 ans. A 15 ans, il s'initie la littérature grecque et latine, et lit René Descartes. Il rentre à l'université de Leipzig en 1661 où il étudie la philosophie, les mathématiques et le droit. Leibniz quitte l'Université de Leipzig pour celle d'Altdorf, où il obtient un doctorat en droit en 1667.

Il rentre alors au service du baron Johann Christian von Boyneburg. Il entreprend des missions diplomatiques, à Francfort, Londres et Mayence. Il se rend à Paris entre 1672 et 1676, où il rencontre les grands savants français de l'époque comme Blaise Pascal et Christian Huygens. Par ailleurs, Leibniz apporta quelques améliorations à la machine à calculer de Pascal, la pascaline, l’ancêtre de la calculatrice, qui était une machine capable de soustraire et additionner.

Maison de Leibniz à Hanovre (il vivait au premier étage) ; la maison fut détruite durant la Seconde Guerre mondiale, puis reconstruite à un autre emplacement

C’est à Paris, en 1674 que Leibniz met au point sa découverte mathématique fondamentale, le calcul infinitésimal. A peu près en même temps, Isaac Newton développe exactement les mêmes travaux, et va alors l'attaquer en justice pour plagiat. S'en suivra une longue bataille juridique, pour que finalement la paternité de cette théorie leur soit attribués à tous les deux, bien que avec le temps ce sont les notations de Leibniz qui se sont imposées.

En 1676, son protecteur le baron von Boyneburg meurt, il tente de rentrer à l'Académie des Sciences de Paris mais est refusé. Il rentre donc en Allemagne, à Hanovre, où il devient bibliothécaire pour le duc de Brünswick. En chemin il fait étape à Londres, Amsterdam et La Haye, où il rencontre Spinoza. C'est à Hanovre qu'il écrit la plupart de ses ouvrages philosophiques.

Tout en s'occupant de la bibliothèque, il fait de nombreux voyages qui nourrissent ses réflexions. Entre 1680 et 1686, il gère des mines dans le Harz et développe des théories sur la géologie et l’ingénierie. Entre 1687 et 1690, il voyage en Autriche et en Italie pour consulter des archives historiques concernant la généalogie du duché de Brünswick.

Finalement en 1699, il entre à l'Académie des Sciences de Paris, et fonde celle de Berlin en 1700. Leibniz consacre une grande partie de sa fin de vie à sa bataille juridique avec Newton concernant le calcul infinitésimal. Souffrant de la goutte, il meurt en 1716, et lègue à la ville 50 000 documents dont 15 000 lettres. Certains de ses écrits n'ont toujours pas été publié.

Travaux et idées[modifier | modifier le wikicode]

Leibniz s’est intéressé à tous les domaines, qu'il a abordé avec sa méthode logique et rigoureuse à tous les domaines, avec l’ambition de tout savoir sur tout1. Il ne s'est jamais marié. Parfois cependant, il amassait trop de documentation pour pouvoir l’analyser seul.

Il parlait latin, français, allemand, anglais, italien, néerlandais, hébreu et grec ancien. Il était un défenseur de la langue allemande. Il était aussi très intéressé par la civilisation chinoise qu’il considère comme l’exemple le plus poussé de civilisation non chrétienne.

Page manuscrite extraite de Monadologie

Philosophie[modifier | modifier le wikicode]

Leibniz est, avec René Descartes et Spinoza, un tenant du rationalisme. Pour ces penseurs, on ne peut établir des connaissances sur le monde qui nous entoure que grâce à un raisonnement logique et rigoureux2. C’est une extension du raisonnement mathématique à la philosophie. Il est reconnu comme un des plus grands penseurs de l’Europe3.

Leibniz s’est beaucoup intéressé à la logique. Il défend la vision d’Aristote, et s’oppose ainsi à Descartes qui voulait rompre avec la pensée médiévale. Leibniz rêvait d’un calculateur universel 4 et d’un « alphabet des pensées humaines » composé de toutes les vérités de base. On pourrait alors découvrir de nouvelles vérités en combinant les vérités de base.5

Il invente le concept de monade, unité fondamentale et inséparable qui constitue l’essence d’un individu. Pour Leibniz, la réalité du monde n’existe qu’à travers les monades qui le vivent et le pensent. L’Univers est la réunion de toutes ces visions, rendues cohérente par l'action de Dieu6.

En théologie, il établit deux preuves de l’existence de Dieu. A l’inverse de Spinoza, il voit Dieu comme omniscient, omnipotent et bienveillant. L’existence du mal devient la cause d’un bien à venir et notre monde est le moins imparfait de tous les mondes imparfaits possibles. Cet optimisme sera moqué par Voltaire dans son conte Candide.

Mathématiques[modifier | modifier le wikicode]

« Les mathématiciens ont autant besoin d'être philosophes que les philosophes d'être mathématiciens.}} Leibniz dans une lettre à Malebranche du 13/23 mars 1699

Sa principale invention est le calcul infinitésimal, composée de deux idées majeures : le calcul différentiel, qui consiste à trouver des variations infiniment petites, et le calcul intégral, qui étudie les méthodes permettant de calculer l'aire sous une courbe. Ces deux méthodes sont à la base de l’analyse.

Il travaille également à remplacer le système décimal par le système binaire, introduit des notations sur les fonctions et les opérations encore utilisées aujourd’hui, s’intéresse à la résolution de systèmes d’équations, établit des méthodes pour trouver le maximum et le minium atteint par une courbe et étudie les fonctions trigonométriques, la fonction exponentielle et le logarithme.

Autres sciences[modifier | modifier le wikicode]

En physique, il s’intéresse au mouvement et à la notion de force. Il invente le concept d’énergie cinétique d’un objet en mouvement. Il s’oppose à Newton et Descartes qui cherchaient à séparer physique et métaphysique : pour lui les lois doivent s’expliquer par des principes moraux et éthiques.

Calculatrice mécanique de Leibniz (original conservé au Château d'Herrenhausen

Dans les années 1670-1680, il pratique la vivisection pour comprendre les relations entre organes assurant la stabilité de l’organisme. Il est marqué par les expériences faites avec les premiers microscopes. Il conçoit dès lors le corps humain comme une machine composées de machine plus petites (les organes), elles-mêmes composées de machines plus petites, et ainsi de suite à l’infini. Il encourage la diffusion des résultats des recherches médicales, notamment en ce qui concerne l’hygiène.

Il s’intéresse aussi à l’étude de l’évolution de la Terre et des espèces. En voyage, il ne manquait jamais de visiter un cabinet de curiosité ou de récolter des fossiles. Il croyait en l’origine de la Terre à partir du refroidissement d’un feu primordial mais attribuait aussi à l’eau un rôle d’agent géologique (dans la formation des montagnes, la sédimentation ou l’érosion). Il était un pionnier de la théorie de l’évolution en émettant l’idée que les différences observées entre animaux existants et fossiles s’expliquaient par la transformation des espèces au fil du temps.

Il a aussi inventé des machines : une machine arithmétique capable de multiplier à l’aide de cylindres, des moulins à vents, la plus haute fontaine d’Europe dans les jardins de Herrenhausen, un plan de sous-marin, un projet de cotte de mailles…

Œuvres[modifier | modifier le wikicode]

Leibniz a laissé au total 200 000 pages manuscrites, dont 20 000 lettres et un projet d'encyclopédie qui n’a jamais abouti. Il écrivait en permanence, en latin, en français et en allemand, profitant des trajets occasionnés par ses nombreux voyages pour rédiger ses lettres.

Principales œuvres :

  • De arte combinatoriat, 1666
  • Théorie du mouvement concret et du mouvement abstrait, 1670
  • Quadrature arithmétique du cercle, de l’ellipse et de l’hyperbole, 1674
  • Nova Methodus pro Maximis et Minimist, 1684 (article publié dans les Acta Eruditorum ; pose les bases du calcul différentiel)
  • Discours de métaphysique, 1686
  • De Geometria Recondita et analysi indivisibilium atque infinitorumt, 1686 (publié dans les Acta Eruditorum ; pose les bases du calcul intégral)
  • Discours touchant la méthode de la certitude et l’art d’inventer pour finir les disputes et faire en peu de temps de grands progrès, 1688-1690
  • Essai de dynamique, 1691 (publié dans le Journal des savants)
  • Nouveaux Essais sur l'entendement humain, 1704 (posthume ; critique de l'Essai sur l'entendement humain de John Locke)
  • Monadologie, 1714-1720

Postérité et hommages[modifier | modifier le wikicode]

A sa mort, Leibniz n’a pas une bonne image à cause sa querelle avec Newton. Il a cependant une forte influence sur les philosophes des Lumières. Emmanuel Kant, Jean-Jacques Rousseau et Denis Diderot ont dit leur intérêt pour Leibniz, tout en critiquant ses idées. Ses théories sur la logique inspireront les logiciens de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle, comme George Boole, Giuseppe Peano, Gottlob Frege ou Kurt Gödel.

A Hanovre, plusieurs institutions ont été renommées en son hommage, dont l'université et la bibliothèque. Un prix Gottfried-Wilhelm-Leibniz est décerné chaque année depuis 1986 par la Fondation allemande pour la recherche.

On peut aussi citer :

  • le cratère lunaire Leibnitz5
  • l'astéroïde (5149) Leibniz
  • le mémorial Leibniz et le temple Leibniz, dans le parc Georgengarten, à Hanovre
  • la statue d’Ernst Hähnel à Leipzig (sa ville natale)

Références[modifier | modifier le wikicode]

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • La philosophie de Leibniz (1900), Bertrand Russell, Éditions des archives contemporaines, 2000
  • Leibniz. Logique et Métaphysique, Gottfried Martin, Beauchesne, 1966.
  • Leibniz : initiation à sa philosophie, Yvon Belaval, Vrin, 2005
  • La révolution symbolique : La constitution de l'écriture mathématique, Michel Serfati, Éditions Pétra, 2005
  • Leibniz, le penseur de l’universel, Massimo Mugnai, Les génies de la science no 28., 2006
  • L'invention du calcul infinitésimal : Leibniz, José Muñoz Santonja et Simon Prime, RBA Coleccionables, 2018

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. « Pareil en quelque sorte aux Anciens qui avaient l'adresse de mener jusqu'à huit chevaux attelés de front, il mena de front toutes les sciences » Fontenelle
  2. « Nos raisonnements sont fondés sur deux grands principes, celui de la contradiction [...] [et] celui de la raison suffisante. » Leibniz, Monadologie
  3. « Peut-être jamais un homme n'a autant lu, étudié, médité et écrit que Leibniz. » Denis Diderot
  4. Le calculus ratiocinator, anticipant l’informatique de 300 ans
  5. voir De arte combinatoria
  6. « Dieu seul fait la liaison et la communication des substances, et c’est par lui que les phénomènes des uns se rencontrent et s’accordent avec ceux des autres, et par conséquent qu’il y a de la réalité dans nos perceptions. » Leibniz, Discours de métaphysique
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