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Toupouri

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Les Toupouri sont un peuple originaire des départements du Mayo-Danay et du Mayo-Kani dans l’Extrême-Nord Cameroun avec des ramifications au Tchad, pays d’Afrique Centrale. Ils sont des guerriers, agriculteurs et pêcheurs au Tchad, autour des lacs de Tikem, de Fianga et le long du cours d’eau nommé Mayo-Kebbi.

Origines du gonokaye[modifier | modifier le wikicode]

Le Gonokaye est un ensemble de rites pour lequel une génération de jeunes garçons est reçue dans la communauté des hommes, des adultes. Bref, c’est une initiation par laquelle on passe de l’adolescence à l’âge adulte. Une légende dit qu’un jour un homme en se promenant dans la brousse y rencontra le diable qui lui dit « donne-moi tes enfants mâles et j’en ferai des hommes ». Ceci fait et les enfants revinrent chez leur père, ils furent initiés, ainsi commença l’initiation en pays Massa et par la suite gagna tout le pays Toupouri. Il y a une offrande des enfants au Diable, ils sont sacrifiés au Diable. C’est au Diable qu’on va demander de l’aide et de la protection et ce diable s’appelait Magai ou mère de la mort. Ce mot représente chez les Toupouri tous les esprits mauvais, tout ce qui est mal. Toute l’initiation se résume donc en ceci : offrir les enfants â Magai donc au diable qui va les tuer puis leur donner une nouvelle vie, les faire devenir Pai c’est-à-dire des hommes.

Les conditions de participation[modifier | modifier le wikicode]

Tous les neuf ou onze ans se déroule dans l’ensemble du Pays Toupouri, un mouvement d’une ampleur exceptionnelle mobilisant tous les jeunes garçons d’au moins six ans et tous ceux qui sont plus âgés qui n’y ont pas encore pris part. Le but est de préparer les garçons à travers l’initiation à la vie d’homme et à ses responsabilités. Une bonne condition physique est nécessaire pour supporter les épreuves et les débiles mentaux sont exclus. L’introduction de l’argent comme l’une des conditions de participation date de la huitième génération: 1F en 1944, 50F en 1955, 100F en 1975.

Les préparatifs[modifier | modifier le wikicode]

Ils se déroulent tous les soirs après le diner sur une place publique et consistent en danses et marches sous la conduite des anciens initiés jouant le rôle d’encadreurs. Cette phase préparatoire qui dure deux semaines est marquée par une intense activité des anciens qui se munissent de longs bâtons dont un bout ramifié et coloré en blanc et en noir. Aux ramifications sont attachés des morceaux de calebasse qui en s’entrechoquant produisent des bruits annonçant le passage des jeunes gens à initier le jour du départ. Deux jours avant le départ, le soir vers les quatre heures, tous les anciens initiés se réunissent, tous doivent avoir le corps bien propre et ne doivent porter ni colliers, ni perles, ni bracelets seulement la peau sur le derrière. Ce jour-là, tous les jeunes initiés des générations précédentes doivent se présenter avec un coq ou une poule à la main. Il ne doit pas y avoir d’absents. Sous l’ordre donc du vieux de la bande, tous à la queue leu leu, les plus jeunes avec leur poulet en main se dirigent vers la brousse en bordure de leur lieu d’initiation. Arrivés à l’endroit, les anciens initiés prennent les poulets qui sont offerts en sacrifice et les font rôtir. Pendant ce temps, les jeunes s’enduisent le corps avec le Gir ou aggloméré rouge puis le soir ils font leur entrée fracassante au village et tuant sur le passage tous les poulets qu’ils trouvent. Il  va sans dire que les femmes averties prennent leurs dispositions et enferment leurs volailles. À nouveau, ils perdent toute notion de propreté et d’origine, ainsi le lendemain, ils sont présentés à leur famille respective. C’est le prélude du départ des jeunes pour l’initiation qui a lieu le lendemain matin pour le lieu saint. Encadrés par les anciens faisant office de parrains, les jeunes portent un morceau de peau en guise de cache sexe, en file indienne, le crâne rasé et se dirigent vers le lieu de l’initiation. Chaque enfant doit en outre tenir en main une tige de mil de fonio, tandis que son parrain un morceau de houe ou une somme dont le taux varie suivant les années d’initiation.

Les manifestations[modifier | modifier le wikicode]

La nuit est déjà tombée lorsque les anciens conduisent l’ensemble des néophytes sur l’aire d’initiation. Ils les font coucher nus à même le sol face contre terre .Ils restent ainsi plusieurs heures sous la garde de quelques  anciens qui les ont préalablement effrayés en aiguisant leurs lances. Pendant ce temps, les autres partent terroriser les femmes qui exclus des rites ne doivent pas sortir de chez elles. Il leur est interdit de regarder à l’extérieur car ce soir les nouveaux initiés viennent dévorer femmes, enfants et objets restés dehors. La cérémonie est rythmée par deux tambours situés au centre de l’aire d’initiation et par les champs et danses des initiés qui annoncent la mort prochaine des impétrants. Seuls un ou deux feux éclairent les initiés qui sont allongés en cercle, la tête dirigée vers le tambour portant seulement autour de la hanche une ficelle qui sera rapportée en famille au cas où il arriverait qu’il soit exécuté au cours du rituel. Face contre terre, les jambes jointes, et leurs mains cachant leur visage, dans la position du défunt, ils sont recouverts de poussière pour simuler leur mort.

L’intégration des initiés dans la société[modifier | modifier le wikicode]

Chaque initié devenu un homme nouveau porte la peau de mouton que son père lui a soigneusement confectionnée. Le village connait ce jour-là, une activité particulièrement intense. Chaque mère veut s’assurer si son enfant est bien revenu vivant et dans sa forme. Chaque enfant est présenté à sa famille de dos pendant que les autres forment autour de lui un cercle. Sa mère et ses sœurs essayent de le toucher rapidement pour éviter les coups de fouet de ses camarades puis c’est la danse animée par un ancien initié exécutée tantôt de gauche à droite , tantôt dans le sens inverse suivant le rythme de la chanson. Les initiés portent aux chevilles de petites calebasses bourrées de cailloux donnant un bruit assourdissant. Ils tiennent à la main gauche un bâton qui repose à l’intérieur du coude et à la droite un petit fouet en peau de mouton dont les poils n’ont pas été enlevés et s’agitant en suivant les gestes du danseur. En marchant, il le balance à droite, tantôt à gauche. Des colliers fournis par leurs mères et leurs sœurs leur sont pendus au cou. Ils vont ainsi de case en case exécuter des danses. Le chef de groupe est le plus jeune appelé choul-choul assisté d’un autre légèrement plus âgés que lui. Ce sont eux qui commandent aux autres et seuls ont l’initiative d’arrêter la danse.

C’est ce jour-là que les familles s’aperçoivent qu’elles ont perdu tel ou tel enfant grâce à la peau qu’on ramène hissé au bout d’un long bâton et rendu aux parents du défunt. Le soir, chaque famille de l’initié tue un mouton ou un bœuf selon les moyens. Le père du choul-choul est tenu tuer un bœuf. Les premiers jours, les initiés sont rassemblés en un lieu où ils mangent et dorment ensemble. Avant de les répartir dans leurs familles respectives, on organise une petite cérémonie destinée à leur permettre de communiquer avec les filles consistant à enfermer une fille avec chaque initié pendant un certain temps. Ainsi fait, l’initiation se termine par des petits tatouages en haut du bras gauche pouvant revêtir plusieurs caractères : deux ou trois rangées de petites incisions faites soient verticalement soient faites horizontalement. Toutes ces cérémonies terminées, on réintroduit chaque enfant dans sa famille et on lui restitue ses biens qu’il ne reconnait plus. C’est un nouvel apprentissage de la vie qui commence. A  partir de cet instant, du fait de leur passage dans le groupe des adultes et des hommes, les initiés dans la vie pratique sont tenus de manger entre eux ou avec les anciens et évitent la compagnie des femmes.

Impact de l’initiation[modifier | modifier le wikicode]

L’initiation en pays Toupouri vise un objectif bien défini. Elle permet aux initiés d’être endurants durant les épreuves, respectueux vis-à-vis des aînés. Elle permet aussi de cultiver l’effort, le courage, la bravoure, permet de passer de l’adolescence à l’état adulte.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Extraits de « le jeune chrétien toupouri face au Gonokaye » par le père Jérôme Mendandi, Paroisse de Guidiguis
  • Champion Françoise (voir Dumas-Champion), 1977, recherches sur l’organisation sociale des Masa, région de Koumi, Tchad, thèse de 3e cycle, université Paris5-Sorbonne.
  • Dumas –Champion- Françoise, 1979, le sacrifice comme procès rituel chez les Masa (Tchad), le sacrifice III, systèmes pensée en Afrique noire4 :95-115.


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