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France des années 1880

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En France dans les années 1880, le régime républicain, théoriquement établi en 1870, se met progressivement en place. Les républicains mettent en œuvre leur programme avec le développement des libertés politiques, du développement de l'école publique laïque conçue pour lutter contre l'influence de l'Église catholique (alors de tendances monarchistes). Ils augmentent les réseaux de transports ferroviaires et fluviaux espérant ainsi faire sortir certaines régions de leur isolement économique mais aussi intellectuel. Sous l'impulsion de républicains tels Jules Ferry, la France agrandit militairement son empire colonial aussi bien en Afrique du nord qu'en Indochine. Cependant les républicains sont divisés sur la vitesse et la profondeur des réformes à faire, ainsi que sur la colonisation. Profitant de cette division, les monarchistes, ainsi que divers mécontents, se regroupent pour attaquer la république, ce sera la courte aventure du boulangisme.

Un pays en crise économique[modifier | modifier le wikicode]

carte de l'extension du phylloxera en France en 1882
La gare de Polisot dans l'Aube. Le chemin de fer pour désenclaver les campagnes

Une crise économique profonde sévit dans le monde développé depuis 1873. À cette date l'essor économique, commencé dans les années 1850, basé sur le développement industriel, les début de l'agriculture extensive dans les « pays neufs » (États-Unis, Argentine), la signature de nombreux traités de libre-échange entre les pays, prend fin brutalement. Les produits agricoles en provenance des pays neufs, bénéficiant de vastes espaces aux sols non encore épuisés, d'un machinisme très développé palliant la pénurie de main d'œuvre ou bien du travail de salarié moins payés qu'en Europe, concurrencent les produits locaux.

La France, pays surtout rural, agricole, de petites et moyenne propriété, est atteinte en 1882. Cette crise qui touche le monde rural est aggravée par la désastreuse crise du phylloxera qui ravage le vignoble français à partir de 1876. La perte de revenu de nombres de petits paysans, mais aussi celle des grands propriétaires surtout exportateurs et qui désormais sous-emploient leurs salariées agricoles, favorise l'exode rural. Les campagnes commencent à se vider, les commerces locaux faute de clients périclitent.

Pourtant en 1879, pour gagner l'adhésion du monde rural au régime républicain qui vient juste de triompher de ses adversaires politiques conservateurs et monarchistes, les gouvernement républicains lancent un vaste programme de travaux publics (le plan Freycinet). Le réseau ferré est démultiplié afin que le moindre village soit à proximité d'une gare. Le réseau de canaux fluviaux est agrandi et le gabarit est amélioré ce qui permet de meilleurs liaisons entre les cours d'eau navigables. Les ponts, les routes, les gares demandent des produits industriels (acier, ciment...) ce qui profite à l'industrie dont à l'embauche de main d'œuvre. Le programme scolaire mise en place par Jules Ferry dès 1879, oblige les communes à construire ou agrandir des écoles élémentaires ce qui donne du travail aux artisans locaux. Le même Jules Ferry, contre l'avis de la droite mais aussi des républicains radicaux, développe la conquête coloniale ( qui doit fournir des matières premières bon marché à l'industrie localisée en France et accroître la clientèle coloniale pour les produits industriels français). Or la conquête coloniale, assurée par l'armée, coûte cher aux finances de l'État.

La crise crise réduit les rentrées d'impôts donc les capacités de financement des travaux publics ; l'État et les collectivités locales gèlent ou réduisent les projets et passent moins de commandes, l'industrie à moins de clients, le chômage progresse. Pour protéger les produits français, le gouvernement augmentent les droits de douanes frappant les produits importés de l'étranger (dès 1881 pour les produits industriels et en 1884-1885 pour certains produits agricoles).

Les divisions du camp républicain[modifier | modifier le wikicode]

La lutte des républicains pour imposer le régime républicain face au camp monarchiste se fait par étapes ; après la crise du 16 mai 1877, ils imposent la volonté politique de la majorité des députés face au président de la république (qui était alors le très monarchiste maréchal de Mac-Mahon. En 1879, ils obtiennent la majorité des sièges au sénat jusque là dirigé par les monarchistes, ce qui oblige Mac-Mahon à démissionner en 1879. Il est alors remplacé par le très républicain Jules Grévy. Pour confirmer leur succès électoral, les républicains transfèrent le siège du Parlement (Chambre des députés et sénat) de Versailles (où il siégeait depuis 1871) à Paris, le 14 juillet devient la fête nationale et la Marseillaise l'hymne national. L'amnistie est votée pour les condamnés communards.

Caricature du journal La Nouvelle Lune. Mai 1882. Dans la barque Jules Grévy le président de la République tient dans ses bras Charles de Freycinet, tandis que Jules Ferry se cache derrière son dos. Dans l'eau au fond à droite Georges Clemenceau

Mais aux élections législatives de 1881, le camp républicain se divise entre radicaux et opportunistes. Les radicaux (dont un des chefs est Georges Clemenceau ), dont l'électorat est constitué en grande partie par les classes populaires urbaines, demandent la révision de la Constitution de 1875 et en particulier la suppression du sénat (où siègent des « inamovibles » et des notables provinciaux), ils réclament la suppression de l'armée permanente, l'abolition du Concordat qui lie l'État à l'Église catholique. Il sont partisans de la nationalisation des compagnies de chemin de fer et des mines. Ils veulent instituer l'impôt sur le revenu et développer les lois sociales. Ces idées économiques et sociales sont destinées à couper l'herbe sous le pied aux socialistes qui commencent à réapparaître sus la scène politique.

Les républicains appelés « opportunistes » (dont les chefs sont Jules Ferry et Léon Gambetta) sont plus modérés. Ils préfèrent procéder à des réformes par étapes afin de ne pas effrayer la moyenne bourgeoisie (qui dispose d'une l'épargne abondante pouvant être mobilisée par les emprunts de l'État) et les paysans (qui constituent la plus grande partie de la population française). Ils ne veulent pas modifier la constitution et acceptent l'existence du sénat. Bien que libres-penseurs, voire athées, ils souhaitent conserver le concordat qui permet le contrôle gouvernemental sur du clergé catholique. Ils pensent que le développement de l'égalité politique et de l'enseignement primaire laïque, gratuit et obligatoire devraient convaincre les électeurs des bienfaits de la République. Très attachés à la propriété privée ils ne veulent pas accroître l'intervention de l'État dans la vie économique. Ils sont favorable à la conquête coloniale. Ils sont majoritaires dans le camp républicains. C'est autour d'eux que se constituent les gouvernement. Mais ils sont fragilisés par des rivalités personnelles, ce qui favorise l'instabilité gouvernementale : il y aura 8 gouvernements successifs entre 1881 et 1885 (un gouvernement à peine modifié ou « replâtré » succède à un autre).

La rupture entre radicaux et opportunistes se concrétise en mars 1885. À la suite de la défaite de l'armée française à Lang-Son en Indochine, le gouvernement Ferry, très attaqué par les radicaux doit démissionner. Les élections législatives générales d'octobre 1885 (qui se faisaient au scrutin de liste, c'est-à-dire que le département constituait une seule circonscription électorale où on élisait plusieurs députés à la fois) aboutit à une chambre des députés où se forment trois blocs politiques. Les conservateurs (monarchistes de divers bords, grande bourgeoisie, catholiques ...) disposaient d'une forte minorité ; mais les radicaux et les opportunistes étaient presque égaux. Les gouvernements, formés à partir d'une majorité parlementaire, étaient difficiles à former et étaient à la merci de la moindre divergence entre les groupes politiques le soutenant.

La mise en œuvre du programme républicain[modifier | modifier le wikicode]

Lutter contre l'influence de l'Église catholique dans l'enseignement[modifier | modifier le wikicode]

Une classe mixte d'une école primaire française vers 1880. Lieu inconnu

Pour les républicains il est nécessaire de lutter contre l'influence politique de l'Église catholique. Celle-ci avait soutenu l'empire et l'ordre moral. Elle était favorable à un retour à la monarchie.

L'Église catholique contrôle alors une grande partie de l'enseignement primaire, secondaire et même supérieur. Dans l'enseignement primaire il y avait près de 2 000 000 d'élèves dans les écoles religieuses (congréganistes) alors que les écoles publique en scolarisaient plus de 3 000 000. Les républicains, tout en assurant qu'ils ne visent pas la religion en tant que telle, tentent de réduire son influence scolaire. En 1880, ne parvenant pas à faire voter la loi par le sénat, par deux décrets le gouvernement décide la dissolution de la Compagnie de Jésus très présente dans l'enseignement secondaire. Il oblige les congrégations non-autorisées à demander l'autorisation d'exercer sur le sol français dans un délai de trois mois (mesure qui devaient réduire leur nombre). Il abroge la loi de 1875 qui avait conféré à l'Église catholique un droit de regard sur l'enseignement supérieur (des représentants religieux siégeaient dans les jury d'examen).

Sous l'impulsion de Jules Ferry le gouvernement réorganise l'enseignement primaire. En 1881 l'école publique devient gratuite (les parents n'avaient plus à payer les enseignants qui désormais sont rétribués par l'État). Plus difficile à faire accepter est la loi instituant l'école obligatoire pour les enfants de 6 à 13 ans (en 1882). Puisque tous les enfant doivent fréquenter une école quelle que soit leur religion, l'école publique devient laïque, c'est-à-dire neutre du point de vue religieux : le catéchisme cesse d'être une matière scolaire, il est remplacé par une instruction civique et morale, leçon quotidienne assurée par l'enseignant. Les partisans de la Droite, crient au scandale sur l'installation d'une école « sans Dieu ». Néanmoins afin que les parent puissent faire éduquer religieusement leurs enfants un jour de la semaine (le jeudi) est gardé sans école, en plus du dimanche. Le clergé perd son droit de contrôle des écoles et des enseignants tel qu'il avait été institué par la loi Falloux de 1850. Les enseignants sont désormais formés au niveau départemental dans les écoles normales primaires où on leur insuffle le sens civique, l'idéal républicain et le patriotisme qu'ils seront charger de répandre dans le moindre village. En 1886, les derniers enseignants congréganistes quittent l'école publique pour les employer les catholiques les plus intransigeants ouvrent des écoles privées.

Pour réussir cette politique ambitieuse, le budget de l'enseignement primaire passe de 12 millions de franc-or en 1870 à près de 100 millions en 1888.

Élargissement du domaine des libertés[modifier | modifier le wikicode]

Les républicains veulent développer les libertés politiques grandement réduites depuis le Premier Empire. En 1881, deux lois organisent la liberté de réunion et la liberté de la presse qui sont facilitées par une simple déclaration auprès des autorités publiques. Les délits d'opinion en théorie disparaissent pour les journalistes.

La liberté d'association professionnelle (interdite depuis 1791) est rétablie en 1884, ce qui permet le développement du syndicalisme ouvrier. Seules les associations religieuses demeurent soumises à déclaration et autorisation de la part des autorités.

Le problème de l'inégalité des jeunes gens devant le service militaire, soumis à la réflexion depuis 1884, avec les encouragements du ministre Georges Boulanger, aboutit en 1889 à une loi instituant le service militaire pour tous d'une durée de trois ans (c'est la fin du tirage au sort tant détesté).

Reste à réviser les lois constitutionnelles de 1875 (votées par une assemblée alors dominée par les monarchistes). En 1884, les sénateurs inamovibles sont condamnés à disparaître au fur et à mesure de leur décès, ils ne seront pas remplacés. Les délégués des conseils municipaux qui élisent les sénateurs sont désormais calculés en fonction du nombre d'habitants de la commune ce qui réduit l'influence des communes rurales encore encadré par les conservateurs et rééquilibre le rapport ville-campagne. En 1882, la loi organise l'élection des maires par les conseils municipaux (sauf à Paris où ces fonctions sont partagées entre le préfet de la Seine et le préfet de police).

L'émergence du nationalisme[modifier | modifier le wikicode]

Un banquet et une réception organisés par La Ligue des Patriotes en décembre 1888, au moment où le boulangisme atteint son maximum de popularité

Depuis la défaite de 1871 face aux armées allemandes, la France n'a pas accepté que l'Alsace et une partie de la Lorraine soient cédées au tout nouvel empire allemand. Cependant, l'état de l'armée et celui des finances déconseillent aux différents gouvernements français d'entreprendre une nouvelle guerre contre le puissant voisin.Par ailleurs, le chancelier allemand Bismarck manœuvre pour isoler la France en Europe (notons qu'à l'époque, hormis la Suisse, la France est le seul régime républicain, tous les autres pays sont en régime monarchique). Dès 1873, à l'initiative de Bismarck, la Russie, l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne concluent l'alliance des trois empereurs dont le but est de maintenir la carte de l'Europe. Mais en 1878 le Congrès de Berlin qui doit régler le conflit russo-turcs dans les Balkans rompt cette alliance, les Russes accusant les Allemands de leur être systématiquement hostiles. Cependant en 1881 Bismarck parvient à reconstituer l'alliance des Trois empereurs (toujours dirigée contre la France).

En 1882, Bismarck parvient à former une triple alliance entre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie (mécontente de l'installation coloniale de la France en Tunisie). Sur ses frontières nord-est et sud est la France est menacée.

En 1882, mécontents que les gouvernements républicains se préoccupent peu de préparer la Revanche contre l'Allemagne, les nationalistes français à l'initiative de Paul Déroulède fondent la ligue des Patriotes dont le but est de mobiliser l'opinion publique contre l'Allemagne.

L'addition des mécontents du fonctionnement de la République "opportuniste", des nationalistes reprochant son inaction au gouvernement républicains face à l'Allemagne va provoquer une grave crise politique en 1887-1889 : le boulangisme.

Pour en savoir plus, lis l’article : Boulangisme.

La reprise de la colonisation[modifier | modifier le wikicode]

Dans les dix premières années de la Troisième république, les gouvernements de tendance conservatrice abandonnent la politique de conquête coloniale du Second Empire. Pour eux il faut d'abord panser les dégâts de la guerre franco-allemande de 1870-71. ils se contentent de gérer les différentes colonies dispersés sur la planète soit moins d'un million de Km2 et moins de 5 millions d'habitants.1

Le port de Gorée, au Sénégal, en 1889

Les Républicains modérés qui accèdent au pouvoir en 1879, sont plus favorables à la reprise de ces conquêtes, qui permettent sans trop de difficultés militaires de rendre la fierté à la population traumatisée par la défaite de 1870. Pour eux l'extension des colonies permet aussi de s'emparer à bon marché des richesses d'outremer, élément non négligeable en temps de crise économique. La domination de nouvelles populations ouvre de nouveaux marchés de consommation pour les produits industriels français. Cette politique voulue par Léon Gambetta et mise en œuvre par Jules Ferry, mais rencontre l'hostilité des Radicaux de Georges Clemenceau. En Extrême-Orient elle permet la conquête le l'Annam et du Tonkin entre 1883 et 1885. En Afrique Faidherbe achève la conquête du Sénégal, et poursuit vers l'Est, en s'emparant du Soudan occidental (bassin du fleuve Niger). En Afrique du Nord,en 1881) la Tunisie devient un protectorat français (à la grande colère des Italiens qui souhaitaient s'établir dans ce territoire). Les Français pénètrent plus avant dans le Sahara. En 1884, après une intervention militaire, un protectorat assez vague est établi sur Madagascar.

  1. En 1871, l'empire colonial français s'étendait à Saint-Pierre-et-Miquelon, la Guadeloupe, la Martinique quelques îles des Antilles, la Guyane en Amérique, le Sénégal, l'Algérie en Afrique, les cinq comptoirs de l'Inde, la Cochinchine en Asie, des archipels dispersés dans l'océan Pacifique
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