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Levée en masse

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En France, pendant la Révolution française, la levée en masse a été décrétée par la Convention en août 1793. Elle vise à mobiliser toute la population, hommes, femmes, enfants et vieillards pour sauver militairement la République française. On demande à la population de fournir les soldats nécessaires, mais aussi de travailler pour approvisionner l'armée en armes, en alimentation, en matériel de transport, en services sanitaires et même de soutenir le moral des troupes.

Pendant l'été 1793, la situation militaire de la France est dramatique. De tous côtés le territoire est envahi par les armées des souverains européens coalisés contre la France républicaine. S'y ajoutent deux guerres civiles, le soulèvement des Vendéens hostiles à la Révolution et le soulèvement fédéraliste, d'origine républicaine modérée, surtout les partisans des Girondins auxquels se sont mêlés des royalistes, qui se rebellent contre le pouvoir des Montagnards appuyés par les Sans Culottes.

Cette mobilisation générale va permettre de mettre sur pieds et d'équiper une armée considérable de près de 750 000 hommes. Cette armée républicaine d'un type nouveau réussit au cours de l'automne 1793 à repousser progressivement l'invasion étrangère et à anéantir les soulèvements vendéens et fédéralistes.

La situation militaire dramatique en 1793[modifier | modifier le wikicode]

Après les victoires de Valmy (20 septembre 1792) et de Jemmapes (6 novembre 1792) le territoire français est libéré de l'invasion austro-prussienne. Les armées françaises occupent la Belgique et la rive gauche allemande du Rhin.

Mais au printemps 1793, la situation s'est retournée pour les Français. La politique d'annexion et d'exploitation fiscale et économique des territoires occupés a très fortement mécontenté une grande partie des populations locales. La perte d'une partie de leurs possessions, et la peur d'une contamination de leurs sujets par les idées révolutionnaires, a poussé les souverains européens à s'entendre contre la France républicaine. La marine britannique fait le blocus maritimes des côtes françaises. Les armées étrangères attaquent et repoussent les Français de Belgique et de la rive gauche du Rhin, elles pénètrent en territoire français dans les Alpes et dans les Pyrénées.

Pour faire face à cette situation militaire dramatique l'armée française est affaiblie. De très nombreux volontaires de 1792 considérant qu'ils ont fait leur devoir à Valmy et Jemmapes sont retournés chez eux pour y travailler et faire vivre leurs familles. Beaucoup d'officiers (pour la plupart d'origine noble) ont déserté après l'exécution du roi Louis XVI le 21 janvier 1793.

Pour renforcer les effectifs militaires, (en mars 1793) la Convention, alors dirigée par les Girondins, décide une levée des 300 000 hommes. Chaque département doit fournir un contingent de soldats : on commence par des volontaires puis on complète par des hommes requis (par désignation ou par tirage au sort). Il y avait un certain nombre de cas d'exemption pour les jeunes gens. Le procédé accepté sans trop de problème dans la plupart des départements est refusé par les Vendéens qui se soulèvent contre la République. À la guerre étrangère s'ajoute alors une guerre civile.

Les effectifs attendus ne sont pas atteints, car les plus ardents partisans de la Révolution sont déjà sous les drapeaux et ceux qui sont retournés chez eux sont réticents à repartir et surtout à affronter des ennemis beaucoup plus nombreux qu'en 1792.

La situation militaire des républicains se dégrade au début de l'été 1793. Les partisans des Girondins (qui début juin ont été chassés du pouvoir par leurs adversaires Montagnards appuyés par les Sans Culottes) se rebellent contre le gouvernement républicain. En Normandie, en Aquitaine, en Provence les départements tenus des autorités le plus souvent favorables aux idées modérées des Girondins refusent d'obéir au gouvernement parisien qu'ils jugent trop influencé par les Sans Culottes parisiens. Une soixantaine de départements adhèrent à ce soulèvement fédéraliste.

La levée en masse[modifier | modifier le wikicode]

L'idée de la levée en masse repose sur une constatation : une armée nombreuse, composée de volontaires décidés à se battre pour un idéal parvient à battre une armée de métier. L'appel de la Patrie en danger de l'été 1792, a permis aux volontaires venus de toute la France pour renforcer l'armée de métier a permis Valmy et Jemmapes. Reste le problème de l'équipement d'une armée si nombreuse.

Les Sans Culottes parisiens sont certains que c'est la seule solution. Dès le 6 juillet, certains proposent de réquisitionner tous les hommes de 16 à 50 ans pour aller combattre les fédéralistes de Normandie. Le 28 juillet la section parisienne de l'Unité propose de réquisitionner les charrons, les menuisiers, les serruriers, les maréchaux ferrands pour fabriquer en grand nombre l'équipement des soldats et que même les femmes soient mobilisées pour fabriquer du pain. Les délégués envoyés par les assemblées primaires des départements pour valider la Constitution de l'An I, réunis à Paris, proposent le 12 juillet que le peuple se lève en masse. Cette idée est reprise le 16 août par les députés des 48 sections parisiennes qui précisaient qu'il ne devait y avoir aucune dispense sauf pour les agriculteurs.

Le 23 juillet à la tribune de la Convention Barrère le décret de la levée en masse:

Dans son principe la levée en masse est générale. Dans la réalité, seuls les hommes âgés de 18 à 25 ans s'ils sont non-mariés ou veufs sans enfant formeront le premier contingent de soldats, pour les autres on verrait en fonction de l'évolution de la situation militaire (il est prévu de réquisitionner les jeunes gens par tranches de cinq années de naissance). Il ne s'agissait pas de désorganiser complètement l'économie car il faut fabriquer les armes et produire les subsistances nécessaires à l'armée mais aussi à la population qui connait alors une pénurie sévère dans ses approvisionnements. Rien n'est prévu sur la durée de la mobilisation. Des exemptions sont acceptées : les hommes mariés, les fonctionnaires (y compris les prêtres constitutionnels), les agriculteurs (à raison d'un par charrue, les ouvriers des manufactures d'armes, les cordonniers, les imprimeurs. Rapidement les exemptés furent rejoints par des débrouillards qui affirmaient appartenir à une de ces catégories.

Sept classes d'âge sont ainsi requises, mais déjà une grande partie d'entre eux étaient des soldats. Malgré tout l'armée passe de 645 000 homes en août 1793 à 1 169 000 en septembre 1794 (même si en fait seuls 750 000 hommes sont sous les armes, les autres étant permissionnaires, malades, blessés ou déserteurs). Cette arrivée d'hommes nouveaux devra être mélangée avec les soldats en place et en particulier avec les vieux militaires des anciennes armées royales.

Texte[modifier | modifier le wikicode]

Texte du décret de la levée en masse voté par la Convention le 29 juillet 1793 :

« Dès ce moment, jusqu'à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la République, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service des armées. Les jeunes gens iront au combat ; les hommes mariés forgeront les armes et transporteront les subsistances ; les femmes feront des tentes, des habits et serviront dans les hôpitaux ; les enfants mettront le vieux linge en charpie (pour servir de pansement), les vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et l'unité de la République. Les maisons nationales seront converties en casernes, les places publiques en ateliers d'armes, le sol des caves sera lessivé pour en extraire le salpêtre (un des composants de la poudre à fusil). Les armes de calibres seront exclusivement remises à ceux qui marcheront à l'ennemi, le service intérieur se fera avec des fusils de chasse et l'arme blanche. Les chevaux de selle seront requis pour compléter les corps de cavalerie ; les chevaux de traits autres que ceux employés à l'agriculture conduiront l'artillerie et les vivres ».

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Histoire de la révolution française Albert Soboul. Gallimard Idées 1962
  • Les institutions de la France sous la Révolution et l'Empire Jacques Godechot. PUF.
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