Déclaration de Pillnitz

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La déclaration de Pilnitz est le texte d'un accord signé à Pilnitz (en Saxe), le 27 août 1791. Les signataires en sont l'empereur germanique Léopold II et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II.

Dans cette déclaration les deux souverains indiquent que comme eux, les autres souverains européens sont inquiets du sort réservé au roi Louis XVI, et qu'ils entendent rétablir celui-ci dans son autorité passée. Ils indiquent que dans ce but ils pourraient intervenir contre la France révolutionnaire, sous condition de l'unanimité de tous les pays (ce qu'ils savent être quasi impossible à ce moment là).

Cette déclaration réjouit les partisans français d'un retour à l'Ancien Régime et à la monarchie absolue, en particulier les Émigrés regroupés autour des frères du roi comte de Provence et du comte d'Artois qui ont fuit la France. Mais elle est dénoncée comme une menace grave, voire une déclaration de guerre, par les républicains français, en particulier les Girondins.

Cette déclaration fera partie des chefs d'accusation faits à l'ex-roi Louis XVI au moment de son procès en décembre 1792.

La situation du roi Louis XVI au printemps 1791[modifier | modifier le wikicode]

Mécontent du rôle secondaire que l'assemblée constituante lui fait jouer, le roi Louis XVI a tenté de fuir Paris pour se réfugier dans l'Est du royaume, auprès de troupes fidèles. Le but de la fuite étant de reprendre par la négociation ou la force le pouvoir pour exercer les droits que lui donne la constitution dont la rédaction s'achève. La fuite de la famille royale est arrêtée à Varennes le 21 juin 1791. Ramenée à Paris la famille royale est désormais étroitement surveillée.

Une partie du personnel politique affirme que le roi avait été enlevé car ils ne souhaitent pas s'aventurer dans un changement radical d'organisation politique, ainsi ils maintiennent les pouvoirs du roi. Par contre les révolutionnaires les plus affirmés demandent la fin de la monarchie et l'établissement d'une république. L'assemblée dominée alors par les députés royalistes modérés fait tirer sur des manifestants républicains parisiens le 17 juillet 1791. L'avenir du roi Louis XVI est donc incertain.

L'attitude des souverains européens[modifier | modifier le wikicode]

Les souverains européens, qui, excepté au Royaume-Uni, sont tous des monarques absolus craignent que l'exemple français ne « contamine » leurs sujets. En effet en Avignon, les sujets du pape demandent leur rattachement à France. Les princes allemands qui ont des possessions en Alsace, viennent de se les voir retirer par la France. En Belgique il y a une agitation grandissante contre le pouvoir des Habsbourg autrichiens.

Cependant les souverains divergent sur les moyens d'intervenir en France pour soutenir leur confrère Louis XVI. Les Britanniques ne sont pas mécontents des ennuis de Louis XVI, l'ennemi héréditaire, qui en 1783, à la suite de son soutien aux colons révoltés leur avait fait perdre leurs colonies d'Amériques du Nord. Les Bourbons d'Espagne (cousins du roi de France) ne disposent plus des moyens financiers suffisants pour entreprendre une guerre contre la France. La Russie est au prise avec les Turcs et se désintéresse de la lointaine Europe occidentale. Léopold, empereur germanique et archiduc autrichien qui vient de succéder à son frère Joseph est prudent et peu enclin à faire la guerre, même pour soutenir son beau-frère le roi de France. Il n'y a guère que le roi de Prusse et Gustave III le roi de Suède qui souhaitent une intervention. Cependant dès juillet 1791, l'Autriche et la Prusse signent un traité d'alliance défensive et de garantie mutuelle de leurs territoires respectifs.

Les intrigues des nobles français émigrés en Allemagne[modifier | modifier le wikicode]

Les nobles français qui ont fuit la France depuis juillet 1789, comme le comte d'Artois (frère du roi) , ou en juin 1791, comme le comte de Provence (autre frère du roi) , et qui sont regroupés à Coblence en Allemagne, tentent d' obtenir une intervention des souverains afin de rétablir en France l'Ancien Régime et la monarchie absolue.

Le comte d'Artois accompagné de Calonne ancien ministre de Louis XVI, se rendent à Vienne en août 1791 pour soumettre à Léopold II un plan d'intervention militaire en France, mais leurs suggestions ne sont pas suivies.

La déclaration[modifier | modifier le wikicode]

Les souverains allemands sont réunis à Pillnitz en Saxe pour discuter d'un nouveau partage de la Pologne. L'empereur Léopold et le roi Frédéric-guillaume en profitent pour discuter de la situation française. Le 27 août ils annoncent une déclaration sur ce sujet. Ils évoquent le sort de Louis XVI qui émeut les autres souverains. Ils annoncent leur intention de mettre en œuvre les « moyens les plus efficaces relativement à leurs forces, pour mettre le roi de France en état d'affermir, dans la plus parfaite liberté, les bases d'un gouvernement monarchique également convenable aux droits des souverains et au bien-être des Français. ». Mais une intervention militaire n'est envisagée que si elle regroupent l'ensemble des états monarchiques. Nous avons plus haut que cela était à ce moment hautement improbable. Remarquons que dans la déclaration, s'il est question de redonner sa liberté de mouvement et d'action à Louis XVI, il n'est pas question de rétablir l'Ancien Régime ou la monarchie absolue.

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