Convention girondine

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La Convention girondine est le nom donné par les historiens à la période de la Révolution française entre le 21 septembre 1792 et le 2 juin 1793. La politique décidée par l'assemblée élue pendant l'été 1792, est alors influencée par les idées des députés républicains surnommés les Girondins.

Pour les Girondins, il s'agit après la victoire française de Valmy le 20 septembre 1792, d'étendre les idées révolutionnaires en Europe grâce à l'annexion par la France des territoires qui l'entourent (Belgique, Savoie, Nice, la rive gauche du Rhin allemande). Cela est une provocation voulue vis à vis des monarchies européennes possédant ces territoires et inacceptable pour le Royaume-Uni.

La reprise de la guerre au printemps 1793, conduit à l'évacuation des conquêtes par la France et à l'invasion du territoire français. Pour y faire face, les Girondins décident une levée de 300 000 soldats volontaires ou fournis obligatoirement dans les communes. Mais cela déclenche l'insurrection des paysans de l'ouest de la France en particulier en Vendée. La guerre civile s'ajoute alors à la guerre extérieure.

Les Girondins veulent également résister aux pressions que les Sans-Culottes parisiens exercent sur l'assemblée et le gouvernement afin d'améliorer les conditions de vie des couches modestes de la population et d'éliminer les ennemis de la Révolution. Pour cela les Girondins s'appuient sur la bourgeoisie provinciale, qui domine dans les administrations départementales et communales mises en place depuis 1789 et menacent de représailles les Sans-Culottes parisiens. Ils s'en prennent aux chefs des députés Montagnards qui sont prêts à soutenir les Sans-Culottes.

La situation militaire empirant pour les Français, les Sans-Culottes parisiens parviennent à éliminer du pouvoir les députés girondins grâce à deux insurrections, le 31 mai 1793 et le 2 juin 1793. La direction du gouvernement est prise alors par les Montagnards.

Le procès et l'exécution de Louis XVI

gravure d'époque. La salle de la Convention. Dans le fond les députés ; au premier plan à gauche le président et les accusateurs, à droite le roi assis
Le procès de Louis XVI par la Convention

Le roi Louis XVI est déchu de son titre et de ses fonctions depuis le 10 août 1792. Depuis cette date, avec sa famille, il est enfermé dans la prison du Temple à Paris. Que faire du roi déchu ? L'expulser hors de France ou le juger ? Les Montagnards veulent le juger, et au vu de ce qui lui est reproché (sa conduite depuis 1789 et sa correspondance avec ses collègues étrangers), le condamner à mort et l'exécuter. Les Girondins sont contre le procès et ses suites prévisibles. Qui d'ailleurs doit juger le roi ? Le procès du roi Charles Ier par le Parlement anglais en 1649 peut servir d'exemple.

Par tous les moyens les Girondins (qui sont des républicains) tentent d'empêcher le procès. Mais la découverte dans l'ex-résidence royale des Tuileries le 20 novembre de l'« armoire de fer » contenant des documents très accablants pour le roi rend le procès inévitable. Le procès commence le 11 décembre, la Convention étant le tribunal. Le 15 janvier 1793, le roi est reconnu coupable « de conspiration contre la liberté publique ». Les Girondins tentent de faire un appel du jugement par une consultation du peuple. La Convention refuse cet appel. Le 17 janvier Louis XVI est condamné à mort. Les Girondins demandent le sursis pour l'exécution. La Convention refuse le sursis. Louis XVI est exécuté le 21 janvier 1793. La rupture est définitive avec l'Europe monarchique. Les Girondins qui ont montré leur modération tout au long du procès deviennent encore plus suspects aux Sans-Culottes.

Pour en savoir plus, lis l’article : Procès et exécution de Louis XVI.

La guerre de conquête et ses conséquences

Les victoires françaises

peinture du XIXe siècle. Charge de fantassins français derrière le drapeau tricolore (en carrés et non en bandes)
Fantassins français à la bataille de Jemmapes

La victoire française de Valmy le 20 septembre 1792 provoque la retraite vers l'est des armées prussiennes. Les villes fortifiées de Longwy et Verdun sont évacuées par les Prussiens. L'invasion autrichienne en provenant de la Belgique (alors dénommée Pays-Bas autrichiens) subit un coup d'arrêt devant Lille dont le siège cesse le 8 octobre 1792.

Devant le recul de l'ennemi, le général Dumouriez passe à l'offensive. Le 6 novembre 1792, à Jemmapes près de Mons, il bat les Autrichiens. La Prusse et l'Autriche sont par ailleurs plus intéressées par le la guerre en Pologne afin d'empêcher l'installation dans ce pays d'un régime constitutionnel imitant la constitution française de 1791. La Prusse et la Russie qui sont intervenues en Pologne, sans la participation de l'Autriche, procèdent le 23 janvier 1793, à un nouveau découpage du pays.

L'esprit de conquête

Les Girondins pensent que la France a intérêt pour sa sécurité à s'entourer de « républiques sœurs ». Pourquoi ne pas d'ailleurs annexer tous les territoires qui permettraient à la France d'atteindre ses « frontières naturelles » ? D'après eux la France devrait s'étendre de l'océan atlantique jusqu'au Rhin (en Allemagne) et jusqu'aux plus lointains et hauts cols alpins en Savoie (idée reprise par Danton le 31 janvier 1793). Cette idée est chaudement soutenue par la bourgeoise commerçante et industrielle qui y voit un élargissement important de ses marchés d'exportation et de ses sources d'approvisionnement.

Mais les Girondins n'oublient pas qu'ils sont aussi des révolutionnaires et des républicains. Ils mènent aussi une guerre pour l'extension des idées révolutionnaires en Europe. Ils obtiennent que la Convention vote le 19 novembre un décret par lequel elle déclare « qu'elle apportera fraternité et secours à tous les peuples qui voudront reconquérir leur liberté ». C'était pousser les voisins européens de la France, qui vivent sous domination étrangère, comme en Belgique, ou sous un régime de monarchie absolue, comme les États princiers de la rive gauche du Rhin en Allemagne ou dans le duché de Savoie, à se soulever. Le 15 décembre, un nouveau décret de la Convention déclare la « guerre aux châteaux, (mais la) paix aux chaumières ».

De plus la continuation de la guerre interdit le retour en France des soldats. Ce retour ne pourrait qu'accentuer les difficultés économiques et sociales en France même. En effet beaucoup de soldats sont des volontaires, c'est-à-dire des hommes qui politiquement sont les plus partisans des idées les plus révolutionnaires. Cela inquiète les Girondins.

Les conquêtes

En Belgique, les Français sont accueillis en libérateurs.

En Savoie, l'armée française, renforcée par la « Légion des Allobroges » composée de patriotes savoyards, s'empare du duché. Il en est de même à Nice.

Dès la fin octobre 1792, le général Custine s'empare de Spire, Mayence et de Francfort. Dans ces villes allemandes la bourgeoisie fonde des clubs politiques et met au point des institutions copiées sur les Français.

Cependant les peuples libérés de leur souverains déchantent assez vite. En effet la guerre coûte très cher. Les Girondins pensent qu'il est normal que les peuples bénéficiaires des efforts de la France révolutionnaire financent la guerre. Les biens des nobles et des églises dans les pays libérés sont confisqués au profit du trésor français qui en profitent pour émettre des de la monnaie -papier en grande quantité.

Le plus grave est l'occupation de la Belgique et la menace française contre la Hollande. Cela est intolérable pour les Britanniques. Anvers et Ostende, des ports belges, sont indispensables aux Britanniques pour exporter leurs produits industriels en Europe continentale. De plus le trafic maritime des produits coloniaux risque d'être détourné de Londres au profit d'Anvers. Amsterdam (dans les Provinces-Unies) est un grand centre de financement pour l'économie britannique. Son passage sous domination française serait un coup dur pour le Royaume-Uni. Dès le 31 décembre 1792, le gouvernement anglais avait mis en garde les Français sur cet aspect de leur politique.

La France révolutionnaire contre l'Europe monarchique

Formation de la première coalition

Pendant l'hiver 1793, la situation diplomatique de la France se détériore. Prussiens et Autrichiens sont de nouveaux disponibles après le règlement (provisoire) de la question polonaise.

L'exécution de Louis XVI, révulsent les souverains européens qui ont des liens de parenté avec le roi (l'archiduc d'Autriche-empereur germanique est son beau-frère, les filles du duc de Savoie avaient épousé les deux frères cadets de Louis XVI), tous sont horrifiés que les Français aient osé couper la tête de leur roi. Tous craignent pour leur trône et leur tête si les idées révolutionnaires se répandent en Europe. Aussi la plupart des princes européens se joignent à la Prusse, à l'Autriche et au duc de Savoie (qui est aussi roi de Piémont-Sardaigne). L'Espagne, le pape, les princes italiens, la république de Venise et les princes allemands, et même Catherine II l'impératrice de Russie forment la première coalition.

Le Royaume-Uni et les Provinces-Unies, à qui la France a déclaré le guerre le 3 février, rallient la coalition, vont la financer et vont se servir de leurs puissantes marines de guerre pour faire le blocus maritime de la France.

Les défaites françaises

La France ne peut compter que sur elle-même. Les populations des territoires libérées mécontentes de la politique des Français n'apportent pas leur appui et les plus pro-français d'entre eux craignent pour leur propre vie.

De plus, l'armée française s'est en partie vidée pendant l'hiver. Beaucoup de volontaires une fois l'invasion étrangère repoussée étaient rentrés chez eux.

Le prince de Cobourg, un des chefs militaires de la coalition attaquent les Français stationnés en Hollande qu'ils venaient d'envahir. Il les contraint à évacuer la Belgique après la défaite de Neerwinden le 18 mars 1793. Le général Dumouriez, soupçonné de trahison, fait emprisonner les députés envoyés par la Convention pour l'arrêter. Il échoue à convaincre ses soldats de marcher sur Paris afin de dissoudre la Convention. Le 5 avril, il doit s'enfuir et se rend aux Autrichiens. Dumouriez était un Girondin ; sa trahison porte un coup à son parti. Les Autrichiens commencent alors le siège méthodique des places-fortes du nord de la France.

Le général Custine évacue la vallée allemande du Rhin et se retire vers l'ouest. Mais le 5 avril il laisse une garnison de 22 000 hommes à Mayence sous le commandement des généraux Kléber et Aubert-Dubayet pour résister (ce qu'ils feront jusqu'au 6 juillet 1793). Custine est destitué de son commandement.

Les Espagnols franchissent les Pyrénées et le 20 avril occupent la ville de Céret dans le Roussillon.

Le soulèvement des paysans de l'ouest de la France

un groupe de Vendéens attaquent un petit pont barré par une charrette remplie de foin
Les Vendéens attaquent Thouars

L'ouest de la France ( Bretagne et Vendée) est profondément catholique. Depuis 1789 la réorganisation des paroisses et des diocèses, a privé beaucoup de ruraux de l'aide matérielle apportée par les religieux. La condamnation de ces réformes par le pape a troublé les consciences. La répression des prêtres réfractaires (ceux qui refusent le serment de fidélité à la Constitution et obéissent au pape) choque les catholiques qui doivent pratiquer clandestinement les cérémonies de leur culte.

Cependant ce sont les mesures militaires prises par la Convention qui vont déclencher la révolte des ruraux. Pour faire face à l'invasion étrangère et reconstituer l'armée, les députés ont décrété une levée de 300 000 hommes sur l'ensemble du territoire français. On faisait appel au volontariat et si les effectifs demandés à chaque commune n'étaient pas atteints les jeunes gens étaient enrôlés de force. Mais on avait prévu de ne pas appeler les membres des administrations nécessaires au bon fonctionnement du pays. Ce sont surtout les notables et les bourgeois des petites villes qui sont ainsi dispensés du service militaire. Seuls les paysans, qui, trop pauvres, n'avaient pas profité de la vente des biens des émigrés et de l'Église catholique devaient partir pour défendre un régime qui ne leur avait rien apporté. Dans de nombreux villages de Vendée, les jeunes gens refusent de devenir soldats, malmènent les forces de gendarmerie, se regroupent en bandes armées et se placent sous le commandement plus ou moins volontaire de nobles ou de fortes personnalités locales. La guerre civile se répand dans les bocages vendéen et breton. Dès le 5 mai les vendéens s'emparent de Thouars, le 9 mai de Parthenay, le 25 mai de Fontenay-le-Comte et le 9 juin de Saumur.

Pour en savoir plus, lis l’article : Le soulèvement vendéen de 1793.

Les Girondins doivent accepter des mesures exceptionnelles

Pour faire face à la situation dramatique où se trouvait la République, les députés du centre de la Convention (le Marais) et les Montagnards parviennent à imposer des mesures exceptionnelles. Ce sont des mesures de « salut public ». Celles-ci restreignent la liberté économique et la liberté, politique.

Les difficultés financières

Pour financer la guerre généralisée il faut de nouvelles mesures. Il ne peut être question d'augmenter les impôts (la contribution foncière pour l'année 1790 n'est toujours pas perçue en totalité). L'emprunt volontaire est impossible du fait de la mauvaise volonté des bourgeois qui ne veulent pas prêter leur épargne.

La solution la plus rapide est la fabrication de billets. Ceux-ci sont en théorie garantis par la confiscation des biens des émigrés et des ennemis de la Révolution (y compris dans les pays conquis). Mais leur mise en vente est trop lente. Aussi on imprime trop de billets. La valeur du billet de cent francs ne vaut plus que 55 francs fin janvier 1793 et 40 francs en juin (par rapport à la monnaie-métallique qui ne circule presque plus).

Les difficultés sociales

Cette dévaluation de la monnaie-papier est une catastrophe pour les classes populaires. Les prix des denrées de première nécessité, en particulier le pain, augmentent mais les salaires ne suivent pas. La misère s'installe dans les villes. Le ravitaillement se fait mal car les paysans ne veulent plus livrer pour ne pas être payés au moyen d'une monnaie qui perd de la valeur tous les jours.

Pour les Sans-Culottes, surtout des urbains, la situation est due aux accapareurs qui stockent les marchandises, donc en raréfient la disponibilité afin de les revendre plus cher. Par des pétitions portées par des délégations qui jour après jour se rendent à l'assemblée ils exigent la taxation des denrées (la fixation d'un prix maximum) et des mesures dures contre les accapareurs. Ils passent même à l'action directe. Le 25 février 1793 les ménagères parisiennes envahissent les boutiques et imposent les prix aux commerçants. Cela est contraire à la liberté économique chère aux Girondins (mais aussi à une grande partie des Montagnards). Les députés qualifient d'Enragés ceux qui, sous la direction de Jacques Roux et de Varlet, demandent de telles mesures. Ils les comparent à des ennemis de la Révolution chargés de mettre la pagaille dans la France républicaine assiégée. Le 18 mars, la Convention quasiment unanime décide la peine de mort pour ceux qui font de la propagande pour des mesures portant atteinte à la propriété et à la liberté du commerce .

La réponse de la Convention

portrait peint rapproché
Georges Danton

Pour calmer en partie les Sans-Culottes, la Convention décide le 10 mars la création à Paris d'un tribunal révolutionnaire chargé de juger les « suspects ».

Quatre-vingt deux députés (les futurs représentants en mission) sont envoyés dans les départements soulevés ou peu sûrs, afin de traquer les suspects et d'épurer les administrations départementales et municipales jugées trop modérées. Ils sont aidés par des comités de surveillance qui sont formés dans les communes.

Dès avril 1793, les députés Montagnards et les Sans-Culottes parisiens regroupés dans les sections s'accordent pour mettre en place des mesures énergiques. Le 6 avril, le Comité de Salut public est créé. Il est présidé par Danton et comprend 9 membres. Il prend les grandes décisions et courtcircuite l'action des ministres (qui sont des Girondins).

Pour financer la guerre, l'emprunt forcé sur les riches est décidé ainsi que le cours forcé de la monnaie-papier (les vendeurs ne peuvent plus exiger d'être payer en monnaie métallique). Le 4 mai, la taxation des céréales est décidée.

La chute des Girondins

La réaction des Girondins

Toutes ces mesures effrayent les Girondins qui sont très attachés aux libertés économiques et politiques. Ils essaient de discréditer les chefs Montagnards. Le 13 avril, ils obtiennent l'arrestation de Marat, un Montagnard sous le prétexte que dans son journal l'Ami du Peuple, il appelle à la dictature. Mais celui-ci est triomphalement innocenté par le Tribunal révolutionnaire.

Les Girondins tentent d'éliminer les dirigeants de la Commune de Paris. Une commission de douze députés girondins est nommée pour enquêter sur l'action de la Commune depuis août 1792. Jacques Hébert, fondateur du journal Le Père Duchêne et substitut du procureur de la Commune est arrêté. Le 25 mai, pour réponse à une délégation de Parisiens qui vient réclamer sa libération, le président de la Convention, le girondin Maximin Isnard menace de faire raser Paris, si les Sans-Culottes continuent leurs actions.

La chute des Girondins

gravure coloriée d'époque. À gauche, les députés Girondins tentent de sortir des bâtiments de la Convention. À droite, un groupe fortement armé de Sans-Culottes les en empêche
L'insurrection du 2 juin 1793. La tentative de sortie des députés girondins

Devant le blocage des Girondins, un comité insurrectionnel se forme à Paris. Il est soutenu par les sections parisiennes, par la Commune de Paris et par les députés Montagnards. Il exige l'arrestation des chefs girondins (qui sont des députés représentants élus par le peuple souverain).

Le 31 mai une manifestation de Parisiens envahit la salle de réunion de la Convention. Sous la menace celle-ci décide seulement la suppression de la commission des douze mais refuse l'arrestation de 22 chefs girondins.

Le 2 juin, près de 100 000 manifestants assiègent la salle de réunion de la Convention afin d'obtenir cette arrestation. Les députés girondins qui tentent de sortir du bâtiment en sont dissuadés par les canons de la garde Nationale de Paris qui menace de leur tirer dessus. Résignée la Convention vote l'arrestation 29 députés girondins et de deux ministres. Ceux-ci sont d'abord détenus à leur domicile. Beaucoup parviennent à s'enfuir. Ils se réfugient en province où ils soulèvent leurs partisans contre la Convention désormais dirigée par les Montagnards.

Pour en savoir plus, lis l’article : journée du 31 mai 1793.
Pour en savoir plus, lis l’article : journée du 2 juin 1793.

Vikiliens pour compléter sur l'histoire de la Convention

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