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Chute de Constantinople

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Siège de Constantinople. Miniature extraite d'un manuscrit de la Chronique de Charles VII de Jean Chartier (avant 1470).

La chute de Constantinople est la prise de la ville de Constantinople, dernier lambeau de l'Empire byzantin, le 29 mai 1453, par les troupes de l'Empire ottoman, commandées par le sultan Mehmet II, après un siège de deux mois.

Certains historiens donnent cette date de 1453 comme la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance, tandis que d'autres préfèrent celle de 1492, année de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb.

État de l'Empire byzantin en 1453

En 1453, l'Empire byzantin est réduit à la région de Constantinople, sa capitale (anciennement appelée Byzance, et aujourd'hui Istanbul) et à une partie du Péloponnèse. Ses empereurs sont de la dynastie (ou famille) des Paléologues. Les Byzantins ne contrôlent plus aucune des voies commerciales entre l'Occident et l'Extrême-Orient qui avaient contribué à leur prospérité. Au fil des siècles, les Vénitiens et les Génois se sont emparés du commerce de l'Est méditerranéen, ruinant l'ancienne puissance byzantine.

La ville avait déjà été encerclée par les forces turques en 1393. La ville ne fut sauvée que par l'abandon du siège, les Turcs (aussi appelés Ottomans pour cette époque) se trouvant dans l'obligation d'aller combattre les Mongols à l'Est. Après quoi les Byzantins connurent une période de calme relatif, les Ottomans étant occupés à des querelles internes.

L'Empire byzantin en 1400. Thessalonique est prise en 1430. En 1453, il n'en reste que Constantinople et une partie du Péloponnèse

En 1422, Mourad II, ayant mis fin aux conflits à l'intérieur de l'Empire ottoman (querelles dynastiques), met le siège devant Constantinople et pille les possessions byzantines du Péloponnèse. Mais le sultan négocie avec l'empereur Jean VIII Paléologue un traité de paix et le versement d'un tribut, avant de se retirer pour mater une révolte en Anatolie.

En 1430, les forces turques prennent la ville grecque de Thessalonique, la mettent à sac et réduisent la population en esclavage.

En 1438, devant la menace ottomane de plus en plus pressante, le basileus Jean VIII Paléologue veut trouver un accord avec l'église d'Occident et prend la mer pour l'Italie, emmenant avec lui des théologiens et des évêques. Les deux églises se réunissent aux deux conciles de Ferrare et de Florence et, en 1439, un accord est trouvé entre les églises latine et orthodoxe.

En 1440, les Turcs sont repoussés devant Belgrade et le pape prêche pour une nouvelle croisade. Celle-ci se met en marche, commandée par Vladislas, roi de Pologne et de Hongrie. Mais en 1444, les croisés sont mis en déroute à la bataille de Varna (en Bulgarie), et Vladislas est tué.

La forteresse de Rouméli-Hissar, barrant le Bosphore au nord de la Corne d'Or (1452).

En 1448, les Turcs, remportent une victoire sur les troupes hongroises de Jean Hunyadi. C'est la dernière tentative de l'Occident pour aider l'empire byzantin agonisant.

En 1451, Mehmet II accède au pouvoir. Sitôt sur le trône, le sultan prépare le siège de Constantinople. La même année, afin d'enlever toute chance de secours aux Byzantins, il signe un traité avec Venise, puis avec le Hongrois Jean Hunyadi. Constantinople se retrouve seule, face à la plus forte organisation militaire d'Europe. En 1452, Mehmet II fait bâtir la puissante forteresse de Rouméli-Hissar (Rumeli Hisar) pour bloquer le Bosphore.

Siège de Constantinople

Canon géant turc, en bronze, tirant d'énormes boulets de pierre, dit canon des Dardanelles, modèle utilisé pour le siège de Constantinople

Armement et préparatifs

Côté turc

Depuis son accession au trône, Mehmet II ne songe qu'à l'attaque de Constantinople. Devant la réputation de solidité des murs de la ville, il fait spécialement réaliser des canons géants en bronze par un ingénieur hongrois, nommé Urbain (Orban), qui périt dans l'explosion de l'un d'entre eux, devant la ville même. Le tube de ces formidables pièces d'artillerie atteignait une longueur de 7,80 m. Ils étaient capables de tirer des boulets de pierre d'un poids de plus de 500 kg et 60 cm de calibre (diamètre). Ces boulets d'un genre jamais vu sont encore exposés de nos jours aux portes d'Istanbul.

Mais c'est là l'extrême limite des projectiles de pierre, qui se brisent contre les murailles sans réussir à les abattre. La leçon va être retenue et, dans les années qui suivent, on met au point de petits canons de bronze, aisément transportables et tirant des boulets de fonte de bien moindre calibre, mais autrement redoutables pour les remparts médiévaux en maçonnerie, mettant fin aux châteaux forts de type médiéval et, de plus, immédiatement transposables à l'artillerie de marine, pour équiper les vaisseaux de guerre.

Côté byzantin

De son côté, l'empereur tente d'exhorter l'amiral vénitien Trévisano, venu là avec les légats du pape, à rester à Constantinople. Mais celui-ci part avec ses galères, au grand dam de Constantin XI. Le Génois Giovanni Giustiniani, cependant, arrive le 28 janvier 1453 avec deux navires et 700 hommes. Les habitants de la cité de Péra, colonie génoise établie sur la Corne d'Or, juste en face de la vieille cité byzantine, refusent, eux, d'aider la capitale, arguant qu'ils sont en paix avec le sultan et qu'ils entendent bien le rester.

Phrantzès, général désigné par Constantin XI pour défendre la ville, ne dispose que de 5 000 hommes, nombre très insuffisant pour défendre Constantinople face aux forces ottomanes, évaluées généralement à 100 000 combattants.

L'armement des Byzantins était médiocre. Ils combattaient à l'arme blanche et l'artillerie ne consistait qu'en de petits canons de fer. La marine, elle, ne comptait que sept ou huit navires ancrés le long de la chaîne qui fermait la Corne d'Or. En face, la flotte levée par Mehmet II est la plus puissante jamais rassemblée par l'Empire ottoman. Elle est constituée de 15 galères et d'autres types de navires, commandés par le Bulgare Baltoglou et positionnée à Péra. C'est dans ces conditions que s'apprête à se dérouler le trentième et dernier siège de Constantinople.

Le siège et l'attaque de la ville

Section reconstituée du double mur de Théodose

Après deux ans de préparatifs, Mehmet II part d'Andrinople le 23 mars 1453 et arrive sous les murs de Constantinople le 5 avril.

Les Turcs sont positionnés face à la muraille terrestre (mur de Théodose), depuis le quartier des Blachernes au nord, jusqu'au rivage de la Propontide (mer de Marmara) au sud. Constantin XI a organisé la défense de la ville en 14 secteurs : le capitaine génois Giovanni Giustiniani doit, avec ses 400 chevaliers, garder la porte Saint-Romain, principal accès à la ville. Les Byzantins tentent une sortie pour gêner les préparatifs des Turcs, mais c'est un échec cuisant.

Le lendemain, l’armée turque commence le pilonnage du mur de Théodose. Un des canons détruit une tour à proximité de la porte Saint-Romain. Quelques jours plus tard, ce canon explosa, provoquant la mort de son concepteur hongrois. Le feu de l'artillerie dure plusieurs jours jusqu'à l'assaut final.

Dans le même temps, les Turcs cherchent à combler le fossé, devant les murs, et tentent de les détruire à coups de mines auxquels répondent des contres-mines génoises qui pulvérisent sur les Turcs le fameux feu grégeois, sorte de résine lancée au moyen de catapultes. Le 18 avril, Mehmet II ordonne un assaut nocturne des fantassins, qui sont à nouveau repoussés grâce au feu grégeois.

Sur l’eau, le 19 avril, la flotte turque tente l'attaque de la chaîne qui barre la Corne d'Or, mais elle en est empêchée par le mégaduc Lucas Notaras.

Siège de Constantinople

Manuscrit français dépeignant le siège

Le soir du 20 avril, une flotte de trois navires envoyés par le pape Nicolas V avec vivres et munitions parvient à forcer le blocus maritime, malgré l'intervention de Mehmet II qui ordonne à son amiral de les détruire. Mais, devant l'échec de cette action, l'amiral Baltoglou est roué de coups par le sultan. Cette aide providentielle du pape sera très utile aux Byzantins, mais insuffisante. Les Venise envoient 15 bateaux en renfort, mais partent trop tard et arrivent à un moment trop avancé du siège.

Le 22 avril au matin, une flotte d'une vingtaine de navires turcs mouille dans la Corne d'Or. Les Byzantins sont consternés, car le passage vers ce havre naturel est commandé par une lourde chaîne dont les Byzantins ont encore le contrôle. Mehmet II a eu recours à une ruse : se rappelant une ancienne stratégie russe, il a fait hisser ses navires sur terre par-dessus la colline de la rive de Top Hané jusqu'à Péra, de nuit, par des centaines de bœufs, sur plus d'un kilomètre. Pour les assiégés, l'effet moral est terrible, car le mur maritime n'est que très peu protégé et les défenseurs sont obligés d'amener des hommes d'autres secteurs de la ville.

Cependant, les navires envoyés par le sultan n'ont pas l'effet escompté : ils sont en quelque sorte prisonniers à l'intérieur la Corne d'Or, sans aucune liberté d'action. Quelques navires vénitiens venant de Trébizonde tentent d'incendier ces navires. L'opération aurait pu réussir si les Génois de Galata (Péra) n'avaient pas transmis l'information au sultan qui s'empresse de les détruire.

Peu à peu, les défenseurs faiblissent. Le 23 avril, Constantin XI tente d'offrir la paix moyennant le paiement d'un tribut, mais Mehmet II répond : « Je prendrai la ville, ou elle me prendra mort ou vif ». Le sultan lance plusieurs attaques à travers les brèches de la muraille, les 7 et 12 mai, mais l'infanterie turque est repoussée héroïquement par les défenseurs, conduits par Constantin XI lui-même.

Le 16 mai, la marine turque tente une nouvelle fois l'attaque de la chaîne, mais elle est repoussée par Trévisano ; au même moment, le sultan envoie une partie de sa flotte miner la porte de Caligaria, mais Notaras les en empêche. Deux jours après, l'attaque est lancée au moyen d'une tour roulante (hélépole) qui est avancée au devant des murailles, mais l'engin est incendié après 24 heures de combat, avant que les Turcs ne prennent pied sur la muraille.

L'assaut final

Après 40 jours de combats intenses, trois brèches ont été percées dans le mur terrestre. Les défenseurs comblent ces brèches par tous les moyens disponibles. Côté turc, le moral de ses troupes est en baisse, notamment à cause d'une rumeur de gigantesque croisade en Occident. Mehmet II tente de se faire livrer la ville par capitulation, offrant au basileus la Morée (Péloponnèse), mais Constantin XI répond que lui et ses hommes préfèrent mourir que de livrer la ville. Le 3 mai, un bateau est envoyé en mer Égée pour chercher des nouvelles de la flotte vénitienne, mais revient sans succès le 23 mai. Les défenseurs comprennent donc qu'ils n'ont plus aucune chance de secours et qu'ils doivent s'apprêter au dernier sacrifice.

Mehmed II Fatih, le Conquérant. Miniature du XVe siècle.

L'assaut final est lancé dans la nuit du 28 au 29 mai 1453. La bataille dure toute la nuit ; au petit matin, les Turcs parviennent à pénétrer dans la ville.

Quelques citoyens, vénitiens et génois surtout, parviennent à s'échapper à bord de navires bondés de rescapés. Du basileus Constantin XI Paléologue, on ne retrouve que les insignes impériaux et un corps que plusieurs soldats, y compris turcs, reconnaissent être celui de l'empereur. La légende entretient ainsi l'image d'un souverain ayant combattu jusqu’aux dernières heures de Byzance, et mort l'épée à la main.

Les jours suivants, la ville est mise à sac. Le nombre de prisonniers s'élève à 50 000, tandis que 4 000 civils sont victimes du massacres. C'est aussi le soir du 29 mai que Mehmed II pénètre dans la cité impériale pour se diriger vers la basilique Sainte-Sophie. Il permet aux quelques chrétiens encore présents dans l'église de rentrer chez eux, avant de rendre hommage à Allah pour sa victoire, sur l'autel même de l'antique basilique.

Ainsi prend fin l'histoire de l'Empire byzantin.

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