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Cartel des gauches

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Édouard Herriot, homme fort du Cartel des gauches

Le Cartel des gauches a gouverné la France de 1924 à 1926. Il succède au Bloc National qui était un rassemblement de la droite. Le Cartel est une alliance électorale entre le parti radical et la SFIO (socialistes). Mais les socialistes ne participent pas au gouvernement qui est dirigé par les radicaux. Minoritaire à la chambre des députés (le Sénat étant dominé par la droite), le gouvernement ne peut agir que si une partie des modérés votent pour lui. C'est donc une situation fragile.

Pour satisfaire son électorat (des ouvriers, des fonctionnaires, des petits paysans), le Cartel tente sans y parvenir d'annuler les mesures favorables aux catholiques votées pendant le Bloc National. Le Cartel, amnistie une partie des condamnés militaires pendant la guerre et des syndicalistes renvoyés en 1919-1920. Les fonctionnaires obtiennent le droit de se syndiquer.

En politique extérieure le Cartel reconnaît la jeune URSS communiste qui remplace l'empire russe. Il renégocie les dettes allemandes et tente d'organiser la sécurité collective entre les pays membres de la SDN.

Mais le Cartel doit faire face à un énorme problème financier. Le déficit du budget de l'État augmente continuellement. Les épargnants français ne font pas confiance au gouvernement qui envisage des mesures qui leur seraient défavorables ; ils refusent de prêter à l'État. La spéculation à la baisse contre la valeur du franc, menée par les banquiers et industriels français et étrangers, est virulente. Ne pouvant assurer les dépenses de l'État le gouvernement doit démissionner en avril 1925. Le Cartel des Gauches explose en 1926, quand devant l'effondrement de la monnaie, les radicaux rompent avec les socialistes et rejoignent la droite et les centristes modérés dans la Majorité d'union nationale avec un gouvernement présidé par Raymond Poincaré.


La formation du Cartel

La chambre des députés élue en 1924. Les changements de majorité parlementaire en 1926

En 1920, les socialistes SFIO se sont séparés de leurs éléments les plus anti-bourgeois qui ont formé la SFIC (section française de l'internationale communiste). Contrairement à ce qu'elle n'avait pu faire en 1919, la SFIO peut donc conclure une alliance électorale, le Cartel des gauches, avec le parti radical, représentant traditionnel de la petite bourgeoisie française. Les républicains socialistes rejoignent le Cartel. Cette alliance existe dans cinquante départements (sur 90).

Cependant les résultats électoraux ne sont pas à la hauteur des espérances des partis du Cartel. Celui-ci ne regroupe que 287 députés alors que la majorité est de 291. Sans l'appui des quarante députés de la gauche radicale (en fait un parti centriste modéré) le Cartel ne pourra gouverner. Les socialistes (104 députés) ont décidé de soutenir le gouvernement sans y participer. Les communistes, qui sont dans l'opposition, ont 26 députés. Les partis de droite, qui viennent de perdre le pouvoir et sont donc dans l'opposition, regroupent 229 députés répartis dans cinq groupes parlementaires. La droite et les modérés sont majoritaires au sénat.

Cette situation de majorité relative fragilise le gouvernement. En effet, les positions financières et fiscales de la gauche radicale sont opposées à celles des socialistes voire d'une partie des députés radicaux. Or le grand problème est de régler la question du déficit continuel et grandissant de l'État.

Le gouvernement est présidé par Édouard Herriot président du parti radical.

La politique intérieure du Cartel des gauches

L'éviction d'Alexandre Millerand, président de la République

Le premier problème est de régler le sort du président d'Alexandre Millerand, le président de la République depuis 1920. Celui-ci, chef du Bloc national, s'est lancé dans la campagne électorale alors qu'il aurait dû se tenir à l'écart. Les partis qu'il avait ouvertement soutenus étant battus électoralement, Millerand est obligé de démissionner. Mais au lieu d'élire Paul Painlevé, un socialiste indépendant, candidat du cartel, le parlement (chambre des députés et sénat réunis) choisissent Gaston Doumergue qui est soutenu par les sénateurs et députés de droite mais aussi par une partie des sénateurs radicaux. Dès le début le Cartel révèle ainsi au grand jour sa fragilité.

Satisfaire l'électorat de la gauche modérée

Le gouvernement décide de transférer au Panthéon les cendres de Jean Jaurès, le chef socialiste, partisan de la paix avec l'Allemagne, assassiné par un activiste de droite à la veille de la déclaration de guerre.

Les soldats mutins de 1917, les marins mutins de 1919, les fonctionnaires grévistes de 1919-1920, sont amnistiés et ils sont réintégrés dans leurs fonctions. La droite, les anciens combattants, dont les associations sont alors très puissantes, protestent vigoureusement.

Les fonctionnaires ont désormais le droit de se syndiquer, ils adhèrent alors à la CGT (réformiste) ou à la CGTU (révolutionnaire). La droite proteste.

Le gouvernement veut annuler les mesures favorables aux catholiques. Il veut fermer l'ambassade de France auprès du Saint-Siège (la papauté). Le Cartel veut imposer aux départements de l'ancienne Alsace-Lorraine allemande, les lois laïques, nées de la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905 et qui en avaient été exemptées lors de leur retour à la France en 1919. Les catholiques se déchaînent et de peur des mouvements autonomistes en Alsace, le gouvernement renonce.

La politique extérieure

La reconnaissance de l'URSS

Alors que sa naissance difficile avait été combattue militairement par la France du Bloc National, l'existence de l'Union soviétique (née en 1922), est reconnue par le gouvernement Herriot.

Le règlement provisoire de la question des réparations allemandes

L'armée française quitte Dortmund en octobre 1924

Herriot veut l'apaisement avec l'Allemagne, dont une partie du territoire est occupée en vertu du traité de Versailles de 1919, mais aussi à la suite de l'occupation de la Ruhr en 1923. Sous la pression des Britanniques et des Américains (grands fournisseurs et clients de l'Allemagne), Herriot doit accepter une renégociation des dettes allemandes. Le plan Dawes de 1924, allège la dette allemande et allonge le délai de remboursement. L'Allemagne, qui est en pleine tourmente économique, financière et monétaire, s'engage à verser pendant cinq ans, entre 1 et 2,5 milliards de marks-or par an. En échange Herriot décide l'évacuation de la Ruhr par l'armée française. Par contre Herriot ne parvient pas à renégocier la dette de la France vis-à-vis du Royaume-Uni et des États-Unis.

La recherche de la sécurité collective entre les pays

Pour éviter la coûteuse course aux armements, et garantir la paix Herriot propose le protocole de Genève à la SDN. D'après ce protocole, la SDN devrait intervenir obligatoirement comme arbitre en cas de conflit entre les États membres. Des sanctions automatiques, surtout diplomatiques et économiques, mais aussi militaires, sont prévues contre l'État agresseur. La paix étant sécurisée, on peut alors négocier un désarmement général. Mais le Royaume-Uni (où le parti conservateur a repris le pouvoir en novembre 1924), s'y oppose et l'accord échoue. Les États-Unis, l'Allemagne et l'URSS n'étaient pas membres de la SDN. Mais cela ne décourage pas l'action d'Aristide Briand qui sera ministre des Affaires étrangères de 1925 à 1932 et inlassablement se fera l'« apôtre de la paix ».

La question financière

Le déficit permanent du budget de l'État

Caricature de 1926, sur les difficultés monétaires de la France. Le franc très faible par rapport au dollar et à la livre

En 1924, en augmentant brutalement les impôts directs et en recevant le secours des banquiers internationaux, Poincaré avait réussi à stabiliser la valeur du franc. Mais l'arrivée au pouvoir du cartel inquiète les épargnants, les industriels et les banquiers.

En effet, le déficit budgétaire s'accroît. Pour le combler les socialistes veulent augmenter les recettes, en créant un impôt sur le capital. Ils veulent aussi alléger le coût du paiement de la dette de l'État envers les épargnants ; pour y arriver ils proposent que les possesseurs de bons du Trésor à court terme (remboursables rapidement) soient obligés de les échanger contre des bons à long terme, c'est-à-dire à date de remboursement éloignée. Les radicaux y sont opposés et comptent sur la bonne volonté et la confiance des milieux financiers pour trouver l'argent nécessaire au fonctionnement de l'État.

Le gouvernement Herriot demande à la Banque de France (qui alors était une banque privée dirigée par les grands financiers et industriels des deux cent familles) de lui faire des avances d'argent pour « boucler ses fins de mois ». La banque se rembourserait sur les rentrées qui sont disponibles avec retard et de toute façon insuffisantes. En avril 1925, les dettes sont si importantes que les financiers coupent le versement des avances et obligent le gouvernement à révéler l'ampleur du désastre. Le gouvernement Herriot pris à partie par les sénateurs doit démissionner.

Les successeurs d'Herriot tentent de trouver de l'argent. Si un gouvernement propose des mesures favorables aux capitalistes, les socialistes et les députés de la gauche du parti radical le renversent. Si au contraire un gouvernement tente d'amadouer les socialistes en proposant des mesures sociales les financiers lui refusent les avances de trésorerie.

Le « mur d'argent »

En juillet 1926, Herriot veut former un nouveau gouvernement. C'est la panique chez les financiers. Ceux-ci décident de spéculer contre la valeur du franc. Des sommes importantes sont envoyées sur des comptes bancaires ouverts à l'étranger. La Livre sterling qui coûtait 60 francs en 1922, n'est désormais achetable qu'à 250 francs. Les épargnants demandent le remboursement immédiat des bons du trésor qu'ils possèdent. Ils se massent autour de la chambre des députés qui doit accorder sa confiance à Herriot. Sous leur pression, le gouvernement ne peut être formé.

Les radicaux rompent alors leur alliance avec les socialistes, rallient la droite et les modérés et forment avec eux un gouvernement d'union nationale dirigé par Poincaré. Le cartel des gauches n'existe plus. Par miracle, immédiatement la valeur du franc augmente. La crise monétaire est provisoirement écartée. Le mur d'argent a eu raison des choix politiques faits par les Français en 1924.

Vikiliens pour compléter sur la France entre les deux guerres mondiales

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