Carnaval de Paris

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Bataille de confetti au Carnaval de Paris vers 1913.

Le Carnaval de Paris fut durant des siècles un des plus importants du monde. Succédant à la Fête des Fous il est une très grande fête dès le XVIe siècle.

Histoire du Carnaval de Paris[modifier | modifier le wikicode]

La prospérité du Carnaval de Paris a reposé sur une tradition ininterrompue durant des siècles, des sociétés festives et carnavalesques organisées et l'implication de certaines corporations comme les bouchers, les blanchisseuses ou les étudiants. C'est pareil dans tous les carnavals du monde. La tradition, l'organisation et l'implication de certaines couches de la population sont essentielles pour la réussite de la fête.

Jusqu'au début du XXe siècle le Carnaval de Paris dure beaucoup plus longtemps que le seul Mardi gras. La période du Carnaval au XIXe siècle commençait le 11 novembre jour, de la Saint Martin, pour finir en février-mars.

Le Carnaval de Paris a été oublié durant une quarantaine d'années du début des années 1950 jusqu'à 1993. Aujourd'hui un grand nombre de Parisiens ignorent qu'il existe un Carnaval de Paris. Ils ne savent pas non plus que cette fête connaissait des personnages typiques, caractérisés par leur costume et revenant chaque année, ainsi que des blagues carnavalesques traditionnelles.

Des années 1950 jusqu'à 1993, les mots « Carnaval de Paris » furent oubliés. Pour les Parisiens, il était possible éventuellement de fêter à Paris Mardi gras.

Le Carnaval de Paris a jadis inspiré de grands artistes comme le peintre Édouard Manet ou l'écrivain Victor Hugo.

Dans la rue deux types d'événements marquent traditionnellement le Carnaval de Paris : la promenade de masques et les cortèges.

La promenade de masques c'est quand les masques, c'est-à-dire les personnes déguisées, se retrouvent en grand nombre avec les curieux et admirateurs venus les voir, en un endroit donné à un moment donné. Voici une brève description de ce phénomène en 1787 :

« Rue Saint-Antoine, elle est fameuse pour le concours prodigieux des masques qui tous les ans, les derniers jours du carnaval, attirent un grand nombre de curieux. »

Les deux moments traditionnels de sorties de cortèges du Carnaval de Paris sont :

  • Vingt-et-un jours après Mardi gras, le jeudi de la Mi-Carême. La Mi-Carême est également appelée la Fête des blanchisseuses, car c'est le jour de leur fête et du défilé de leurs reines et de la reine des blanchisseuses. À celles-ci succèdent à partir des dernières années du XIXe siècle les reines issues d'autres corporations.

Le cortège du Bœuf Gras, mentionné à Paris en 1274, est attesté comme traditionnel dès 1739. Il prend une ampleur gigantesque au XIXe siècle devenant de facto la Fête de Paris dans le cadre du très grand Carnaval de Paris. On dit à Paris vers 1860, d'un personnage illustre du monde musical ou littéraire qui a eu l'honneur de voir un des bœufs gras de la fête baptisé du nom d'une de ses œuvres, qu'il est bœuf gras ou est entré à l'abattoir.

Les cortèges de reines de la Mi-Carême existent au moins depuis le XVIIIe siècle. La Mi-Carême est déjà alors de facto la Fête des femmes de Paris. Le cortège de la Reine des blanchisseuses de Paris existe au moins depuis 1830. En 1891 ces différents cortèges sont utilisés ou remplacés par le cortège de la Reine des Reines de Paris. À cette occasion les étudiants des Beaux-Arts rallient la fête avec un « char du lavoir des Beaux-Arts » escorté par leur fanfare jouant l'hymne des Beaux-Arts Le Pompier.

En 1893 l'ensemble des étudiants parisiens se joint au cortège des blanchisseuses. Leur participation très appréciée se poursuit durant des années et fait de la Mi-Carême la fête des étudiants parisiens.

Il existe également, au Carnaval de Paris, mais seulement de 1822 jusque vers 1860, un troisième grand cortège, qui sort le matin du mercredi des Cendres :

  • La descente de la Courtille

Ces cortèges attirent des foules énormes, venues de Paris et des banlieues alentours. Au point que fin XIXe siècle, début XXe siècle, on est obligé d'interrompre la circulation des véhicules sur les Grands Boulevards, durant les jours gras (dimanche, lundi et Mardi gras) et le jeudi de la Mi-Carême.

Au Carnaval de Paris le bal masqué de l'Opéra était très célèbre. Créé fin 1715, il attire une foule nombreuse. La danse et son accompagnement, la musique, sont traditionnellement indissociables du Carnaval de Paris. Pour les bals du Carnaval de Paris, des dizaines de compositeurs ont créé des centaines de partitions de musiques de danses, au XIXe siècle. Mais elles ne sont plus jouées depuis cent-cinquante ans. La musique festive de danses de Paris au XIXe siècle a été célèbre dans le monde entier, à l'égal des valses de Vienne et a marqué de son empreinte les traditions musicales de plusieurs pays et régions du monde.

Parmi les plus fameux compositeurs de musique festive de danses de Paris au XIXe siècle, on trouve Philippe Musard « le roi ou le Napoléon du quadrille », Louis-Antoine Jullien, Isaac Strauss, les frères Tolbecque, qui étaient Belges, etc.

En 1891 est lancé au Carnaval de Paris le confetti moderne, en papier. À ses débuts on le vend au verre ou au kilo.

En 1892 est inventé au Carnaval de Paris le serpentin. Les premières années, ils font 50 à 200 mètres de longueur sur un centimètre de largeur.

L'usage massif du confetti à Paris, de 1891 à 1914, celui du serpentin, durant quelques années, à partir de 1892, confine à une véritable épopée. La Seine, à la sortie des égouts de Paris, le lendemain matin des grandes batailles de confetti, prend l'apparence d'une « immense banquise multicolore ». Les serpentins rendent les arbres dénudés des Grands Boulevards « tout chevelus et multicolores ». Confetti et serpentins subiront des interdictions répétées qui finiront par en réduire l'usage à Paris.

En 1998, après 45 ans d'interruption le cortège du Bœuf Gras renaît à l'initiative de Basile Pachkoff rejoint dans ses efforts par Alain Riou. Depuis, vache en tête, le défilé a lieu à nouveau chaque année. Depuis 2002 il renoue avec le calendrier traditionnel du Carnaval et sort le Dimanche Gras avant veille du Mardi gras. La renaissance de la Fête des blanchisseuses a été proposée en 2008 pour 2009.

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Dates du Carnaval
Année Dimanche Gras Mardi gras
2008 3 février 5 février
2009 22 février 24 février
2010 14 février 16 février
2011 6 mars 8 mars
2012 19 février 21 février
2013 10 février 12 février

Témoignage : à la Promenade du Bœuf Gras 1896[modifier | modifier le wikicode]

En 1896 après vingt-cinq ans d'interruption défile un très grand cortège du Bœuf Gras. Durant les trois journées des dimanche lundi et Mardi gras 16, 17 et 18 février il parcourt 43 kilomètres dans Paris. À l'époque le confetti en papier et les serpentins n'existent que depuis quelques années. Voici la fin d'un article du journal quotidien L'Éclair du 17 février 1896 :

Des trottoirs aux balcons, on l'attendait (le cortège du Bœuf Gras). Il pleuvait en son honneur des confetti et les fenêtres s'enguirlandaient de serpentins.... Les masques à pied étaient rares ; grimés sans richesse ni esprit, ils n'allumaient pas cette folie qui est si spéciale à la Mi-Carême. Le Mardi gras, longtemps démodé, se ressent de son ancienne déchéance. Le passage du cortège n'a pas encore tout à fait dégelé la rue. Le carnaval n'est pas dans la foule, en dépit de la familiarité heureuse des confetti qui chassent les grincheux — ces insupportables empêcheurs de s'amuser avec des ronds — et unissent fraternellement les badauds de bonne foi, les animent, les entraînent et leur font oublier pendant quelques heures l'autre carnaval — celui des méchants et des cuistres.
Il faut rendre grâce aux confetti. Nous lui devons l'allégresse de ces jours de gaie licence ; et il nous faut aussi remercier le serpentin qui étend au-dessus des têtes des volumes frémissants, qui établit des relations de fenêtre à fenêtre, qui jette un pont fragile mais suffisant pour que d'un Parisien à l'autre l'entrain voisine.
Ces légères banderoles qui enrubannent les balcons et bouclent des fanfreluches dans la chevelure des arbres, ont appelé aux croisées chacun et chacune ; des sourires s'échangent, des relations s'échafaudent, des romans naissent noués de ces faveurs si fragiles. Au bout de fils plus résistants pendent des friandises pour les petits polissons et quelquefois peut-être aussi des billets que comme par hasard arrêtent de jolies mains tendues. Le carnaval se plaît aux brèves amourettes et la familiarité devient grande, qui les autorise ainsi à l'abri de la familiarité des confetti, de la grâce des serpentins et de l'indulgence de votre majesté, prince Carnaval, enfin de retour en ce Paris qui vous pleura.

Lien externe[modifier | modifier le wikicode]

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