Burdigala

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Burdigala et ses remparts

Burdigala est le nom latin de la ville gallo-romaine située à l'emplacement actuel de Bordeaux, sur la rive gauche de la Garonne.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Les plus anciennes traces d'installations humaines ont été trouvées par les archéologues sur un oppidum, le mont Judaïque, occupé au IIIe siècle av. J-C. Au Ie siècle av. J-C, après les campagnes militaires de Jules César et de ses lieutenants, toute la Gaule passe sous domination romaine. Les Romains bâtissent sur la rive gauche du fleuve une grande ville, avec des théâtres, des temples et des rues pavées, qu'ils nomment Burdigala.

Elle devient une ville très importante grâce à l'activité commerciale de son port et aux premiers plants de vigne introduits dans la région. En 70, l'empereur Vespasien en fait la capitale administrative de la province romaine de la Gaule aquitaine.

Au IIIe siècle, comme toutes les autres villes gallo-romaines, Burdigala est envahie par des tribus barbares et se replie à l'abri de remparts : de grands monuments sont détruits, et leurs pierres sont réutilisées pour fortifier le castrum.

Pistes de recherches pour rédiger les textes[modifier | modifier le wikicode]

Le palais Gallien[modifier | modifier le wikicode]

Lotissement du Palais Gallien en 1793.

Deux rues bordelaises mènent aux ruines de cet amphithéâtre, situé au nord-ouest de la ville : la rue du Palais Gallien puis la rue du Colisée. Il avait donc été édifié à la périphérie de la ville romaine, et à proximité de la voie menant au Médoc.

Malgré son nom, sa construction ne date pas de l'empereur Gallien mais du début du IIème siècle après Jésus-Christ, d'après des fouilles archéologiques récentes.

Ses dimensions sont impressionnantes, comparables aux arènes de Nîmes (Nemausus) et Arles (Arelate) : longueur 130 m environ, largeur 110 m environ, hauteur 25m. Il a la forme d'une ellipse.

Sa façade extérieure présente deux étages de galeries à arcades surmontés d'un attique. Les spectateurs entraient par des portes monumentales : la porte Nord est encore en place.

Les murs sont construits en moellons de calcaire avec des alternances de briques, posées horizontalement.

Le sous-sol était aménagé pour les cages et pour la circulation des bêtes sauvages ainsi que des gladiateurs, jusqu'à l'arène.

Des rigoles et des caniveaux permettaient de recueillir les eaux de ruissellement de la cavea.

Les spectacles[modifier | modifier le wikicode]

Près de 22 000 spectateurs pouvaient s'asseoir sur les gradins en bois. Selon leur importance sociale, ils s'installaient soit dans l'orchestra pour les notables, soit dans les premiers gradins de la cavea pour les prêtres puis les citoyens. Femmes et esclaves devaient s'installer dans les gradins supérieurs.

L'amphithéâtre accueillait des combats de fauves et de gladiateurs : les spectacles étaient organisés par des magistrats bordelais ou des mécènes. Ils étaient offerts gratuitement au peuple selon la formule panem et circenses, souvent en lien avec une célébration du culte impérial.

Certains pensent que l'arène centrale pouvait être fermée pour accueillir également des jeux nautiques.

  • La journée commençait par une procession ;
  • pendant la matinée, l'arène était occupée par des combats d’animaux sauvages ou des chasses,
  • puis suivaient des mises à mort de condamnés, qui portaient de nom d'intermèdes ;
  • l’après‐midi avaient lieu les duels de gladiateurs : le vainqueur était désigné par les acclamations du public.

Le castrum[modifier | modifier le wikicode]

Plan de castrum : 1) Principia, 2) Via Praetoria, 3) Via Principalis, 4) Porta Principalis Dextra, 5) Porta Praetoria, 6) Porta Principalis Sinistra, 7) Porta Decumana

Castrum est le nom latin du camp fortifié construit chaque soir par les légions romaines, pendant leurs déplacements à pied aux frontières de l'empire. Il est protégé par un fossé et un talus surmonté d'une palissade que longe un chemin de ronde.

De nombreuses villes gallo-romaines ont édifié, sur ce modèle, des murailles en pierre autour d'un secteur à protéger, au Bas-empire, pendant une période d'insécurité et d'invasions dites barbares en Gaule.

À Burdigala, comme ailleurs, les pierres qui ont servi à la construction du rempart et des tours ont été récupérées dans les monuments en ruines ou dans les nécropoles.

Le plan rectangulaire englobait le port et les quartiers environnants. Les fossés nord et sud suivent le tracé actuel du cours de l'Intendance et du cours d'Alsace-Lorraine. La limite Est, en bordure de la Garonne, se trouvait à hauteur de la place de la Bourse car le fleuve n'avait pas encore été canalisé par les quais.

Ses dimensions sont d'environ 700m sur 450m, sa hauteur de 9m et sa largeur de 5m. Il y avait 46 tours espacées de 50m dont quatre tours d'angle et quatre portes. Un massif de fondation est encore visible à Gassies.

La porte Navigère[modifier | modifier le wikicode]

Les quatre portes

Quatre portes monumentales furent construites un peu avant 296 pour pénétrer dans le castrum de Burdigala et contrôler son accès ; trois portes terrestres :

  • Cadène au sud (chaîne)
  • Médoque au nord (vers le Médoc)
  • Jovia à l'ouest (Jupiter)

et une porte maritime,

  • Navigère (pour les navires).

Elle était située rive droite de l'estey de la Devèze, à l'entrée d'un chenal d'accès protecteur. Elle devait avoir une architecture très particulière car elle mettait en communication le fleuve et le port intérieur. Elle avait probablement deux arcades flanquées de deux tours semi-circulaires et une orientation Ouest-Est.

Le rempart, orienté Nord-Sud, s'interrompait à cet endroit, et reprenait en décalage, à hauteur de cette porte fortifiée, en chicane, ce qui renforçait le système de défense du port intérieur.

Il est possible également qu'un système d'écluse permettait de fermer le port intérieur à marée descendante pour qu'il ne se vide pas.

Elle se trouvait au sud de l'actuelle église Saint-Pierre.

Au Moyen Âge, elle a été remplacée par la porte Saint-Pey.

La statue en bronze d'Hercule[modifier | modifier le wikicode]

Statue d'Hercule

Cette statue a été retrouvée, brisée et incomplète, dans un égout antique dégagé à l'occasion de fouilles en 1832, à l'angle de l'impasse Saint-Pierre et de la rue de la Devèze, donc à proximité de l'entrée du port intérieur.

Elle avait été mutilée et brûlée : une vingtaine de fragments en bronze ont été recueillis à l'époque. Un remontage de la statue a été réalisé en 1963 pour une exposition au Musée du Louvre sur l'art romain.

Elle devait mesurer près de 2 mètres de hauteur.

Le héros est représenté bras droit en avant et prenant appui sur sa jambe droite. La ligne de ses hanches n'est pas parallèle à celle de ses épaules, ce qui donne une impression de mouvement, de déséquilibre. La massue devait être à gauche. Une peau de lion est enroulée autour de son avant-bras gauche.

Hercule était un demi-dieu, très populaire en Gaule et particulièrement en Aquitaine : la légende lui attribue le soulèvement des Pyrénées, après la mort de la jeune princesse Pyrène qu'il avait séduite.

Le port intérieur de la Devèze[modifier | modifier le wikicode]

Elle prend sa source à Mérignac et serpente jusqu'à la Garonne sur 10 kilomètres. Elle débouche dans le fleuve à hauteur de l'église Saint-Pierre. Elle est actuellement entièrement canalisée, elle coule sous la rue de la Devise.

La rivière entrait dans Bordeaux, d'après les historiens de l'époque, par une fontaine spectaculaire de douze bouches de bronze, à hauteur de la cathédrale actuelle : c'est le mythe de la fontaine Divone célébrée en vers par le poète latin Ausone :
Dirai-je la fontaine couverte de marbre de Paros et qui bouillonne avec l’impétuosité de l’Euripe ? Quel abîme en son onde! Comme elle gonfle son courant ! Quels larges et rapides torrents jaillissent par les douze bouches de sa vaste margelle et que n'épuisent jamais les besoins innombrables de la population !

Ses deux rives avaient été aménagées, en aval, jusqu'au fleuve, sur plus de 500 mètres, avec des pieux et des planches en bois, pour permettre aux bateaux d'accoster, de décharger leurs marchandises ou d'en embarquer de nouvelles.

La marée montante favorisait l'entrée des navires et des barques : on appelle ce type d'installation un port d'estey.

Le port était abrité des tempêtes par ces aménagements.

La rue de la Devise correspond à la rive gauche du port intérieur gallo-romain et la rue du Cancéra à la rive droite.

Les piliers de Tutelle[modifier | modifier le wikicode]

D'après une gravure de 1565

Ce monument spectaculaire était installé sur la colline près du grand théâtre actuel ; il était visible depuis la Garonne. Comme le grand théâtre, il comportait des colonnes, mais sur les quatre côtés. Sur chacune des 24 colonnes était installée une statue. Les chapiteaux corinthiens étaient décorés de feuilles d'acanthes.

Comme le Palais Gallien, ses ruines ont résisté au temps et ont fait partie du paysage bordelais pendant plusieurs siècles ; mais, au lieu d'être restaurées, elles ont été rasées en 1677, sur ordre de Louis XIV, et remplacées par une forteresse, le Château Trompette, qui elle aussi a été rasée par la suite.

Le monument a été construit au IIIème siècle, mais on ne connait pas son utilisation : c'était peut-être un temple dédié à la déesse Tutela ou un forum à ciel ouvert. En creusant les fondements du grand théâtre, une inscription en latin à la déesse Tutela a été dégagée.

Les colonnes étaient posées sur une épaisse base rectangulaire en pierres blanches, de 30m sur 22m. Une cave était aménagée dans le sous-sol. On accédait au monument par un perron de 21 marches.

Une rue parallèle à la rue Sainte-Catherine porte encore son nom.

Le cardo et le decumanus[modifier | modifier le wikicode]

La fondation d'une cité romaine se faisait selon des rites bien précis hérités de la culture étrusque. Les prêtres sacrifiaient des animaux dont ils observaient le foie pour vérifier si le site était propice à l'établissement d'une ville.

Puis le géomètre se positionnait devant le viseur de sa groma, le regard tourné vers le soleil couchant :

  • l'axe défini par cette direction et ce qu’il avait dans le dos définissait le decumanus,
  • l'axe allant de sa droite à sa gauche définissait le cardo.

Le terme de points cardinaux est dérivé de ce mot latin.

Le decumanus maximus (principal) correspond à la rue Saint-Rémi, le cardo maximus suit la direction de la rue Sainte-Catherine.

Parallèlement à ces deux axes principaux, tout un réseau de voies respectant les mêmes orientations délimitait des îlots (les insulae) : certains servaient pour des habitations, d'autres pour des commerces, d'autres pour les temples. Les artisans étaient logés en périphérie de la ville à cause de leurs nuisances.

L'alimentation en eau potable depuis des aqueducs et l'assainissement via des égouts suivaient le même réseau urbain.

Plan en damier de la cité idéale[modifier | modifier le wikicode]

Plan de Pompei

Le plan en damier de Burdigala s'appelle aussi plan hippodamien du nom d'un architecte grec, Hippodamos. Il se caractérise par un quadrillage orthogonal que l'on retrouve d'ailleurs à toutes les époques. C'est une manière rationnelle et géométrique d'organiser l'espace de vie d'une population, pour créer des conditions de circulation idéales qui favorisent des échanges pacifiques.

  • Dans l'antiquité gréco-romaine, toutes les rues des nouvelles villes se croisaient à angle droit : ce plan a été respecté par exemple dans la ville de Cordoue.
  • Pendant la Renaissance en Europe, les souverains et leurs architectes ont remis ce type de plan à l'honneur, après plusieurs siècles de rues médiévales sinueuses dont le dédale favorisait le brigandage : l'écrivain Thomas More a publié Utopia en 1516.
  • Au Siècle des Lumières, les philosophes signalent l'importance de l'organisation spatiale de chaque nouvelle ville pour améliorer le développement économique des nations, tout en profitant de la nature environnante.
  • Le plan des rues de l'île de Manhattan illustre la même volonté des colons européens qui se sont installés aux États-Unis, de même celui de Québec au Canada.
  • Après les bombardements massifs de certaines villes françaises pendant la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction du Havre ou de Royan a donné lieu à des aménagements urbains en damier.

Exportations et importations[modifier | modifier le wikicode]

Carte des voies romaines en Aquitaine

L'Empire romain doit, en très grande partie, sa force aux communications terrestres et maritimes qui ont servi aux déplacements rapides de ses armées mais aussi au développement du commerce.

C'est ainsi que Burdigala est devenue un immense marché où circulaient des biens de première nécessité (alimentaires) ou de luxe grâce à la Garonne, et au réseau de voies romaines.

Par exemple les importations d'huile venaient du sud de l'Espagne et d'Italie, celles de sel marin de toute la côte gasconne. Les importations de métaux servant aux alliages transitaient par Burdigala, comme l'étain en provenance de Cornouailles.

La céramique pour les usages quotidiens était fabriquée dans les poteries locales ou régionales, mais la céramique de luxe (comme la sigillée) était importée.

Les liquides étaient transportés dans des amphores bouchées avec de la cire ou de la résine.

L'art de la mosaïque géométrique[modifier | modifier le wikicode]

Décors géométriques en tesselles

Les mosaïques sont des carrelages décoratifs utilisant de très petits morceaux de poteries, de pierre, de marbre ou même de verre, choisis pour leur couleur. Ils sont collés sur un support en ciment.

Les mosaïstes se déplaçaient avec des carnets de modèles de motifs qu'ils proposaient à leurs riches clients.

En Aquitaine, les mosaïques se caractérisent par un décor géométrique très savant mêlant carrés et losanges par exemple. Les archéologues en ont trouvé à Bordeaux mais aussi dans les villas gallo-romaines des bords de Garonne et de Gironde, elles servaient à décorer le sol des salles de réception.

La plus connue est celle qui est exposée au Musée d'Aquitaine : elle a été trouvée à la fin du XIXème siècle dans une rue parallèle à la rue Sainte-Catherine, rue Père Louis de Jabrun. On y découvre des motifs exceptionnels : fleurons à pétales lancéolés, guirlandes de feuilles de lauriers, tresses polychromes.

Stèles funéraires et sépultures[modifier | modifier le wikicode]

Stèle avec inscription

Les cimetières romains se trouvaient à l'extérieur des villes, pour des raisons d'hygiène, souvent en bordure des routes d'accès. Mais le culte des morts était très important car les gens étaient superstitieux et pensaient que les rituels devaient être respectés pour obtenir une vie après la mort.

À Burdigala, plusieurs nécropoles ont été fouillées, ce qui permet de comprendre les rites funéraires antiques présentés au musée d'Aquitaine et sur le site de la basilique Saint-Seurin : les défunts étaient soit incinérés, soit inhumés.

Après l'incinération, les cendres étaient recueillies dans des vases.

L'inhumation se généralise après le IIIème siècle, probablement sous l'influence de la christianisation de la population bordelaise : le défunt était enterré soit dans un linceul, soit dans un sarcophage en bois ou en pierre.

Les mausolées étaient réservés aux tombeaux des empereurs.

Les enfants étaient la plupart du temps enterrés dans des amphores brisées.

Une centaine de stèles funéraires sont exposées au musée d'Aquitaine ou conservées dans les réserves : elles ont été retrouvées comme pierres de réemploi en démolissant le rempart du castrum. Certaines portent une inscription en latin avec le nom du défunt. Elles ont une niche creusée dans le calcaire, qui abrite la représentation d'un personnage.

Vestiges visitables[modifier | modifier le wikicode]

Tutoriel d'écriture[modifier | modifier le wikicode]

Recherches et rédaction de paragraphes, au retour du circuit pédestre dans la ville de Bordeaux
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