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Bourg pourri

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Un jour d'élection en Angleterre. Des agents électoraux tentent de corrompre les quelques rares électeurs. Tableau de William Hogarth vers 1754-1755

En Angleterre aux XVIIe, XVIIIe et début du XIXe siècles un bourg pourri est le nom donné à un certain type de circonscription électorales servant à désigner les députés à la chambre des Communes. Dans ce territoire les électeurs sont en nombre très réduit, quelquefois il n'y en a qu'un seul. Soit il désigne directement le député soit il a suffisamment de moyens de pression sur les quelques autres électeurs pour leur imposer le candidat de son choix.

Cette situation est due au non changement des limites des circonscriptions depuis leur création au Moyen-Âge. À l'époque et dans les siècles qui suivirent, l'Angleterre était surtout un pays rural. La population des campagnes diminuant du fait de l'important exode rural commencé au XVIe siècle, le nombre d'électeurs (les propriétaires de terres) diminue lui-aussi. Mais les anciennes circonscriptions conservent le droit d'élire un député. Alors que l'Angleterre s'industrialise à partir du XVIIIe siècle, les villes nouvelles industrielles qui deviennent de plus en plus nombreuses et accueillent de plus en plus de population n'ont pas le droit d'élire des députés.

La réforme électorale de 1832 mettra fin à cette situation anormale en supprimant de très nombreux bourgs pourris et en accordant des sièges de députés aux régions industrielles.

Origine des bourgs pourris[modifier | modifier le wikicode]

Les bourgs qui seront surnommés de « pourris » (rotten Boroughs en Anglais moderne) datent du Haut Moyen Âge. Ils se sont développés pendant le règne Alfred le Grand et surtout à la suite du la conquête normande du XIe siècle. Alors il s'agissait d'agglomérations fortifiées (villes ou villages) qui progressivement ont reçu des privilèges comme le droit de s'administrer et surtout d'envoyer un député à la Chambre des Communes depuis le règne d' Henri III au XIIIe siècle. Ces bourgs étaient dirigés par quelques familles qui recevaient le soutien royal si des troubles survenaient entre elles et les classes populaires.

Pendant le règne des rois Stuarts au XVIIe siècle, le souverain peut créer de nouveaux bourgs, donc de nouveaux sièges de députés. Il peut ainsi faire entrer des amis politiques à la Chambres des Communes et contrôler le parlement du Royaume-Uni dont l'accord est nécessaire pour gérer la fiscalité donc les moyens financiers dont dispose le gouvernement royal. Le gouvernement peut aussi épurer les conseils qui gèrent les bourgs et se débarrasser à cette occasion de ses adversaires.

Évolution des circonscriptions électorales britanniques[modifier | modifier le wikicode]

La chambre des Communes en 1793. William Pitt le Jeune a la parole

Dès le XVIe siècle une partie des campagnes anglaises se vident, car le mouvements des enclosures en favorisant l'élevage demande moins de main d'œuvre que les cultures céréalières majoritaires jusque là. Certains propriétaires se retrouvent donc les seuls électeurs dans les limites du bourg. Dans le bourg côtier de Dunwich (dans le Suffolk), le territoire ayant en grande partie disparu sous l'action de l'érosion marine il n'y avait plus qu'un seul électeur. À Old Sarum (près de Salisbury au début du XIX siècle il n'y a avait plus que 7 électeurs. Au même moment des villes industrielles nouvelles comme Birmingham ou Manchester n'avaient pas de représentant.

Les électeurs de ces bourgs, n'y résidaient pas obligatoirement, certains vivaient dans les colonies britanniques (notons que de ce fait certaines colonies se trouvaient ainsi représentées au Parlement de Londres). Le ministère de la marine (l'Amirauté) était propriétaire de nombreux bourgs, elle pouvait ainsi "orienter" le vote des députés qui y était élus et par ce biais pouvait contrôler les crédits gouvernement affectés à la marine de guerre. Les électeurs pouvaient désigner l' un d'entre eux, ou se vendre au plus offrant des candidats, voir même louer le siège à un candidat. Certains d'entre eux siégeaient par ailleurs à la chambre des Lords, l'autre assemblée du parlement britannique, dont les pouvoirs étaient importants à l'époque.

Abolition des bourgs pourris[modifier | modifier le wikicode]

William Pitt le Jeune en 1783, au moment où il devient le député d'un bourg pourri

Les bourgs pourris eurent leurs « beaux jours » au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. Des hommes politiques de premiers plan comme William Pitt l'Ancien et son fils Williams Pitt le Jeune (qui fut premier ministre et l'adversaire acharné de Napoléon Bonaparte), Edmund Burke le théoricien contre-révolutionnaire sont « élus » dans des bourgs pourris (Old Sarum, Appleby, Wendover).

Une réforme électorale est votée en 1832. Cinquante six bourgs de création très ancienne sont supprimés (dans ce nombre une trentaine de bourgs pouvaient être considérés comme des bourgs pourris), une trentaine de bourgs ne gardèrent que le droit d'élire un seul députés. Des électeurs suspectés d'être influençable du fait de leur dépendance économiques vis à vis des grands propriétaires perdent leur droit de vote. De nouvelles circonscriptions électorales sont crées pour les grandes villes industrielles. Les lois électorales votées en 1867 et en 1885 rééquilibrent la représentation de la population en prenant mieux en compte la population résidente.

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