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Boris Pasternak

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Boris Pasternak
Boris Pasternak en 1908.
Boris Pasternak en 1908.
Nom complet Boris Leonidovitch Pasternak
Date et lieu de naissance 29 janvier 1890 à Moscou (Russie Empire russe)
Date et lieu de décès 30 mai 1960 à Peredelkino (Union soviétique Union soviétique)
Origine Russe, Soviétique
Langue Russe
Œuvres principales Le Docteur Jivago
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Boris Leonidovitch Pasternak, né à Moscou le 29 janvier 1890 et mort à Peredelkino (à 25 km de Moscou) le 30 mai 1960, est un romancier et poète russe.

Il est né dans une famille juive aisée appartenant au monde artistique russe ; son père Leonid, peintre célèbre, connaît Tolstoï et est l'illustrateur de son roman Résurrection, ainsi que de livres de Mikhaïl Lermontov ; sa mère Rosa est une excellente pianiste. Pasternak est un poète, traducteur et romancier mondialement connu pour Le Docteur Jivago, roman achevé en 1955 mais publié seulement en novembre 1957 (hors d'URSS, d'abord en traduction italienne, à Rome).

Le Docteur Jivago est une vaste fresque de la Russie, une fresque qualifiée d'anti-révolutionnaire par le gouvernement soviétique de l'époque, et qui se déroule de 1905 (première révolution « ratée » sous le tsar Nicolas II) jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et même 1950, alors que Staline régnait en maître sur l'immense empire soviétique.

Au delà de la vie, de la vie amoureuse et de la mort du docteur Jivago, personnage principal du roman, le roman de Pasternak fait voir les souffrances (concrétisées par des dizaines d'évocations ou portraits saisissants) du peuple russe emporté par la révolution bolchevique.

Le roman est en sept cents pages et dix-sept parties. Chacune a sa propre vie, est un petit roman en soi, avec sa propre intrigue, son propre temps historique, des personnages apparaissant dans une partie, disparaissant dans la suivante, puis réapparaissant cinq ou six parties plus loin. La dixième notamment, intitulée Sur la grand-route, illustre en vingt-cinq pages l'aspect grande fresque et le sens du détail, la vie et la puissance émotionnelle de cette oeuvre étonnante ; en voici un aperçu :

C'est Galouzina, une marchande, qui monologue (et le roman lui donne la parole pour la première fois). C'est la veille du jeudi saint. Elle rentre d'un monastère où elle assistait à l'office. Prise d'un malaise, elle est sortie et, retournant chez elle, est assaillie de tristes pensées : "Ah, quelle misère ! Seigneur ! Pourquoi tout va-t-il si mal ? Les bras vous en tombent. Tout vous tombe des mains, on n'a plus envie de vivre. Pourquoi ? Est-ce à cause de la révolution ? Mais non, voyons ! Tout ça, c'est à cause de la guerre. Toute la fleur des hommes a été tuée ; il ne reste qu'une pourriture de propres à rien et de vauriens. |...| Tout en ce temps-là avait une plénitude, une harmonie qui vous réjouissait le coeur : l'office à l'église, les bals, les gens, leurs manières, même s'ils étaient des gens simples, des bourgeois, d'origine paysanne, ouvrière. Et la Russie aussi était encore fille ; elle avait de vrais soupirants, de vrais défenseurs, rien à voir avec ceux d'aujourd'hui. Maintenant, rien n'a plus ce poli, ce brillant, il n'y a plus qu'un ramassis d'avocats et d'employés, et toute cette juiverie qui ne sait que remâcher des mots et s'empiffrer de discours. Vlassouchka et ses amis pensent faire revenir le bon vieux temps avec du champagne et de bons voeux. Mais est-ce ainsi qu'on regagne un amour perdu ? Pour cela, il faut savoir remuer ciel et terre, soulever des montagnes. |...| « Toute la cabale est là, pensa Galouzina en passant devant la maison grise. C'est un bouge de saleté et de misère. » Et elle se dit aussitôt que Vlas Pakhomovitch, son mari, avait bien tort d'être antisémite. Ces gens-là ne pesaient pas lourd dans les destinées de la nation. D'ailleurs, quand on demandait au vieux Chmolévitch la raison de tous ces désordres et de tous ces troubles, il levait la tête, faisait la grimace et disait en découvrant ses dents : « Encore ces sales histoires de Juifs. » Mais vraiment, à quoi pense-t-elle donc ? Qu'est-ce qu'elle va chercher là ? Il s'agit bien de ça ! Est-ce là l'origine du mal ? Non, le mal vient des villes. Ce ne sont pas elles qui font la force de la Russie. |...|"1

Boris Pasternak en 1959, un an avant sa mort.

Le Docteur Jivago, bientôt publié en multiples versions nationales dans tout le monde occidental, connaît un succès immédiat et vaut à son auteur le prix Nobel de littérature le 23 octobre 1958. Mais il est considéré comme une insulte à la Russie par les autorités soviétiques qui contraignent l'écrivain à décliner le Prix, sous peine, s'il se rendait à Stockholm, de diverses sanctions, dont celle de ne plus pouvoir rentrer en URSS où vivaient tous ses proches. Pasternak essaie de défendre son œuvre (et lui-même) dans une lettre personnelle à Nikita Khrouchtchev. Néanmoins privé de ses droits d'auteur et tombé dans la gêne, il meurt d'un cancer du poumon deux ans plus tard.

En Union Soviétique, son image est réhabilitée à partir de 1985 sous le président Gorbatchev, durant la perestroïka et son célèbre roman, qui n'y circulait jusque là que « sous le manteau » (c'est-à-dire en secret), est enfin publié au grand jour, en 1988.

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Boris Pasternak, Le docteur Jivago, Gallimard (version française : 1958) ; en collection Folio : avril 1972 ; extraits des pages 401 à 404.
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