Bataille du golfe de Leyte

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Le cuirassé japonais Nagato en route vers le golfe de Leyte (20–22 octobre 1944). À l'arrière-plan, on distingue le cuirassé géant Yamato et le croiseur Mogami.

La bataille du golfe de Leyte est une grande bataille navale qui a eu lieu du 23 au 26 octobre 1944, durant la guerre du Pacifique entre le Japon et les États-Unis. C'est la plus grande bataille navale de la Seconde Guerre mondiale, et peut-être la plus grande de tous les temps.

Elle a eu lieu au large des Philippines, où les Américains étaient en train de débarquer. La flotte japonaise avait pour objectif de surprendre et détruire la flotte américaine qui soutenait ce débarquement. Son plan prévoyait l'action coordonnée de plusieurs groupes de croiseurs et de cuirassés, tandis qu'une flotte de porte-avions venue du Japon devait attirer vers le nord une partie de la flotte américaine.

Mais ce plan trop complexe a été un échec et la flotte japonaise a subi une très grave défaite. Elle n'a pas pu perturber le débarquement américain et surtout elle a perdu de très nombreux navires, dont ses derniers porte-avions, alors que les Américains n'en perdaient que six. Après la bataille du golfe de Leyte, la flotte japonaise n'a plus été capable d'attaquer jusqu'à la fin de la guerre.

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

Les Japonais avaient déclenché la guerre du Pacifique en attaquant par surprise le 7 décembre 1941 la base américaine de Pearl Harbor. Dans les jours suivants, ils avaient envahi la plus grande partie de l'Asie du Sud-Est, notamment les Philippines, alors colonie américaine.

Cependant leur élan avait été stoppé, d'abord par l'incertaine bataille de la mer de Corail en mai 1942, puis par leur grave défaite en juin à la bataille de Midway, où ils avaient perdu quatre porte-avions. Progressivement, les forces américaines avaient repris l'initiative et commencé à « grignoter » ou à isoler les îles conquises par les Japonais.

Le 20 octobre 1944, elles avaient engagé leur reconquête des Philippines en débarquant dans l'est de l'île de Leyte, au centre de l'archipel.

Les Philippines étaient particulièrement importantes pour les Japonais, car elles contrôlaient l'accès à leurs autres possessions d'Asie du Sud-Est (Malaisie, Indonésie) et notamment à leur pétrole, qui venait de Bornéo, plus à l'ouest. Ils savaient aussi qu'ils ne pouvaient plus remporter la victoire contre les États-Unis, mais ils espéraient qu'en opposant une résistance farouche, ils pourraient les obliger à conclure une paix négociée.

Il était donc essentiel pour eux de repousser cette invasion.

Le plan japonais[modifier | modifier le wikicode]

Carte de la bataille. En rouge, les flottes japonaises :
1 et 2 : flottes venues de l'ouest ;
3 : flotte de porte-avions venue du Japon ;
4 : bataille de Samar.
En noir, les flottes américaines.

Les Japonais prévoyaient de surprendre la flotte américaine dans le golfe de Leyte, à l'est des Philippines, en la prenant en tenaille entre plusieurs groupes de croiseurs et cuirassés venus de l'ouest, qui auraient pu l'écraser grâce à leur artillerie supérieure.

La flotte principale venait du nord-ouest (1). Pour atteindre le golfe de Leyte, elle devait contourner l'île de Mindoro par le sud, puis franchir le détroit de San Bernardino entre les îles de Luçon et Samar, et enfin longer cette île vers le sud (4).

Deux autres flottes venues de l'ouest devaient se rejoindre plus au sud de l'archipel (2). Il était prévu qu'elles longent la grande île de Mindanao jusqu'au détroit de Surigao, qui la sépare de l'île de Leyte : elles arriveraient ainsi directement dans le golfe de Leyte, où avait eu lieu le débarquement américain.

Le Japon disposait aussi de quatre porte-avions, mais depuis sa défaite à la bataille de Midway en juin 1942, manquait d'avions et de pilotes expérimentés : les porte-avions avaient donc un rôle de diversion : venus du Japon, ils devaient attirer les porte-avions américains vers le nord-est, pendant l'action du reste de la flotte japonaise (3).

Déroulement[modifier | modifier le wikicode]

Premiers affrontements[modifier | modifier le wikicode]

La flotte japonaise « du nord », commandée par le vice-amiral Kurita, a été repérée le soir du 22 octobre par deux sous-marins américains à l'ouest de l'île de Palawan (donc encore très à l'ouest de son objectif). Le lendemain matin, ces sous-marins ont torpillé trois croiseurs, dont un a coulé. D'autres sous-marins américains, alertés, ont pu suivre la flotte et informer sur sa progression.

Les porte-avions américains se trouvaient au nord de l'île de Samar et à l'est de Luçon et les attendaient. Le 24 octobre au matin, leurs avions ont repéré les navires japonais qui avaient longé l'île de Mindoro par le sud et se dirigeaient toujours vers le détroit de San Bernardino.

Presque en même temps, d'autres navires japonais ont été repérés beaucoup plus au sud : la flotte « sud » qui devait contourner l'île de Leyte par le détroit de Surigao. L'amiral Halsey, commandant des porte-avions, a chargé le contre-amiral Oldendorf, qui commandait la flotte d'appui au débarquement sur Leyte, de les arrêter.

Le porte-avions USS Princeton en feu après avoir été touché par une bombe japonais le matin du 24 octobre.

Cependant, à l'est de Luçon, le groupe de porte-avions du contre-amiral Sherman était attaqué par plusieurs vagues d'avions japonais basés à terre. Durant la bataille aérienne autour des porte-avions, les Japonais ont perdu énormément d'avions (peut-être 120), mais ils ont réussi à endommager l'un d'entre eux, l'USS Princeton, qui a dû être sabordé dans l'après-midi.

Le cuirassé géant Musashi attaqué par l'aviation américaine le 24 octobre.

(1 sur le plan général)

De leur côté, les avions américains attaquaient la flotte japonaise « nord », en plusieurs vagues successives à partir de 10 h 30. Ils ont endommagé plusieurs navires, dont le cuirassé géant Musashi, et signalé à 16 h 30 que certains étaient repartis vers l'ouest, comme s'ils étaient en train de faire retraite. C'est à peu près à ce moment-là que les porte-avions japonais chargés de faire diversion ont été aperçus au nord. L'amiral Halsey a pensé — à tort — qu'ils étaient le danger principal, et comme la flotte « nord » avait l'air de repartir vers l'ouest, il a envoyé ses propres porte-avions à la rencontre de cette nouvelle menace.

Mais en réalité, la flotte « nord » a fait à nouveau demi-tour, abandonnant le Musashi à son sort (il a coulé à 19 h 30), et elle a franchi le détroit de San Bernardino vers minuit, sans obstacle, puisque les Américains étaient partis à la rencontre des porte-avions. Elle a alors mis cap au sud, le long de l'île de Samar, en direction du golfe de Leyte.

Bataille du détroit de Surigao[modifier | modifier le wikicode]

Carte de la bataille : les forces américaines (en noir) écrasent les forces japonaises qui essaient de sortir du détroit (en rouge).

(2 sur le plan général)

Pour arrêter la force « sud » qui arrivait par le détroit de Surigao, le contre-amiral Oldendorf disposait de six cuirassés anciens et huit croiseurs, accompagnés de navires plus petits comme des destroyers et des vedettes lance-torpilles.

Ses gros navires avaient utilisé une partie de leurs obus pour soutenir le débarquement sur l'île de Leyte. Ils se sont disposés à la sortie du détroit de manière à « barrer le T » à la flotte japonaise : ils naviguaient sur la barre horizontale du T, tandis que les Japonais, enserrés dans le détroit, formaient la tige verticale du T. De cette façon, chaque navire américain pouvait tirer avec toute son artillerie, aussi bien celle de l'avant que celle de l'arrière, sur les navires japonais qui arrivaient les uns après les autres et ne pouvaient tirer que vers l'avant.

La bataille a commencé au début de la nuit du 24 au 25 octobre, vers 22 h, par l'attaque des vedettes lance-torpilles, qui ont harcelé la flotte japonaise sans résultat jusque vers 2 heures du matin. Comme les Japonais continuaient de se rapprocher, les destroyers les ont attaqués à leur tour vers 3 heures du matin. Un cuirassé a été frappé par une torpille et plusieurs destroyers japonais ont été détruits.

Le cuirassé USS West Virginia tire sur les navires japonais dans la nuit du 25 octobre.

A 3 h 50, alors que la flotte japonaise se rapprochait, le contre-amiral Oldendorf a ordonné d'ouvrir le feu. Une pluie d'obus s'est abattue sur les navires japonais, dont le tir en réponse a été inefficace. Tout le champ de bataille a disparu sous un nuage de fumée, et quand celle-ci s'est un peu dissipée, les navires japonais étaient tous coulés ou en fuite. Environ 4000 marins avaient été tués.

Pour sa part, la flotte américaine n'en avait perdu qu'une trentaine, mais ses obus, ses torpilles et son mazout étaient presque complètement épuisés. Pour pouvoir reprendre le combat, elle devait d'abord être ravitaillée.

Bataille du cap Engaño[modifier | modifier le wikicode]

(3 sur le plan général)

Beaucoup plus au nord, la flotte de l'amiral Halsey se dirigeait donc vers les porte-avions japonais, qui se trouvaient au large du Cap Engaño, à la pointe nord-est de l'île de Luçon. Les porte-avions ont été repérés au début de la nuit du 25 octobre, puis perdus, et repérés à nouveau à 7 h 35. Ils auraient pu repartir vers le nord, puisque leur opération de diversion avait déjà réussi, mais ils n'étaient pas au courant.

Les avions américains ont rapidement endommagé trois porte-avions japonais, qui ne disposaient que d'une faible couverture aérienne. Cependant, l'amiral Halsey a alors appris que la flotte japonaise « nord » avait passé le détroit de San Bernardino et qu'elle était en train d'attaquer au large de l'île de Samar (voir plus bas). Il avait commis une énorme erreur et était maintenant trop au nord pour intervenir à temps.

À 11 h 15, un message de l'amiral Nimitz, commandant de toute la flotte du Pacifique, lui a ordonné d'intervenir malgré tout. Il a donc divisé sa flotte, envoyant ses cuirassés contre la flotte « nord », tandis que ses porte-avions continuaient l'attaque des porte-avions japonais : les deux derniers ont été coulés en fin d'après-midi.

Bataille de Samar[modifier | modifier le wikicode]

Carte des mouvements des navires japonais (en rouge) et américains (en noir) durant la bataille au large de Samar.

(4 sur le plan général)

La flotte japonaise « du nord » avait franchi librement le détroit de San Bernardino qui sépare Luçon de Samar et descendait vers le sud le long de cette île sans rencontrer d'opposition. Cette partie du plan japonais était en train de réussir.

Le cuirassé géant Yamato et un croiseur à l'attaque le matin du 25 octobre, au large de Samar.

Entre 6 h 30 et 7 h le 25 octobre, cette flotte a rencontré un groupe de porte-avions d'escorte américains. Ces porte-avions de petite taille ne portaient qu'une trentaine d'avions chacun et ils étaient surtout conçus pour la lutte anti-sous-marine. Face aux croiseurs et aux cuirassés japonais, ils ne faisaient pas le poids.

Les Américains ont été complètement surpris et ils ont pris la fuite, poursuivis par les Japonais qui les canonnaient.

Les destroyers américains tendent un rideau de fumée pour masquer les porte-avions tandis que des obus tombent à proximité.

Les destroyers américains ont tendu un rideau de fumée pour masquer les porte-avions et se sont lancés à l'attaque pour essayer de retarder les navires japonais. Ils ont torpillé deux croiseurs japonais, mais c'était un combat très inégal et plusieurs destroyers ont été coulés. Les Japonais ont aussi réussi à toucher un porte-avions, l'USS Gambier Bay, qui a coulé vers 9 heures.

La situation devenait de plus en plus mauvaise pour les porte-avions, que les croiseurs japonais étaient sur le point de rattraper, mais à 9 h 25, le vice-amiral Kurita a ordonné de cesser la poursuite (la raison exacte de cet ordre est encore discutée parmi les historiens). La flotte japonaise a manœuvré de manière hésitante avant de remettre le cap au nord en milieu de matinée.

Les kamikazes[modifier | modifier le wikicode]

À Luçon, les commandants de l'aviation japonaise à terre ont décidé d'envoyer des kamikazes contre la flotte américaine au large de Samar.

Ceux-ci ont attaqué peu avant huit heures, endommageant deux porte-avions d'escorte, puis peu avant onze heures une deuxième attaque a coulé le porte-avions USS St-Lo et en a endommagé un autre.

Repli de la flotte japonaise[modifier | modifier le wikicode]

Après avoir appris la défaite des porte-avions à la bataille du cap Engaño, le vice-amiral Kurita a décidé de ne pas tenter d'attaquer la flotte américaine de l'amiral Halsey. Ses cuirassés ont franchi le détroit de San Bernardino vers 22 heures, avant le retour des cuirassés américains envoyés pour les intercepter.

Le lendemain 26 octobre a été seulement marqué par des attaques d'aviation. Les Américains ont coulé quelques destroyers japonais et les kamikaze ont endommagé un porte-avions américain déjà atteint la veille, sans le couler.

Bilan[modifier | modifier le wikicode]

La bataille est une défaite écrasante pour la marine japonaise, qui perd 26 navires, dont tous ses porte-avions, plus six autres mis hors-service ou coulés en rentrant au Japon. La flotte américaine n'en a perdu que six.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Bataille du golfe de Leyte de Wikipédia.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

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