Ankara

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Ankara
Administration
Pays Turquie Turquie
Province Ankara
Code postal 06000
Maire Mansur Yavaş
Site Web https://www.ankara.bel.tr/
Localisation
Superficie 2 516 km2
Démographie
Population 5 639 076 hab. (en 2019)
Densité 2 241 hab./km2
Gentilé Ankariote
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Ankara (anciennement appelée Angora) est la capitale de la Turquie et de la province du même nom, en région d'Anatolie centrale.

Elle compte une population de 5 270 575 habitants, ce qui en fait la deuxième ville la plus peuplée du pays derrière Istanbul. Elle accueille le siège du parlement turc, des différents ministères et autres institutions gouvernementales ainsi que les ambassades étrangères.

Grande ville industrielle et commerciale d'Anatolie centrale, elle est stratégiquement située au centre des réseaux routiers et ferroviaires turcs et fait office de capitale économique du centre du pays. Elle se trouve au cœur d'une région agricole et d'élevage autrefois renommée pour ses chèvres à longs poils (angora) fournissant une laine précieuse (mohair), sa race de chat unique (chat angora), ses lapins blancs, ses poires, son miel et son raisin muscat.

Elle abrite plusieurs universités, la bibliothèque nationale, le musée archéologique, le musée ethnographique et enfin le musée des civilisations anatoliennes. Le mausolée de Kemal Atatürk (Anıtkabir), principale figure politique turque du XXe siècle, se trouve également à Ankara.

Comme de nombreuses autres villes anciennes, Ankara a été connue sous différentes appellations au fil de sa longue histoire : les Hittites l'appelaient Ankuwash vers 1 200 av. J.-C.,1 les Galates et les Romains l'appelaient Ancyra et, dans les périodes classique, hellénistique et byzantine, elle était connue sous le nom Ἄγκυρα (Ánkyra). Elle reçut le nom d'Angora après sa conquête par les Seldjoukides en 1073 et fut connue ainsi jusqu'en 1930.

Toponymie[modifier | modifier le wikicode]

Le nom de la ville vient du grec Ánkyra (Ἄγκυρα), littéralement « ancre », transcrit par Ancyra en latin.2 Les anciennes pièces de monnaie de la ville portent généralement une ancre comme emblème au revers et une légende locale attribue le nom à la découverte d'une ancre dans la rivière voisine par le roi Midas.

Certains historiens ont spéculé sur le lien du nom d'Ancyra avec celui du sanctuaire hittite de Ankuwaš, mais cette hypothèse reste à prouver.3

Le nom de la ville a changé en Ankara après l'arrivée des Turcs seldjoukides en Anatolie et est passé dans les langues occidentales sous le nom d'Angora.

La forme officielle actuelle, Ankara, écrite انقره en caractères arabes, apparaît dans les documents officiels ottomans dès le XVIe siècle. La République de Turquie a formellement demandé le 28 mars 1930 à ce que les pays étrangers utilisent des noms turcs pour désigner les villes de son territoire et, depuis cette date, la poste turque a cessé de remettre à Ankara les lettres adressées à Angora. La forme Ankara s'est donc peu à peu imposée universellement.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Période préromaine[modifier | modifier le wikicode]

Le disque solaire Hatti est un symbole religieux représentant l'univers selon les anciens prêtres hittites. La langue hittite est la plus ancienne langue indo-européenne attestée.

Les établissements humains les plus anciens dans la ville et sa région sont l'œuvre de la civilisation hittite, qui a prospéré pendant l'âge du bronze. Les artefacts découverts sur place ont révélé que les Hittites appelaient la ville Ankuwash vers 1 200 av. J.-C. La ville s'agrandit ensuite considérablement sous la domination des Phrygiens, à partir d'environ 1 000 av. J.-C., lorsque la capitale de Phrygie est transférée à Ankara depuis Gordion suite à un tremblement de terre ayant dévasté cette dernière. Dans la tradition phrygienne, le roi Midas était vénéré en tant que fondateur d'Ancyra. Pausanias réfute ce mythe en déclarant que la ville est plus ancienne. Il est possible que lorsque Midas arriva sur place, celle-ci était quasiment désertée, d'où l'origine de la légende phrygienne. À la période phrygienne succédèrent celles des Lydiens puis des Perses, qui conservèrent la ville jusqu'à leur défaite face aux troupes macédoniennes dirigées par Alexandre le Grand.

Figure d'animaux en bronze hittite au musée des civilisations anatoliennes.

Le roi macédonien arriva de Gordion et conquit puis séjourna dans la ville en 333 av. J.-C. Après sa mort à Babylone dix ans plus tard et la partition ultérieure de l'empire entre ses généraux successeurs, Ankara passa sous le contrôle d'Antigone le Borgne. Si la ville antique ne retrouva jamais sa plus grande expansion territoriale qu'elle avait connu lors de la période phrygienne, elle connut une nouvelle phase de croissance importante sous le contrôle des Grecs du Pont, qui s'implantèrent dans la ville et en firent un centre d'échanges commerciaux entre les ports maritimes de la mer Noire et de Crimée au nord ; l'Assyrie, Chypre et le Liban au sud ; la Géorgie, l'Arménie et la Perse à l'est. C'est à cette époque qu'elle prit le nom d'Áγκυρα (ancre en grec), toujours utilisée par les Turcs sous la forme largement modifiée d'Ankara.

En l'an 278 av. J.-C., la ville, alors connue sous le nom d'Ancyra, ainsi que le reste de l'Anatolie centrale, fut occupée par les Galates, un peuple celte. Les éléments celtes étant peu nombreux dans la région, il est probablement que ces nouveaux arrivants ne formaient qu'une aristocratie guerrière qui régnait sur les paysans majoritaires de langue phrygienne. Ils parlaient une langue celtique apparentée au gaélique et au gallois. À la fin du IVe siècle, saint Jérôme, originaire de Galatie, constatait que la langue parlée à Ankara présentait des similitudes avec celle parlée à Trèves, dans le nord-ouest de l'Empire romain.

Période romaine[modifier | modifier le wikicode]

Au VIIIe siècle av. J.-C., divers peuples celtes se sont répandus hors de leur noyau d'origine (Gaule et Europe centrale).

La ville fut conquise par Auguste en 25 av. J.-C., passant de ce fait sous le contrôle de l'Empire romain. Le conquérant décide alors de faire d'Ancyra l'une des principales cités d'Anatolie centrale. À l'époque, elle était déjà la capitale de la tribu des Tectosages lorsqu'Auguste l'élève au rang de capitale de la province romaine de Galatie. D'autres capitales galates telles que Tavium, près de l'actuelle Yozgat, conservèrent une certaine importance à l'époque romaine, Ancyra prit un ascendant décisif sur toutes ses rivales. À Ankara se trouvent les vestiges du temple d'Auguste et de Rome (Monument d'Ancyre), qui contient le document officiel où furent rédigées les lois d'Auguste, connu sous le nom de Res Gestae Divi Augusti, ainsi qu'une inscription en marbre sur ses murs.

Dans le temple d'Auguste et de Rome (communément appelé Monument d'Ancyre), une ancienne copie d'époque de la Res Gestae Divi Augusti, écrite par le tout premier empereur romain, est intacte.

À l'époque prospère de l'Empire romain, la population d'Ancyra est estimée à 200 000 habitants, soit beaucoup plus qu'il n'en restait par exemple après la chute de l'Empire ottoman, au XXe siècle.4 Une courte rivière, l'Ankara Çayı, traversait la cité romaine en son centre. Elle est actuellement recouverte et son cours a été partiellement détourné du centre-ville actuel malgré l'importance locale qu'elle a eue pour les habitants de la ville aux époques romaine, byzantine et ottomane. Çankaya, près de la colline au sud de la ville, se trouvait en dehors de la cité romaine mais formait un petit hameau indépendant. Au XIXe siècle, les vestiges d'une grande villa romaine existaient encore non loin de l'actuel palais présidentiel de Çankaya. Déjà à l'époque, c'était une vaste cité romaine en comparaison de celles de Gaule ou de Bretagne. Elle s'étendait à l'ouest jusqu'au parc Gençlik et à la gare tandis qu'elle s'étendait au sud jusqu'à l'actuelle université Hacettepe.

L'importance d'Ancyra résidait dans son emplacement stratégique à la convergence des voies romaines qui traversaient l'Anatolie du nord au sud et d'est en ouest. Le réseau de voies impériales à l'est de la cité était emprunté par les armées pour se rendre aux confins orientaux de l'empire. Dans la seconde moitié du IIIe siècle, Ancyra fut envahie par les Goths arrivés de l'ouest qui s'installent au cœur de la Cappadoce tout en pillant régulièrement la cité et en déportant ses habitants pour les transformer en esclaves. Elle subit en suite le même sort par les Arabes cette fois. Pendant près d'une décennie, elle fut l'un des avant-postes les plus occidentaux de l'impératrice arabe Zénobie de Palmyre, qui profita de la faiblesse et du désordre régnant alors dans l'Empire romain pour fonder son propre État éphémère au sein du territoire impérial. La cité est réincorporée à l'Empire romain sous le règne de l'empereur Aurélien en 272. Pendant la tétrarchie, mise en place sous Dioclétien en 284, la cité est profondément rénovée et une nouvelle route fut créée vers l'ouest en direction de Dorylée, près d'Eskişehir. Auparavant, l'empereur Caracalla avait déjà reconstruit les murs de la citadelle et créé des thermes.

Le château d'Ankara, tour à tour possession romaine, byzantine, seldjoukide et ottomane.

À son apogée, l'Ankara romaine était un grand centre économique ainsi qu'une capitale administrative d'où un haut fonctionnaire régnait depuis le prétoire de la ville. Au cours du IIIe siècle, à l'instar des autres villes anatoliennes, elle est militarisée en réponse aux invasions et à l'instabilité ambiante. De même, la population locale est christianisée à la même époque.

Période byzantine[modifier | modifier le wikicode]

À la fin du IVe siècle, Ancyra devient l'une des résidences de villégiature des empereurs. Depuis que Constantinople a été érigée comme capitale de l'Empire romain d'Orient, les empereurs désireux de fuir les étés humides du Bosphore se réfugièrent saisonnièrement dans les montagnes arides d'Ancyra. Théodose II faisait déplacer la totalité de sa cour pendant les mois d'été et des lois y furent même promulguées.

L'importance militaire et logistique de la cité perdura tout au long de la période byzantine même si elle passa à plusieurs reprises aux mains de diverses armées arabes à partir du VIe siècle.

Période ottomane[modifier | modifier le wikicode]

Miniature d'Ankara au XVIIIe siècle.

En 1071, le sultan seldjoukide Alp Arslan ouvrit les portes de l'Anatolie aux Turcs après sa victoire à la bataille de Manzikert, près de Malazgirt. Deux ans plus tard, il incorpora la cité à ses possessions anatoliennes. Orhan, deuxième bey de l'Empire ottoman, captura Ankara en 1356. Un autre dirigeant turc, Tamerlan, battit les Ottomans à la bataille d'Ankara en 1402 et s'empara de la ville, reconquise par les Ottomans l'année suivante.

Suite à la défaite ottomane lors de la Première Guerre mondiale, la capitale impériale, Istanbul, ainsi qu'une grande partie de la péninsule anatolienne furent occupées par les Alliés. Conformément au traité de Sèvres (1920) signé par le Royaume-Uni, la France, l'Italie et la Grèce, les territoires ottomans devaient être partagés entre les quatre signataires, ne laissant aux Turcs qu'Istanbul et une faible partie de l'Asie Mineure. En réponse à cette injustice, le leader du mouvement nationaliste turc, Kemal Atatürk, lance un mouvement de résistance face aux armées étrangères depuis Ankara. Après ce qui est devenu une véritable guerre d'indépendance, les nationalistes parviennent à remplacer l'Empire ottoman par une nouvelle République turque le 29 octobre 1923.

République de Turquie[modifier | modifier le wikicode]

Anıtkabir est le mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur et premier président de la République de Turquie.
Atatürk à Ankara en 1930.

Lors de la fondation de la République de Turquie, Ankara n'était plus qu'une petite ville d'à peine 15 000 habitants. Malgré cela, le 13 octobre 1923, elle fut choisie comme nouvelle capitale du pays par une loi votée à la Grande Assemblée nationale de Turquie. D'après certaines sources, ce serait une réalité une décision personnelle de Mustafa Kemal Atatürk, soucieux d'éviter la vulnérabilité stratégique de l'ancienne capitale.

Söğütözü, principal centre commercial de la ville.

Le développement rapide de la ville engendré par son nouveau statut de capitale a contribué à la diviser en deux zones distinctes : la vieille ville, appelée Ulus, et la ville moderne, dite Yenişehir. Des bâtiments anciens, reflétant le passé romain, byzantin puis ottoman de la ville, ainsi que des rues étroites et sinueuses caractérisent les vieux quartiers. De leurs côté, les nouveaux quartiers construits autour de Kızılay et de Çankaya, ont l'apparence d'une ville moderne : de larges rues, des hôtels, des théâtres, centres commerciaux et gratte-ciel. Les infrastructures gouvernementales ainsi que les ambassades étrangères siègent également dans la ville nouvelle.

Géographie[modifier | modifier le wikicode]

Ankara prend place sur une colline escarpée s'élevant à 150 m au-dessus de la plaine voisine d'Ankara Çayı, un affluent du fleuve Sakarya. Il s'agit de l'une des zones les plus sèches de Turquie, caractérisée par une végétation steppique en raison de son climat continental parfois rigoureux avec des hivers très froids et abondamment neigeux ainsi que des étés très chauds et arides. La pluie survient principalement au printemps et en automne.

Démographie[modifier | modifier le wikicode]

Le recensement de la population en 2007 a dénombré 4 466 756 habitants dans la ville d'Ankara.

Population
1927 1960 1965 1970 1985 1990 2000 2007
75 000 646 000 906 000 1 209 000 2 251 533 2 583 963 3 203 362 4 466 756
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