Allemagne nazie face à la crise de 1929

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Sur la dictature nazie

Dès janvier 1933, dès son arrivée au pouvoir Hitler entreprend de lutter contre la crise économique née en 1929. Fin 1932, il y avait environ 6 millions de chômeurs totaux et près de 8 millions de chômeurs partiels en Allemagne. Hitler avait promis à ses électeurs de lutter contre le chômage. En 1939, il n'y a plus de chômeurs. Les nazis ne touchent pas à la propriété privée (sauf celle des Juifs) mais planifient une partie de l'économie allemande. En 1939, la production industrielle a considérablement augmenté, grâce au réarmement très important de l'armée allemande. Mais le pays a coupé la plupart de ses liens économiques avec le reste du monde en pratiquant l'autarcie. L'effort demandé aux Allemands permet de préparer une nouvelle guerre de conquête afin d'agrandir le marché d'exportation des produits allemands et de se procurer à bon compte les matières indispensables. C'est une des causes de la Seconde Guerre mondiale.

État de l'économie allemande en 1933[modifier | modifier le wikicode]

Au début de 1933, l'Allemagne compte six millions de chômeurs complets auxquels s'ajoutent huit millions de chômeurs partiels. On peut considérer que la moitié des familles sont touchées par le chômage. La crise financière a été violente en Allemagne. Depuis 1919, de nombreux capitaux étrangers, en particulier américains, ont été placés en Allemagne. Le krach boursier d'octobre 1929 à New-York a contraint les Américains à retirer leurs capitaux d'Allemagne. De nombreuses entreprises allemandes se sont alors trouvées sans capitaux et sont mises en grande difficulté financière.

À partir de 1930, la diminution très importante des échanges internationaux est dramatique pour l'Allemagne qui est un grand pays exportateur de machines et d'objets. La mévente des produits allemands contraint les industriels à réduire leur production (en moyenne d'un tiers), ils licencient une partie de leur personnel qui se trouve alors au chômage.

Relancer l'économie allemande[modifier | modifier le wikicode]

La direction de la politique économique de 1933 à 1937 est confiée à Hjelmar Schacht, qui restera ministre sans portefeuille (c'est-à-dire ministre conseiller) jusqu'en 1943. Schacht va relancer les exportations allemandes. Il interdit la sortie des capitaux (capital et bénéfices) étrangers investis en Allemagne. S'ils veulent s'en servir, leurs propriétaires peuvent les utiliser pour acheter des marchandises allemandes destinées à l'exportation. Pour éviter les importations, on développe des produits de substitution qui sont fabriqués en Allemagne (essence synthétique en remplacement du pétrole, caoutchouc et tissus synthétiques à la place des matières naturelles...). Pour les importations obligatoires (en particulier les métaux rares destinés à l'armement) on oblige les pays fournisseurs (qui eux aussi veulent vendre leurs produits) à acheter pour la même valeur des produits allemands (c'est la technique du clearing).

Les nazis rendent la quasi-totalité des banques au secteur privé. Pour financer la reprise de la production et payer leurs fournisseurs et leurs employés, les entreprises sont autorisées à emprunter à court terme auprès d'organismes dont les capitaux sont garantis par l'État ou par la Reichbank (la banque centrale du Reich). L'État finance une partie de la reprise en passant des commandes d'armement rendues nécessaires avec la reconstitution d'une armée allemande puissante alors que depuis 1919 l'armée allemande avait été réduite fortement en hommes et en matériel par les décisions du Traité de Versailles. Les dettes de l'État sont multipliées par onze de 1933 à 1943 et l'émission de monnaies (le Reichmark) est multipliée par dix. La dette est donc colossale, mais les nazis pensent pouvoir rembourser dans l'avenir et renflouer l'Allemagne par les bénéfices retirés des conquêtes territoriales qu'ils projettent.

Réorganiser l'agriculture[modifier | modifier le wikicode]

De jeunes Allemandes mobilisées dans le service obligatoire à la campagne

Pour vivre en autarcie (donc se passer des produits alimentaires importés) et constituer les stocks de vivres en vue de la guerre future, les nazis réorganisent l'agriculture allemande. Contrairement à la promesse qu'ils avaient faite à leurs premiers adhérents, les nazis ne touchent pas à la grande propriété surtout importante dans les régions Est de l'Allemagne (les grands propriétaires ont été assez rapidement les financiers des nazis). Par contre, ils s'intéressent à la petite et moyenne propriété (moins de 125 hectares). Elle devient indivisible, un seul des enfants, désigné par le père, hérite de la terre familiale. Elle ne peut être vendue, donc en cas de besoin financier l'agriculteur doit emprunter. Elle est déclarée insaisissable ; en cas de non-remboursement de dettes, le prêteur ne peut se payer sur la vente de la terre ; les banques accordent donc peu de crédits aux agriculteurs.

Les agriculteurs sont regroupés dans le Reichnährstand. Tout ce qui concourt à la production agricole est regroupé dans des « paysanneries de cercle », elles-mêmes réunies dans dix-neuf sections correspondant aux dix-neuf États formant le Reich. Les chefs des divers échelons sont nommés par le gouvernement. Cette organisation a pour but d'améliorer les conditions techniques de l'agriculture. Mais elle est aussi chargée de régler les problèmes de contrat de travail, de salaire, d'amendes voire de châtiments corporels concernant les salariés agricoles. Le salarié peut bénéficier d'un petit jardin, mais il doit travailler gratuitement un certain nombre de jours par an. On essaie de retenir les paysans à la campagne en interdisant l'embauche en ville, de travailleurs ayant servi dans l'agriculture les trois années précédentes. En 1939, les jeunes filles de moins de 25 ans doivent faire un an de service gratuit comme fille de ferme. L'organisation s'occupe aussi des prix des produits agricoles. Des ententes régionales et nationales fixent les quantités de produits à livrer et des prix de vente. Il faut quelquefois imposer par la force cette organisation étatique de l'agriculture.

Planifier l'industrie allemande[modifier | modifier le wikicode]

Dès leur arrivée au pouvoir, les nazis remettent en activité les grands travaux décidés par le gouvernement Brüning. Il s'agit de construction d'autoroutes et de routes, de creusement de canaux fluviaux, de logements, mais aussi de défrichements et d’assèchements pour agrandir l'espace agricole. C'est l'ingénieur Todt qui en a la responsabilité. Ces travaux, demandant une main-d'œuvre importante, permettent de remettre au travail des centaines de milliers d'anciens chômeurs et de relancer la production industrielle (fournitures pour les chantiers).

À partir de septembre 1936, un « plan de quatre ans », est mis en place sous l'autorité du général Herman Gœring. Ce plan prévoit la fabrication de produits de remplacement (les ersatz), l'exploitation et l'importation des matières premières, la mobilisation de la main-d'œuvre, le contrôle des prix et des devises (monnaies étrangères). L'État attribue des matières premières et des subventions pour soutenir des industries nouvelles mais stratégiques comme l'essence synthétique. En 1937, sont créées les « Herman Gœring-Werke ». Ce sont des entreprises étatisées, qui dans le domaine des mines de fer et de la métallurgie, remplacent les capitaux privés (peu attirés par le manque de rentabilité de ces secteurs).

Pour l'essentiel cependant l'industrie allemande reste entre les mains du capital privé. Celui-ci a tendance à se concentrer dans quelques grandes entreprises (Siemens, Thyssen, Krupp, IG Farben). Ces grandes entreprises sont elles-mêmes encouragées par le gouvernement nazi à prendre la tête de cartels (regroupement d'entreprises afin d'éviter la concurrence sauvage). Ces grandes entreprises reçoivent de très importantes et très rentables commandes de l'État ; pendant la Seconde Guerre mondiale, elles demanderont et obtiendront d'employer la main-d'œuvre très bon marché des soldats prisonniers de guerre ou des déportés du travail.

Les résultats[modifier | modifier le wikicode]

Le résultat le plus spectaculaire de la politique économique menée par les nazis est la quasi-disparition du chômage en Allemagne. Cela est dû à la progression de l'activité industrielle. Celle-ci a été multipliée par 2,25 fois entre 1932 et juin 1939. Désormais, la production dépasse d'un tiers celle d'avant la crise économique de 1929 et l'Allemagne est la deuxième économie du monde. Une partie des chômeurs a été aussi été employée dans le commerce ou les administrations pour remplacer les juifs exclus de certains métiers. L'énorme bureaucratie du parti nazi, qui double d'administration de l'État, permet aussi de donner du « travail » à beaucoup de chômeurs provenant des classes moyennes (qui forment une grande partie des effectifs du parti). Enfin la reconstitution d'une puissante armée (illégale en regard des dispositions du traité de Versailles) permet de faire sortir du marché du travail une partie des jeunes gens, grâce à l'appel sous les drapeaux par roulement des classes d'âge.

La constitution de stocks alimentaires, en vue de la préparation d'une guerre souhaitée par les nazis, et le manque de devises pour financer les importations, ne permet pas de fournir aux Allemands tous les aliments qu'ils désireraient. Des campagnes régulières de propagande les incitent à restreindre leur consommation de certains produits (viande, laitage) et à se passer des produits exotiques (bananes, oranges, cacao...). Cette diminution du niveau de vie (par rapport à 1928) paraît cependant un moindre mal comparée aux difficultés extrêmes subies par les Allemands de 1930 à 1933.

Pour en savoir plus[modifier | modifier le wikicode]

Vikiliens pour compléter sur les politiques menées face à la crise de 1929[modifier | modifier le wikicode]

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