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Affaire Grégory

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La Vologne, rivière où a été découvert le corps de l'enfant.

L'affaire Grégory est une affaire criminelle française, ouverte depuis 32 ans, qui n'est toujours pas résolue. Elle commence le 16 octobre 1984, à la découverte du corps de Grégory Villemin, âgé de 4 ans et ayant les pieds et les mains liés avec des cordelettes, dans la Vologne, une rivière des Vosges, après avoir disparu du domicile de ses parents qui vivaient à Lépanges-sur-Vologne.

Cette affaire a été marquée par le nombre d'arrestations, que ce soit pour le meurtre de l'enfant, ou celui commis par Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, à l'encontre de Bernard Laroche (qui avait été soupçonné d'être l'auteur de l'assassinat de l'enfant), ainsi que par des accusations ayant touché les gendarmes et les juges d'instruction qui auraient caché des informations déterminantes. Par ailleurs, il s'agit de l'une des rares affaires à l'époque à être autant médiatisée par les journalistes français que par ceux étrangers.

En juin 2017, les grands-parents paternels de Grégory, Marcel et Jacqueline Jacob ont été entendus par la Justice et ont été mis en examen, étant accusés d'être, au minimum, à l'origine des lettres anonymes du corbeau. Cette nouvelle information a donc permis de relancer l'enquête.

Protagonistes[modifier | modifier le wikicode]

Les protagonistes de l'affaire au sein de la famille sont les personnes suivantes 1,2,3 :

Famille Villemin[modifier | modifier le wikicode]

  • Grégory Villemin est âgé de 4 ans lors de sa mort, il a été retrouvé tué dans une rivière, pieds et mains liés.
  • Jean-Marie Villemin est le père de Grégory Villemin.
  • Christine Villemin (née Blaise) est la mère de Grégory Villemin.
  • Michel Villemin, frère de Jean-Marie Villemin (décédé en 2010).
  • Albert Villemin, grand-père de Grégory.

Famille Jacob[modifier | modifier le wikicode]

  • Marcel et Jacqueline Jacob auraient eu des soucis avec la famille Villemin, notamment des jalousies face à la réussite de Jean-Marie Villemin dans sa vie professionnelle et familiale. Ils sont mis en examen et seraient les corbeaux des lettres anonymes.
  • Monique Jacob, grand-mère de Grégory Villemin et femme d'Albert Villemin.

Famille Laroche[modifier | modifier le wikicode]

  • Bernard Laroche est le cousin germain de Jean-Marie Villemin. Il a été accusé du meurtre de Grégory et est mort assassiné par Jean-Marie Villemin.
  • Marie-Ange Laroche, femme de Bernard Laroche, demandera la protection de son mari aux gendarmes après l'appel au meurtre de Jean-Marie Villemin, avec un refus de la gendarmerie.

Faits[modifier | modifier le wikicode]

Le 16 octobre 1984, vers 17 heures, à Lépanges-sur-Vologne, Grégory Villemin, né le 24 août 1980 à Saint-Dié-des-Vosges, disparaît alors qu'il jouait dans le jardin de sa maison.

Christine Villemin est en train de repasser quand elle part à la recherche de son fils et qu'elle ne le trouve pas. Elle prévient alors la gendarmerie nationale à 17 heures 50.

Vers 22 heures 15, la gendarmerie repêche le corps de l'enfant qui est noyé et entièrement habillé. La victime est bloquée contre un barrage de la Vologne à sept kilomètres de chez lui. Son corps ne présente pas de blessures mais une cordelette lui lie les jambes et les mains qui sont croisés sur le ventre.

Il s'agit d'un assassinat, car les juges vont retenir le meurtre avec préméditation et une personne désignée sous le terme de « corbeau » dit être l'auteur du meurtre dans le but de se venger de la famille.

Enquête et procès[modifier | modifier le wikicode]

« J'espère que tu mourras de chagrin le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance. Pauvre con ».
Lettre anonyme du Corbeau.

Les recherches dans la Vologne ont été réalisées suite à l'appel téléphonique du « corbeau », qui a informé du crime à 17 heures 32, un frère de Jean-Marie Villemin n'ayant pas réussi à joindre les grands-parents de Grégory, afin de leur dire qu'il avait jeté l'enfant dans la rivière. Le lendemain une lettre anonyme est adressée au père revendiquant le crime :

« J'espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre c..[vulgarité] »

La lettre aurait été postée le jour même du meurtre et selon le couple Villemin, le « corbeau » les harcelait depuis environ quatre ans en les menaçant et ils ont fait le lien entre les menaces et la mort de Grégory4.

Les conclusions de l'autopsie ne permettent pas de dire comment Grégory est mort noyé5.

Accusation et mort de Bernard Laroche[modifier | modifier le wikicode]

Bernard Laroche est accusé le 2 novembre 1984 par une de ses belles-sœurs, Murielle Bolle âgée de 15 ans, d'être allé tous les deux chercher en voiture Grégory devant la maison de ses parents, puis, de s'être rendu au village proche de Docelles, où ils s'étaient arrêtés au bord de la Vologne, le lieu même où Grégory a été retrouvé. Jean-Michel Lambert est le juge d'instruction en charge de l'affaire et décide de mettre en examen Bernard Laroche pour le meurtre.

Murielle dit avoir fait un faux témoignage6, mais le juge Lambert ne veut rien entendre et déclare que les analyses d'écriture montrent que Bernard Laroche pourrait être le corbeau. De plus, la lettre étant signée « L B » cela correspondrait aux initiales et à la signature de Bernard Laroche.

Les avocats de Bernard Laroche, Paul Prompt puis Gérard Welzer démontrent qu'il n'y a aucune preuves dans le dossier qui l'accusent et que la jalousie de Bernard Laroche pour la réussite sociale et familiale de son cousin ne constitue pas un mobile d'assassinat.

Le 4 février 1985, le juge Jean-Michel Lambert libère Bernard Laroche. Le jour même de sa libération, Jean-Marie Villemin annonce devant les journalistes et les enquêteurs, qu'il comptait tuer Bernard Laroche, car pour lui, cela ne fait aucun doute, le tueur est libéré et c'est Bernard Laroche.

Le 29 mars 1985, Bernard Laroche se trouve devant chez lui accompagné de sa femme, Marie-Ange à Aumontzey, quand Jean-Marie Villemin arrive devant eux avec un fusil et tire sur Bernard Laroche, le tuant.

Accusation et non-lieu de Christine Villemin[modifier | modifier le wikicode]

Le jour même de l'assassinat de Grégory, des collègues de travail de la mère disent l'avoir vu aller à la poste poster une lettre, conduisant ainsi à son inculpation le 5 juillet 1985, par le juge Lambert pour assassinat. De nouvelles études d'écriture la désignent comme le corbeau et il est retrouvé dans la maison familiale des cordelettes qui seraient les mêmes que celles trouvées avec le corps du garçon. Son cas divise, car certaines personnes sont persuadées de son innocence et d'autres la considèrent coupable.

Les journalistes vont relayer des rumeurs qui font de Christine Villemin la meurtrière de son enfant qu'elle n'aurait pas désiré et qu'elle aurait eu des relations sexuelles avec Bernard Laroche. Elle aurait découvert son enfant noyé dans sa baignoire et pour ne pas avouer tromper son mari, elle aurait décidé de jeter Grégory dans la rivière mais il n'y a aucune preuve selon les enquêteurs7.

Un non-lieu, c'est-à-dire qu'aucune poursuite ne sera engagée contre Christine Villemin le 3 février 1993, en raison de l'absence totale de preuves et dans le but de la rendre totalement innocente aux yeux de la société.

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Le savais-tu ?
Le non-lieu rend la personne concernée coupable malgré tout ?
En principe, le non-lieu n'est pas employé pour dire qu'une personne est innocente, mais bien qu'il est possible qu'elle soit coupable ; mais, en raison du manque de preuve ou du manque de motif, on ne peut pas aller plus loin. Pour l'Affaire Grégory, c'est une première en France, car le non-lieu ici la reconnait totalement innocente, dans le but que la société l'accepte et ne la voit pas comme une meurtrière.

Procès de Jean-Marie Villemin[modifier | modifier le wikicode]

En novembre 1993, Jean-Marie Villemin est jugé à Dijon pour l'assassinat de Bernard Laroche dont le procès va durer six semaines, il sera condamné à cinq ans de prison dont un avec sursis mais il est libéré deux semaines après l’annonce du verdict car il avait purgé une grande partie de sa peine en détention provisoire.

Réouverture de l'enquête avec analyse ADN[modifier | modifier le wikicode]

Les parents de Grégory demandent, le 25 novembre 1999, par l'intermédiaire de leur avocat, la réouverture de l'enquête grâce à l'expertise génétique parce que les analyses génétiques et d'ADN se sont améliorées depuis le début de l'affaire.

Le 19 avril 2000, le procureur de la République de Dijon, demande la réouverture de l'enquête et sa demande sera acceptée le 14 juin 2000, dans le but de rechercher de l'ADN sur un demi-timbre qui aurait pu être léché par le corbeau.

Durant l'été 2000, des experts en biologie moléculaire examinent le demi-timbre mais sans résultat, car les traces sont inexploitables et la cour d’appel de Dijon, déclare qu'il faut clore l’instruction de l’affaire Grégory.

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Le savais-tu ?
Pourquoi le corbeau aurait laissé son ADN pour l'identifier ?
Tout simplement, parce qu'à l'époque des faits, il n'y avait pas encore de réelles expertises génétiques, donc les tueurs ou criminels de cette époque ne prenaient pas forcément de précautions.

Condamnation de l’État[modifier | modifier le wikicode]

En mai 2002, la cour d'appel de Versailles condamne l'État à verser 63 000 euros à Marie-Ange Laroche et Murielle Bolle en réparation d'un mauvais fonctionnement qui a notamment conduit à la mort de Bernard Laroche alors que son assassinat était prévisible8 mais aussi à cause de l'instruction depuis 1987, qui n'avance pas et qui a conduit à de fausses accusations9.

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Le savais-tu ?
Pourquoi condamner l’État ?
L’État peut être tenu responsable d'un dysfonctionnement et devoir donner de l'argent aux victimes, or dans l'Affaire Grégory, la police savait que Jean-Marie Villemin voulait tuer Bernard Laroche et a pourtant refusé de protéger ce dernier, conduisant à son décès, cela est donc considéré comme une faute de l’État.

Réouverture de l'enquête[modifier | modifier le wikicode]

Délai de prescription allongé[modifier | modifier le wikicode]

Le 9 juillet 2008, le procureur général de la cour d'appel de Dijon annonce qu'il faut à nouveau ouvrir l'affaire concernant l'assassinat de Grégory sur demande de ses parents afin de continuer les analyses sur le timbre jugé inexploitable en 2000 car 8 ans après, les procédures ont encore évolué10.

Le 3 décembre 2008, la cour d'appel de Dijon a ordonné la réouverture de l'enquête11 et ce délai de prescription, cette fois est maintenu jusqu'en 201812.

Nouvelles investigations[modifier | modifier le wikicode]

Entrée de la Cour d'appel de Versailles.

Le 14 juin 2017, soit 32 ans après les faits, trois personnes sont arrêtées13. Il s'agit d'un grand-oncle et d'une grand-tante maternels de Grégory Villemin, Marcel Jacob et Jacqueline Jacob (née Thuriaut)14 et de Ginette Villemin. Tous trois sont mis en garde à vue et sont transférés à Dijon15.

Le 16 juin 2017, la grand-tante et le grand-oncle maternels de Grégory sont mis en examen pour enlèvement et séquestration suivie de mort, et placés en détention provisoire. Le couple, d'après les dernières expertises, pourraient être ceux qui auraient écrit les lettres anonymes, car leurs écritures et expressions, comme le mot « chef » pour désigner Jean-Marie Villemin, les accuseraient.

Le 29 juin 2017, Murielle Bolle, la belle-sœur de Bernard Laroche, est mise en examen et emprisonnée pour avoir selon la justice, participé à l’enlèvement de Grégory Villemin alors qu'elle avait 15 ans. Selon un témoin, elle aurait accusé Bernard Laroche avant de se rétracter à cause de pressions familiales à son encontre16.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. D'après « Le procureur désigne de fait le clan Laroche », sur lavoixdunord.fr (15 juin 2017), « Affaire Grégory : tous les éléments troublants du dossier sur Marcel et Jacqueline Jacob », sur 20minutes.fr (16 juin 2017), et « Affaire Grégory : un meurtre préparé à plusieurs », sur ouest-france.fr (16 juin 2017).
  2. « Si Jacqueline et Marcel sont dedans... », Le Parisien, 16 juin 2017.
  3. Affaire Grégory : Jacqueline et Marcel Jacob mis en examen pour enlèvement et séquestration via Le Monde du 16 juin 2017
  4. Tour de France insolite du Crime aux éditions City Edition de 2014 par Marc Lemonier.
  5. Affaire Grégory – L’autopsie sur le site police-scientifique.com.
  6. Pascal Michel, 40 ans d'affaires Criminelles de 2009 aux éditions Pascal Michel
  7. Étienne Sesmat, Les Deux Affaires Grégory aux éditions Place Des Editeurs de 2010
  8. Laurence Lacour, Le Bûcher des innocents aux éditions Les Arènes en 2006.
  9. Paul Prompt, L'Affaire Grégory : la justice a-t-elle dit son dernier mot ? aux éditions Balland en 2007.
  10. Affaire Grégory : la justice ne renonce pas de Geoffroy Tomasovitch], 10 juillet 2008.
  11. « La justice rouvre l'enquête sur la mort du petit Grégory », Le Monde, 3 décembre 2008.
  12. Affaire Grégory: l'enquête est réouverte, le 3 décembre 2008
  13. Affaire du petit Grégory : 3 personnes placées en garde à vue, dont un couple de septuagénaires via LCI le 14 juin 2017
  14. Affaire Grégory : La fille de Jacqueline et Marcel Jacob réagit
  15. Rebondissement dans l'affaire Grégory : trois personnes arrêtées le 14 juin 2017.
  16. Affaire Grégory : Murielle Bolle mise en examen via Franceinfo.

Liens internes[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

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