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Affaire Calas

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Portrait de Jean Calas

L'affaire Calas a eu lieu entre 1761 et 1765. Jean Calas (marchand d’étoffes), négociant à Toulouse, de confession protestante (alors interdite en France), est accusé d'avoir assassiné son fils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme. Après jugement du parlement de Toulouse (Avant la Révolution, les parlements étaient les cours supérieures de justice), Jean Calas a été condamné au supplice de la roue. Il est exécuté et sa famille est dispersée. À la demande de la veuve et du plus jeune fils de Jean Calas, Voltaire s'intéresse à l'affaire. En 1763, il publie le Traité sur la tolérance qui émeut l'opinion publique en France. Le procès est rouvert par le Parlement de Paris, celui-ci conclut à l'innocence de Calas.

L'affaire Calas est un exemple de l'intolérance religieuse au XVIIIe siècle et du combat des philosophes pour rendre la justice indépendante des passions religieuses.

Les faits qui sont à l'origine de l'affaire Calas[modifier | modifier le wikicode]

Le 13 octobre 1761, Jean Calas, un négociant toulousain, découvre à son domicile le corps de Marc-Antoine son fils aîné qui s'est pendu. À l'époque le suicide est très mal vu et les cadavres des suicidés reçoivent un traitement infâme, qui consistait à être traîné dans les rues face contre terre puis jeté aux ordures. Aussi, il est possible d’émettre l’hypothèse, non vérifiable, que Calas ait maquillé le suicide en crime.

Jean Calas est de confession protestante, qui est interdite en France depuis la Révocation de l'Édit de Nantes par Louis XIV en 1685. Calas après avoir été baptisé catholique de force a épousé une protestante qui a connu la même situation. En 1759, son fils aîné à l'âge de 17 ans a été reçu bachelier en droit. Mais il ne peut poursuivre ses études pour obtenir la licence qui lui permettrait d'exercer une profession juridique. En effet les autorités religieuses catholiques, dont l'accord est indispensable, le suspectent de professer en secret le protestantisme. Un des trois fils de Jean Calas, Louis, s'est en 1756, converti au catholicisme et leurs relations se sont détériorées (le père refusant de soutenir financièrement le fils converti qui ne vit plus sous son toit). Les passions religieuses, entretenues par une partie du clergé catholique toulousain, se déchaînent. Marc-Antoine Calas est déclaré martyr par les autorités religieuses catholiques, enterré selon le rite catholique et son cercueil sera escorté par quarante prêtres pénitents blancs au milieu d'une foule immense. Au cours de l'enquête, des dénonciateurs (encouragés par la publication de monitoire, sorte d'appel à témoins lus dans les églises) accusent Jean Calas d'avoir lui-même assassiné son fils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme. Mais aucune preuve de cette idée de conversion n'est apportée.

Le procès et la condamnation de Jean Calas[modifier | modifier le wikicode]

Jean Calas condamné au supplice de la roue.

Arrêtés Jean Calas et sa famille sont interrogés par les capitouls (les conseillers municipaux de Toulouse, qui disposaient de fonctions judiciaires). Les suspects parlent d'abord d'un crime de rôdeur puis avouent le maquillage du suicide.

Le 18 novembre 1761 : la sentence des Capitouls affirme la culpabilité des accusés, Jean Calas, Anne-Rose sa femme, Pierre Calas son fils, Jeanne Viguière (leur servante très catholique) et Gaubert Lavaisse (un ami bordelais de la famille présent le jour du suicide). Ceux-ci clamment leur innocence et font appel devant le Parlement de Toulouse.

Le parlement s'appuyant sur l'enquête des capitouls confirment la culpabilité. Jean Calas n'avoue pas sous la torture, il continue à proclamer son innocence. Huit juges sur treize le condamnent au supplice de la roue qui brise les membres, puis à être étranglé et enfin son cadavre brûlé. Il est exécuté le 10 mars 1762, les cendres de son corps sont jetées au vent. Ses biens sont confisqués. Les autres accusés sont acquittés mais le fils Pierre est banni du royaume (il se réfugie en Suisse).

L'intervention de Voltaire[modifier | modifier le wikicode]

Une gravure éditée au moment de l'affaire Calas. Elle est soutenue et répandue sous tous les supports possibles par Voltaire et ses amis qui en font un moyen de sensibilisation de l'opinion.

La veuve et le plus jeune fils de Jean Calas parviennent à convaincre Voltaire qu'il faut dénoncer le procès toulousain et demander un nouveau procès plus équitable.

Voltaire accepte afin de savoir de quel côté était le fanatisme religieux qui poussent à tuer celui qui ne pense pas comme vous. Il doute qu'un homme de 68 ans, par ailleurs malade, ait pu pendre un jeune homme de 28 ans, sans que celui-ci ne réagisse et sans attirer l'attention des habitants de la maison. Cela n'est possible qu'à moins d'avoir des complicités dans la famille. Mais alors pourquoi celle-ci est acquittée ?

Pour Voltaire ces incohérences sont la marque de règlement de compte entre adversaires religieux, les catholiques et les protestants locaux. Il dénonce en particulier l'enquête rapide et à charge menée par David de Beaudrigue un des capitouls.

Pour sensibiliser l'opinion publique française, Voltaire écrit et publie en 1763, son Traité sur la tolérance. Il forme à Genève un comité d'enquête formé de pasteurs protestants, de négociants, de banquiers et d'avocats. Ils doivent centraliser les renseignements concernant l'affaire et gérer l'argent que les particuliers et les souverains protestants européens envoient pour soutenir la famille Calas.

Voltaire publie de nombreux libelles et mémoires où sous la forme de contes philosophiques ou de recueils d'arguments il dénonce les conditions du procès. Il inonde d'un abondant courrier les ministres, comme Choiseul et même l'ancienne favorite Madame de Pompadour. Il envoie Madame Calas défendre sa cause à Paris où elle est reçue par l'élite intellectuelle. Elle obtient audience des ministres du roi et est même présentée à la Cour à Versailles.

Le roi Louis XV ordonne un nouveau procès, mais qui doit se tenir à Paris afin d'échapper à l'atmosphère empoisonnée de Toulouse. (Le Parlement de Toulouse refusera toujours de revenir sur son jugement). Le parlement de Paris est saisi de l'affaire et en mars 1765 conclut le procès en déclarant à l'unanimité l'innocence de Jean Calas et de sa famille.

Le roi accorde à la famille Calas un don de 30 000 livres (somme considérable à l'époque) en dédommagement du jugement catastrophique du parlement de Toulouse. David de Beaudrigue est destitué de sa fonction de capitoul et se suicide peu après.

Cette affaire Calas discrédite le personnel judiciaire, propriétaire inamovible de ses fonctions trop liées aux intérêts locaux et souvent prenant parti dans les querelles locales.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • [1] un site d'histoire littéraire qui présente l'affaire Calas
  • [2] article de Wikipédia sur le même sujet

Pour compléter sur l'intolérance religieuse en France au XVIIIe siècle[modifier | modifier le wikicode]

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