Abdülhamid II

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Addülhamid au début de son règne (vers 1878).

Abdülhamid II est né en septembre 1842 à Constantinople (aujourd'hui Istanbul) et est mort dans la même ville en février 1918. Il a été le sultan (empereur) de l'empire turc de 1876 à 1909 date à laquelle il a été déposé par les militaires turcs. Il était en même temps, le calife de l'Islam.

Pendant son règne l'empire turc a poursuivi son déclin territorial en particulier en Europe dans les Balkans avec l'indépendance de la Serbie et de Roumanie en 1878, puis de la Bulgarie en 1908, mais aussi en Afrique (avec la perte de la Tunisie en 1882 et la main-mise britannique sur l'Égypte), ou en Méditerranée avec la perte de la Crête en 1898.

Le régime représentatif qu'il avait avait dû mettre en place en 1876 disparaît en 1878 et est remplacé par un régime autocratique et policier. Confronté à une nouvelle révolte militaire en 1908, il doit rétablir le régime représentatif. En avril 1909 il tente en s'appuyant sur des éléments très conservateurs de revenir à l'autocratie. Les militaires (les Jeunes-Turcs) le renversent, et le remplacent par son demi-frère Mehmed V.

Abdühamid II a tenté de moderniser son empire en développant les communications en particulier les chemins de fer et le télégraphe ; il fait ouvrir de nombreuses écoles, des universités et réforme le système judiciaire.

Mais il réprime avec férocité les soulèvements de certaines minorités, comme les Arméniens en 1895-1896.

Accession au pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

Abdühamid, second fils du sultan Abdülmecid Ier est proclamé sultan en août 1876. Il succède à son frère Mourad V, qui n'a régné de trois mois et a été déchu pour incompétence. Mourad avait lui-même succédé à son oncle Abdülaziz déposé par ses ministres et l'armée qui lui reprochaient de ne pas entreprendre les réformes exigées par les Européens sous la menace d'attaquer la Turquie et de provoquer la dislocation de l'empire ottoman.

L'échec des réformes démocratiques[modifier | modifier le wikicode]

Sous la pression des ministres réformateurs dirigés par Midhat Pacha et le grand vizir Mütercim Mehmed Rüsdi Pacha, Abdühamid doit mettre fin à la monarchie absolue et accorder une constitution promulguée en décembre 1876. Désormais le sultan est irresponsable des décisions prises par le gouvernement. Deux assemblées représentatives sont prévues et des élections législatives envisagées. Tous les sujets de l'empire sont déclarés égaux en droits et les chrétiens peuvent accéder aux emplois publics. Les libertés individuelle et de domicile sont affirmées, la corvée, la torture sont abolies, l'indépendance des tribunaux est garantie. Mais dès février 1877, le grand vizir est renversé et emprisonné et les assemblées sont dissoutes. La monarchie absolue est rétablie.

Le démembrement de l'empire ottoman[modifier | modifier le wikicode]

Dès avril 1877 la Russie et la Turquie entrent en guerre, la Russie se posant comme le protecteur des minorités non-turques vivant dans les Balkans. En 1878, la défaite turque aboutit au traité de San Stefano (en mars) puis au Congrès de Berlin (en juin-juillet) où les puissances européennes poursuivant ainsi leurs efforts pour désintégrer l'empire ottoman dictent l'avenir de la Turquie. La Serbie et la Roumanie, qui avaient obtenu leur indépendance au cours du XIXe siècle, voient leur indépendance confirmée. La Bulgarie est déclarée autonome sous contrôle turc. La Bosnie et l’Herzégovine sont placées sous le contrôle militaire de l’Empire d'Autriche-Hongrie. La France obtient le droit d’exercer sa protection sur les chrétiens de l’Empire ottoman. Le Royaume-Uni s'empare de Chypre. Les provinces de Kars et d’Ardahan, en Anatolie orientale, sont cédées à la Russie. Au total l’Empire ottoman perd un cinquième de ses sujets, soit 5,5 millions de personnes.

Dans les années suivantes le démembrement se poursuit. En 1881, l’Empire perd certaines provinces frontalières au profit de la Grèce et la Tunisie devient un protectorat français. En 1882, l’Égypte est occupée militairement par les Britanniques.

Les massacres des Arméniens[modifier | modifier le wikicode]

Alors que les puissances européennes discutent (dans le fond à gauche), le sultan s'amuse à massacrer les Arméniens de son empire. Caricature américaine de 1896.

L'empire ottoman est multiethnique et multireligieux. Y cohabitent tant bien que mal des musulmans (Turcs, Arabes, Kurdes) des chrétiens (Grecs, Arméniens, Slaves des Balkans), des juifs en Palestine ou dans les grandes villes. Depuis le Congrès de Berlin de 1878, les Arméniens réclament des réformes qui leurs assureraient des mêmes droits qu'aux musulmans. Les Arméniens sont environ 2,5 millions de personnes, soit 8 à 10% de la population de l'empire. Ils sont surtout dispersés en Anatolie. Des affrontements éclatent en 1892 et 1893 à Merziflan et Tokat. En 1894, des Arméniens révoltés sont sévèrement réprimés aux environs de Sassum.

Alors que les puissances européennes demandent que le sultan protègent les chrétiens de son empire, celui-ci déchaîne contre eux des forces armées (des régiments kurdes de cavalerie légère), l'armée « hamidienne » créée par le sultan en 1891. Ces troupes mènent une politique de terreur en Anatolie. Il y aurait eu près de 200 000 Arméniens tués, une centaine de milliers auraient été islamisés de force, ou enlevés et expédiés vers les harems. Abdülhamid y gagne les surnoms de « Grand Seigneur » ou de « Sultan rouge » que lui attribuent la presse européenne et étatsunienne.

Abdülhamid est aussi le calife des musulman sunnites. Il favorise les pèlerinages à La Mecque. Pour faciliter les déplacements des pèlerins de 1906 à 1908 il fait construire le chemin de fer du Hedjaz. Par contre il lutte contre les juifs d'Europe et d'Afrique qui immigrent en Palestine et y fondent des colonies agricoles.

La chute du sultan[modifier | modifier le wikicode]

Les représentants des puissances européennes (gauche : l'empereur François-Joseph d'Autriche-Hongrie, le président français Armand Fallières, l'empereur Guillaume II d'Allemagne, le roi Edouard VII du Royaume-Uni, l'empereur Nicolas II de Russie rendent visite au sultan Adbülhamid qui vient d'être déposé et exilé] ; Caricature néerlandaise de 1909.

Dans les années 1907-1908, la situation se tend dans les Balkans, menaçant ce qui reste de l'autorité des Turcs. En juin 1908, une rébellion militaire apparaît à Thessalonique, et le mouvement s'étend à l'ensemble de la Macédoine. Des troupes rebelles font mouvement vers Constantinople. Pour éviter le bain de sang, Abdülhamid est contraint de rétablir la constitution de 1876 et de laisser le pouvoir au Comité Union et Progrès appelé aussi les « Jeunes-Turcs ». Cependant en avril 1909, le sultan tente un coup d'État pour reprendre le pouvoir. C'est un échec, les militaires déposent le sultan qui est exilé à Thessalonique. Un nouveau sultan est nommé, c'est Mehmed V le demi-frère cadet d' Abdülhamid.

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