Évangile selon Jean

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Jean - peinture de Frans Hals (XVIIe siècle)

L'Évangile selon Jean est le quatrième et dernier Évangile du Nouveau Testament. Il est reconnu par tous les chrétiens. Contrairement aux trois autres Évangiles, il ne contient qu'un nombre limité de récits de miracles (huit seulement), mais ces miracles tiennent une place considérable dans l'argumentation du livre.

Il est attribué à Jean, l'un des douze apôtres de Jésus, celui dont il aurait été le plus proche.

Il ne parle pas de l'enfance de Jésus, mais insiste plus que les autres sur la Passion et la Résurrection du Christ, la seconde moitié de l'Évangile y étant consacrée. La Passion et la Résurrection du Christ sont l'un des fondements du christianisme, interprétées comme le gage de la rédemption des péchés et comme une promesse de la vie éternelle.

Avec des mots très simples, la doctrine du quatrième Évangile est particulièrement riche. Des générations de commentateurs, théologiens et prédicateurs n'ont pu en épuiser la substance.

L'auteur du quatrième Évangile[modifier | modifier le wikicode]

Plan de l'Évangile selon Jean[modifier | modifier le wikicode]

Saint Jean, selon Crivelli.

Une présentation intéressante du quatrième Évangile l'organise autour d'une Semaine inaugurale, qui voit les débuts du ministère de Jésus, et de six fêtes juives. Ce qui fait au total sept parties. Il y a aussi un Prologue, qui sert d'introduction, et un appendice (Jn 21) qui semble ajouté après coup.

Chacune des parties fait l'objet d'un thème bien précis. Elle est en outre illustrée (sauf le Prologue) par un récit de miracle. On propose ainsi le plan général suivant :


  • Prologue. 1,1-18. Jésus est le Logos, ou la Parole de Dieu.


  • I. La Semaine inaugurale. 1,19 --- 2,12. Choix des premiers disciples. Ils sont changés par le regard et l'appel de Jésus.

Illustrée par le miracle de l'eau changée en vin à Cana.


  • II. 1re Pâque à Jérusalem. 2,13 --- 4,54. Le baptême. « Il vous faut renaître d'eau et d'Esprit.  »

Illustrée par la guérison, au retour à Cana, du fils d'un fonctionnaire royal.


  • III. 2e fête à Jérusalem. 5,1-47. Le témoignage du Père, qui travaille toujours.

Illustrée par la guérison d'un infirme à la piscine de Béthesda.


  • IV. La Pâque du pain de vie, en Galilée. 6,1-71. L'Eucharistie. « Je suis le pain de vie ».

Illustrée par le miracle de la multiplication des pains, suivi de la marche sur les eaux du lac.


  • V. La fête des Tentes, à Jérusalem. 7,1 --- 10,21. « Je suis la lumière du monde.  »

Illustrée par la guérison d'un aveugle de naissance.


  • VI. La fête de la Dédicace du Temple, à Jérusalem. 10,22 --- 11,54. « Je suis la Résurrection et la Vie.  »

Illustrée par la résurrection de son ami Lazare.


  • VII. La dernière Pâque à Jérusalem. 11,55 --- 20,31. « Aimez-vous comme je vous ai aimés.  »

Illustrée par la propre résurrection du Christ.


  • Appendice. 21,1-25. Choix de Pierre comme berger après lui.

Illustré par une pêche miraculeuse.

Doctrine de l'Évangile de Jean[modifier | modifier le wikicode]

En reprenant chacun des thèmes majeurs, mentionnés dans le plan ci-dessus, on peut en proposer une première esquisse.

Jésus est le Logos, ou la Parole de Dieu.[modifier | modifier le wikicode]

La notion de Logos, parole ou raison éclairée, tenait une grande place dans la philosophie grecque. C'était la Parole éternelle qui gouvernait le monde.

Mais saint Jean fait surtout référence à la Bible, et même au tout début de la Genèse, qu'il reprend presque mot à mot. Jésus n'est autre que la Parole fondatrice par laquelle Dieu, aux origines, a créé les mondes. Et cette Parole a daigné se faire « chair », ou « homme », en s'incarnant en Jésus-Christ. Jean-Baptiste l'a reconnu. Et lui Jean, qui ne se nomme pas, a été son ami, son confident.

Tel est le magnifique poème, qu'on appelle le Prologue, qui ouvre l'Évangile de Jean.

Le regard et l'appel de Jésus changent les disciples.[modifier | modifier le wikicode]

Dès la semaine inaugurale de son ministère, dès son baptême dans le Jourdain des mains de saint Jean-Baptiste, le Christ recrutait une solide équipe de disciples qui le suivraient partout.

André, Jacques et Jean les fils de Zébédée qui restaient ici anonymes, Simon dit Pierre, Philippe et Nathanaël. Ils étaient d'abord disciples du Baptiste. Mais lui-même leur avait dit en montrant Jésus : « Voici l'Agneau de Dieu.  » (Jn 1,36). Ou encore : « J'ai vu et je témoigne que celui-ci est l'Élu de Dieu.  » (Jn 1,34). Ils devinrent donc disciples de Jésus.

Jésus regarda Simon et lui dit : « Tu t'appelleras Céphas - ce qui veut dire Pierre.  » (Jn 1,42). Il le changeait en « pierre », ou roc, ce qui annonçait son rôle futur dans l'Église.

Entraînés en Galilée, les nouveaux disciples étaient témoins au cours d'une noce de l'eau changée en vin à Cana, ce vin qui préfigurait les noces éternelles du Royaume de Dieu. Ainsi Jésus « manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.  » (Jn 2,11).

Le baptême. « Il vous faut renaître d'eau et d'Esprit.  »[modifier | modifier le wikicode]

Dès le miracle retentissant de Cana, Jésus s'en vint avec ses disciples à Jérusalem. Animé d'un zèle jaloux pour Dieu, il chassait les vendeurs du Temple et purifiait « la Maison de son Père » du trafic éhonté qui la déshonorait.

Effrayé par l'audace de son geste, mais conquis par la renommée grandissante du nouveau prophète, Nicodème, un notable pharisien, docteur de la Loi, vint le trouver de nuit à son domicile de Jérusalem.

Sans préambule Jésus lui déclarait : « A moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu.  » (Jn 3,3).

Nicodème, le savant, le pieux juif, était abasourdi.

Jésus lui expliquait qu'il fallait renaître d'eau et d'Esprit pour entrer dans le Royaume de Dieu qui est celui de l'ère messianique, qu'il fallait croire au Fils de l'homme, qu'il fallait croire au Fils de Dieu, l'Unique Engendré du Père.

Jésus reprenait donc pour son nouveau baptême le geste de Jean-Baptiste : l'immersion dans l'eau, mais il l'élevait à une tout autre dimension mystique en énumérant explicitement les Trois Personnes divines, le Père, son Fils, l'Esprit, au nom desquelles il allait désormais être conféré.

Sans plus attendre, Jésus redescendait dans la vallée du Jourdain, où, à son tour, lui-même « il baptisait.  » (Jn 3,22).

Plus loin l'évangéliste Jean nous précisait que ce nouveau baptême n'était pas administré directement par Jésus lui-même, mais plutôt par ses disciples (cf. Jn 4,2) selon ses instructions.

Le témoignage du Père, qui travaille toujours.[modifier | modifier le wikicode]

Revenu à Jérusalem, Jésus guérissait un infirme à la piscine de Béthesda. Il gisait depuis 38 ans. « Prends ton grabat et marche » (Jn 5,8) lui ordonnait-il. Or c'était un jour de sabbat.

Les religieux juifs reprochaient à cet ex-paralytique, aussi bien qu'à Jésus, de travailler le jour du sabbat ! Mais Jésus leur répliquait : « Mon Père est à l'œuvre jusqu'à présent et moi aussi je travaille.  » (Jn 5,17). Aussi ne cherchait-on que davantage à le tuer « puisque, non content de violer le sabbat, il appelait encore Dieu son propre Père, se faisant ainsi l'égal de Dieu.  » (Jn 5,18).

Certes Jésus était Dieu, mais il ne l'était en quelque sorte qu'à l'imitation du Père. Comme lui il travaillait même le jour du sabbat. Comme lui il ressuscitait les morts. Comme lui il donnait la vie à qui il voulait.

Et les œuvres qu'il faisait, les miracles qu'il accomplissait, les signes qu'il posait, voilà précisément le témoignage du Père - Dieu - en sa faveur.

L'eucharistie. « Je suis le pain de vie.  »[modifier | modifier le wikicode]

Le lendemain de la multiplication des pains, où il avait nourri environ cinq mille hommes dans un désert de l'autre côté du lac, Jésus prenait la parole dans la synagogue de Capharnaüm.

Il enseignait aux juifs en nouveau Moïse, mais combien supérieur à lui, que non seulement il était lui-même la vraie manne, le pain vivant descendu du ciel, ce qui pouvait s'entendre en un sens imagé, mais encore que sa propre chair était destinée à devenir un aliment pour l'humanité, donc un repas puisqu'il s'agissait de « boire » et de « manger », donc un sacrement, un mystère sacré.

Les fidèles mal accrochés, les juifs incrédules, Judas dans son cœur, regimbaient définitivement : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ?  » (Jn 6,52).

Jésus insistait et proposait aux juifs une véritable anthropophagie de sa personne : « Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.  » (Jn 6,55-56).

C'était le scandale inévitable. Le mot est dans le texte : « Cela vous scandalise ?  » (Jn 6,61).

Mais Jésus précisait bien que ses propos devaient être entendus dans un sens spirituel, ou mystique : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.  » (Jn 6,63).

Pour les chrétiens l'eucharistie ne signifie pas anthropophagie, car elle implique le « corps spirituel », comme dit saint Paul (cf. 1 Co 15,44), autrement dit le corps ressuscité du Christ.

Elle s'accomplit sous les apparences d'aliments ordinaires et anodins : le pain et le vin. Elle est une reprise du sacrifice non sanglant de Melchisédech, qui déjà du temps d'Abraham avait offert du pain et du vin, et même des nombreuses oblations de farine habituelles dans le Temple de Jérusalem.

Mais le sacrement contient néanmoins réellement son corps et son sang. « Le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde.  » (Jn 6,51).

« Je suis la lumière du monde. »[modifier | modifier le wikicode]

Jésus montait à Jérusalem pour la fête des Tentes, la fête des moissons, dans un climat de plus en plus hostile à son égard.

Pendant cette fête, quatre immenses flambeaux, placés dans le parvis des femmes, répandaient leur lumière sur la ville tout entière.

Étant monté au Temple, à l'aube, Jésus déclarait devant le soleil levant, car le Temple était orienté à l'est : « Moi, je suis la lumière du monde ! Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie.  » (Jn 8,12).

S'ensuivit une vive discussion avec les religieux juifs qui lui reprochaient de se faire plus grand qu'Abraham.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, - leur répliqua Jésus - avant qu'Abraham n'existât, Moi, Je suis. Ils ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se déroba et sortit du Temple.  » (Jn 8,58-59).

Comme un fait exprès, à sa sortie du Temple, Jésus rencontra un aveugle de naissance et il le guérit. Ce qui lui permettait de tirer la leçon de cette journée consacrée à la lumière : « C'est pour un jugement que je suis venu en ce monde : pour que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.  » (Jn 9,39).

« Je suis la Résurrection et la Vie. »[modifier | modifier le wikicode]

Jésus circulait en Pérée, au-delà du Jourdain, avec ses disciples, quand il apprit que son ami Lazare de Béthanie était malade.

Béthanie était ce village proche de Jérusalem où Jésus avait été souvent accueilli par les deux sœurs Marthe et Marie, et leur frère Lazare.

Jésus resta encore deux jours sur place ; puis il finit par dire à ses disciples : « Lazare est mort, et je me réjouis pour vous de n'avoir pas été la-bas, afin que vous croyiez. Mais allons auprès de lui.  » (Jn 11,14-15).

Revenu à Béthanie il trouva beaucoup de juifs, et les deux sœurs en pleurs, qui lui dirent selon la foi juive : « Il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.  » (Jn 11,24)

Mais Jésus leur répondit : « Moi, je suis la Résurrection. Qui croit en moi, même s'il meurt vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.  » (Jn 11,25-26).

Conduit au tombeau, « il s'écria d'une voix forte : Lazare, viens dehors ! Le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, et son visage était enveloppé d'un linge. Jésus leur dit : déliez-le et laissez-le aller.  » (Jn 11,43-44).

Cette résurrection préfigurait la sienne qui allait s'accomplir à la Pâque prochaine. Mais déjà les chefs juifs, les grands prêtres et les pharisiens, décidaient sa mort en grand conseil.

« Aimez-vous comme je vous ai aimés. »[modifier | modifier le wikicode]

Avant de souffrir sa passion, Jésus voulut laisser à ses disciples un exemple de service mutuel. Au cours d'un repas qu'il partageait avec eux, il se mit à leur laver les pieds.

Puis il les entretint longuement.

« Vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c'est un exemple que je vous ai donné. » (Jn 13,14-15).

« Je vous donne un commandement nouveau : vous aimez les uns les autres.

Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.

A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » (Jn 13,34-35).

Puis il pria solennellement son Père : « Je leur ai fait connaître ton nom [de Père] et je le leur ferai connaître encore,

afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux,

et moi en eux. » (Jn 17,26).

Choix de Pierre comme berger après lui.[modifier | modifier le wikicode]

Après sa résurrection Jésus s'en allait au ciel pour rejoindre son Père.

Il devait laisser un berger après lui pour guider ses brebis et pour qu'elles soient rassemblées dans l'unité, non seulement d'une façon morale, mais encore d'une façon visible, comme les membres d'une seule famille.

Aussi, par trois fois, il investit Pierre de cette mission.

{{"|Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit : Paix, mes agneaux.

{{"|Il lui dit à nouveau, une deuxième fois : Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? Oui, Seigneur, lui dit-il, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit : Paix, mes brebis.

« Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? Pierre fut peiné de ce qu'il lui dît pour la troisième fois : M'aimes-tu ? et il lui dit : Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime. Jésus lui dit : Paix, mes brebis.  » (Jn 21,15-17).

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

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