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Étienne-François de Choiseul

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Étienne-François, duc de Choiseul ; portrait par Louis Michel van Loo (1763).

Étienne-François de Choiseul, comte de Stainville, puis duc de Choiseul (1758), est un homme d'État français, né le 28 juin 1719 à Nancy et mort le 8 mai 1785 au château de Chanteloup. Il a été, de 1758 à 1770, un des ministres les plus influents de Louis XV, et même son principal ministre1 (au temps de sa plus grande faveur).

Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Les débuts[modifier | modifier le wikicode]

Né dans le duché de Lorraine (un État indépendant à cette époque), Choiseul commence une carrière militaire. Il combat notamment aux côtés des Français pendant la guerre de Succession d'Autriche, participant, sous le maréchal de Belle-Isle, à la prise de Prague (26 nov. 1741), puis à la retraite des Dix Mille (2ème moitié de déc. 1742). Il connaît la défaite à Dettingen (27 juin 1743), où le maréchal de Noailles est battu par les Anglais. Ayant levé un régiment à son nom, donc devenu colonel, il combat ensuite au Piémont sous le prince de Conti, mais les affaires y tournent plutôt vinaigre (déc. 1746), avant que Belle-Isle ne lance une contre-offensive victorieuse dès janvier de l'année suivante.

La carrière politique[modifier | modifier le wikicode]

Une des sœurs de Choiseul est une amie de Madame de Pompadour, la favorite de Louis XV. Grâce à celle-ci, il est nommé ambassadeur de France, d'abord à Rome (1753) et ensuite à Vienne (1757).

En décembre 1758, Choiseul est nommé secrétaire d'État aux Affaires Étrangères, puis ministre d'État. Il entre donc au Conseil d'En Haut (le conseil des ministres). En octobre 1761, il laisse les Affaires Étrangères à son cousin César Gabriel de Choiseul-Chevigny (nommé duc de Praslin en 1762), pour occuper les fonctions de secrétaire d'État à la Marine (1761-1766) et à la Guerre (1761-1770). Jamais auparavant, un même ministre n'avait détenu à la fois la Marine et la Guerre.

En 1766, il reprend les Affaires Étrangères à son cousin Praslin et lui cède la Marine.

Il est disgracié le 24 décembre 1770 (et son cousin l'est le même jour).

Principal ministre de Louis XV[modifier | modifier le wikicode]

La période pendant laquelle Choiseul gouverne correspond à une ère de prospérité économique en France2. Devenu le principal ministre du roi, il est à l'origine de plusieurs événements importants :

  • il réorganise l'armée et la marine ;
  • en 1761, il négocie le Pacte de famille : un traité d'alliance est signé entre les souverains de la famille des Bourbons qui règnent en France (Louis XV), en Espagne (Charles III) et à Parme (le duc Philippe) ;
  • comme le prévoit un traité, la Lorraine est réunie à la France après la mort du duc Stanislas Leszczynski en 1766 ;
  • en 1768, il achète à la République de Gênes la Corse qui est rattachée à la France, malgré l'opposition de patriotes (dont Pascal Paoli) qui souhaitent installer une république en Corse ;
  • il négocie le mariage du dauphin Louis (futur Louis XVI) avec Marie-Antoinette d'Autriche ; ce mariage a lieu en 1770.

En 1763, le traité de Paris met fin à la guerre de Sept ans ; la Grande-Bretagne récupère la plupart des colonies de la France en Amérique et aux Indes. Ce faisant, elle conquiert, au moins provisoirement, l'hégémonie mondiale, au détriment de la France.

La disgrâce et l'exil[modifier | modifier le wikicode]

Choiseul bénéficie du soutien de Madame de Pompadour jusqu'à la mort de celle-ci (1764). Louis XV commence ensuite une liaison avec Madame du Barry, qui devient la nouvelle favorite royale à partir de 1769 (elle le restera jusqu'à la mort du roi en 1774). Des tensions éclatent rapidement, notamment entre les proches de Choiseul et le clan de Madame du Barry...

Les 16 et 18 septembre 1768, Maupeou est nommé Chancelier et Garde des sceaux ; il entre donc au Conseil d'En haut (ou Conseil d'État). Le 22 décembre 1769, sur la recommandation du Chancelier, l'abbé Terray est nommé Contrôleur général des Finances (et ministre d'État le 18 février 1770).

La position de Choiseul au sein du gouvernement, depuis longtemps prééminente (puisqu'il y détient, avec son cousin et "adjoint" Choiseul-Praslin, trois des quatre grands secrétariats d'État : les Affaires Étrangères depuis 1758, la Guerre et la Marine depuis 1761), en est sensiblement affaiblie.

Croyant alors le moment venu de prendre sa revanche sur le traité de Paris, Choiseul saisit l'occasion de tensions très vives (depuis juin 1770) entre l'Espagne et la Grande-Bretagne sur la souveraineté de l'archipel des Malouines, pour manigancer avec son homologue espagnol Jerónimo Grimaldi une reprise des hostilités3 contre les Britanniques. Il effectue ces manoeuvres sans même en référer au roi. Mais Louis XV, par l'entremise de Madame du Barry en est néanmoins informé. Justement furieux, car il ne veut pas de cette guerre qu'il juge prématurée, le roi renvoie Choiseul (et son cousin Praslin) du gouvernement et leur ordonne4 de quitter Versailles sans délai.

Le lendemain 25 décembre, Étienne-François de Choiseul se retire en son château de Chanteloup (dans le département actuel de l'Indre-et-Loire).

Il faut quelques mois à Louis XV pour que, le 6 juin 1771, il le remplace au secrétariat d'État aux Affaires Étrangères par le duc d'Aiguillon, achevant ainsi de constituer un gouvernement réformateur connu sous le nom de « triumvirat » (avec Maupeou, Terray et donc d'Aiguillon aux principales commandes ministérielles).

Après la mort aussi imprévue que subite de Louis XV, Choiseul est autorisé, sur l'insistance de Marie-Antoinette, à reparaître à la Cour. Louis XVI l'y accueille froidement (12 juin 1774). Comprenant qu'il n'a rien à espérer du jeune roi et du ministre principal qu'il s'est choisi : Maurepas, Choiseul repart dès le lendemain pour Chanteloup. Il y meurt onze ans plus tard, le 8 mai 1785, à 65 ans.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Jean-Christian Petitfils, Louis XV, Perrin - collection tempus, 2020.
  • Jacques de Saint-Victor, article Choiseul l'« insupportable » (notamment, pour le texte du billet annonçant à Choiseul sa disgrâce), cahier Louis XV le mal-aimé, Le Figaro Histoire, n°64 oct.-nov. 2022.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Voici le portrait que trace de lui le baron de Gleichen, ambassadeur du Danemark à Paris, après l'avoir été à Rome du temps où Choiseul y représentait la France : « Le duc de Choiseul était d'une taille assez petite, plus robuste que svelte et d'une laideur fort agréable. Ses petits yeux brillaient d'esprit, son nez au vent lui donnait un air plaisant et ses grosses lèvres riantes annonçaient la gaieté de ses propos. Bon, noble, franc, généreux, galant, magnifique, libéral, fier, audacieux, bouillant et emporté même, il rappelait l'idée des anciens chevaliers français, mais il joignait aussi à ses qualités plusieurs défauts de sa nation : il était léger, indiscret, présomptueux, libertin, prodigue, pétulant et avantageux ». Jean-François Chiappe, Louis XV, Perrin, 1996, p. 423
  2. Jean Mathieu-Rosay, Ils ont gouverné la France, Marabout, 1987, p. 238
  3. « C'est alors que Choiseul |...| crut le moment venu de prendre sa revanche sur le traité de Paris |...|. Sans doute estimait-il qu'une guerre rapide et victorieuse suffirait à rétablir sa position dominante au sein du gouvernement et à le débarrasser de Maupeou et de son allié Terray.... À son habitude, il péchait par optimisme, s'illusionnant sur la puissance française, car, même aidée de la flotte espagnole, la marine royale n'était pas encore en état d'affronter la Royal Navy. |...| L'idée du duc était d'entrer en campagne dès la fin de janvier 1771. "Il faudrait, conseillait-il le 19 décembre 1770 à son homologue espagnol Grimaldi, que vous arrêtiez les vaisseaux anglais dans vos ports et que vous mettiez un embargo général, afin que nous fussions ici préparés pour en faire autant ; la déclaration viendrait la semaine après." Son mépris du roi était tel qu'il ne l'avait pas averti et avait tiré sans autorisation 8 millions de livres sur le Trésor royal...
    Mme du Barry se chargea d'apporter au monarque un mémoire de l'abbé de La Ville, premier commis des Affaires Étrangères, dénonçant les manoeuvres de son patron. Louis convoqua l'abbé, l'écouta attentivement, lui demanda des précisions. Sa colère fut immense. La faute était d'une extrême gravité. Du temps de Louis XIII et de Richelieu, elle eût mérité l'échafaud.
    Il manda aussitôt Choiseul qui fut obligé d'admettre les faits. Oui, une nouvelle confrontation se préparait. Elle était inévitable. "Monsieur, répliqua le souverain hors de lui, je vous ai dit que je ne voulais point de guerre !" |...| sitôt Choiseul congédié, Louis rappela l'abbé de La Ville et rédigea avec lui une lettre destinée au roi d'Espagne, l'avertissant de la disgrâce de son principal ministre, première étape de la remise en ordre du royaume, tant retardée mais désormais décidée.
    Dans la foulée, le roi rédigea la lettre d'exil du ministre félon (en fait, un simple billet). » D'après : Jean-Christian Petitfils, Louis XV, Perrin collect. tempus, 2020, extraits des pages 779 à 781.
  4. Le billet, sec et menaçant, par lequel le roi disgracie Choiseul et qui lui est transmis par La Vrillière le 24 décembre 1770 à dix heures du matin, est ainsi rédigé : « Mon cousin, le mécontentement que me causent vos services me force à vous exiler à Chanteloup, où vous vous rendrez dans vingt-quatre heures. Je vous aurais envoyé beaucoup plus loin si ce n'était l'estime particulière que j'ai pour Mme la duchesse de Choiseul, dont la santé m'est fort intéressante. Prenez garde que votre conduite ne me fasse prendre un autre parti ». Choiseul demanda deux jours de délai supplémentaires pour régler ses affaires à Paris. Cette grâce lui fut refusée.
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