Érotomanie

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Adèle Hugo (1830-1915), un cas célèbre d'érotomanie, finira internée en maison de santé.

L'érotomanie est la conviction délirante d'être aimé de quelqu'un. C'est une forme de psychose paranoïaque entrant dans la catégorie des délires passionnels. Elle est aussi appelée syndrome de Clérambault, du nom du psychiatre Gaëtan Gatian de Clérambault (1872-1934) qui l'a particulièrement mise en évidence et étudiée.
Ce trouble touche majoritairement les femmes1.

Exemples[modifier | modifier le wikicode]

Adèle Hugo (1830-1915) est un exemple célèbre de ce trouble psychiatrique. Adèle, la seconde fille de Victor Hugo (la première, Léopoldine, étant morte noyée en 1843 à Villequier, à l'âge de 19 ans) présente des signes d'érotomanie dès 1854. Cette année-là, elle tombe folle amoureuse d'un officier britannique Albert Pinson (pour qui elle n'est qu'un simple flirt) et, persuadée de l'amour de celui-ci, elle va le poursuivre et le harceler durant des années. Son père la fait interner en maison de santé, à partir de 1872.
Le film de François Truffaut L'Histoire d'Adèle H. (1975) illustre la passion folle d'Adèle Hugo, interprétée par Isabelle Adjani, pour le beau lieutenant sur lequel elle fait une fixation2.

Piotr Illitch Tchaïkovski et sa femme Antonina Milioukova au temps de leur mariage en 1877.

Autre exemple, le "cas Aimée", une femme érotomane du prince de Galles (futur Édouard VIII), a été étudié par Jacques Lacan qui, alors qu'il n'était encore qu'interne dans l'équipe de Clérambault, a consacré une partie de sa thèse de doctorat (De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité - 1932) à la description et l'analyse de ce cas d'érotomanie. Jacques Lacan (1901-1981) devint ensuite un psychiatre et psychanalyste réputé et controversé.

Troisième cas fameux, celui de la femme de Tchaïkovski : Antonina Milioukova (1848-1917) qui poursuit de son "amour" le compositeur russe (jusqu'à la mort de celui-ci en 1893). En l'épousant en 1877, lui ne fait qu'un mariage de convenance ; il espère dissimuler ainsi, aux yeux de la Cour moscovite, son goût pour les jeunes gens de son sexe. Refusant de comprendre qu'il ne l'aime pas et qu'il est incapable de la satisfaire sexuellement, Antonina Milioukova le harcèle de ses assiduités, l'importune de sa passion aveugle au prétexte qu'elle est sa femme, alors que lui d'abord, ses frères et son entourage ensuite lui ont clairement dit qu'il n'éprouvait et n'éprouverait jamais rien pour elle et que ce mariage était un malentendu, une erreur. Il la tient à distance autant que possible, mais elle refuse catégoriquement, malgré toutes les pressions, de divorcer, voulant rester, coûte que coûte, "la femme de Tchaïkovski, le célèbre, génial compositeur de musique". Elle sombre peu à peu dans la déchéance et la folie.
Ce délire passionnel, deux films l'ont exploré. L'un est plutôt raconté côté Tchaïkovski, c'est La Symphonie pathétique (ou The Music Lovers) de Ken Russell, sorti en 1971, et l'autre : côté Milioukova, c'est La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov, présenté au Festival de Cannes en mai 2022. Ils permettent de comparer les deux points de vue.
Antonina Milioukova meurt en 1917 à l'hôpital psychiatrique d'Oudelnaïa, à Saint-Pétersbourg.

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. « Définition : qu'est-ce que l'érotomanie ? L'érotomanie est un trouble psychologique délirant qui se caractérise par la conviction chez un individu qu'il est aimé par un autre. Elle prend une forme obsédante qui se fixe généralement sur un individu au départ inconnu, voire une personnalité publique. Cette conviction se traduit chez l'érotomane par une forme de harcèlement pour provoquer la rencontre et faire avouer l'autre sur ses prétendus sentiments. Si cet amour fictif n'est pas déclaré, la personne érotomane peut céder à la dépression, puis à la rancune et à l'agressivité. Ce trouble touche très majoritairement les femmes. » Extrait de : Le Journal des Femmes - Santé, fiche : Érotomanie : définition, symptômes, que faire ? https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-psycho-psychiatrie/2643091-erotomanie-definition-test-traitements-diagnostic-psychologie/
  2. En psychanalyse, une fixation est un attachement intense de la libido (ou énergie psycho-sexuelle) à une personne, avec comme conséquence, pour la femme ou l'homme qui fait cette fixation, une possibilité diminuée de s'ajuster à la réalité.


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