Édit de Nantes

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Le roi Henri IV

L'édit de Nantes a été signé en 1598 par Henri IV. Cet édit a mis fin aux guerres de religion qui ont ravagé la France dans la seconde moitié du XVIe siècle. Le roi de France reconnaît la liberté aux Protestants de pratiquer leur religion. Il leur accorde aussi des garanties quant à leur sécurité. La France est alors le seul pays européen où existe une telle situation.

La situation en France au moment de la signature de l'édit[modifier | modifier le wikicode]

Les guerres de religion sont terminées depuis 1595, au moment où le roi Henri IV vainc les troupes de la Ligue catholique, aidée des Espagnols, qui contestaient son droit au trône. L'édit est signé après la fin des combats contre les Espagnols, qui étaient intervenus en faveur des catholiques.

L'Édit a été négocié entre le roi (qui a longtemps été le chef des protestants français avant sa conversion au catholicisme), les représentants des protestants et ceux des catholiques (c'est-à-dire des Ligueurs)

Le contenu de l'Édit de Nantes[modifier | modifier le wikicode]

Le contenu de l'Édit de Nantes n'est pas nouveau. Il reprend en le triant le contenu de nombreux traités signés entre la monarchie française et les chefs protestants tout au long des guerres de religions. Ces traités reconnaissaient l'existence d'une minorité protestante et lui accordaient une liberté de culte, du moins dans certaines conditions, c'est-à-dire pas partout dans le royaume. Certains traités donnaient en plus des places de sûreté pouvant servir de refuge aux protestants qui sont mal acceptés par la majorité catholique de la population française.

La première page de l'Édit de Nantes

L'Édit de Nantes est un texte assez désordonné composé d'une partie solennelle et publique de 92 articles précédés d'un préambule. Il y a de plus une annexe de 56 articles dits « secrets » qui sont en fait ceux qui ont le plus d'importance pratique.

L'Édit de Nantes, très détaillé, met en place pratiquement les droits à l'existence publique des protestants français.

L'amnistie est décrétée pour tous les actes ayant été accomplis pendant les guerres de religion.

Les massacres et les ravages exécutés par les deux camps sont donc oubliés et les acteurs ne risquent rien pour les crimes et dégâts qu'ils ont faits. Henri IV pardonne ainsi aux Ligueurs qui pourtant l'avaient combattu militairement et avaient appelé le roi d'Espagne (à l'époque l'ennemi traditionnel de la France) pour les soutenir.

La liberté de conscience

La liberté de conscience est accordée aux protestants. Cela est nouveau pour l'époque, car dans les autres pays européens, le monarque impose sa religion à tous ses sujets et persécute les autres confessions. Cette tolérance religieuse est assez mal acceptée par une grande partie de la population qui est profondément catholique.

D'ailleurs l'édit ordonne que dans les régions de forte implantation protestante ceux-ci doivent accepter la réintroduction du catholicisme et rendre les églises et autres bâtiments religieux qu'ils avaient pu confisquer (certains avaient été détruits). Cependant les catholiques doivent s'interdire de faire des conversions forcées. La même interdiction est faite aux protestants.

Cette liberté de conscience est cependant incomplète. Les protestants doivent se plier à certaines règles traditionnelles imprégnées de catholicisme. Ils doivent payer l'impôt de la dîme au clergé catholique. Ils doivent respecter les fêtes religieuses catholiques, celles de la Vierge Marie et des saints (dont le culte n'est pas reconnu par les protestants) et ces jours-là, très nombreux à l'époque, « chômer », c'est-à-dire cesser toutes activités commerciales et publiques. Ils doivent accepter que leurs maisons soient décorées par les catholiques pendant ces fêtes ...

La liberté de culte est étendue bien que réglementée et non générale.

Les nobles, qui ont été nombreux dans le camp protestant, obtiennent des conditions très favorables. La prédication et l'administration des sacrements sont autorisées chez tous les seigneurs protestants possédant le droit de haute-justice. Dans les seigneuries protestantes simples mais dépendant d'un seigneur haut-justicier catholique, le culte protestant peut être célébré mais seulement en dehors des maisons situées dans les villes ou faubourgs et il ne peut y avoir plus de 30 personnes rassemblées.

Pour les protestants non-nobles seuls ceux qui habitent près d'un temple où le culte existait en 1596-1597 pourront y célébrer leurs cérémonies religieuses.

Mais les grands seigneurs catholiques ont obtenu l'interdiction de la célébration du culte protestant dans leurs domaines (c'était une des conditions de leur ralliement au roi Henri IV). Il en sera ainsi dans l'est du royaume sur les terres de la famille de Guise, à Orléans et Bourges, à Dijon, à Châlon-sur-Marne (aujourd'hui Châlon-en-Champagne), à Sens, à Paris, à Amiens, à Beauvais, à Toulouse et dans de nombreuses autres villes.

Les places de sûreté

Vivant dans un pays qui leur est foncièrement hostile, les protestants obtiennent 150 lieux fortifiés où ils pourront se réfugier en cas de reprise des hostilités.

Ces lieux se concentrent dans le centre-ouest avec Loudun, Saumuret en 'Aquitaine avec La Rochelle, Saint-Jean-d'Angély, Nérac, Tonneins, Montauban, Castres. En Languedoc on trouve Montpellier, Nîmes, Anduze, Uzès. Dans le Dauphiné il y a Die, Privas.

Ces places sont accordées pour 8 ans. Elles constituent un grand privilège obtenu par les protestants. Cela est certainement nécessaire pour tranquilliser les protestants après des décennies de guerre. Mais cette quasi indépendance va à contrecourant de la politique de mise en place de l'absolutisme royal. Ces places de sûreté seront l'objet de conflits et de litiges sous le règne de Louis XIII qui les récupérera les unes après les autres.

Les protestants doivent renoncer à tenir des assemblées politiques

Pour coordonner leurs moyens de défenses les protestant depuis le début de la guerre civile avaient créé des assemblées politiques illégales (à l'époque seul le roi peut convoquer des réunions de ses sujets). Désormais comme ils n'ont plus de raison de se croire menacés, les protestants doivent renoncer à ces assemblées. Seules sont autorisées les assemblées, réunies devant un juge royal, pour décider de la levée des contributions destinées à rémunérer les pasteurs et à assurer l'entretien des temples.

Ils doivent aussi renoncer à chercher des appuis à l'étranger et en particulier en Angleterre (la reine Élisabeth Ière plusieurs fois était venue en aide à Henri de Navarre, alors chef du parti protestant français).

L'égalité civile avec les catholiques

Les protestants bénéficient de l'égalité civile avec les catholiques, ils ont le libre accès à tous les emplois publics et privés. La bourgeoisie protestante va acheter de nombreux offices royaux (fonction administrative ou judiciaires) pour le service du roi. La noblesse protestante va pouvoir faire carrière dans l'armée royale.

Garanties dans le domaine judiciaire

Dans les procès civils ou criminels, les protestants sont jugés par des tribunaux spéciaux appelés chambre mi-partie puis chambres de l'édit. Jusque-là il n'y avait que les religieux catholiques qui disposaient d'un système judiciaire particulier et encore bien réduit par les empiétements continuels de la justice royale. Désormais eux aussi les protestants vont bénéficier d'un privilège judiciaire. Dans ces tribunaux pour la moitié les juges sont protestants pour l'autre moitié ils sont catholiques. Ces tribunaux sont installés dans différents parlements du royaume : Bordeaux, Grenoble et Toulouse mais le parlement de Paris n'aura pas de chambre mi-parti.

Les difficultés d'application[modifier | modifier le wikicode]

La reddition de La Rochelle au roi Louis XIII. Peinture allégorique du début du XVIIe siècle

Le roi doit convaincre ses anciens amis protestants d'accepter le compromis. Les parlements (cour de justice qui enregistrent les lois) qui avaient été de farouches adversaires des protestants doivent être contraints à l'enregistrement.

Dès le règne de Louis XIII, le roi essaie de reprendre les ville-fortes accordées aux protestants afin de retrouver l'autorité politique sur tous les lieux du royaume. L'épisode le plus spectaculaire est le siège de La Rochelle par Richelieu en 1627.

Enfin en 1685, poursuivant sa politique d'absolutisme religieux Louis XIV révoque l'Édit de Nantes, ce qui oblige les protestants français à pratiquer clandestinement, donc dangereusement, leur religion ou à s'exiler.

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