« Évangile selon Marc » : différence entre les versions

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Version du 28 février 2010 à 09:42

L'Évangile selon saint Marc forme, avec les trois autres Évangiles, le cœur du Nouveau Testament, la partie la plus récente de la Bible. Le deuxième (par sa place) des quatre évangiles est aussi le plus bref et probablement le plus ancien ; c'est l'un des trois évangiles dits « synoptiques », avec Matthieu et Luc.

Son auteur est Marc, généralement identifié au Marc compagnon de Paul, puis de Pierre, qui nous est connu par le Nouveau Testament, spécialement les Actes des Apôtres et les épîtres (lettres) de Paul et de Pierre.

Il a probablement été écrit avant la catastrophe de 70 (la prise de Jérusalem par les armées romaines : la ville et le Temple furent détruits, et le Sanhédrin, autorité politico-religieuse supérieure juive, disparurent) car dans le discours de Mc 13 il n'est fait aucune distinction entre la ruine de Jérusalem et la fin du monde.

Les « Paroles » de l'apôtre Matthieu, rédigées en langue hébraïque, dont l'existence nous est connue par la tradition et qui sont sans doute plus anciennes, n'avaient probablement pas la forme d'un Évangile, mais plutôt celle d'un recueil de sentences, ou de discours.

Saint Irénée de Lyon écrivait vers 180 : « Marc, le disciple et l'interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre. » L'influence de Pierre se lit, paradoxalement, dans la grande humilité de son porte-parole : à la différence de Matthieu et de Jean, il n'insiste pas sur la primauté de son chef et ne cache rien de ses faiblesses.

Sans doute Marc se peint-il lui-même dans son Évangile comme le jeune homme qui s'enfuit, sans son vêtement, durant la nuit de Gethsémani (cf. Mc 14,51-52). Il est le « Jean, surnommé Marc » mentionné en Ac 12,12.

Cet Évangile « selon Pierre » est l'Évangile du « Fils de Dieu » et aussi du « Fils de l'homme ». Marc montre la divinité de l'Homme-Dieu et souligne en même temps la réelle humanité de Jésus, compatissant ou pris de colère, anxieux (« Mon âme est triste à en mourir », Mc 14,34) ou assoupi (cf. Mc 4,38).

Le témoignage de l'ancienne tradition.

L'historien Eusèbe de Césarée, au début du IVe siècle, décrivait ainsi la naissance de l'Évangile selon Marc.

Après que l'apôtre Pierre eut entrepris de prêcher à Rome, au début du gouvernement de l'empereur Claude, c'est-à-dire vers les années 41-42, les auditeurs de Pierre « ne tinrent pas pour suffisant de l'avoir entendu une fois pour toutes, ni d'avoir reçu l'enseignement oral du message divin, mais que, par toutes sortes d'instances, ils supplièrent Marc, dont l'Évangile nous est parvenu et qui était le compagnon de Pierre, de leur laisser un monument écrit de l'enseignement qui leur avait été transmis oralement : ils ne cessèrent pas leurs demandes avant d'avoir contraint Marc et ainsi ils furent la cause de la mise par écrit de l'Évangile appellé 'selon Marc'. »

« L'apôtre, dit-on, connut le fait par une révélation de l'Esprit ; il se réjouit du désir de ces hommes et il confirma le livre pour la lecture dans les assemblées. »

La relation d'Eusèbe se trouve confirmée par le témoignage de l'Église ancienne, non seulement Clément d'Alexandrie et Papias, mais encore saint Irénée et même, semble-t-il, le document du IIe siècle appelé Canon de Muratori.

Nous connaissons de ce fait le lieu de sa rédaction : Rome ; ce qui est cohérent avec certains latinismes que détecte l'analyse interne.

La date de sa composition se situe sans doute dans les années de l'empereur Claude, soit 41-54. Mais saint Irénée nous dit qu'il fut mis par écrit après le départ des apôtres, leur « exode » (certains comprennent leur mort) ; ce qui laisse en suspens la date exacte.

Le second Évangile fut très certainement rédigé avant les années 57-59, s'il est vrai qu'il fut consulté à cette date par Matthieu grec (sans doute le diacre Philippe) et Luc à Césarée maritime, avant la rédaction de leur Évangile respectif. En effet ils devaient abondamment se servir de Marc, probablement sous la forme d'une version primitive (appelée pour cette raison le proto-Marc) et non encore publiée.

La naissance de notre second Évangile, telle qu'elle nous est présentée par Eusèbe, paraît vraisemblable car elle nous explique que cet Évangile ait été placé sous le patronage de Marc, et non directement sous celui de l'apôtre Pierre, qui aurait été plus prestigieux. D'autre part elle définit remarquablement le genre littéraire de ce document, ainsi que sa destination première : la lecture dans les assemblées chrétiennes, avec l'aval et l'autorité de l'apôtre Pierre.

Plan de l'Évangile de Marc.

Le bénédictin belge, Benoît Standaert, a analysé le second Évangile comme étant un drame antique, construit selon les règles de la rhétorique, avec :

  • 1. Prologue (1,1-13). Au Jourdain, Jean-Baptiste désigne Jésus comme le Messie et le Fils de Dieu.
  • 2. Narration (1,14 --- 6,13). Présentation de Jésus par actions et par paroles, en Galilée et sur le lac de Tibériade. Il suscite l'étonnement.


3-4-5. Argumentation : Qui est Jésus ?


  • 3. Interrogation de plus en plus pressante (6,14 --- 8,26). A travers la Galilée comme en dehors de la Galilée.
  • 4. Réponse à Césarée de Philippe et à l'Hermon (8,27 --- 9,13). Il est le Messie, le Fils de Dieu, mais un Messie souffrant qui demande qu'on le suive, qu'on l'imite.
  • 5. Comment suivre Jésus ? (9,14 --- 10,52). A travers la Galilée, puis la Judée, puis la Pérée, puis en direction de Jérusalem, les disciples écoutent son enseignement.


  • 6. Dénouement (11,1 --- 15,47). Mort de Jésus à Jérusalem.
  • 7. Épilogue (16,1-8). Résurrection de Jésus le matin de Pâques : « Il vous précède en Galilée. »
  • 8. Finale (non marcienne) (16,9-20). Récits des apparitions aux disciples.


Avec un peu de bonne volonté, on peut reconnaître là le septénaire familier de la littérature juive (la huitième partie ne serait pas du style de Marc).

Une simple vie de Jésus, de son Baptême dans le Jourdain à sa Résurrection.

Selon ses premiers mots, le livre de Marc est une « Bonne Nouvelle », un Évangile.

C'est la Bonne Nouvelle de l'avènement du Messie et aussi la Bonne Nouvelle du salut, qui est l'enseignement proclamé par Jésus lui-même : « Jésus vint en Galilée, proclamant l'Évangile de Dieu et disant : 'Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche'. » (1,14-15).

Les disciples à leur tour devront proclamer cette Bonne Nouvelle dans le monde entier : « Il faut d'abord que l'Évangile soit proclamé à toutes les nations. » (Mc 13,10).

Croire en l'Évangile exige repentir (1,15) et renoncement (8,34-35). Car cette bonne nouvelle ne doit pas être reçue seulement passivement. Elle exige collaboration et choix.

Le mot grec Bonne Nouvelle est le plus souvent traduit par le terme technique d'Évangile. Mais on ne doit jamais oublier sa signification première. L'Évangile, dans le monde ancien, désignait habituellement l'avènement d'un nouveau souverain qui était censé amener une ère de paix et de prospérité.

Ici, c'est l'avènement du Roi définitif qui est proclamé : le Fils de l'homme ; et l'avènement du Royaume définitif : le Royaume de Dieu.

La figure du Fils de l'homme est tout droit sortie du livre de Daniel (7), du livre d'Hénoch (45-49 ; 62-63), du quatrième livre d'Esdras (13). Toutes lectures dont Jésus lui-même, et ses contemporains, devaient être friands.

Le Fils de l'homme est celui qui s'avance sur les nuées du ciel en présence de l'Ancien des jours ; il est l'Élu, l'Oint de Dieu, le Messie ou Christ, le Saint de Dieu, le Fils de Dieu né avant les siècles. A lui sont promis le jugement final du monde et la royauté éternelle.

Mais son Royaume ne s'inaugurera pas par la violence, ou par la force des armes. Il appelle à la conversion. Il réclame l'adhésion des cœurs. Il est le règne d'un Dieu saint.

Car paradoxalement ce Fils de l'homme, cet Élu, est prédestiné à un avenir douloureux, un avenir d'abaissement, avant d'entrer dans sa gloire.

Pour décrire l'avènement de ce nouveau royaume si contrasté, Marc n'emploiera pas de longues dissertations comme Paul, ou comme l'auteur de l'épître aux Hébreux. Il racontera simplement ce qu'il sait : le ministère public de Jésus, du Jourdain à la croix.

A la place de Pierre, son maître, il déploiera l'annonce apostolique qui va du Baptême à la Résurrection (cf. Ac 1,21-22).

L'Évangile de Marc est une « biographie » du Christ, entremêlée d'actes et de discours, de gestes, de paraboles, de miracles et de persécutions subies. Une biographie comme on savait en faire à cette époque, car le genre était très prisé. Il la composera avec application, observant les lois de la rhétorique antique, mais sans prétention.

Pour les chrétiens, rien n'est plus précieux que son témoignage.

Bref résumé de l'histoire évangélique.

(On peut suivre du doigt, en feuilletant l'Évangile de Marc.)

Dès l'entrée, Jésus nous est présenté comme le Messie, le Fils de Dieu. Mais la plupart des acteurs du drame ignoreront jusqu'au bout cette identité. Ce qui créera le suspense. Le Fils de l'homme reçoit l'onction divine de l'Esprit Saint qui le conduira désormais, et le Père le proclame son Fils.

Poussé au désert par l'Esprit, Jésus se prépare à affronter son ennemi principal : Satan. Mais les anges le servent, et les bêtes sont témoins.

Dès le début de la narration, nous entendons Jésus inaugurer son règne, qui est celui de Dieu. Il réclame le repentir des foules pour l'accueillir.

Déjà le roi appelle ses quatre premiers disciples, qui seront ses ministres. Première victoire sur Satan, par la guérison d'un démoniaque.

Constamment Jésus impose le silence aux démons, et même à ses amis, pour qu'ils taisent son identité véritable : c'est ce qu'on appelle le secret messianique. Il le leur impose parce qu'il craint que les foules ne se trompent sur ses intentions, et ne fassent de lui un roi temporel, alors qu'il est le roi messianique. Il ne peut et ne veut s'imposer que par un accueil désintéressé : l'accueil des cœurs.

Le Nouveau Souverain s'avance souverainement dans sa patrie, la Galilée. Avec une condescendance royale, il guérit la belle-mère de son premier ministre, Pierre, dans la maison duquel il était descendu. Il parcourt toute la Galilée. Il chasse les démons. Il guérit toute infirmité : les lépreux, les paralysés. D'un signe il appelle Lévi, le fonctionnaire d'Hérode, qui deviendra fonctionnaire du Royaume de Dieu. Il discute avec les Pharisiens. Les foules de tous les pays environnants accourent pour le suivre. Il connaît un immense succès.

Il institue ses « Douze » et définitifs ministres. Il écarte d'un geste ses parents qui cherchent à l'accaparer. Il répond aux calomnies des scribes. Il enseigne les foules en paraboles. Maître des éléments, et Dieu, il apaise la tempête. Il s'aventure en pays semi-païen, par delà le lac. De par sa puissance évidemment divine, il ressuscite la fille de Jaïre. Il visite sa patrie, Nazareth, où il est accueilli froidement. Il envoie les Douze au devant de lui, en mission deux à deux. Eux-mêmes se mettent à chasser les démons, à guérir les malades.

Au début de l'argumentation, Hérode, le roitelet local, pose la question décisive de l'identité de Jésus.

Suit une digression (prévue par la rhétorique antique) où Marc raconte le sort tragique réservé au Baptiste, préfiguration du sort que devait subir le Fils de l'homme en personne.

Jésus multiplie les pains pour les foules. Il marche sur les eaux. De partout, on lui amène les malades. Il discute avec les inquisiteurs, Pharisiens et Scribes, descendus de Jérusalem pour enquêter sur son cas. Jésus dénonce les traditions humaines, pratiquées au détriment du commandement divin. Il déprécie la pureté tout extérieure de la Loi, au profit de la pureté intérieure, celle de la conscience.

Déjà il s'aventure en pays étranger. Il guérit la fille d'une Syrophénicienne, puis un sourd-bègue, multiplie de nouveau les pains, cette fois au profit des païens.

Les Pharisiens incrédules demandent un signe.

Il guérit un aveugle.

Dans la section centrale du livre, nous entendons Pierre répondre clairement à la question posée par Jésus : « Tu es le Christ. » (8,29). C'est alors que Jésus annonce une première fois sa passion.

Et Jésus d'exposer la condition pour suivre ce Messie paradoxal : se renoncer.

Au sommet du mont Hermon, la scène de la Transfiguration authentifie avec solennité, au nom de Dieu, l'identité de Jésus, et sa mission : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. » (9,7). Mais Jésus impose silence à ses amis.

Jésus circule en Galilée, puis en Judée, puis en Pérée, puis en direction de Jérusalem. Au long du chemin, il enseigne à ses amis comment il faut le suivre. D'une phrase il résume son propos : « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour une multitude. » (10,45).

Jésus guérit un aveugle à Jéricho, qui le reconnaît comme le « Fils de David ». (10,47-48).

Le dénouement voit l'entrée pacifique du Messie, monté sur un âne, dans sa capitale, Jérusalem. Jésus, maître chez lui dans le Temple, en expulse les vendeurs. Les autorités ne peuvent que s'incliner.

Divers enseignements solennels.

Discours sur la fin des temps, où Jésus prédit la ruine de Jérusalem et la fin du monde, sans les distinguer. Selon Daniel, Hénoch, Esdras, il prophétise la venue finale du Fils de l'homme (lui-même) sur les nuées du ciel.

« Veillez ! » (13,37).

Deux jours avant la Pâque, à Béthanie, une femme procède par avance aux rites de son ensevelissement.

Judas trahit.

Jésus mange sa dernière Pâque avec ses amis. Il institue l'eucharistie.

Au jardin de Gethsémani, il souffre en compagnie de Pierre, Jacques et Jean. Il appelle son Père : « Abba ». (14,36).

Les événements se précipitent. Il est arrêté. Pierre le renie lamentablement. Il est jugé par le Sahédrin, puis par Pilate, le gouverneur. Flagellé, couronné d'épines, crucifié à neuf heures du matin, il expire à trois heures de l'après-midi. Le centurion romain le déclare « Fils de Dieu ». (15,39). Il est enseveli dans le tombeau d'un riche.

Au matin du dimanche, les femmes découvrent le tombeau vide. C'est l'épilogue. L'ange proclame qu'il est ressuscité et donne rendez-vous en Galilée, à Pierre et aux autres disciples.

L'Évangile de Marc se présente aussi comme l'Évangile de Pierre. On remarque la place importante de Pierre tout au long du récit. Rien n'est caché de ses faiblesses, de sa trahison et de la confiance sans faille que, malgré tout, lui accorde le Christ.

Conclusion. Marc, le créateur du genre « Évangile ».

En rédigeant une vie de Jésus pour proclamer l'annonce de la Bonne Nouvelle, Marc a incontestablement créé un genre littéraire nouveau, qui sera repris dans les trois autres évangiles dits « canoniques », ou officiels, et dans bien d'autres évangiles dits « apocryphes », non reconnus par l'Église.

Dès les premiers mots de son ouvrage, il s'est servi d'un vocable qui sera repris par ses imitateurs : « Commencement de l'Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » (Mc 1,1).

Certes l'apôtre Matthieu avait publié en langue hébraïque des « Paroles » du Seigneur dont l'existence est connue par la tradition et qui étaient sans doute plus anciennes. Dès l'antiquité on les avaient affublées rétrospectivement du titre d'Évangile, ou même d'« Évangile araméen ». Saint Irénée écrivait : « Ainsi Matthieu publia-t-il chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d'Évangile. »

Mais les « Paroles » de l'apôtre Matthieu, telles qu'on peut les reconstituer grâce aux évangiles de Matthieu (grec) et Luc, qui les ont largement utilisées, ne contenaient guère que des sentences, ou des discours de Jésus, peut-être notés de son vivant, ou peu de temps après son départ de ce monde, mais très peu de récits :

  • sûrement la guérison du serviteur d'un centurion (Mt 8,1.5-10.13 = Lc 7,1-10),
  • et la question de Jean-Baptiste de sa prison (Mt 11,2-11.14-19 = Lc 7,18-35).
  • Peut-être le détail des tentations du Christ (Mt 4,2-11a = Lc 4,2b-13).

Elles ne formaient pas une histoire suivie de Jésus et leur plan était assez imprécis. La Passion du Sauveur n'était pas racontée.

C'est donc bien Marc qui a créé le genre « Évangile », et même lui qui en a établi la structure fondamentale, en particulier pour le récit de la Passion, qui sera largement respectée par ses successeurs.

Le style de Marc est très particulier, primesautier, alerte, précis. Il va en s'améliorant au fil de la narration. Au début assez heurté, concis, rapide, il devient peu à peu plus fluide, plus coulant, tel un torrent qui deviendrait ensuite un fleuve plus tranquille.

C'est que Marc était sans doute un novice. Il s'est formé lui-même en composant.

Il s'attarde souvent sur des détails très concrets, qui dénotent un témoin visuel (il l'était à travers Pierre, son maître) : le coussin où dormait Jésus, à l'arrière de la barque (cf. Mc 4,38), les chaînes, les entraves dont était lié le démoniaque gérasénien, les cris qu'il poussait, les pierres dont il se frappait (cf. Mc 5,3-5), etc...

Bien souvent ses confrères, Matthieu grec et Luc, et même Jean, ont abrégé son propos.

Son Évangile est rempli d'aramaïsmes, et il cite nombre de mots araméens : Talitha koum ; Éphata ; Corban ; Bartimée ; Abba ; Rabbi ; Rabbouni ; Élôï, Élôï, lema sabachtani. Ce qui trahit son origine palestinienne, ainsi que celle de Pierre.

En même temps, on subodore à certains détails que son Évangile ne fut pas écrit en Palestine, mais plutôt dans un milieu païen, et même occidental, vraisemblablement à Rome, comme le voulait Eusèbe. Il éprouve le besoin d'expliquer les coutumes juives (cf. Mc 7,3-4). Il précise que les deux piécettes de la veuve, déposées dans le tronc du Temple, valent, en monnaie romaine, un quart d'as (cf. Mt 12,42).

Marc emploie un certain nombre de mots grecs qui ne sont qu'une transcription du latin : le « grabat » du paralytique (cf. Mc 2,4) ; la « légion » du possédé (cf. Mc 5,9) ; le « prétoire » (cf. Mc 15,16) ; le « centurion » (cf. Mc 15,39). Il précise que la femme qui renvoie son mari commet également un adultère (cf. Mc 10,12) : cette clause reflète le droit romain, car le droit juif n'accordait qu'au mari le droit de répudiation. Il signale que la « Parascève » des juifs correspondait à la veille du sabbat (cf. Mc 15,42).

On suppose, comme il est dit dans l'en-tête de cet article, que le jeune homme de Mc 14,51-52 saisi dans la nuit de Gethsémani, mais qui s'enfuit tout nu, en laissant son drap, n'était autre que l'auteur de notre Évangile. On ne voit pas pourquoi il aurait noté ce détail insignifiant, que les autres évangélistes ont passé sous silence. On ne voit pas de qui il l'aurait appris.

Mais il y a plus. Nous savons par les Actes des Apôtres que sa mère avait une maison à Jérusalem, où elle accueillait la première communauté chrétienne. (Cf. Ac 12,12). Il est donc fort probable que ce « Jean, surnommé Marc » (id.) fut non seulement un témoin du Christ indirect, à travers le discours de Pierre, mais aussi un témoin visuel, au moins des derniers temps de la vie du Christ et sûrement de sa passion, auxquels il fut mêlé, étant encore jeune homme.

C'est sans doute à cette circonstance que nous devons de posséder, dans son Évangile, une relation si détaillée de ces événements fondateurs.

Cousin de Barnabé (cf. Col 4,10), Marc suivit d'abord Paul dans ses voyages (cf.. Ac 12,25 ; 13,5.13). S'étant séparé de Paul, il accompagna ensuite Barnabé dans son évangélisation de Chypre (cf. Ac 15,37-39). Puis il revint au service de l'apôtre Pierre qu'il avait connu à Jérusalem (cf. Ac 12,12-17). Dans sa première épître (lettre), Pierre l'appellera « Marc, mon fils ». (1 P 5,13).

Mais il n'était pourtant pas fâché avec Paul (à Dieu ne plaise !) puisque Paul écrira dans sa deuxième lettre à Timothée : « Prends Marc et amène-le avec toi, car il m'est précieux pour le ministère ». (2 Tm 4,11)...

Certes, il pouvait être précieux à Paul, à cause de l'Évangile !

Dans sa deuxième épître (lettre) aux Corinthiens, Paul déjà mandait : « Nous envoyons avec lui le frère dont toutes les Églises font l'éloge au sujet de l'Évangile. » (2 Co 8,18).