Statut des Juifs pendant le régime de Vichy

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Arrestation de Juifs par la police française à Paris en août 1941.

Sous l'Occupation, le statut des Juifs est un ensemble de lois antisémites imposées par le régime de Vichy. Ces lois excluent les Juifs de certaines fonctions et autorisent leur internement. Pour le régime de Vichy, l'existence des Juifs serait comme un « problème ». Il y eut des restrictions croissantes des libertés des Juifs.. Ce sont les lois de Nuremberg

Le 22 juin 1940[modifier | modifier le wikicode]

En septembre 1939, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne nazie. Devant l'avancée des troupes allemandes en mai-juin 1940, le gouvernement de la Troisième République démissionna. Le maréchal Pétain accéda au pouvoir et signa le 22 juin le second armistice de Rethondes. Cet armistice définit les conditions de la défaite française.

Le maréchal Pétain organisa alors un régime de collaboration avec l'occupant : le régime de Vichy. Son autorité s'exerça sur l'ensemble du territoire français. Certes, la région parisienne, la Bourgogne, la Normandie, la Bretagne et l'Aquitaine deviennent une zone occupée. Dans ces régions, les SS peuvent agir librement.

Cependant, le traité de Rethondes ne demanda pas explicitement l'arrestation des Juifs en France. Toutefois, les prisonniers et personnes de nationalité allemande en France devaient être « livrés » aux autorités allemandes. Beaucoup étaient des Juifs qui avaient fui les persécutions nazies.

Le premier "statut des Juifs" (3 octobre 1940)[modifier | modifier le wikicode]

Texte du statut des Juifs du 3 octobre 1940.

Pourquoi un "statut des Juifs" ?[modifier | modifier le wikicode]

Dans la zone occupée, des ordonnances allemandes imposèrent un régime antisémite dès juillet 1940. Pour l'imiter, le régime de Vichy fit passer des lois antisémites. L'existence des Juifs était posée par les nazis et le régime de Vichy comme un « problème » : ils organisèrent des services pour traiter ce qu'ils appelaient la « question juive ».

Avant ces lois, des juifs déjà embêtés[modifier | modifier le wikicode]

Le 16 juillet, des naturalisations déjà obtenues furent annulées. En particulier, 6 000 Juifs étrangers, qui avaient obtenus des papiers, s'en virent privés. En septembre, les Juifs furent appelés à se présenter dans des bureaux de police ou des préfectures. Les autorités françaises firent une liste des noms et adresses des Juifs qui vivaient dans la région parisienne. C'est le fichier Tulard (fichier qui porte le nom du collaborateur André Tulard). Les Juifs se virent « fichés ».

Le contenu du premier "statut des Juifs"[modifier | modifier le wikicode]

Le 3 octobre, le gouvernement de Vichy passa une loi qui restreignait l'accès des Juifs à certaines professions. Ils ne pouvaient pas devenir enseignants, directeurs d'entreprise, journalistes, etc. C'est le Premier Statut des Juifs. Le 4 octobre, une loi autorisa l'internement immédiat des Juifs étrangers.

Dans ce texte, la première chose faite est de dire ce qu'est un juif : une personne avec trois grands-parents sur quatre qui sont juifs (art. 1)1. On indique aussi que la loi est applicable à l'Algérie, aux colonies, pays de protectorat et territoires sous mandat (art.9).

Le second Statut des Juifs (avril 1941)[modifier | modifier le wikicode]

Le Second Statut des Juifs fut appliqué dès avril 1941 dans la zone occupée. Article 11 du Statut : La présente loi est applicable à l'Algérie, aux colonies, pays de protectorat et territoires sous mandat. À partir de juin 1942, les Juifs durent porter une étoile de David jaune. Une ordonnance allemande prévoyait de l'étendre à la zone non occupée. Le 8 juillet, les Juifs se virent interdire l'entrée dans les magasins avant 15h ou après 16h. Le 12 juillet, les services des « affaires juives » ordonnèrent l'arrestation de tous les Juifs vivant en zone occupée. Des rafles eurent lieu en juillet, comme la rafle du Vel d'Hiv.

Le 11 décembre 1942, les Juifs devaient avoir leur carte d'identité.

Chronologie des lois antisémites du gouvernement de Vichy[modifier | modifier le wikicode]

Un gendarme français garde des Juifs enfermés dans le Camp de Drancy en août 1941.

Ces lois sont prises à l'initiative du gouvernement français, qui s'inspire des lois nazies. Le gouvernement devance le plus souvent les exigences allemandes. Une grande partie du personnel politique du régime de Vichy avait des idées antisémites qu'ils avaient pratiquées avant la guerre dans les ligues d'extrême-droite auxquelles ils appartenaient.

  • 27 septembre 1940 : création d'un fichier des Juifs par décision du gouvernement de l'État français.
  • Octobre 1940 : en zone occupée, la mention "Juif" est portée sur la carte nationale d'identité
  • 3 octobre 1940 : premier statut des Juifs décidé par le gouvernement de Vichy
  • 4 octobre 1940 : les Juifs étrangers réfugiés en France depuis l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933, peuvent être arrêtés et internés dans des camps spéciaux
  • 24 octobre 1940 : entrevue Pétain-Hitler à Montoire, où sont précisées les conditions de la Collaboration
  • 29 mars 1941 : Création d'un Commissariat général aux Questions Juives à Vichy. La direction est assurée par Xavier Vallat membre des Ligues
  • 14 mai 1941 : 3700 Juifs étrangers arrêtés par la Police française à Paris
  • 2 juin 1941 : deuxième statut des Juifs qui renforce l'exclusion
  • 22 juillet 1941 : loi sur la liquidation des biens des Juifs, qui sont aryanisés (c'est-à-dire confiés à des non-juifs)
  • 20 août 1941 : ouverture près de Paris du camp de Drancy, géré par la Gestapo et gardé par les gendarmes français
  • 27 mars 1942 : départ de Drancy du premier convoi pour le camp d'extermination d'Auschwitz
  • Juillet 1942 : les nazis annoncent l'objectif de déporter 100 000 Juifs de France
  • 16 et 17 juillet 1942 : Rafle du Vel d'Hiv', la police française arrête 13 152 Juifs qui seront ensuite déportés vers Auschwitz
  • 7 août 1942 : 10 000 Juifs étrangers sont livrés aux nazis
  • 31 juillet 1943 : départ de Drancy du dernier convoi vers Auschwitz

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

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Sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Statut des Juifs, 3 octobre 1940, cité par Manuel d'Histoire-Géographie-EMC 3ème, éd. Hatier, 2016, document 1 p. 98