Plan XVII

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Le plan XVII est un plan militaire français créé en 19131. Il est conçu par l'État-major, en remplacement d'un précédent projet rejeté préparé par le général Victor-Constant Michel. Il est mis en action lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Issu des précédents plans de préparation à la guerre élaborés par l'armée française depuis 1898, le plan privilégiait une stratégie d'offensive à outrance qui mobilisait plusieurs armées vers la Lorraine et en Alsace jusqu'à Berlin2, avec des garnisons envoyées pour couvrir la frontière belge, par anticipation d'un front allant jusqu'au Luxembourg13. Il est organisé avec une action conjointe des troupes russes, qui organisent le lancement d'une offensive vers la Prusse-Orientale4. Il prévoyait la mobilisation de l'ensemble des effectifs de l'armée dans un délai de 2 semaines5.

Conçu dans une optique d'achèvement rapide du conflit, son application ratée pendant ses premiers mois puis le redressement amené par la bataille de la Marne conduit l'armée française à une posture essentiellement défensive et engageant moins de moyens.

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

La défaite française lors de la guerre avec la Prusse entre 1870 et 1871 amène à une prise de conscience de la faiblesse de l'armée française, qui souffre d'un manque d'effectifs et d'encadrement. Inspirée par l'exemple prussien, une série de réformes est menée durant la décennie 1870 afin d'attirer des profils au sein de l'armée et mieux répartir ses structures. En février 1872, une loi de conscription est adoptée par le Parlement qui sépare les soldats en deux catégories, l'une menant un service de cinq ans et l'autre moins d'une année. Au cours de son service actif au sein de l'armée, chaque membre est également affecté aux divers secteurs (réserve, territoriale et sa réserve) en recevant une formation dans chacun d'entre-eux, permettant ainsi de diversifier les profils. Ce système remplace celui hérité de la Restauration des années 1810-1830, dans lequel une minorité nommée par tirage au sort effectuait un long service6.

En 1873 est adoptée une autre loi, qui répartit le territoire en 18 régions militaires découpées en subdivisions, qui comptent chacune un bureau de recrutement et des bâtiments destinées à la formation. En temps de paix comme de guerre, les commandants sont chargés de l'instruction et du recrutement des soldats, et dirigent les opérations dans leur secteur en temps de guerre. Cette réforme permet de décharger les responsabilités de l'armée et d'être mieux organisée, toutes les unités se voyant désormais regroupées en un même endroit au lieu d'être dispersées sur toute l'étendue du territoire6.

Une nouvelle loi relative à l'administration militaire est votée en 1875, qui réorganise toutes les unités en formations autonomes et fixant leur quantité et les différentes universités d'enseignement militaire à travers le pays. Le nombre d'unités était auparavant hétérogène, et leur aménagement relevait du ressort de l'État. Parallèlement, l'État-major est aussi réparti en plusieurs bureaux distincts correspondant à un secteur-clé6.

Ces réformes permettent de moderniser la structure de l'armée, de la rendre plus organisée et préparée à l'environnement de guerre, qui se prolonge dans les années qui suivent. La stratégie militaire se réoriente également en faveur d'une phase de préparation à un nouveau conflit, à travers l'élaboration de défenses à proximité des principales agglomérations et frontières, ainsi que par la fabrication de nouvelles armes produites en masse dans les usines (fusil Gras, canons)6.

Le général Joffre, un des initiateurs du plan XVII.

Élaboration des plans militaires français[modifier | modifier le wikicode]

En prévision d'un affrontement avec l'Allemagne, des plans de mobilisation des unités françaises sont conçues à partir de 1875, évaluant le développement du dispositif allemand et des capacités militaires françaises et étrangères. Ceux-ci, qui sont organisés une fois tous les deux ans en moyenne, prévoient jusqu'en 1878 le seul déploiement d'unités françaises à distance relative de la frontière avec l'Alsace-Lorraine (territoire allemand depuis 1871), avant d'envisager d'envoi de réserves dans l'Ardenne par anticipation d'une attaque allemande en Belgique. L'affectation de réservistes augmente par le plan de 1889, suite à une hausse côté allemand. Les plans élaborés consistent alors principalement en l'approfondissement des réserves françaises, afin d'optimiser la réplique. En 1898, afin de pallier un éventuel manque de formation des soldats, le plan de l'année réduit les effectifs déployées tout en envoyant davantage de matériel et des troupes entraînées.

Contenu et composition5[modifier | modifier le wikicode]

Le contenu du plan détaille le rapport de force et la posture présumée des principales armées d'Europe :

  • l'Allemagne est décrite comme la puissance la plus menaçante, comptant près de 900 000 soldats en temps de paix et soulignant sa rapidité de mobilisation, tout en mentionnant un état de faiblesse causé par les deux guerres balkaniques ;
  • l'Italie compte 750 000 soldats actifs et est présumée passive au début du conflit, ce qui permet un redéploiement des troupes françaises dans les Alpes près de l'Alsace-Lorraine. Son temps de mobilisation se voit ralentir par le faible développement de son réseau ferroviaire ;
  • l'Autriche-Hongrie compte 450 000 soldats, et se voit menacée par la modernisation de l'armée russe et son alliance avec l'armée française ;
  • la Russie compte 1 350 000 soldats en temps de paix, et voit sa mobilisation ralentie par la densité du réseau ferroviaire et la concentration des troupes. Elle est perçue comme handicapante pour la France, qui retarderait l'entrée en guerre des Russes au côté des Français face à l'armée allemande ;
  • le Royaume-Uni dispose de 800 000 soldats, et un débarquement est évalué dans les ports du Havre, de Rouen et Boulogne-sur-Mer.

La mobilisation des troupes est effectuée dans le nord-est, sur l'étendue d'une zone dite « des armées », qui regroupe tout le nord-est et une partie du nord. Elle est placée sous le commandement de l'État-major, et voit se déployer cinq armées composées de 19 corps d'armées, un corps de cavalerie formé de trois divisions, ainsi que des troupes actives et de réserves. Les deux premières armées opèrent approximativement entre le cours de la Moselle à Toul et le Rhin, la cinquième agit au nord des étendues de Metz et Verdun, la troisième accompagne les deux premières et cinquième armées, et la quatrième est initialement disposée au nord ou au sud de la troisième armée. Les deux premières et quatrième armées doivent pousser en direction des territoires contrôlés par l'Allemagne, les troisième et cinquièmes armées doivent contenir les attaques adverses et empêcher celles-ci de déborder en Belgique ou au Luxembourg.

Déploiement[modifier | modifier le wikicode]

Pour en savoir plus, lis l’article : Mobilisation française de 1914.

Le 1er août 1914, le gouvernement organise un appel à la mobilisation à destination de trois millions de réservistes, suivi le lendemain des premiers affrontements entre Français et Allemands7. S'organisant en l'espace de 17 jours, elle voit se déplacer l'essentiel de la population masculine de Paris8 et de l'ensemble du pays à travers plusieurs miliers de convois9.

Le plan, qui minimisait les risques d'invasion du territoire depuis la Belgique et prévoyait des offensives éclairs, voit ses attaques échouer en Lorraine et en Alsace, conduisant à un repli de l'armée française afin d'éviter un encerclement, et à un manque de moyens pour contrer efficacement l'offensive allemande en Belgique1011. Les offensives franco-britanniques lors de la bataille de la Marne permettent de stopper la progression allemande et de stabiliser le front, marquant le début de la guerre de positions12.

Références[modifier | modifier le wikicode]

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

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