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Évangile selon Matthieu

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Matthieu - peinture de Frans Hals (XVIIe siècle).

L'Évangile selon Matthieu est le premier Évangile du Nouveau Testament, qui en compte quatre. Il est l'un des trois Évangiles synoptiques, avec Marc et Luc. Il est reconnu par tous les chrétiens.

Il est attribué à Matthieu, apôtre de Jésus, mais une hypothèse affirme que le texte de Matthieu aurait juste servi de base au diacre Philippe, véritable auteur du texte.

Il commence par exposer la généalogie et l'enfance de Jésus (du point de vue de Joseph), puis il relate sa vie publique sous la forme de cinq grands discours, entrecoupés de récits de miracles. Enfin, il raconte la Passion et la Résurrection du Christ selon le même schéma que les trois autres évangélistes, mais en y ajoutant des détails qui lui sont propres.

Son but est de prouver aux Juifs et aux nouveaux chrétiens que Jésus est bien le Messie promis, le fils (descendant) de David, et le Fils de Dieu, puisqu'il réalise les prophéties des Écritures et qu'il inaugure sur la terre le Royaume des Cieux.

L'auteur du premier Évangile[modifier | modifier le wikicode]

Matthieu l'évangéliste. Manuscrit de la première moitié du IXe siècle

La tradition ancienne, les pères de l'Église, sont unanimes à affirmer que Matthieu, aussi appelé Lévi, un collecteur d'impôt devenu l'apôtre de Jésus-Christ, a écrit en langue hébraïque (hébreu ou araméen) une première forme d'Évangile contenant surtout des paroles, ou enseignements, de Jésus, avant de partir en mission à l'étranger comme la plupart des autres apôtres. Il évangélisa, dit-on, l'Éthiopie.

Mais après son départ, quelqu'un aurait traduit en grec son texte, en y ajoutant l'essentiel de l'Évangile selon Marc (600 versets sur 661), comme l'a aussi fait Luc, et sans doute en concertation avec lui, comme le montrent différents indices. Une hypothèse est qu'il s'agirait du diacre Philippe.

L'hypothèse du diacre Philippe[modifier | modifier le wikicode]

Le diacre Philippe, l'un des « Sept », serait l'auteur réel du premier Évangile, après concertation avec Luc (compagnon de Paul), lors du séjour en Palestine de ce dernier vers 57-59 de notre ère, précisément à Césarée maritime (lieu de résidence de Philippe, où Paul lui-même fut retenu prisonnier pendant près de deux ans)1.

Philippe et Luc auraient bénéficié de deux sources : les paroles de Jésus rédigées en araméen par l'apôtre Matthieu et l'Évangile de Marc, issu des témoignages et des prédications de l'apôtre Pierre. Ils auraient ensuite composé en grec, indépendamment l'un de l'autre, leur Évangile respectif, Philippe à Césarée maritime où il résidait, et Luc à Rome, ou plus tard en Grèce, où il suivrait l'apôtre Paul.

Philippe aurait volontairement laissé le premier Évangile sous le nom de l'apôtre Matthieu.

Plan de l'Évangile selon Matthieu[modifier | modifier le wikicode]

Le plan en sept parties de l'Évangile de Matthieu, proposé par la Bible de Jérusalem, est assez généralement admis par les exégètes.

En effet, il est composé de cinq grands discours mêlés de narrations, qui sont précédés par les récits de l'enfance de Jésus, et suivis par la Passion et la Résurrection selon le schéma originel défini par Marc. Ce qui fait bien, en tout, sept parties :

  • Naissance et enfance de Jésus (1,1 - 2,23)
  • La promulgation du Royaume des Cieux (3,1 - 7,27)
  • La prédication du Royaume des cieux (7,28 - 10,42)
  • Le mystère du Royaume des Cieux (11,1 - 13,52)
  • L'Église, commencement du Royaume (13,53 - 18,35)
  • Avènement prochain du Royaume (19,1 - 25,46)
  • Passion et Résurrection (26,1 - 28,20)

Naissance et enfance de Jésus[modifier | modifier le wikicode]

La généalogie de Jésus[modifier | modifier le wikicode]

Matthieu (ou Philippe) a mis en première place la généalogie du Christ, lui attribuant une importance apologétique considérable. Cette généalogie résume à elle seule tout l'Ancien Testament (à partir d'Abraham) et le rattache au Nouveau. De fait, dans la Bible, elle ouvre la lecture du Nouveau Testament.

La généalogie de Jésus, donnée par Matthieu, est en réalité la généalogie de Joseph. Elle voulait prouver aux Juifs que Jésus était bien le descendant légal de David, de Salomon et de tous les rois de cette dynastie, l'héritier du trône et, par voie de conséquence, le Messie promis. C'est d'ailleurs sous ce titre officiel de « roi des Juifs » (Mt 27,37) que Jésus sera crucifié.

Cependant saint Irénée, père de l'Église, a souligné que la généalogie donnée par Matthieu ne pouvait être la généalogie réelle de Jésus, puisque saint Joseph n'est que le père virginal (ou légal, selon la Loi juive) de Jésus.

Philippe devait tenir sa généalogie de Jésus, soit de l'apôtre Matthieu, soit des « frères » (cousins) de Jésus qui gouvernaient l'Église de Jérusalem : Jacques le mineur, Simon et Jude.

Les récits de l'enfance de Jésus[modifier | modifier le wikicode]

De même pour les évangiles de l'enfance, Matthieu rapporte le point de vue de Joseph, tandis que Luc donnera le point de vue et les souvenirs de Marie, sans doute à travers le témoignage de l'apôtre Jean. Cette partie contient plusieurs citations de l'Ancien Testament, destinées à prouver que Jésus est bien le messie attendu.

Matthieu commence par raconter l'annonce à Joseph, par un ange, de la naissance prochaine de Jésus. En effet, sa femme Marie est enceinte, bien qu'elle soit encore vierge. Matthieu cite le prophète Isaïe : « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous2 ». Puis il parle de la naissance de Jésus à Bethléem, encore avec une citation3.

C'est dans Matthieu seul qu'on lit le récit de la visite des mages venus d'Orient, de la fuite en Égypte et du massacre des Innocents (avec encore plusieurs citations).

La promulgation du Royaume des Cieux[modifier | modifier le wikicode]

Dans le premier discours est promulguée la charte (loi) du Royaume des Cieux : ce sont les huit béatitudes, suivies du Sermon sur la montagne.

  1. Section narrative (3,1 - 4,25).
  2. Discours évangélique en sept parties (5,1 - 7,27).

La prédication du Royaume[modifier | modifier le wikicode]

Dans le deuxième, le Royaume des Cieux est prêché par l'envoi en mission des douze apôtres.

  1. Section narrative, dix miracles (7,28 - 9,38).
  2. Discours apostolique en sept parties (10,1-42).

Le mystère du Royaume[modifier | modifier le wikicode]

Dans le troisième, le mystère caché du Royaume est dévoilé par les paraboles, qui sont des comparaisons imagées, prises dans la nature, ou dans la vie ordinaire des gens.

  1. Section narrative (11,1 - 12,50).
  2. Discours parabolique, ou sept paraboles (13,1-52).

L'Église, commencement du Royaume[modifier | modifier le wikicode]

Dans le quatrième, on voit se dessiner dans ses contours la future Église de Jésus-Christ, amorce sur terre du Royaume des Cieux, à condition qu'elle observe elle-même les béatitudes et toute la loi évangélique.

  1. Section narrative (13,53 - 17,27).
  2. Discours ecclésiastique en sept parties (18,1-35).

Avènement prochain du Royaume[modifier | modifier le wikicode]

Enfin le Royaume des Cieux adviendra définitivement à la fin des temps, après bien des péripéties.

  1. Section narrative (dont sept malédictions) (19,1 - 23,39).
  2. Discours sur la fin des temps en sept parties (24,1 - 25,46).

Passion et Résurrection[modifier | modifier le wikicode]

Dans le récit de la Passion, de la Résurrection et de l'envoi en mission, Matthieu suit très fidèlement le schéma de Marc. Comme les autres évangélistes (Luc et Jean), il le réécrit à sa manière, sans guère en changer la substance.

En particulier, comme Luc, il confirme la chronologie de Marc qui fait tenir l'Onction à Béthanie deux jours avant la Pâque, célébrer la Sainte Cène le soir même de Pâque, et qui fait rester Jésus au moins six heures en croix, le vendredi, après avoir été crucifié à neuf heures du matin.

Selon les résultats de son enquête personnelle il rajoute quelques épisodes :

  • le récit de la mort de Judas ;
  • l'anecdote de la femme de Pilate, qui intervient dans le procès de Jésus ;
  • le lavement ostentatoire des mains par ce même Pilate, pour se désolidariser des assassins de Jésus ;
  • les tremblements de terre à la mort de Jésus, et la résurrection de nombreux morts dans Jérusalem ;
  • la garde du tombeau, après la Passion, par les chefs juifs ;
  • le nouveau tremblement de terre et le spectacle grandiose de l'ange qui vient rouler la pierre, au moment de la Résurrection ;
  • la supercherie des chefs juifs pour nier la résurrection de Jésus.

Après une première apparition du Christ aux saintes femmes, Matthieu rapporte les apparitions du Christ en Galilée où l'ange, puis Jésus, avaient donné rendez-vous aux disciples.

L'aspect « pétrinien », ou favorable à Pierre, du premier Évangile[modifier | modifier le wikicode]

Les interprètes ont souvent noté le caractère « pétrinien » du premier Évangile. Plus que Marc et Luc, il insiste sur la primauté de Pierre.

Cela n'a rien de surprenant si l'on admet que le premier Évangile eut pour rédacteur final le diacre Philippe. On connaît par les Actes des Apôtres les rapports étroits qu'avaient entretenus Philippe et Pierre, le Prince des apôtres. Ordonné diacre à l'initiative de Pierre, Philippe devait le recevoir souvent en Samarie, ou ailleurs en Judée. Le témoignage de Philippe dans le premier Évangile pouvait être de première main.

Le premier Évangile ajoute au compe-rendu de Marc des détails sur Pierre, ou des paroles le concernant, qui ne pouvaient guère provenir que des confidences personnelles du chef des apôtres au diacre Philippe : la marche sur les eaux de Pierre à la suite de Jésus (Mt 14,28-32) ; le « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16,18) ; la redevance du Temple acquittée par Jésus et Pierre à Capharnaüm (Mt 17,24-27).

A la confession de foi en la messianité de Jésus, rapportée par Marc (Mc 8,29) et Luc (Lc 9,20), Matthieu (Philippe) avait rajouté dans la bouche de Pierre la confession explicite de la divinité de Jésus (Mt 16,16). C'est en réponse à cette confession que Pierre s'était entendu institué l'intendant du Royaume des Cieux : « Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux. Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16,19).

L'Évangile de l'Église et du Royaume[modifier | modifier le wikicode]

Plus qu'une vie de Jésus, l'Évangile de Matthieu est un discours pour prouver à ses lecteurs la divinité de Jésus et pour annoncer l'avènement imminent (et même déjà là) du Royaume des Cieux, dont l'Église de Jésus-Christ constitue l'esquisse sur cette terre.

Cet Évangile veut prouver que Jésus-Christ est le Fils de l'homme prévu par le prophète Daniel, qui doit régner triomphalement à la fin des temps, mais qu'il est en même temps le « Serviteur souffrant », annoncé par le prophète Isaïe, qui devait connaître, et qui a effectivement connu parmi nous, les plus grands abaissements et les plus grandes souffrances.

Le premier Évangile, qu'on peut considérer comme typiquement sémite, se termine presque par cette phrase tout à fait universaliste : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » (Mt 28,19). Puis il ajoute deux notes essentielles : « Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28,20), c'est-à-dire le Sermon sur la montagne, donc la charité.

Le texte se termine par la promesse : « Je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin des âges. » (Mt 28,20).

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Actes des Apôtres 21,8 - 27,2
  2. Matthieu 1, 23 et Isaïe 7, 14
  3. « Et toi, Bethléem terre de Juda, tu n'es nullement le moindre des clans de Juda ; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël ». (Michée 5, 1)

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

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