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Louis XIV contre les protestants français

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Couverture d'un livre présentant le texte de l'édit de Fontainebleau (1685) qui révoque l'édit de Nantes] de 1598

Louis XIV lutta continuellement contre l'existence des protestants en France. Les protestants français étaient alors appelés huguenots ou religionnaires. Dans les vingt premières années de son règne personnel le roi applique strictement l'Édit de Nantes de 1598 en interdisant tout ce qui n'y était pas mentionné (comme les mariages mixtes ou les temples construits depuis 1598...) et en faisant pression sur les personnalités protestantes pour qu'elles se convertissent au catholicisme (comme Turenne par exemple). Devant le peu de résultats de cette politique "modérée", Louis XIV passe à la persécution violente des protestants. Ces derniers sont chassés des fonctions publiques, on loge chez eux des soldats (les dragons) qui terrorisent la maisonnée. Puis en 1685 Louis XIV révoque l'Édit de Nantes.

Désormais la pratique de la religion protestante (la R.P.R. ou "Religion Prétendue Réformée") est interdite en France. Les rebelles sont envoyés aux galères. Beaucoup de protestants quittent la France pour se réfugier en Angleterre, dans les Provinces-Unies (les Pays-Bas actuels) ou en Allemagne en particulier dans l'électorat de Brandebourg. Dans leurs pays d'accueil ils apportent leurs richesses, leurs savoir-faire mais aussi un sentiment de haine contre la France catholique et son roi.

Les protestants qui restent en France, organisent un culte clandestin qui est pourchassé par les soldats. À partir de 1702, un soulèvement armé des protestants a lieu dans le sud-est de la France : ce sont les Camisards des Cévennes, que le roi aura du mal à éliminer par la force des armes.

Situation des protestants en France au milieu du XVIIe siècle[modifier | modifier le wikicode]

Au milieu du XVIIe siècle les protestants français sont environ un million (sur vingt millions d'habitants). Ils sont concentrés surtout dans le Haut-Languedoc, en Dauphiné, en Normandie ou en Poitou pour les calvinistes et en Alsace pour les luthériens. Depuis la Grâce d'Alès de 1629 accordé par Louis XIII après des années de lutte, les protestants perdent des privilèges comme les places-fortes de sécurité, les chambres mi-parties pour la justice et le droit de discuter collectivement et publiquement de leurs affaires. Mais ils ont le droit de croire comme ils veulent et peuvent pratiquer librement, bien qu'avec quelques restrictions, leur religion. Quelques protestants occupent des fonctions importantes comme le maréchal Turenne ou l'amiral Duquesne. Les protestants étaient surtout commerçants, artisans, paysans ou membres des professions libérales (médecins, avocats...)

L'hostilité de Louis XIV pour les protestants[modifier | modifier le wikicode]

Louis XIV est hostile aux protestants pour plusieurs raisons. L'existence des sujets protestants à l'intérieur du royaume lui apparait comme un danger pour la monarchie absolue ; en effet les protestants par leur pratique religieuse sont enclins à la discussion, à la critique, à une organisation "démocratique" et "révolutionnaire", ce que ne peut tolérer un roi absolu. Les protestants français éprouvent de la sympathie pour les protestants des autres pays d'Europe, en particulier ceux qui sont installés et qui dirigent les Provinces-Unies ou l'Angleterre. Or ces pays sont considérés comme des ennemis de la France. L'attitude supposée des protestants français apparait comme une cause d'insécurité pour la sécurité du royaume.

« Fils ainé » de l'Église catholique, au moment de son sacre le roi a juré d'être le défenseur des privilèges de cette Église. La majorité des Français sont de confession catholique et supportent mal l'existence de gens différents d'eux car pratiquant une autre religion (intolérance très répandue en Europe à l'époque). Le clergé catholique ne cesse de rappeler au roi son serment du sacre et le pousse à interdire le protestantisme. Par ailleurs le roi veut unifier religieusement son royaume : pour lui les sujets doivent avoir la même religion que le roi (notons que cette pensée est celle de presque tous les dirigeants européens de l'époque).

Les premières mesures contre les protestants[modifier | modifier le wikicode]

Pendant une vingtaine d'année, de 1661 à 1679, Louis XIV tente "pacifiquement" de faire disparaitre le protestantisme de son royaume. Il applique strictement l'Édit de Nantes de 1598. Tout ce que l'édit ne prévoit pas clairement est interdit. Les lieux de culte des protestants (les temples) bâtis depuis 1598 sont fermés et démolis. Les enterrements des protestants ne peuvent se dérouler que de dix-huit heures à six heures, c'est-à-dire pendant la nuit, afin de ne pas troubler la vie "normale" d'un pays catholique. Une caisse conversion, confiée à un protestant converti, est créée pour encourager le passage des protestants au catholicisme moyennant une prime de 6 livres par tête. En 1668, Turenne, le plus prestigieux chef militaire et un des plus grands seigneurs du royaume, se convertit avec retentissement au catholicisme. Les enfants protestants, après des pressions constantes, peuvent à l'âge de sept ans choisir d'abandonner la religion de leurs parents (tout en étant élevés dans une institution catholique aux frais de leurs parents). Les mariages mixtes entre catholiques et protestants sont interdits. Malgré les efforts ces conversions "pacifiques" sont jugées trop peu nombreuses et les méthodes employées peu efficaces.

Les grandes persécutions contre les protestants[modifier | modifier le wikicode]

Gravure de 1686 représentant les dragonnades

Vers 1680, la politique religieuse de Louis XIV se durcit. Il y a plusieurs causes à cette évolution. Le roi est au sommet de sa puissance, il a imposé sa volonté aux autres princes européens après la guerre de Hollande et par les réunions s'est emparé, en pleine paix, de territoires. Si les princes européens lui "obéissent", pourquoi en serait-il autrement de ses sujets protestants qui résistent à sa volonté ? Mais Louis XIV entre en conflit avec le pape Innocent XI pour des affaires financières. Il n'est pas mécontent de paraître un bon défenseur des privilèges de l'Église catholique en accentuant sa lutte contre les protestants. Enfin Louis XIV, veuf de la reine Marie-Thérèse d'Autriche en 1683, se remarie avec madame de Maintenon, protestante convertie au catholicisme en 1649, alors qu'elle était une adolescente de quatorze ans, et qui l'encourage à lutter contre ses anciens coreligionnaires.

Les protestants sont exclus des fonctions publiques (qu'ils avaient achetées au roi pour la plupart). Les artisans protestants ont interdiction d'employer des apprentis, ce qui condamne à terme leurs entreprises. Marillac, l'intendant du Poitou, a l'idée de loger des soldats dans les maisons protestantes aux frais des habitants. Ces soldats, les dragons, s'y livrent à des violences. Pour y échapper, les protestants se convertissent. Louvois, secrétaire d'État à la guerre, trouve l'idée séduisante et l'étend à tout le royaume. Ce sont alors les dragonnades. Des villages entiers, des villes sont ainsi pillés par une partie de l'armée royale. Des villes à forte majorité protestante comme Nîmes ou Montpellier se convertissent en masse pour échapper à ces « missionnaires bottés ». Les résultats, mais non les méthodes utilisées pour les obtenir, sont communiqués au roi qui croit alors que le protestantisme disparaît de son royaume.

La révocation de l'Édit de Nantes (1685)[modifier | modifier le wikicode]

Le 18 octobre 1685, par l'Édit de Fontainebleau, Louis XIV révoque l'Édit de Nantes. Désormais les protestants n'ont plus le droit de pratiquer leur culte (mais les récalcitrants ne sont pas tenus de se convertir). Les temples protestants sont démolis. Les cérémonies du cultes et les directions spirituelles des éventuels pratiquants sont rendues impossibles puisque les pasteurs protestants doivent quitter rapidement la France sous peine d'être envoyés au bagne des galères. Tous les enfants protestants devront être baptisés selon les rites de la confession catholique. Théoriquement le protestantisme français doit mourir rapidement faute d'adeptes. Il est interdit aux protestants de quitter le royaume. La mesure est applaudie par les souverains catholiques européens, par le pape mais aussi par la grande majorité des Français. Bossuet, l'évêque de Meaux compare le roi à un nouveau Constantin Ier. Cependant des voix discordantes, peu nombreuses, comme celle du duc de Saint-Simon ou celle de Vauban, condamnent cette politique dont ils entrevoient les effets néfastes pour le pays.

Bilan de la lutte contre les protestants[modifier | modifier le wikicode]

Malgré l'interdiction d'émigrer, de nombreux protestants quittent la France à leurs risques et périls : on estime qu'ils sont entre 100 000 et 200 000 à s'enfuir vers les Provinces-Unies, l'Angleterre ou le Brandebourg. Certaines villes se trouvent alors privées d'une partie de leurs artisans ou médecins et voient leurs activités économiques frappées de plein fouet. Chaleureusement accueillis par les princes protestants européens, en particulier par l'électeur de Brandebourg, les protestants français font bénéficier ces pays de leurs compétences. Tout un quartier de Berlin devient une "petite France". Ces Français chassés de France vont faire de la propagande anti-française. Le nouveau roi d'Angleterre Guillaume III y trouve des soutiens pour conclure les alliances qui vont déboucher sur la guerre de la Ligue d'Augsbourg contre la France. Certains militaires français protestants vont mettre leur épée au service des ennemis de la France, comme le maréchal Schomberg qui passe au service de l'Angleterre.

En France même la situation se tend. De nombreux convertis, pris de remord abandonnent le catholicisme pour revenir au protestantisme. Malgré les énormes risques encourus, des pasteurs reviennent clandestinement en France où il réorganisent les communautés protestantes. Des cérémonies du culte (les assemblées du désert) ont lieu dans les endroits reculés. De nouveau le gouvernement recourt aux dragonnades et à la violence.

Cette situation débouche sur une révolte ouverte. En 1702, pendant la très difficile guerre de Succession d'Espagne, une partie de l'armée française est envoyée dans les Cévennes pour tenter d'écraser la révolte des protestants cévenols connue sous le nom de guerre des Camisards. C'est avec beaucoup de mal que le maréchal de Villars parviendra au bout de trois ans de combat à "pacifier" le pays, mais il ne parviendra pas à faire disparaitre les idées protestantes. En 1715, un « synode du désert » tenu clandestinement « réimplante » c'est-à-dire réorganise les Églises réformées de France. La politique anti-protestante de Louis XIV est donc un cuisant échec.

Vikiliens pour compléter sur la politique religieuse de Louis XIV[modifier | modifier le wikicode]

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