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Guerre d'indépendance grecque

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L'indépendance grecque. Tableau de Louis Dupré en 1821.

De 1821 à 1829, les Grecs luttent contre les Turcs ottomans qui occupent le pays depuis le XVe siècle. Pendant l'occupation turque les paysans grecs subissaient la tyrannie des représentants locaux (grecs ou turcs) du sultan qui prélevaient des impôts très lourds. Mais la bourgeoisie (armateurs et commerçants) grecque était relativement privilégiée et occupait des postes importants dans l'administration turque. Cependant la rivalité religieuse entre Turcs musulmans et Grecs chrétiens orthodoxes était vive.

L'affaiblissement progressif du pouvoir turc au cours du XVIIIe siècle encourage les Grecs, mais aussi les Serbes, les Roumains de Valachie ou de Moldavie, tous sous domination turque, à chercher l'autonomie, voire l'indépendance de leur pays.

Le soulèvement grec qui débute en 1821, est d'abord victorieux. Mais les insurgés se divisent ce qui provoque une guerre civile entre leurs différentes composantes. Fin 1824, les Turcs reçoivent l'aide des Égyptiens et reprennent alors le terrain qu'ils avaient abandonné. Les représailles sont atroces.

Les gouvernements européens, partisans de la stabilité politique en Europe, restent indifférents au sort des Grecs. Par contre, la tragédie grecque émeut les intellectuels européens qui soutiennent le mouvement d'indépendance. La Russie qui veut jouer le rôle de protecteur des chrétiens des Balkans et faire sauter le verrou turc (détroit des Dardanelles et du Bosphore) qui lui interdit le passage vers la mer Méditerranée pense profiter de l'occasion. Les Britanniques qui ne veulent pas de la présence russe en Méditerranée arrivent à convaincre les Français qu'il faut intervenir en faveur des Grecs (juillet 1827).

La flotte turco-égyptienne est coulée par une flotte franco-russo-britannique à la bataille de Navarin en octobre 1827, des troupes françaises occupent la Morée (au N-O du Péloponnèse). Les Russes, qui sont entrés en guerre au printemps 1828, prennent la Géorgie et arrivent à Andrinople (à une centaine de kilomètres de Constantinople).

En septembre 1829, le sultan doit accorder l'indépendance à une petite partie des territoires peuplés par les Grecs. En 1832, le royaume de Grèce est donné à un prince bavarois qui y installe un régime absolutiste. Les libéraux et les nationalistes grecs sont extrêmement déçus.

La situation des Grecs dans l'empire Turc ottoman[modifier | modifier le wikicode]

Klephte ou armatole, brigand et mercenaire grec.

Les Turcs sont quasiment présents partout. En Grèce même, sur une population d'environ 770 000 personnes les Turcs ne représentent qu'en moyenne 13 %. Ils sont plus concentrés en Messénie (environ le quart de la population de la région) ou en Arcadie (environ 16 % de la population). Par contre ils sont peu nombreux en Attique (environ 7 % de la population) et quasiment absents dans les îles de la mer Égée. De nombreux Grecs vivent à Constantinople, capitale de l'empire turc, où réside le patriarche chef des chrétiens orthodoxes. Par ailleurs les Grecs ont de fortes communautés (marins, commerçants et intellectuels), dans de nombreuses villes européennes (Odessa, Livourne, Marseille, Bucarest, Vienne et Paris).

Dans l'empire turc, les Grecs doivent payer un impôt spécial, qui est la contrepartie du fait qu'ils ne peuvent être soldats (on leur interdit de porter une arme ou de monter à cheval). La terre est propriété des Turcs, mais ceux-ci la louent aux paysans grecs. Cependant là où les Turcs sont peu nombreux, la terre est restée aux mains des monastères orthodoxes (très nombreux) et des paysans.

Pour échapper à la domination turque, beaucoup de Grecs, les « klephtes » ou « palikares », se réfugient dans les montagnes. Ils y vivent d'une agriculture précaire, d'élevage et surtout du brigandage aux dépens des propriétaires turcs mais aussi des Grecs collaborateurs. Ils redistribuent une partie de leur butin aux paysans pauvres. Quelquefois ils sont enrôlés comme « armatoles » par les autorités locales turques pour faire la guerre à d'autres bandes, tant qu'on peut les payer.

Une très grande partie du commerce maritime de l'empire turc est assuré par des négociants et des marins grecs. Pendant la période révolutionnaire et napoléonienne, ils ont profité du fait que les bateaux italiens et français ne pouvaient facilement circuler en Méditerranée du fait du blocus naval anglais. Ils sont nombreux à Constantinople, Salonique ou Smyrne.

Des Grecs assurent l'administration dans l'empire turc. Les gouverneurs (hospodars) des provinces turques de Valachie, de Serbie, de Moldavie sont d'origine grecque. Des Grecs afferment la collecte des impôts pour le compte du sultan ou des grands propriétaires.

Les Grecs sont très fiers de leur passé. Les relations nombreuses qu'ils ont avec les Européens de l'Ouest, les mettent en contact avec les idée des Lumières. Les nouveautés créées par la Révolution française enthousiasment les intellectuels et les bourgeois qui rêvent de démocratie et de république. Des sociétés secrètes (l'Hétairie) visant à développer le sentiment national pour aboutir à l'expulsion de l'occupant turc se créent.

La guerre entre Grecs et Turcs[modifier | modifier le wikicode]

Les massacres de Scio. Tableau d'Eugène Delacroix. 1824

En mars 1820, Ali Pacha, le gouverneur (pacha) de Janina en Épire (Albanie) se soulève contre le gouvernement du sultan qui tente de lui rogner ses pouvoirs. Il proclame défendre la liberté des grecs et reçoit l'appui militaire de l'hétairie. Sa révolte qui dure jusqu'en janvier 1822, maintient une grande partie des troupes turques en Albanie. Les Grecs pensent qu'il faut profiter de l'occasion pour se révolter eux aussi.

Le 22 février 1821, Alexandre Ypsilanti, général russe d'origine grecque et proche du tsar Alexandre Ier, envahit avec ses compagnons hétaires, la Valachie et la Moldavie, province semi-autonome de l'empire turc, peuplées de chrétiens. La population locale ne le soutient pas, car ses troupes se livrent au pillage et il lève des impôts élevés pour payer ses troupes. Ypsilanti est désavoué par le gouvernement russe (qui condamne une insurrection contre un souverain établi). La désunion, les règlements de compte règnent dans les rangs des insurgés. Les Turcs qui se sont ressaisis les écrasent en juin 1821 .

Les premiers combats entre Grecs et Turcs commencent vers le 15 mars dans la région côtière nord du Péloponnèse. Le 25 mars 1821, l'archevêque orthodoxe de Patras appelle alors les Grecs à l'insurrection générale. Ces derniers massacrent les Turcs établis dans leur région. Ils chassent les Turcs de la Morée, puis d'Athènes. Le 12 janvier 1822, les représentants des insurgés réunis à Épidaure proclament l'indépendance de la Grèce.

Les deux camps se livrent à des massacres. En 1821, après leur succès de Tripolitza en Morée les Grecs exterminent 12 000 musulmans. En représailles les Turcs assassinent les marins, commerçants et clergé orthodoxe de Constantinople (dont le patriarche). En mars-mai 1822, ils repoussent un débarquement des insurgés dans l'île de Chios, et y exterminent 23 000 habitants grecs et font près de 50 000 prisonniers qu'ils vendent comme esclaves.

Theodoros Kolokotronis, un des chefs grecs

Victorieux les insurgés grecs se divisent. D'un côté les « militaires », pour beaucoup des Klephtes, bien implantés en Grèce centrale et dans le Péloponnèse, influents parmi les paysans dont ils sont issus qui souhaitent un gouvernement autoritaire mais les chefs se disputent entre eux. De l'autre côté, les politiques, représentants les notables terriens, les marins, les habitants des îles et les évêques qui préfèrent un régime à la manière anglaise ou française. S'y ajoute une division entre les habitants du continent et ceux du Péloponnèse. La situation est confuse, les renversements d'alliances sont fréquents. Les deux camps à la composition changeante se font la guerre et ont chacun leur gouvernement. Fin 1825, le camp des militaires est vaincu, les politiques triomphent.

Les Turcs reprennent l'offensive, fin 1821, ils sont maîtres de la Chalcidique, en 1823, ils récupèrent la Thessalie. Seul le Péloponnèse leur échappe. En 1824, le sultan reçoit l'aide de son vassal le puissant pacha d'Égypte Méhémet-Ali. En février 1825, Ibrahim-Pacha, le fils de ce dernier, envahit la Morée avec une armée bien entrainée et équipée. Il ravage le pays et déporte une partie de ses prisonniers en Égypte. En 1826, après un siège de 15 mois, il s'empare de la citadelle de Missolonghi, un des points forts des Grecs dans l'isthme de Corinthe. Athènes, défendue énergiquement sous le commandement d'un Français, tombe en juin 1827. Les Turcs sont victorieux partout, l'indépendance grecque est menacée de disparaître.

L'intervention des pays européens[modifier | modifier le wikicode]

La Grèce sur les ruines de Missolonghi. Tableau d'Eugène Delacroix. 1826

En Europe occidentale, les intellectuels prennent le parti de la Grèce. Les poèmes de Hugo, de Lamartine, de Byron, les tableaux de Delacroix manifestent ce soutien. Chateaubriand, le marquis de La Fayette, le banquier Laffite, tous admirateurs de l'Antiquité grecque, forment un Comité philhellénique qui réunit des fonds. Dans les milieux aisés, au moyen de concerts ou de ventes de charité, on collecte de l'argent pour aider les Grecs. Des volontaires partent pour la Grèce, comme Byron ou Santarosa (un libéral piémontais) qui y trouvent la mort.

Imprégnés de l'esprit de la Sainte-Alliance, les gouvernements européens ne veulent pas intervenir. Pour eux, malgré le fait qu'il maltraite des chrétiens, le gouvernement turc est le gouvernement légitime dans la totalité de son empire. Les Grecs tentent de plaider leur cause aux conférences européennes de Laybach (1821) et Vérone (1822). On ne les reçoit pas.

Tout change avec l'arrivée d'un nouveau tsar Nicolas Ier en 1825. Celui-ci veut profiter des difficultés des Turcs pour obtenir des avantages territoriaux et de libre circulation dans les détroits turcs du Bosphore et des Dardanelles reliant la mer Noire à la mer Méditerranée. Mais les Britanniques ne veulent pas d'une présence russe en Méditerranée. Aussi en juillet 1827, par le traité de Londres, le Royaume-Uni, la France et la Russie, s'engagent à obtenir, y compris par la force, que le sultan turc accepte un armistice. Le sultan, alors en position de force face aux Grecs, refuse.

Une flotte franco-britannique se positionne dans la rade de Navarin, dans le sud-ouest du Péloponnèse, où est stationnée la flotte turco-égyptienne. En octobre 1827, un banal incident entre marins, aboutit à une bataille où les navires turco-égyptiens sont coulés. Le sultan appelle à la guerre sainte contre les européens.

Une petite armée française débarque dans le Péloponnèse et parvient à battre les turco-égyptiens d'Ibrahim-Pacha, qui doit rembarquer ses troupes. Ayant déclaré la guerre aux Turcs en 1828, les Russes s'emparent de la Géorgie, dans le Caucase, et parviennent jusqu'à Andrinople à une centaine de kilomètres de Constantinople.

En septembre 1829, les Russes et les Britanniques imposent le traité d'Andrinople au sultan. Parmi des avantages territoriaux et maritimes, les Russes obtiennent l'autonomie de la Moldavie, de la Valachie et de la Serbie sous leur protection. La Grèce est déclarée autonome.

En février 1830, la Grèce devient indépendante. Mais son territoire est réduit, et elle ne compte qu'environ 600 000 habitants. Une grande partie des terres peuplées surtout de Grecs reste dans l'empire turc. En 1832, la Grèce voit son territoire légèrement agrandi et les puissances européennes lui donnent pour roi le prince bavarois Othon Ier, qui y installe un régime très autoritaire. Il écarte les Grecs des fonctions importantes et obtient l'obéissance grâce à une armée de mercenaires bavarois, qu'il entretient grâce à des impôts très lourds.

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