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Gouvernement provisoire (Russie)

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Les membres du gouvernement provisoire russe.

Le gouvernement provisoire de Russie est créé par les députés russes de la Douma pendant la révolution de février (8-12 mars 1917)1 qui aboutit à la chute du tsarisme. Il disparaît pendant la révolution d'octobre (7-8 novembre 1917) à l'issue de laquelle les bolcheviks prennent le pouvoir.

Constitué par des bourgeois et des nobles libéraux, favorable à la poursuite de la guerre et uniquement à des réformes politiques visant à installer la démocratie, le gouvernement provisoire s'oppose au soviet de Pétrograd, né au même moment, composé par les représentants élus des ouvriers de Pétrograd et des soldats mutinés, où dominent les idées des sociaux-démocrates russes (mencheviks et bolcheviks). Le soviet est favorable à la paix, à des réformes politiques et surtout à des réformes sociales.

Le gouvernement provisoire ne parvient pas à arrêter la débâcle de l'armée russe qui combat les Allemands et les Austro-Hongrois. Il est impuissant à bloquer le soulèvement des paysans qui s'emparent des terres des grands domaines des nobles et du clergé orthodoxe, afin de se les partager. Il est menacé par le soulèvement des bolcheviks en juillet puis par celui des officiers les plus réactionnaires à la fin d'août. Ces soulèvements sont des échecs, mais affaiblissent le gouvernement.

Les bolcheviks préparent minutieusement un coup d'État qui les amènent au pouvoir au début novembre.

Les conditions de la formation du gouvernement provisoire[modifier | modifier le wikicode]

Manifestants à Pétrograd pendant la révolution de « Février »

La Russie est engagée dans la Première Guerre mondiale depuis trente mois. La guerre a révélé les faiblesses de l'Empire russe. Le tsar Nicolas II, qui jusque-là a imposé sa volonté aux députés de la Douma, a pris la tête de l'armée. Mais celle-ci va d'échec en échec et faute d'armement et de moyens de transport est au bord de l'effondrement pendant l'hiver de 1917. Le gouvernement installé à Pétrograd (anciennement Saint-Pétersbourg, renommée pendant la guerre à cause de sa consonance allemande) est assuré par la tsarine qui est « conseillée » par le moine Grigori Raspoutine (assassiné en décembre 1916) et son entourage très réactionnaire.

La vie quotidienne est très dure dans les villes industrielles en particulier dans la capitale Pétrograd. L'absence de moyens de transport privent les usines de leurs approvisionnements en matières premières et en énergie ; elles doivent réduire leur production et mettre une partie de leurs ouvriers au chômage. Les paysans déjà privés de bêtes de labours (réquisitionnées pour les besoins de l'armée), ne peuvent plus livrer leurs produits en ville, où les prix sont en hausse rapide alors que les salaires ne sont pas augmentés. Les ouvriers, regroupés dans de grandes usines urbaines, subissent une organisation de type militaire et ont du mal à assurer leur alimentation tant l'économie est désorganisée et l'hiver particulièrement froid.

Du 8 au 12 mars, des troubles spontanés causés par la misère se déroulent dans la capitale. L'armée refuse d'obéir aux ordres du gouvernement tsariste pour réprimer les grévistes et les manifestants. Certains régiments rejoignent les rangs des insurgés. Le gouvernement n'a plus aucune autorité dans sa capitale.

Les députés modérés de la Douma décident alors de créer un gouvernement provisoire composé par des bourgeois et des nobles libéraux sous la présidence du Prince Lvov : il ne comprend qu'un seul socialiste Alexandre Kerenski. Le 15 mars, le tsar Nicolas II abdique en faveur de son frère le grand-duc Michel. Le 16 mars, celui-ci renonce au trône. La dynastie des Romanov a cessé de régner2.

La France et le Royaume-Uni, alliés de la Russie, reconnaissent le gouvernement provisoire qui assure vouloir continuer la guerre.

La politique du gouvernement provisoire[modifier | modifier le wikicode]

Alexandre Kerenski en 1917

Dans les premiers mois le gouvernement provisoire est dominé par les membres du parti Constitutionnel-démocrate (abrégé en KD ou « cadets »). Ces politiciens sont d'origine bourgeoise et ne représentent qu'une très infime partie de la population russe (dans laquelle la bourgeoisie est très faible numériquement). Leur chef est Alexandre Milioukov, qui devient ministre des Affaires étrangères. Kerenski, le seul socialiste du gouvernement (un socialiste-révolutionnaire, ou S.R.), est ministre de la Guerre.

Le gouvernement provisoire veut faire passer la Russie d'un régime autocratique à un régime parlementaire. Pour cela, il installe la démocratie politique en Russie. La liberté d'opinion, celle de la presse et celle de réunion sont garanties. L'égalité devant la loi, le droit de se syndiquer sont décrétés. Afin d'apaiser les revendications ouvrières, la journée de 8 heures de travail dans les usines de Petrograd est décidée. Les minorités ethniques, très nombreuses dans l'Empire russe, sont déclarées libres.

En revanche, il ne veut pas prendre de décisions sur deux revendications importantes des révolutionnaires, c'est-à-dire la confiscation et le partage des terres des nobles, ainsi que la paix immédiate avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. Le gouvernement fait savoir que ces décisions très importantes ne pourront être prises que par une Assemblée constituante qui devra décider de la forme du futur régime politique de la Russie.

Donc la guerre continue (de plus en plus difficilement du fait des très nombreuses désertions de soldats russes, qui préfèrent rentrer dans leurs villages natals pour participer à la confiscation et au partage des terres, opérations qui se font sans attendre les décisions gouvernementales).

Dans la capitale, et dans l'armée, le gouvernement se heurte à l'autorité grandissante du soviet de Petrograd, relayé ailleurs dans l'empire par des soviets de paysans, de soldats... Ceux-ci d'ailleurs envoient des représentants dans la capitale, où ils vont siéger avec le soviet pour former un Comité exécutif central. Dans les campagnes (où vit l'immense majorité de la population russe) les soviets sont très influencés par les socialistes-révolutionnaires (ou S.R.) qui sont partisans de la confiscation des terres et de la reconstitution des anciennes communautés villageoises (les mir). Les bolcheviks qui demandent une paix immédiate et sans indemnité, ni financière et sans annexions territoriales, sont très écoutés par des soldats qui se sont débarrassés de leurs officiers, qui sont mal ravitaillés et qui combattent sans grands moyens. Leurs chefs, Lénine, le 16 avril, Trotski, le 17 mai, Staline et Kamenev quittent leurs résidences d'exil et regagnent la Russie.

L'offensive russe contre les Allemands que Kerenski mène en Galicie est un échec sanglant. L'opposition entre le gouvernement et le soviet sur le problème de la poursuite de la guerre aboutit à la chute du gouvernement provisoire. Le 18 mai, afin de le remplacer, les mencheviks et les S.R. acceptent de participer à un nouveau gouvernement toujours présidé par le prince Lvov. Celui-ci doit rapidement démissionner (20 juillet), après que des activistes (bolcheviks (?), anarchistes (?)) ont donné sans succès l'assaut contre le palais du gouvernement. Alors que Lénine doit s'enfuir en Finlande, un nouveau gouvernement à majorité socialiste présidé par Kerenski est formé. Il poursuit la même politique que les gouvernements précédents.

L'échec du gouvernement provisoire[modifier | modifier le wikicode]

L'attaque sur le palais d'Hiver

Devant la faiblesse du gouvernement provisoire et la mise à l'écart apparente des bolcheviks, les monarchistes russes tentent de s'emparer du pouvoir. La ville russe de la baltique de Riga a dû capituler devant les Allemands le 3 septembre. Général en chef russe depuis août 1917, le général Kornilov, chargé de défendre Petrograd devant l'avancée des Allemands, tente un coup d'État. Ses troupes, en particulier la division sauvage composée de cosaques, marchent sur la capitale le 8 septembre, mais la grève des employés des chemins de fer et les milices armées bolcheviques que le gouvernement a dû laisser se reconstituer font échouer la manœuvre (14 septembre). Le gouvernement ne doit sa survie qu'à l'action de ses adversaires de gauche.

Il faut presque un mois pour composer un nouveau gouvernement composé uniquement de socialistes S.R. et mencheviks (le 8 octobre) sous la présidence de Kerenski. Mais ce dernier a perdu l'écoute de la population.

Déjà, les bolcheviks se sont organisés pour prendre le pouvoir. Proposant la paix immédiate, la direction des usines aux soviets d'ouvriers, le partage des terres, ils deviennent majoritaires au soviet de Petrograd, le 31 août, éliminant les S.R. et les mencheviks compromis par leur participation au gouvernement provisoire. Les soviets de Moscou et de nombreuses villes deviennent également bolcheviks

Les marins révolutionnaires du port de Kronstadt libèrent Trotski qui avait été incarcéré sur ordre du gouvernement le 6 août. Trotski crée un comité révolutionnaire militaire qui prépare minutieusement les opérations de l'insurrection. Lénine parvient, les 23 et 24 octobre, à imposer à son parti que l'insurrection commence le 7 novembre (24 octobre dans le calendrier russe). En quelques heures, les insurgés bolcheviks s'emparent des bâtiments officiels et font prisonniers les ministres du gouvernement provisoire (sauf Kerenski qui était en province afin de regrouper des troupes fidèles). Le soir, un nouveau gouvernement, le conseil des commissaires du peuple, réunissant les bolcheviks et les S.R. de gauche et présidé par Lénine prend le pouvoir à Petrograd. Commence alors l'histoire mouvementée de la Russie communiste et de la guerre civile russe.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Du fait du refus d'appliquer le calendrier grégorien, depuis le XVIe siècle le calendrier russe a accumulé 13 jours de retard sur le calendrier utilisé en Europe occidentale. Les dates données dans l'article sont celles du calendrier grégorien
  2. Le tsar et sa famille sont placés en résidence surveillée. Très probablement sur ordre du gouvernement communiste de Lénine, ils seront tous massacrés en juillet 1918, à Ékaterinburg dans l'Oural.
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