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Expédition des Dardanelles

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Expédition des Dardanelles
Envoi de troupes de cavalerie sur la péninsule de Gallipoli, à l'entrée du détroit des Dardanelles, vers 1915.
Envoi de troupes de cavalerie sur la péninsule de Gallipoli, à l'entrée du détroit des Dardanelles, vers 1915.
Informations générales
Dates 18 mars 1915 - 9 janvier 1916
Lieu Péninsule de Gallipoli, près des rives du détroit des Dardanelles (Empire ottoman)
Cause Prise des détroits ottomans pour permettre le passage des navires russes et couper le ravitaillement maritime aux Ottomans.
Changements territoriaux Statu quo, les Ottomans parvenant à repousser les forces de la Triple-Entente suite à leur évacuation
Belligérants
Commandants
Forces en présence
315 500 (312 500 Ottomans, 3 000 Allemands)
568 000 (489 000 Britanniques, 79 000 Français)
Pertes
près de 65 000 morts
180 000 morts et plus de 200 000 blessés
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L'expédition des Dardanelles, aussi appelée la bataille de Gallipoli1 (du nom de la péninsule sur laquelle les combats se sont déroulés) est une bataille se déroulant du 18 mars 1915 au 9 janvier 1916, pendant la Première Guerre mondiale. Elle a lieu près du détroit des Dardanelles, dans l'Empire ottoman. Il s'agissait pour les Franco-Britanniques de débloquer le détroit afin de s'emparer de la capitale Constantinople. Une jonction devait s'opérer avec la Russie, et la Turquie devait être contrainte de signer la paix. Le retrait ottoman ferait un ennemi de moins pour la Russie et lui permettrait de mieux faire face aux armées allemandes et austro-hongroises devant lesquelles elle est en difficulté.

Le Royaume-Uni, avec ses anciennes colonies d'Australie et de Nouvelle-Zélande, fournit une partie de la marine et des troupes1. Mal préparée par Winston Churchill, alors premier Lord de l'amirauté britannique, l'expédition est un échec. Les troupes de la Triple-Entente sont alors bloquées devant les solides défenses ottomanes, couplées à un manque d'effectifs. Après un premier assaut infructueux le 25 avril, des attaques répétées menées au cours de l'été s'achèvent toutes par un désastre2.

Le rembarquement des troupes franco-britanniques s'effectue fin décembre 1915, pour s'achever le 9 janvier 19162. Elle provoque la mort de plus de 250 000 morts au total3.

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

Les détroits ottomans.

Le passage entre la mer Méditerranée et la mer Noire est commandé par trois points. À l'ouest, le détroit des Dardanelles sur la Méditerranée ; puis la mer de Marmara et enfin le détroit du Bosphore, où se trouve Constantinople (aujourd'hui Istanbul, la capitale turque de l'époque) et qui donne accès à la mer Noire. Depuis des siècles, ces détroits sont l'enjeu de guerres entre la Russie et la Turquie (celle-ci alors soutenue par les Britanniques et les Français, qui ne veulent pas de la venue des Russes en Méditerranée).

Mais au début du XXe siècle, la situation change. Afin de contrer l'influence allemande et austro-hongroise, la Russie devient l'alliée de la France (et de ce fait l'alliée du Royaume-Uni) au sein de la Triple-Entente, alors que l'Empire ottoman est désormais l'allié de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie au sein de la Triple Alliance.

La liaison avec la Russie est très difficile pour les Franco-Britanniques. L'approvisionnement s'effectue via les ports russes d'Arkhangelsk et de Vladivostok, respectivement dans le nord de l'Europe et de la Chine, qui sont gelés la majeure partie de l'année et mal connectés au reste du territoire. L'armée russe est également sous-équipée, du fait du retard industriel pris par la Russie lors du XIXe siècle. L'approvisionnement envoyé par ses alliés devient alors indispensable, et s'emparer des détroits ottomans permettrait de raccourcir les délais de livraisons.

Les Russes demandent une intervention sur les détroits afin de diminuer la pression des Ottomans, qui font face dans le Caucase. De plus, les Russes affrontent difficilement au nord-ouest les Allemands et au sud-ouest les Austro-Hongrois. Si les Franco-Britanniques parviennent à s'emparer des détroits et de Constantinople, la circulation sera ouverte aux navires russes qui pourront couper l'approvisionnement des pays de la Triple-Alliance et sécuriser le canal de Suez1. Les troupes russes pourront également être envoyées sur leur front, où la situation leur est difficile.

Préparation[modifier | modifier le wikicode]

Les défenses ottomanes sur le détroit des Dardanelles.

Dès décembre 1914, soit un mois après l'entrée en guerre des Ottomans, le Royaume-Uni prépare des plans d'attaques vers le détroit des Dardanelles afin de dégarnir le front de l'Ouest et préserver le contrôle du canal de Suez. Le plan est approuvé en janvier 1915, mais de nombreuses oppositions internes contribuent à retarder son application4.

Le 25 janvier, à la suite de longues discussions, le commandant de l'amirauté Winston Churchill fait adopter le principe d'une attaque navale seule. Sur demande des autres pays de la Triple-Entente, elle s'accompagnera d'une offensive terrestre à travers l'ouest de l'Anatolie. Le plan retenu consiste à bombarder les forts bordant les rives du détroit afin de faciliter ensuite le passage des navires alliés, jusqu'à atteindre l'objectif qu'est la prise de Constantinople5.

Les Ottomans mobilisent jusqu'à 15 divisions (soit 315 500 soldats, avec 3 000 soldats allemands) et 17 navires, les forces franco-britanniques envoyent de leur côté jusqu'à 16 divisions (489 000 Britanniques et 79 000 Français, soit 568 000 soldats au total) et 32 navires. Malgré la supériorité numériques des troupes de la Triple-Entente, les Franco-Britanniques sous-estiment la capacité de résistance des Ottomanes et ne mobilisent pas davantage de forces65.

Déroulement[modifier | modifier le wikicode]

Le 19 février 1915, la flotte britannique bombarde les forts de l'entrée des Dardanelles. Des dragueurs de mines couverts par des cuirassés s'occupent de la passe. Mais l'opération est suspendue en raison des mauvaises conditions climatiques. Les Ottomans profitent de ce répit pour fortifier leurs positions, avec l'aide du commandement allemand5.

Les bombardements reprennent le 26 février, mais les solides défenses ottomanes résistent. Le terrain avantage les Ottomans, qui peuvent apercevoir en hauteur les troupes adverses arriver. Les champs de mines reconstruits en masse par les troupes ottomanes provoquent de nombreuses pertes, amenant au coulage de six des neuf navires alliés déployés5.

Un secteur de combat des Australiens et néo-Zélandais en mai 1915.

Le 18 mars, la flotte franco-britannique attaque en masse. Le détroit est cependant fortement fortifié, et l'infanterie est grandement ralentie dans sa progression. Les Ottomans tirent retranchés en direction de la flotte, détruisant plusieurs navires. Les Franco-Britanniques n'avaient pas anticipé l'usage des champs de mines, qui n'est alors que peu employé dans les conflits armés5.

Le 20 avril, les Franco-Britanniques achèvent la mobilisation de leurs effectifs et se préparent à débarquer. Le 25 avril, renforcés par des contingents australiens et néo-zélandais, ils parviennent à débarquer dans le sud de la péninsule de Gallipoli (constituant la pointe méridionale de la Thrace orientale). Mais la défense ottomane dirigée par le général allemand Otto Liman von Sanders et des officiers ottomans, parmi lesquels se distingue le colonel Mustapha Kémal est très efficace. Les forces alliées sont bloquées à quelques kilomètres de la côte, en raison des défenses ottomanes lourdement défendues3.

D'importants affrontements ont lieu entre mai et juillet 1915, mais ne provoquent aucune avancée significative. Un nouveau débarquement à Suvla-Bay (au nord-ouest de l'assaut initial) en août est rapidement arrêté, ne permettant pas de progressions1. L'approvisionnement allié est fortement limité, notamment en munitions et en eau potable2, et les mauvaises conditions de vie à l'intérieur des tranchées provoquent des maladies5.

Évacuation[modifier | modifier le wikicode]

Début octobre, la situation est désastreuse pour les forces alliées. Les troupes sont désorganisées et abandonnées à leur propre sort, sans décisions du commandement. Celui-ci est lui-même inexpériementé, et les positions sur le front sont menacées par l'arrivée de renforts par les Ottomans. L'entrée en guerre de la Bulgarie au côté de la Triple-Alliance, en septembre 1915, oblige à redéployer des forces dans les Balkans.

Une inspection réalisée par le nouveau commandant de l'opération Charles Monro, en octobre 1915, ordonne l'évacuation des troupes6. Celle-ci, organisée en deux fois le 18 décembre 1915 et le 8 janvier 1916, conduit à leur rembarquement à Salonique pour défendre l'armée d'Orient qui combat les Bulgares1.

Bilan, conséquences et postérité[modifier | modifier le wikicode]

Au total, l'expédition provoqua la mort d'entre 200 000 et 300 000 soldats et près de 200 000 blessés621.

L'échec de l'opération conduit à la démission du commandant Winston Churchill de la marine, en novembre 1915. Le gouvernement britannique, dirigé par lord Asquith, est renversé en décembre 1916. Les mémoires collectives australienne, néo-zélandaise et turque sortiront renforcées de leur rôle pendant la bataille, perçue des trois côtés comme un élément de leur identité nationale moderne et une marque de résistance4. C'est lors de cette bataille que le futur Mustafa Kemal Atatürk s'illustra, y acquérant sa notoriété.

Aujourd'hui, plusieurs cimetières à la mémoire des soldats alliés tués furent édifiés dans la péninsule de Gallipoli.

Vikiliens pour compléter[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 La bataille des Dardanelles/de Gallipoli - Musée de la Grande Guerre (museedelagrandeguerre.com)
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 Bataille des Dardanelles (Gallipoli, 1915) (histoire-pour-tous.fr)
  3. 3,0 et 3,1 25 avril 1915 - Les Alliés débarquent aux Dardanelles - Herodote.net
  4. 4,0 et 4,1 Le désastre franco-britannique des Dardanelles - Julie d’Andurain (orientxxi.info)
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 et 5,5 L’opération des Dardanelles vue de la mer - La Revue d'Histoire Militaire (larevuedhistoiremilitaire.fr)
  6. 6,0 6,1 et 6,2 L'expédition des Dardanelles (19 février 1915 - 9 janvier 1916) — Theatrum Belli (theatrum-belli.com)
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