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Déstalinisation

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Nikita Khrouchtchev (en 1961). L'initiateur de la déstalinisation

La déstalinisation est la politique menée par les dirigeants de l'URSS après la mort de Staline en mars 1953. Une direction collégiale du pays remplace la dictature d'un seul homme. Une grande partie des prisonniers retenus dans les camps de travail et les prisons sont amnistiés et libérés. Des mesures sont prises pour améliorer les conditions de travail et de vie de la population soviétique. Les dirigeants soviétiques assouplissent la politique extérieure de l'URSS, y compris auprès des démocraties populaires en reconnaissant que le modèle soviétique n'est pas le seul pour atteindre le socialisme.

Surtout, en février 1956, pendant le XXe congrès du parti communiste de l'URSS, dans son rapport présenté aux seuls délégués soviétiques et qui aurait dû rester secret, Nikita Khrouchtchev, premier secrétaire du parti, dénonce le culte de la personnalité organisé depuis 1934 autour de Staline. Il affirme que les erreurs politiques et économiques constatées depuis 1934 n'étaient pas dues au parti, mais à la dictature personnelle de Staline. La dénonciation des « crimes de Staline » déstabilise les pays et les partis communistes. Les Polonais et les Hongrois tentent d'obtenir plus de liberté, avec succès pour les premiers, mais les seconds seront durement écrasés par l'armée soviétique. Les communistes chinois et albanais refusent la déstalinisation et entrent en conflit politique (et même armé) avec l'URSS.

L'après-Staline immédiat[modifier | modifier le wikicode]

Les nouveaux dirigeants de l'URSS[modifier | modifier le wikicode]

Staline meurt le 5 mars 1953. Les dirigeants proches de l'ancien dictateur décident de mettre en place une direction collégiale afin d'éviter le retour à la dictature personnelle de l'un d'entre eux. Dix membres (au lieu de 25) forment désormais le Præsidium du Comité central du parti communiste de l'URSS (nouveau nom du Politburo). Gheorgi Malenkov dirige le secrétariat du Comité central et préside le gouvernement. Il devra abandonner le secrétariat du parti au profit de Khrouchtchev dès le 14 mars. En février 1955, il doit faire son autocritique et il est remplacé par Boulganine à la tête du gouvernement soviétique. Quatre vice-présidents du gouvernement sont à ses côtés : Lavrenti Beria, le très puissant chef des services de sécurité du temps de Staline (il est arrêté, jugé et exécuté en juin 1953), Viatcheslav Molotov, ministre des Affaires étrangères, Nikolaï Boulganine, chef politique des armées, et Lazare Kaganovich, responsable du secteur économique. Le chef de l'État est le maréchal Kliment Vorochilov.

L'assouplissement politique[modifier | modifier le wikicode]

Des dizaines de milliers de fonctionnaires de l'administration soviétique et du parti communiste, jugés trop marqués par leur proximité avec les idées de Staline, sont accusés d'abus de pouvoir et perdent leurs fonctions ou sont déplacés.

Certaines catégories de prisonniers des camps de concentration sont amnistiées et libérées. Ce sont ceux qui ont écopé de moins de cinq années de prison : les femmes ayant des enfants avec elles, les adolescents et les prisonniers âgés ou malades. L'administration des camps (le goulag) est rattachée au ministère de la Justice et non plus au ministère de l'Intérieur. La police politique (NKVD) est détachée du ministère de l'Intérieur pour former un organisme nouveau le KGB. En 1955, les Soviétiques qui avaient collaboré avec les occupants nazis pendant la Seconde Guerre mondiale sont amnistiés.

L'assouplissement économique et social[modifier | modifier le wikicode]

Les nouveaux dirigeants rompent avec les méthodes de contrôle des travailleurs mises en place du temps de Staline. Désormais les ouvriers peuvent changer d'emploi sans autorisation de leur employeur. Les fonctionnaires retrouvent des horaires compatibles avec une vie familiale et non plus soumis au mode de vie nocturne de Staline.

Pour donner plus de pouvoir d'achat à la population, les prix des produits alimentaires et des produits industriels (qui sont fixés par l'État) sont abaissés, tandis que les salaires (eux aussi fixés par l'État) sont augmentés. On révise le plan1 en cours d'exécution. On augmente la construction de logements et on donne plus de moyens aux industries de biens de consommations (qui étaient jusque-là sacrifiées). Les paysans des kolkhozes particulièrement maltraités du temps de Staline bénéficient d'une réduction de leurs livraisons obligatoires à l'État. Les prix d'achat des produits agricoles par l'État sont augmentés et les prélèvements de production sur les parcelles individuelles de terrain des kolkhoziens sont diminués.

Le XXe congrès du parti communiste de l'URSS (février 1956)[modifier | modifier le wikicode]

La critique de l'action de Staline devient officielle à l'occasion du XXe congrès du parti communiste de l'URSS en février 1956.

La politique internationale d'affrontement entre les blocs opposés qui se sont constitués autour de l'URSS et des États-Unis est abandonnée. Elle est remplacée par la politique de détente qui affirme que la guerre est évitable.

L'alignement inconditionnel des partis communistes sur les positions dictées par le parti communiste de l'URSS (qui était la pratique de la période stalinienne) est condamné.

Le dirigisme économique centralisé est assoupli.

Le rapport secret de Nikita Khrouchtchev[modifier | modifier le wikicode]

Le culte de la personnalité en 1947. Glorification de Staline pendant les célébrations du trentième anniversaire de la révolution de 1917

Mais c'est dans le domaine politique que la déstalinisation va surtout être retentissante. Le rapport secret que Khrouchtchev fait devant les seuls communistes soviétiques, dans la nuit du 24 au 25 février 1956, est une violente condamnation du culte de la personnalité mis en place autour du Staline. Il semble que Khrouchtchev veuille détourner du parti les critiques qui peuvent être adressées aux dirigeants communistes qui, pendant de longues années, ont accepté, sinon encouragé, les positions diplomatiques, économiques et politiques de Staline.

Pour en savoir plus, lis l’article : XXe congrès du parti communiste de l'URSS.

Les effets de la déstalinisation[modifier | modifier le wikicode]

L'élimination des dirigeants anti-parti[modifier | modifier le wikicode]

Une partie des dirigeants soviétiques conteste la déstalinisation, car, d'après eux, elle met en péril leur pouvoir. Molotov est convaincu que la détente internationale est une erreur. Il est rejoint par Malenkov, Kaganovitch. En juin 1957, ces dirigeants demandent la démission de Khrouchtchev. Celui-ci, qui entre-temps a placé ses partisans dans les organismes du parti communiste, retourne la situation en sa faveur et fait exclure du parti ses adversaires accusés d'être des anti-parti. En mars 1958, Khrouchtchev élimine Boulganine et désormais cumule les fonctions de secrétaire général du parti et celle de président du conseil des ministres. Cependant, les adversaires ne désarment pas et attendent l'échec des idées khrouchtchéviennes pour agir plus efficacement.

La révolution en Hongrie[modifier | modifier le wikicode]

La dénonciation du stalinisme a des répercussions importantes dans une partie des démocraties populaires installées « sous la protection de l'Armée Rouge » depuis 1945 dans l'est de l'Europe. Les dirigeants mis en place par Staline y sont fortement contestés, en particulier en Pologne et en Hongrie.

En Hongrie, le dirigeant stalinien Rákosi est remplacé à la tête du parti en juillet 1956 par un autre stalinien Ernö Gerö. Ce dernier ayant fait tirer sur des étudiants qui manifestaient, une révolution éclate à Budapest le 23 octobre 1956. L'Armée rouge évacue la ville dès le 27 et un dirigeant communiste modéré Imre Nagy revient au pouvoir. Il forme un gouvernement de coalition et annonce que la Hongrie se retire du Pacte de Varsovie. Après quelques jours d'hésitation, les troupes soviétiques entrent dans Budapest et écrasent la rébellion. Le communiste János Kádár est installé au pouvoir. Il y aura près de 25 000 morts, 15 000 personnes sont déportées et 160 000 réfugiés qui parviennent à s'enfuir dans les pays occidentaux. Imre Nagy et d'autres dirigeants seront exécutés en juin 1958. L'intervention soviétique en Hongrie crée une grave crise dans les partis communistes d'Europe occidentale. Une partie des adhérents, écœurés, quittent alors ces partis.

La révolution en Pologne[modifier | modifier le wikicode]

En Pologne, depuis 1947, le gouvernement est dominé par les communistes. Il s'aligne sur les directives venues de Moscou (le ministre polonais de la Défense Rokossovski, d'origine polonaise, est un maréchal soviétique). Le gouvernement mène une vigoureuse campagne contre l'Église catholique très puissante en Pologne. La priorité donnée à l'industrie lourde aux dépens de l'agriculture (une idée stalinienne pour le développement économique) mécontente les paysans, mais aussi les ouvriers. Profitant de la mort de Staline et de celle du dirigeant polonais Bodesław Bierut (12 mars), dès le 28 juin 1956, une grève à Poznan mobilise près de 50 000 manifestants. Ils réclament une amélioration de leurs conditions de vie, des élections libres et le retrait des troupes soviétiques du territoire polonais. Les dirigeants communistes polonais sont divisés sur la conduite à tenir. Les 19 et 20 octobre, un voyage surprise des dirigeants soviétiques à Varsovie débouche sur la décision de confier le pouvoir au communiste Gomulka qui avait été écarté en novembre 1949 et emprisonné en 1951.

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. En URSS c'est l'État, en fait le parti communiste, qui décide de ce qui est produit, de la quantité à produire, où cela est produit et des prix.
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