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Coup d'État du 2 décembre 1851

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Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République française en 1848, fait un coup d'État pour devenir empereur et rétablir la monarchie.

Le coup d'État du 2 décembre 1851 permet à Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, d'éliminer l'Assemblée législative qui lui faisait de l'opposition. Il augmente considérablement les pouvoirs du président de la République ce qui aboutira au rétablissement de l'empire à son profit un an plus tard.

Le Président et l'Assemblée législative[modifier | modifier le wikicode]

Soutenu par une coalition très conservatrice de royalistes légitimistes et orléanistes, de catholiques et s'appuyant sur les souvenirs du Premier Empire de son oncle Napoléon Ier, le prince Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la République le 10 décembre 1848. En mai 1849, les forces conservatrices (royalistes et catholiques) obtiennent la majorité à l'Assemblée législative avec 500 députés monarchistes sur 750 députés. L'assemblée vote les lois que le gouvernement doit appliquer.

Pour en savoir plus, lis l’article : Seconde République française.

L'accord entre le président et l'Assemblée[modifier | modifier le wikicode]

Avec l'appui des royalistes et du général Nicolas Changarnier, Louis-Napoléon Bonaparte, en juin 1849, écrase une tentative de soulèvement républicain mal préparée par Ledru-Rollin. Cela satisfait l'électorat modéré. En juin-juillet 1849, l'armée française chasse les républicains italiens de Rome et rétablit sur le trône pontifical le pape Pie IX qui installe une politique absolutiste et réactionnaire ; les catholiques français sont ravis. Cependant L-N Bonaparte fait savoir qu'il est partisan de la liberté de l'Italie et qu'il désapprouve la politique du pape.

L'opposition entre le président et l'assemblée[modifier | modifier le wikicode]

L-N Bonaparte (de dos) concocte avec les chefs royalistes la loi 31 mai 1850, qui réduit le suffrage universel. Le cordon bleu est une allusion à la plus haute décoration de la monarchie avant 1789. Caricature de Charles Vernier

Cependant une menace pèse sur le président, il ne peut se représenter à la fin de son mandat, c'est-à-dire fin 1852. Pour cela il lui faut modifier la Constitution ce qui ne peut être fait qu'avec l'accord de l'Assemblée. Or les monarchistes majoritaires veulent faire disparaître la République et rétablir la royauté au profit des Bourbons ou des Orléans. Ils ne souhaitent pas rétablir l'empire au profit d'un Bonaparte.

Il lui faut d'abord discréditer l'Assemblée aux yeux de l'électorat populaire et en particulier les ouvriers (qui ne pardonnent pas aux royalistes d'avoir écrasé dans le sang, en juin 1848, les revendications populaires pour avoir du travail).

L'Assemblée va mener une politique réactionnaire, en restreignant le nombre d'électeurs par durcissement des conditions de résidence (31 mai 1850), un tiers des électeurs, surtout ceux des classes populaires sont éliminés (L-N Bonaparte est favorable à cette loi). L'assemblée limite la liberté de la presse (16 juillet 1850). Elle s'attaque donc à des piliers de la démocratie ; le suffrage universel (masculin) et la liberté d'expression des opinions. Le président et son gouvernement (composé depuis octobre 1849, de bonapartistes) ne peuvent s'opposer à ces lois et doivent les appliquer.

Pendant l'été 1850, le président fait de nombreux voyages dans les départements. Il s'y présente comme le défenseur du suffrage universel et de la démocratie. Il remet en mémoire la gloire de la France sous Napoléon Ier. Il rappelle qu'il est sensible aux difficultés sociales et qu'il a autrefois écrit des livres où il expose ses idées pour résoudre le problème social. Mais il n'oublie pas de se présenter comme le protecteur de la religion et de la propriété. Ses partisans très actifs transforment ces visites en triomphe. En novembre 1850, pendant la visite du camp militaire de Satory (près de Versailles) il est acclamé aux cris de Vive l'Empereur. Partout il s'adapte aux tendances politiques de son auditoire, quitte à dire ailleurs le contraire (les moyens modernes d'information n'existaient pas à l'époque et la presse avait surtout un lectorat peu nombreux et local. Donc il était difficile de faire des comparaisons entre ses différents discours et d'en montrer les contradictions).

L'opposition ouverte[modifier | modifier le wikicode]

Louis-Napoléon Bonaparte va d'abord isoler l'assemblée en la privant de l'appui du général Changarnier, il est relevé de ses fonction à cause de ses opinions royalistes, en janvier 1851. Menacé, e l'Assemblée obtient le renvoi des ministres qui soutenaient le président. (20 janvier 1851). En juillet 1851, l'Assemblée refuse la révision constitutionnelle (permettre au président de se représenter), pourtant soutenue par une majorité de Français qui ont envoyé des pétitions. Il ne reste plus que le coup d'État.

Le coup d'État[modifier | modifier le wikicode]

Dès l'été 1851, le complot bonapartiste se met en place. Autour du président on retrouve son demi-frère le duc de Morny, le ministre Persigny, le général Magnan (qui est nommé à la tête de la Garde nationale, bourgeois de Paris en armes) ; le général Maupas devient préfet de police de Paris et le général de Saint-Arnaud qui devient ministre de la Guerre et contrôle les régiments de l'armée.

Les milieux d'affaires, désirant la stabilité et l'ordre sont favorables à un pouvoir fort et se satisferaient d'une dictature qui leur apporterait la tranquillité.

Empêcher toute réaction populaire en faveur de l'Assemblée[modifier | modifier le wikicode]

Afin d'isoler totalement l'Assemblée, L-N Bonaparte propose d'annuler la loi de juillet 1850, qui restreint le suffrage universel. Bien entendu l'Assemblée qui a peur d'un succès républicain aux prochaines élections de 1852, refuse l'annulation le 11 novembre. Les démocrates sont mécontents et les comploteurs pensent que ces derniers verront d'un bon œil ou ne réagiront pas à l'élimination des réactionnaires. Mais certains députés préparent une mise en accusation du président.

Le déroulement du coup d'État[modifier | modifier le wikicode]

L'état de siège dans les grandes villes France, afin d'empêcher les réactions au coup d'État. Caricature de Charles Vernier

Le coup d'État se déroule pendant la nuit du 1er au 2 décembre 1851. Ce jour a été choisi, car il correspond à l'anniversaire du sacre de Napoléon Ier (1804) et à la victoire d'Austerlitz. Le président donnait un grand bal au palais de l'Élysée afin de détourner l'attention ses opposants. Dans la nuit des affiches furent imprimées et collées sur les murs de Paris afin d'annoncer le renversement de l'Assemblée et le rétablissement du suffrage universel. Il y était indiqué la convocation de nouvelles élections pour le 14 décembre. 32 départements sont mis en état de siège.

L'armée occupe le Palais-Bourbon (siège de l'Assemblée), Morny s'installe au ministère de l'Intérieur : il a désormais le contrôle de la police et de l'administration préfectorale dans les départements. Les opposants les plus importants (Changarnier, Lamoricière, Thiers... ) sont arrêtés immédiatement et emprisonnés pour quelques heures. Les 220 députés surtout monarchistes réunis dans la mairie du Xe arrondissement sont arrêtés.

Le député Baudin sur les barricades, quelques instants avant sa mort

La résistance armée se manifeste faiblement à Paris (cependant, le député Baudin est tué le 3 décembre sur une barricade du faubourg Saint-Antoine, un quartier populaire). Le 4 décembre, il y a des fusillades sur les grands boulevards parisiens. Au total il y aurait eu entre 300 et 400 tués chez les opposants parisiens.

La résistance est plus importante dans les départements, en particulier dans les Basses-Alpes (aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence, dans la Nièvre et dans le Var. Ces insurrections populaires et républicaines vont être exploitées par Morny pour faire peur aux possédants, qui vont se rallier en masse à L-N Bonaparte.

La répression se déchaîne surtout contre les républicains. Il y a 30 000 arrestations et 10 000 déportations vers l'Algérie ou la Guyane (cependant une partie importante des condamnés sera graciée l'année suivante). 66 députés sont expulsés de France (dont Victor Hugo, Thiers, Changarnier, Victor Schoelcher …)

L'acceptation du coup d'État[modifier | modifier le wikicode]

Un plébiscite est organisé le 21 et 22 décembre 1851. La campagne électorale se déroule alors qu'une partie du territoire est en état de siège, que seuls les journaux favorables au régime sont autorisés. Les listes électorales sont purgées des électeurs connus comme opposants. Près de 7,7 millions de citoyens approuvent l'action de L-N Bonaparte, il y a moins de 650 000 non.

L-N Bonaparte et son équipe modifient la Constitution de la République en renforçant considérablement les pouvoirs du président (élection pour 10 ans, il a l'initiative des lois, il nomme aux emplois civils et militaires, les ministres ne sont responsables que devant lui. Les fonctionnaires et les élus doivent lui prêter un serment de fidélité). La nouvelle constitution est promulguée le 14 janvier 1852. À la fin de l'année L-N Bonaparte deviendra l'empereur Napoléon III.

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