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Collectivisation de l'agriculture en URSS

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À partir de 1929, en URSS, le gouvernement organise la collectivisation des campagnes. Il s'agit de mettre en place pour les paysans, une mise en commun de leurs terres et de leur matériel agricole ainsi que de promouvoir le travail en équipe, se répartir les tâches, sous les directives d'un chef élu qui est le plus souvent un adhérent du parti communiste au pouvoir. Une partie de la production agricole est prélevée par l'État sous forme d'impôt. L'autre partie est vendue à l'État qui fixe le prix d'achat. L'application brutale de ce changement considérable dans les habitudes des paysans aboutit à une révolte, des destructions de produits et à une très grave crise alimentaire. Des millions de soviétiques vont alors mourir, soit des représailles exercées par les communistes, soit de faim. Afin de rétablir le ravitaillement le pouvoir va accorder un peu plus de liberté de production aux paysans. Mais la collectivisation restera en place jusqu'à la disparition de l'URSS au début des années 1990.

Pourquoi collectiviser l'agriculture de l'URSS ?[modifier | modifier le wikicode]

Les communistes soviétiques ont décidé la collectivisation de l'agriculture pour diverses raisons. Il y a une raison de fond. Le maintien de la propriété privée des moyens de production (ici la terre, le bétail et le matériel agricole) est incompatible avec le système d'économie socialiste que les communistes veulent installer en URSS.

En 1928, les quatre à cinq millions de paysans aisés (les koulaks), pour 120 millions d'habitants, sont les seuls vendeurs de produits agricoles. L'approvisionnement des villes (où résident les ouvriers et les fonctionnaires) dépend aux deux tiers des livraisons par les koulaks. Les koulaks ont profité de la NEP pour s'enrichir aux dépens des paysans moins favorisés qu'eux. Les koulaks sont des partisans décidés de la libre entreprise et de la propriété privée, ils représentent donc un danger pour les communistes.

En URSS vers 1928, la source principale de production de richesses est l'agriculture (alors en grande partie entre les mains de paysans propriétaires). Le contrôle et la modernisation du travail agricole par l'État devraient permettre de produire plus. L'État devient aussi l'unique client de la production non consommée par les paysans. Il peut alors en fixer le prix d'achat (le plus bas possible) et le prix de vente aux consommateurs des villes (le plus haut possible). La différence de prix lui permet alors d'accumuler les capitaux nécessaires à l'industrialisation du pays et au fonctionnement de la machine d'État (la bureaucratie) qui se développe pour organiser la production..

Après des discussions passionnées, le parti communiste appuie la position de Staline : la collectivisation devra se faire très rapidement (avec si le besoin s'en fait sentir les recours à des mesures très dures pour éliminer les paysans opposants).

Comment collectiviser l'agriculture ?[modifier | modifier le wikicode]

Affiche de propagande pour encourager les paysans à rejoindre les kolkhozes "Viens camarade, rejoindre notre kolkhoze!" (Affiche de Vera Korableva 1930)

En 1917, dès leur prise du pouvoir, les bolcheviks (communistes) ont supprimé la grande propriété privée (celle des nobles ou de la couronne), en fait ils sous-entendent que toute les terres sont désormais la propriété de l'État, les paysans n'en étant que les utilisateurs (usufruitiers). Une partie sera transformée en fermes d'État : les sovkhozes. La gestion de la plus grande partie des terres confisquées a été confiée aux soviets locaux de paysans (généralement les pauvres). Les communistes encouragent les paysans à se regrouper en coopératives : les Kolkhozes. Mais les paysans préférèrent se partager les terres et en faire des exploitations familiales privées. En 1928, la population agricole des kolkhozes et des sovkhozes n'était que de 2% des paysans. Elle produisait moins de 3% des céréales, 0,5% de la viande, 3,5% du coton mais plus de 33% de la betterave à sucre. C'était un échec pour les communistes.

À partir de 1929, les sovkhozes vont recevoir du matériel agricole moderne afin d'accroitre leur productivité et servir ainsi de modèle. On en crée dans les régions de défrichement (c'est-à-dire dans les régions les plus difficiles) où ils doivent servir à fixer les populations semi-nomades. Dans les sovkhozes les paysans sont des salariés de l'État (fonctionnaires) et toute la production est propriété de l'État. Les paysans indépendants sont regroupés dans les kolkhozes (exploitations agricoles collectives). Ils remettent au kolkhoze leur terre, leur bétail, leur matériel agricole. Les familles paysannes sont regroupées en brigades de travail. Le kolkhoze est dirigé par une équipe d'élus (le plus souvent des membres du parti communiste) qui fixent à chaque brigade le travail à faire. La production agricole est en partie, prélevée par l'État sous forme d'impôt. Le reste est vendu dans à des magasins de l'État qui fixe le prix d'achat. Les sommes obtenues sont alors partagées entre les paysans. La rémunération du travail est calculée sur le système de « journée de travail » dont la valeur est différente selon la tâche accomplie. Par ailleurs l'État fixe des objectifs de production pour chaque kolkhoze mais il finance des « stations de machines et de tracteurs » (MTS) qui louent leur matériel aux kolkhozes qui en font la demande.

Difficultés de la collectivisation[modifier | modifier le wikicode]

Affiche des jeunesses communistes (les Komsomols) en faveur de la collectivisation

Mise en place dès 1929, la collectivisation vise d'abord à éliminer les koulaks. On leur interdit de louer des terres et d'employer de la main-d'œuvre salariée. On les prive ainsi d'une grande partie de leurs moyens de production. Puis après la délibération de l'assemblée du kolkhoze on leur confisque leurs terres et même leurs biens d'équipement personnel. Enfin on les expulse du kolkhoze ; certains seront déportés pour défricher des terres ou pour faire les grands travaux de terrassement nécessaires pour les barrages ou les grands canaux fluviaux. De nombreux koulaks se révoltent ; environ 3 millions d'entre eux sont exécutés. Fin 1930, il n'y a plus de koulaks.

Comme la définition de la catégorie koulak a été volontairement laissée imprécise, de nombreux paysans moyens sont aussi inquiétés. Beaucoup de paysans refusent la collectivisation. Plutôt que de mettre en commun leurs terres, le bétail ils préfèrent le détruire. En quelques mois ils abattent plus de 4 millions de chevaux, 15 millions de bovins, 25 millions de moutons. On abat clandestinement malgré les menaces des autorités. Un quart de la production de céréales est volontairement détruite. Pour faire face le gouvernement envoie dans les campagnes récalcitrantes des volontaires formant des « brigades de chocs ». Ils sont recrutés parmi les jeunes communistes mais aussi parmi les militaires. La première promotion en compte près de 25 000. Ils contraignent par la terreur les paysans à entrer dans les kolkhozes. Début 1930, près de 50% des familles paysannes sont regroupées dans les kolkhozes.

Mais la violence des actions paysannes conjuguées à des conditions climatiques médiocres provoque une baisse de la production alimentaire. En 1931-1932, la famine sévit en URSS. On compte environ 1 million de morts. Il faut rétablir le rationnement alimentaire (il demeurera jusqu'en 1935). Pour tenter de rétablir la situation, le gouvernement autorise dès 1930, les paysans à quitter les kolkhozes. Aussitôt une grande partie d'entre eux se vident. Pour inverser le mouvement le gouvernement espère que les conditions matérielles et de travail faites aux 20% de familles qui restent malgré tout dans les kolkhozes seront attrayantes pour convaincre les « kolkhoziens d'un jour » de regagner volontairement la coopérative. En 1935, le gouvernement autorise chaque famille à disposer d'un « enclos familial », pris sur les terres du kolkhoze. La superficie de l'enclos est petite (quelques centaines de mètres carrés maximum). Mais la production qui y est obtenue est la propriété de la famille qui peut la consommer ou la mettre en vente librement. En 1940, la production des enclos familiaux (légumes, fruits, pommes de terre, volailles, lait, viande) représente 25% de la production agricole totale de l'URSS. Elle permet l'approvisionnement des villes. Mais en 1939, alors que le ravitaillement est redevenu satisfaisant, le gouvernement impose lourdement le revenu que les familles tirent de leur enclos familial ; il est visible alors que les autorités n'ont pas renoncé à contrôler toute la production agricole.

En 1940, seul 1% du territoire agricole reste en dehors des terres exploitées par les sovkhoze et les kolkhozes (3 millions de paysans y travaillent).

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Pierre Sorlin, La Société soviétique 1917-1968, Armand Colin, Collection U
  • Yves Trottignon, Naissance et croissance de l'URSS, Bordas, collection Études supérieures

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