Censure dans la Rome antique

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À Rome, dans l'Antiquité, la surveillance des mœurs privées et publiques est le domaine d'action des deux censeurs.

Grâce à ce droit, ils peuvent réprimer le parjure, condamner le luxe excessif et les modes scandaleuses. Ils peuvent réprimander les parents pour la mauvaise éducation qu'ils donnent à leurs enfants...

Sans entendre préalablement les personnes qu'ils accusent, les censeurs peuvent infliger des peines comme une imposition extraordinaire, un blâme rendu public qui couvre de déshonneur (l'ignominia) ceux-qui sont déclarés coupables. Ces derniers peuvent être « dégradés » en étant inscrits d'office dans une tribu urbaine où ils sont dilués dans la masse des citoyens. Pire, ils peuvent être exclus de toutes les tribus donc privés de toute citoyenneté. Les chevaliers peuvent être chassés de leur ordre et les sénateurs exclus du sénat.

La conservation des us et coutumes romains[modifier | modifier le wikicode]

La censure ou surveillance des mœurs découle du droit d'exclure des listes de citoyens et en particulier de l'album sénatorial les personnes que les deux censeurs jugent indignes. Les censeurs sont les seuls juges de ce qui est digne ou indigne. Théoriquement ils n'agissent qu'en fonction de ce que leur dit leur conscience. En entrant en fonction ils prêtent le serment de ne pas agir par faveur ou partialité. Les censeurs doivent rendre publics les motifs de chacune de leurs décisions. Grâce à ce pouvoir ils vérifient si un citoyen a les qualifications exigées par la loi ou la coutume pour le rang qu'il réclame.

Cette fonction permet aux censeurs de surveiller la vie privée et publique des citoyens romains. Ils veillent au maintien des us et coutumes romains. Leur action est donc conservatrice.

Motifs qui justifient l'action des censeurs[modifier | modifier le wikicode]

Les Romains considéraient que les citoyens devaient défendre leur patrie. Aussi ils devaient se marier et avoir des enfants qui seront de futurs soldats. Le célibat à un âge avancé était puni d'une amende, amende qui pouvait être de nouveau infligée au bout de cinq ans avec l'accession à la fonction de nouveaux censeurs.

  • Il en est de même pour la dissolution du mariage (le divorce) ou une promesse de mariage non tenue pour des raisons que les censeurs jugent insuffisantes.
  • Maltraiter son épouse ou ses enfants, que ce soit durement ou d'une façon jugée permissive est condamnable
  • La désobéissance des enfants envers leurs parents est condamnable.
  • Faire étalage de sa fortune en vivant d'une manière luxueuse est condamnable. Acquérir un esclave ou un objet en le payant très cher est aussi répréhensible. Souvent les censeurs font voter des lois somptuaires qui visent à réduire le luxe et la ruine probable de ceux qui s'y adonnent
  • Mal gérer ses propriétés et donc réduire la production agricole nécessaire à la collectivité est jugé condamnable.
  • Certains métiers (comme acteur) sont jugés déshonorants et incompatibles avec l'exercice de magistratures publiques.

Les sanctions infligées par les censeurs[modifier | modifier le wikicode]

La punition infligée par les censeurs s’appelle Nota.

Les censeurs peuvent punir des personnes ayant commis des actes non jugés illégaux au regard des lois existantes, mais que l'opinion publique condamne. Ils peuvent même considérer qu'une personne ayant été condamnée légalement et ayant purgé sa peine, reste indigne d'occuper certaines charges publiques.

La punition décidée par les censeurs est alors l'ignominie. La punition exige l'accord des deux censeurs. Elle est provisoire puisque les censeurs élus dans les périodes suivantes, qui n'ont pas nécessairement les mêmes opinions que leurs prédécesseurs peuvent annuler cette punition. Il y a des cas réels dans l'histoire romaine où des magistrats frappés d'ignominie ont continué à exercer leurs charges et même ont pu être nommés par la suite à des charges prestigieuses.

L'exclusion du sénat[modifier | modifier le wikicode]

Les censeurs peuvent prononcer une exclusion simple de la liste de sénateurs. Ils peuvent durcir leurs décisions en ajoutant l'exclusion des tribus. Cette décision peut se faire de manière peu visible. À la lecture de la nouvelle liste des sénateurs pour les cinq années à venir, les censeurs ne citent pas les personnes qu'ils punissent. De fait ceux-ci sont exclues. Mais cela peut être beaucoup plus visible et le sénateur sanctionné est nommé en public.

Cette sanction n'empêche pas un ex-sénateur de se présenter à une magistrature qui mène au sénat. Il peut alors espérer qu'au cours d'un recensement prochain (les recensement ont lieu tous les cinq ans) les nouveaux censeurs pourront le réintégrer au sénat.

L'exclusion de l'ordre des chevaliers romains[modifier | modifier le wikicode]

Au cours du recensement quinquennal le chevalier doit se présenter avec son cheval. Les censeurs peuvent le lui enlever, ce qui signifie l'exclusion de l'ordre des chevaliers. La sanction peut être aggravée par l'exclusion du système des tribus.

L'exclusion de sa tribu[modifier | modifier le wikicode]

Pour les citoyens ordinaires. La personne sanctionnée est rétrogradée d'une tribu rustique (considérée comme honorable et moins fournie en citoyens) à une tribu urbaine jugée moins respectable et composée de très nombreux citoyens, donc l'influence que l'on peut exercer est moindre.

Toute personne qui s'estime sanctionnée sans raison valable ou trop lourdement peut faire appel de la décision et tenter de gagner le soutien d'un des deux censeurs.

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