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Anarchisme

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Le symbole de l'anarchisme : un A et un O superposés (A pour anarchie et O pourrait signifier ordre1).

L'anarchisme est un courant de pensée ou une idéologie23, qui se caractérise par une opposition à toute forme d'autorité et de hiérarchie. Il prône notamment l'abolition de l'État, et vise à créer un mode de gouvernance autogérée où les décisions seraient prises de façon semblable à une démocratie directe. L'anarchisme est composé de multiples mouvements, allant de l'engagement communiste jusqu'à l'écologisme4 et au féminisme5. La devise des mouvements anarchistes est « ni dieu, ni maître ».

L'anarchisme est à distinguer de l'anomie, qui défend l'absence de lois dans une société6.

Principes[modifier | modifier le wikicode]

L'anarchisme cherche à imaginer ce que serait une société sans autorité (sans État ni patrons). Les anarchistes prônent les libertés individuelles. Ils ne considèrent pas l'existence d'un État comme indispensable au bon fonctionnement de la société ; au contraire, pour eux, l'État engendre l'instabilité7. Ils font par exemple, il utiliserait la violence (guerres, surveillance, répression) et empêcherait les gens de s'organiser entre eux librement.

L'anarchisme est également anti-capitaliste, car il voit le capitalisme comme un système ne générant que de l'injustice. Il rejette la propriété privée, qui est considérée comme inégalitaire7.

L'anarchisme est communément divisé en quatre courants : le libertarianisme (aussi appelé le libertarisme ou l'individualisme libertaire) se concentre sur la liberté8, le socialisme libertaire (ou socialisme autogestionnaire) se basant sur le collectivisme9, le communisme libertaire sur une gouvernance démocratique7, et l'anarcho-syndicalisme l'associant avec les syndicats8.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Les premiers courants anarchistes sont nés à la fin du XIXe siècle. Ils occupèrent une position contestataire en s'opposant à toute forme d'autorité. Il existe aujourd'hui plusieurs formes d'anarchisme.

Origines[modifier | modifier le wikicode]

Durant le siècle des Lumières, Jean-Jacques Rousseau et Thomas Hobbes ont réfléchi sur l'état naturel de l'homme en l'absence d'État et de lois. Cet état est appelé en philosophie l'état de nature. Pour Thomas Hobbes, c'est un état de guerre dans lequel l'homme est un loup pour l'homme ; il justifie ainsi la nécessité des États pour assurer de bonnes relations entre les individus. Pour Jean-Jacques Rousseau, au contraire, l'état de nature est un paradis perdu : l'homme est naturellement bon et c'est la société qui le corrompt. La philosophie du XVIIIe siècle a influencé l'évolution politique au XIXe siècle.

Les débuts[modifier | modifier le wikicode]

Les premiers anarchistes peuvent être classés assez loin dans le temps. On considère par exemple que le père de Gargantua, François Rabelais, au 16e siècle, décrivait une cité anarchiste en parlant de l'abbaye de Thélème. En 1576, Étienne de la Boétie publie le Discours de la Servitude Volontaire, qui constitue une critique de la tyrannie. Pendant la révolution française, le mouvement des Enragés et Grachus Babeuf sont aussi considérés comme des pères de l'anarchisme et du communisme. On verra que les deux idées vont parfois ensemble.

Mais les premiers parents (on parle de théoriciens pour ceux qui fondent les idées d'un mouvement), généralement cités, de l'anarchisme tel qu'on le connaît aujourd'hui, sont Pierre-Joseph Proudhon, puis Mikhaïl Bakounine dans les années 1850/1860.

En effet, au XIXe siècle, la vie des ouvriers dans les métropoles industrielles (Chicago, New York, Paris, Londres, Berlin, etc) est très dure. La plupart des travailleurs vivent entassés dans des maisons mal chauffées, ont à peine de quoi se nourrir et meurent régulièrement de maladies. Face à cette pauvreté, on trouvait des industriels faisant étalage des profits générés en partie sur cette paupérisation.

Les anarchistes ne peuvent se satisfaire d'une telle situation. Indignés par ces flagrantes inégalités, ils pensent que le seul moyen de parvenir à la justice et à l'égalité était de faire disparaître toute trace d'autorité et de mettre en place une société nouvelle où personne de dirigerait personne, et où chacun pourrait décider de ce qui est bon pour lui en veillant toujours à ne porter préjudice à personne.

Modes d'organisation[modifier | modifier le wikicode]

Pour ce faire, les anarchistes se sont, entre les années 1890 à 1900, largement investis, ont créé et animé de grandes centrales syndicales, parfois aux côtés des communistes (la CGT en France et au Portugal, la CNT en Espagne, la FORA en Argentine, l'USI en Italie...). En 1864 est fondée à Londres la Première Internationale (ou AIT pour Association Internationale des Travailleurs) dans lesquelles vont se former deux grands courants dans le mouvement ouvrier : les socialistes autoritaires (derrière Marx et Engels) et les socialistes anti-autoritaires (Bakounine, James Guillaume, Errico Malatesta...). L'anarchisme a connu un développement important dans les pays méditerranéens (Italie, Espagne, Portugal, France) mais aussi en Amérique Latine (Argentine, Chili, Uruguay, Brésil, Pérou) ou encore en Corée (à l'époque, la Mandchourie), sans oublier, évidemment, la Russie, l'Ukraine, etc. Dans les pays qui ont participé à la Première Guerre Mondiale (1914-1918), beaucoup des mouvements anarchistes forts ont perdu en l'influence, et ce d'autant plus qu'en Russie, la révolution est finalement "gagnée" par le Parti Bolchévique, qui va faire en sorte d'éliminer tous ceux qui ne pensent pas comme lui (dont les anarchistes, qui sont contre l'État.) Mais, dans les pays qui n'ont pas connu cette guerre (comme l'Espagne ou l'Argentine), l'anarchisme va garder une force très importante jusqu'au milieu des années 1930) comme en témoignent les grandes avancées qui ont eu lieu pendant la "guerre civile espagnole" entre 1936 et 1939, où les républicains sont rejoints par de nombreux militants anarchistes venus de toute l'Europe. Les premiers anarchistes portent en eux l'énergie, l'esprit critique et l'imagination inhérente à cette époque. S'ils refusent le monde qu'on leur propose, ils n'en sont pas moins capables de se servir des avantages que celui-ci pouvait donner à leur cause. L'utilisation des automobiles en est un bon exemple, avec la Bande à Bonnot, qui était mécanicien et conduisait des voitures qui allaient plus vites que celles de la police.

Les années 1930[modifier | modifier le wikicode]

La Russie communiste et les divisions syndicales posent quelques problèmes aux anarchistes des années 1930. La révolution d'octobre a vu certains anarchistes se diriger vers le communisme. Les scissions syndicales entre fractions plus ou moins radicales font éclater l'Union anarchiste à peine naissante. L'anarchisme structuré ne dure que l'espace d'un feu de paille.

La révolution de 1936 en Espagne mobilise les anarchistes de tous pays et l'aide apportée par ceux-ci est même plus importante, financièrement et matériellement, que celle du Front populaire.

La Seconde Guerre mondiale se charge ensuite de museler toutes velléités d'actions révolutionnaires anarchistes pendant près d'une décennie, la priorité étant devenue la lutte contre le nazisme, pour laquelle de nombreux anarchistes payent de leur vie au sein de la Résistance ou en s'étant engagés dans les armées régulières alliées (par exemple, on en compte parmi les troupes du général Leclerc qui participent à la libération de la France).

Le renouveau[modifier | modifier le wikicode]

Dès la fin de la guerre, l'anarchisme renaît sous de nouvelles formes. D'une part, l'anarchisme individuel semble s'éteindre de plus en plus, et trouver un terrain propice dans le syndicalisme. Cette deuxième forme avait été amorcée bien avant la guerre avec, notamment, la création de la CGT en France, et d'autres syndicats à travers le monde. L'anarchisme se lance alors dans un créneau visant à l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière et à une défense accrue des libertés, passant par des actions humanitaires.

Cette période marque aussi la fin des sympathies entre communistes et anarchistes. Les premiers reprochant aux seconds – en particulier à l'Est – d'être antirévolutionnaires et les seconds reprochant aux premiers de s'être catégoriquement éloignés des idées marxistes. Les communistes leurs apparaissent désormais comme étant les nouveaux despotes à abattre.

L'action politique anarchiste de l'après-guerre s'inscrit donc dans un courant syndicaliste et humanitaire. Le terrain est prêt pour que – à peine fédéré – le mouvement anarchiste éclate en différentes fractions.

L'explosion libertaire des années 1960-1970[modifier | modifier le wikicode]

Comme vu plus haut, on peut considérer que l'anarchisme en tant que tel n'existe pratiquement plus à l'aube de ces deux décennies. Pourtant, à divers endroits du monde et au même moment, le peuple va prendre conscience qu'un changement est nécessaire. Partout dans les pays occidentaux, des grèves et des manifestations vont accorder plus de libertés aux citoyens que depuis 6 000 ans.

Un mouvement comme le mouvement hippie est inspiré tout droit des principes anarchistes et tient en cette phrase : Le droit à disposer de soi-même. Les revendications générales sont : la liberté sexuelle, l'égalité sexuelle, la fin des guerres, le droit de vivre pour tous, le droit de penser librement, le droit à la paresse. L'impact des manifestations de l'époque parvint non seulement à modifier profondément la société mais aussi à amener en chacun une réflexion sur le monde qui l'entoure.

Plus tard, lorsque le phénomène hippie sera passé de mode, d'autres anarchistes – qui d'ailleurs réutiliseront ce terme – viendront. L'ère du courant punk s'ouvrait avec une infinité de variantes, de nuances, de contradictions. Issus des banlieues pauvres de Londres ou de New York, ces néo-anarchistes entraient de plein pied dans une société qu'ils rejetaient par avance.

Aujourd'hui[modifier | modifier le wikicode]

Aujourd'hui, après être passé par toutes ces différentes phases, l'anarchisme a pris des figures diverses :

  • l'anarcho-punk ;
  • l'anarcho-skinhead ;
  • l'anarchisme socialiste ;
  • le communisme libertaire.
  • l'anarcho-syndicalisme ;
  • l'anarchisme-insurrectionnel ;
  • l'anarchisme-chrétien ;
  • l'anarchisme vert.

Ces différentes tendances ont évidemment des points communs entre elles mais sont rarement aptes à oublier leurs différences. Sans réellement s'opposer l'une à l'autre, elles s'ignorent et, par là, s'affaiblissent. Les principales armes actuelles de l'anarchisme sont l'action directe, la désobéissance civile et l'obstructionnisme. Les idéaux n'ont guère changés mais ce sont adaptés au fil du temps.

Théorie[modifier | modifier le wikicode]

Les premières questions que se posèrent les anarchistes furent :

  • Comment transformer la société ?
  • Comment détruire l'autorité ?
  • Quelles actions pouvaient mener l'anarchie à son apogée ?

Bakounine, Proudhon, Kropotkine[modifier | modifier le wikicode]

Pour Michel Bakounine, dont la pensée mêle anarchisme et communisme, une seule réponse : la révolution immédiate menée par tous les travailleurs, paysans, étudiants, chômeurs, intellectuels, mécontents de tous poils, en opposition aux bourgeois et aux patrons. Bakounine joua un rôle de premier plan dans diverses tentatives de révolutions en Europe, toutes avortées. Il tenta, sans succès, de fédérer un mouvement révolutionnaire international. Son idéal ne fut qu'un mythe mais un mythe qui perdura et nombre d'anarchistes se réclamaient de lui sans pour autant le suivre.

Pour Pierre-Joseph Proudhon, dont Bakounine se disait disciple, la réponse était d'ordre économique. Deux choses comptaient selon lui : la justice et le travail. La société future devrait être composée d'entités économiques indépendantes où chacun accomplirait une tâche équitable lui permettant de subvenir à ses besoins. Proudhon, qui soutenait au départ que « la propriété, c'est le vol », reverra tardivement sa théorie, concédant que l'idée de mettre toutes les richesses en commun revient à nier la liberté de l'individu, qui doit forcément produire pour le bien commun.

Ces deux théories résument clairement le but de l'action anarchiste à ses débuts : la révolution et la libération économique menant à la liberté et à l'égalité. Le capitalisme, la propriété et le gouvernement disparaîtraient et les pauvres hériteraient de la terre. Néanmoins, aucune de ces théories ne s'imposa et elles se diluèrent au gré de l'interprétation de chacun.

La plupart des principes anarchistes viennent d'un prince russe, Pierre Kropotkine. Il prônait la coopération plutôt que la violence et, s'il devait y avoir une révolution, il fallait qu'elle soit faite par toutes les classes de la société (bourgeois comme ouvriers), contre l'État et le principe de domination. Kropotkine croyait profondément au bon sens et à la valeur de l'homme. Cette théorie semblait d'ailleurs trop utopique et intellectuelle à bon nombre d'anarchistes. Il ne fut suivi, dans l'esprit, que quand, rompant avec son humanisme coutumier, il lança un appel à la révolution armée. Appel tardif, car les anarchistes n'avaient pas attendu ce mot d'ordre pour commencer, dès la fin du XIXe siècle, la lutte armée...

Trois courants[modifier | modifier le wikicode]

La pensée anarchiste peut être divisée en trois grands mouvements :

  • L'anarcho-communisme
  • Le socialisme libertaire
  • L'anarchisme individualiste

L'anarcho-communisme[modifier | modifier le wikicode]

L'anarcho-communisme associe deux grandes théories politiques : l'anarchisme, c'est-à-dire la liberté politique, et le communisme, qui a pour devise la célèbre expression de Marx « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Le communisme prône la liberté économique en partant du besoin des individus (recensement par communes, par quartiers, par entreprises), pour ensuite organiser la production afin de répondre aux besoins recensés ou estimés, et cela sans limitation autre que les capacités et les besoins des intéressés (qui ont eux-mêmes des besoins et des capacités à partager).

Cependant, jusqu'à présent les mises en œuvres du communisme ont conduit à des dictatures (Staline en URSS, Chine à partir de 1949 et la proclamation de la république Populaire), ce que, bien évidemment, les anarchistes veulent éviter. L'anarcho-communisme s'inspire donc du communisme, mais sans adhérer à l'idée de dictature du prolétariat (les ouvriers).

Le socialisme libertaire[modifier | modifier le wikicode]

Le socialisme libertaire vise encore à l'abolition de l'État et du capitalisme, considérés comme deux formes d'oppression indissociables. Les socialistes libertaires veulent une société égalitaire, c'est-à-dire que tout le monde ait les mêmes droits et les mêmes moyens financiers, qu'il n'y ait pas de plus riches ou de plus pauvres. Il faut, pour eux, que la vie soit fondée sur l'autogestion et la responsabilité individuelle.

L'anarchisme individualiste[modifier | modifier le wikicode]

Les anarchistes individualistes pensent que la société est un moyen de pression et de domination au même titre que l'État, et que, par conséquent, l'individu seul doit choisir ce qu'il pense être bon pour lui, sans influence d'un groupe, d'un syndicat, etc. Émile Armand et Zo d'Axa sont de célèbres théoriciens de l'anarchisme individualiste.

Moyens de la lutte anarchiste[modifier | modifier le wikicode]

L'anarcho-syndicalisme[modifier | modifier le wikicode]

Né en France, dans les années 1890, des divisions de classes et de la lutte économique, l'anarcho-syndicalisme donna une nouvelle orientation à l'anarchisme. Pour la première fois, des anarchistes s'adaptaient au développement industriel et essayaient de lutter autrement. Cette union fit des émules et donna naissance, en Espagne à la Confederacion national del trabajo (CNT), qui devînt le mouvement anarchiste le plus actif d'Europe.

L'arme principale de l'anarcho-syndicalisme était la grève. Elle devait provoquer un chaos économique et des vestiges du capitalisme naîtraient alors les valeurs de l'anarchisme.

Les faits furent plus pragmatiques mais non dépourvus d'utilité : revendications pour des augmentations salariales, allègement du temps de travail, création de bureaux de placement, etc.

Cet anarcho-syndicalisme était un compromis entre le rêve et la réalité. Si beaucoup le cautionnèrent, certains n'y virent rien d'autre qu'une lointaine promesse et ne se retrouvèrent pas dans ce mouvement.

Le terrorisme[modifier | modifier le wikicode]

Le tsar Alexandre II est assassiné le 1er mars 1881. Les assassins étaient des révolutionnaires russes n'ayant aucun lien avec l'anarchisme. Néanmoins, les leader anarchistes leurs exprimèrent leur sympathie. Dès ce jour, les anarchistes firent de l'assassinat leur ligne de conduite, baptisée, propagande par l'action. Cette position extrême ne fut pas partagée par tous. Kropotkine, entre autres, la réfuta.

En juillet de la même année, un congrès tenu à Londres décida de créer une « Internationale anarchiste » malgré les échecs précédents. On peut donc dire que c'est un assassinat politique qui fut à l'origine de l'Internationale noire. Cette association ne se réunit plus jamais par la suite, mais sa simple existence fit naître le mythe d'une conspiration anarchiste organisée. Cet évènement est important car il explique la peur de l'anarchisme et les réactions qu'il suscita dans les rangs du pouvoir.

L'assassinat d'Alexandre II et le cautionnement de ce meurtre par le congrès contribuèrent à lancer les anarchistes sur la voie de la violence. L'action terroriste individuelle, chère à Bakounine, se généralisa, d'abord en théorie, puis dans les faits.

Très vite, des journaux anarchistes tel Le Drapeau noir donnèrent le mode d'emploi de la fabrication des bombes et poussèrent ouvertement les anarchistes à l'action criminelle. Le 22 octobre 1882, une bombe explosa au Café du Théâtre-Bellecour à Lyon. Le climat était tel que, sur de très faibles indices, ce fut un anarchiste nommé Cyvogt qui fut arrêté.

En 5 ans, Lyon connut 13 attaques à la bombe et 3 tentatives d'incendie sur des objectifs aussi divers que : des postes de police, des églises, un monument appartenant aux Capucins, des tribunaux, et même, des maisons bourgeoises. À Paris, en 1886, une bouteille de vitriol explosa à la Bourse, jetée par Charles Gallo. Il profita de son procès pour prêcher l'anarchisme pendant près de 2 heures.

Cette même année, le mouvement anarchiste connut ses premiers martyrs. Le 4 mai, une bombe explosa à Chicago où des milliers d'ouvriers s'étaient réunis dans Haymarket square pour protester contre la mort de leurs camarades grévistes abattus la veille. Un policier fut tué. Les autres ouvrirent le feu sur la foule et des ouvriers armés ripostèrent. Dans la panique consécutive, d'autres policiers et un grand nombre d'ouvriers trouvèrent la mort. La colère s'abattit sur Chicago. 7 anarchistes furent arrêtés et accusés du meurtre du premier policier. Un autre se livra, pensant que, sans preuve, on ne pourrait le déclarer coupable. Le procès fut une pantalonnade. On n'essaya même pas de prouver qu'ils avaient lancé la bombe mais tous furent reconnus coupables. 4 furent condamnés à morts, 3 autres à de lourdes peines d'emprisonnement, et le dernier fut retrouvé mort dans sa cellule, une bombe éclatée en bouche. En 1893, le nouveau gouverneur de l'Illinois fit libérer les 3 prisonniers pour absence de preuves.

En Europe[modifier | modifier le wikicode]

Ravachol, qui ne tua pourtant personne, devînt le symbole même de l'action anarchiste par ses déclarations. Il affirma que s'il fallait, par erreur, tuer des ouvriers, on n'en devait pas pour autant modérer le champ des attentats si on avait une chance de tuer aussi quelques nantis. Si ce genre d'affirmations trouva un écho favorable auprès de certains radicaux, d'autres, tels Kropotkine et Malatesta les réfutèrent. Pour eux, l'anarchisme signifiait la volonté de changement et pas le terrorisme aveugle. Hélas, tant pour le grand public que pour la plupart des anarchistes, les déclarations de Ravachol furent celles qui restèrent.

Les évènements se chargèrent d'ailleurs de le démontrer. 20 personnes furent tuées lors d'un attentat à la bombe dans un théâtre madrilène en novembre 1893. En réaction, beaucoup d'anarchistes espagnols furent arrêtés et torturés dans la tristement célèbre prison de Montjuich. En France, Auguste Vaillant jeta une bombe artisanale dans la Chambre des députés. Bien que personne n'en mourut, il fut exécuté. La riposte du pouvoir égalait la peur qu'il ressentait. L'escalade continua avec Émile Henry qui jeta une bombe dans le Café Terminus pour venger Vaillant. Un mois plus tard, Carnot était assassiné, toujours pour venger Vaillant qui n'avait pas bénéficié de la grâce présidentielle. Le président Humbert d'Italie subit le même sort en 1900. L'assassinat de Canovas del Castillo fut aussi un acte vengeur suite aux tortures commises à Montjuich.

En Russie, bien qu'apparue plus tardivement, la terreur anarchiste était mieux structurée que partout ailleurs. En 1905, deux groupements, Chernoe Znamia (Bannière noire) et Beznachalie (Pas d'autorité), s'organisèrent en bandes armées et assassinèrent des propriétaires terriens, des industriels et des fonctionnaires. L'échec de la révolution freina quelque peu cette vague de crimes. La violence anarchiste passait lentement de mode. Pour preuve Bonnot lui-même n'obtint qu'assez peu de sympathie de la part des anarchistes. On peut considérer que la période « dure » de l'anarchisme s'étend de 1890 à 1900. Aujourd'hui, on entend assez peu parler de terrorisme anarchiste, car les partisans du mouvement ont désormais d'autres moyens de véhiculer leurs idées sans nuire à l'image de l'anarchisme, notamment Internet.

Critiques[modifier | modifier le wikicode]

Théodore Roosevelt, en 1901, déclara : « L'anarchisme est un crime contre toute la race humaine, et l'humanité entière devrait se liguer contre les anarchistes. » Cette phrase répondait aux assassinats de Sadi Carnot, de l'impératrice Elisabeth, de McKinley et d'un grand nombre de policiers de toutes nationalités.

S'il est évident que les actes terroristes effrayaient les gens qui voyaient en eux une attaque directe contre la propriété et l'autorité, d'autres raisons contribuaient à leurs faire voir les anarchistes comme des gens sans scrupules et prêts à tout pour arriver à leurs fins.

En premier lieu, la croyance était très répandue que les attentats de toutes formes étaient l'outil d'une internationale organisée du terrorisme. Personne ne croyait à la spontanéité du mouvement. Personne n'imaginait que la classe ouvrière et les plus démunis puissent par eux-mêmes s'insurger contre la structure de la société. Les historiens savent, à l'heure actuelle, que les actions anarchistes n'étaient ni coordonnées, ni concertées et que l'Internationale Noire n'existait que sur papier, mais ce n'était pas le sentiment de l'époque. L'idée communément admise est que les anarchistes travaillaient à une destruction totale et universelle, sans pitié ni égard.

Ensuite, le fait que les anarchistes frappaient au hasard était aussi un facteur déstabilisant. L'imprévu d'une mort violente était redoutée en permanence.

Enfin, les revendications terroristes étaient contre-nature. Attaquer l'autorité et la religion, c'était attaquer son père ou sa mère.

Les anarchistes rétorquaient que c'était cette société absurde et avide qui les avait créés, qu'il ne faisaient que renverser le courant habituel où le pauvre mourait pour le riche, que, jamais, leurs crimes n'égaleraient ceux des dirigeants. En bref, l'anarchisme était une autodéfense.

Curiosité anarchiste, chacun agissait seul, ou presque, mais aucun ne se sentait isolé. Pallas disait : « Ils sont des milliers à poursuivre l'action ». Il ne se trompait pas.

Références[modifier | modifier le wikicode]

Ouvrages[modifier | modifier le wikicode]

  • Roderick Kedward. Les anarchistes. Origines et formation des mouvements libertaires 1970 - Éditions Rencontre Lausanne.
  • Jacques Cecius. Anarchisme, une utopie nécessaire. 2002, Labor.
  • Robert Nozick. Anarchie, état et utopie. 2003, PUF.
  • Irène Pereira. Anarchistes. 2009, La Ville brûle
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