Abbaye du Mont-Saint-Michel

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L'abbaye du Mont-Saint-Michel
L'abbaye du Mont-Saint-Michel en 1415, enluminure des Très Riches Heures du duc de Berry.

L'abbaye du Mont-Saint-Michel est située en France, en Normandie, dans le département de la Manche, sur l'îlot granitique du mont Saint-Michel. Elle a été construite au Moyen Âge.

C'est actuellement un des monuments français les plus visités : trois millions de visiteurs par an.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Des origines au XIIIe siècle[modifier | modifier le wikicode]

La première construction est une église construite sur le « mont Tombe » en 708.

La légende dit que l'archange saint Michel a ordonné une nuit à l'évêque d'Avranches, Aubert, de lui construire une église. L'évêque croit que c'est un rêve. Au bout de la troisième fois, saint Michel lui perce un trou dans le crâne. Avant, sur ce rocher il y avait, peut-être, des cultes celtes ou gaulois. L'endroit est idéal pour les moines, car il est à l'écart de la population.

En 966, le duc de Normandie, Richard Ier renvoie les chanoines installés au VIIIe siècle, et fait appel à douze moines bénédictins de Saint-Wandrille sous les ordres de l'abbé Maynard venu de la ville de Gand. Les constructions commencent à partir de là. Les Bénédictins construisent une église abbatiale et plusieurs bâtiments : un réfectoire, un dortoir, une salle de travail, un cloître, une aumônerie.

En 1204, une armée bretonne met le feu au village du Mont-Saint-Michel. Le feu monte jusqu'à l'abbaye et détruit les constructions du nord.

Le roi Philippe Auguste, pour racheter la faute de ses partisans, finance la réalisation d'un nouveau et magnifique ensemble, la «  Merveille  », qui comprend six salles :

  • à l'est : l'aumônerie, la salle des hôtes, le réfectoire ;
  • à l'ouest : le cellier, le scriptorium, le cloître.

Du XIVe siècle à nos jours[modifier | modifier le wikicode]

La guerre de Cent Ans oppose de 1337 à 1453 la France à l'Angleterre. En 1434, le Mont-Saint-Michel se hérisse de remparts et de tours. Quatre cents défenseurs, dont 119 chevaliers, le protègent face à « 20 000 attaquants » anglais. Grâce à ses hautes murailles et à sa construction défensive (mâchicoulis et corbeaux), le Mont-Saint-Michel est imprenable.

Au XVIIe siècle, des moines bénédictins mauristes (wp) s'installent et le Mont-Saint-Michel est aménagé pour leur confort.

Au moment de la Révolution française, les moines quittent l'abbaye. Au XIXe siècle, de 1792 à 1863, le Mont-Saint-Michel devient une prison : un plancher est installé à mi-hauteur de la nef pour entreposer de la paille, certains murs sont percés pour faciliter la circulation et on installe une grue à treuil dans l'ossuaire. Depuis le XXe siècle, c'est un lieu de tourisme.

Architecture[modifier | modifier le wikicode]

Vue aérienne de l'abbaye, côté nord.
Coupe de l’abbaye : la Merveille se trouve à gauche.

La construction de l'abbaye a été difficile, car le mont Saint-Michel est un rocher et les moines voulaient l'église abbatiale au sommet du rocher. On a donc construit des cryptes sur le flanc du rocher. Ce sont elles qui soutiennent l'église abbatiale.

Les techniques de construction sont assez simples. En bas du chantier, les tâcherons taillent exactement les pierres comme l'architecte le demande ; les pierres sont ensuite montées par des roues d'écureuils, des treuils et sont mises en place ; puis les voûtes sont décintrées ou décoffrées, et normalement, tout tient.

Le plan de l'abbaye est très compliqué : les visiteurs ont du mal à se repérer, suivant un circuit qui les mène de bâtiment en bâtiment, et sur plusieurs niveaux.

Architecture romane[modifier | modifier le wikicode]

L'art roman apparaît vers l'an mille. Il se développe en Italie et en Espagne. Trois types de voûtes sont possibles : voûte en plein cintre, voûte en arc brisé, voûte d'arête. Les façades des églises romanes sont décorées pour inviter les hommes à la prière et les préparer à entrer dans l'église. Il n'y a pas beaucoup de lumière dans ces églises, parce que les fenêtres y sont étroites ; les murs doivent être très épais et très solides pour soutenir les voûtes.

Notre-Dame Sous-Terre

Les restes de l’église abbatiale d'origine, fondée en 966, ont été redécouverts à la fin du XIXe siècle. Restaurée, elle se présente sous la forme d'une grande salle préromane de 14 m x 12 m, divisé en deux parties par un gros mur médian de soutien.

Les autres bâtiments abbatiaux ont ensuite été élevés en style roman, puis gothique, à l’est de l’église originale, sur le sommet du rocher : ils ont fini par la recouvrir et la faire oublier.

Crypte Saint-Martin

La crypte Saint-Martin est une chapelle destinée à la prière. Située sous le transept sud de l'église abbatiale, elle était utilisée par les moines, mais aussi parfois par les pèlerins. La voûte de cette crypte est en berceau et plein cintre, avec une portée de 9 mètres.

Église abbatiale

L'église abbatiale actuelle a été construite à partir du XIe siècle. Sa nef romane est à trois niveaux. Les colonnes et les piliers soutiennent un second étage éclairé par des fenêtres assez larges. La voûte de la nef n'est pas en pierre, mais en bois, de façon à être la plus légère possible.

Architecture gothique[modifier | modifier le wikicode]

Le nom d'art gothique fut inventé à la Renaissance pour désigner le style artistique existant en Europe du milieu du XIIe siècle jusqu'au XVIe siècle. Le terme rappelle les Goths et exprime le mépris des hommes de la Renaissance pour ce style qu'ils n'aimaient pas. Le terme est resté pour désigner l'architecture du Moyen Âge de cette époque : l'art gothique s'est développé dans les villes au moment de la construction des cathédrales. Dans ce style gothique, les bâtiments construits sont très hauts et très lumineux.

Les premiers bâtiments gothiques du Mont-Saint-Michel sont la salle de l'Aquilon (qui ne se visite pas) et, juste au-dessus d'elle, une salle d'assez grandes dimensions, sur croisées d'ogives, connue sous le nom de «  promenoir des moines  », qui a pu servir, en son temps, de réfectoire ou de salle du chapitre, qui donne accès au Scriptorium (voir ci-dessous).

Plan du niveau de l'église

La Merveille[modifier | modifier le wikicode]

La «  Merveille  » forme un ensemble de six salles gothiques, disposées sur trois niveaux.

Niveau supérieur : cloître et réfectoire[modifier | modifier le wikicode]
Cloître

Le cloître est un jardin carré qui était réservé aux moines. C'est le lieu de la promenade, de la conversation, du recueillement : un lieu de prière et de méditation pour les moines. Ce jardin est suspendu entre la mer et le ciel ; il est entouré d'une galerie couverte située au niveau du réfectoire et de l'église. Il repose sur les voûtes de la salle des chevaliers. Les murs, en granite, sont ornés de fleurs qui rappellent les jardins d’Éden.

Réfectoire

Le réfectoire est une vaste salle rectangulaire. Le plafond est une voûte en berceau pour alléger le poids sur les murs. Cinquante-neuf fenêtres (assez étroites) diffusent une lumière douce et uniforme sur l'ensemble de la pièce. C'est dans ce lieu que les moines prenaient leurs repas en écoutant en silence le lecteur installé dans une chaire enchâssée dans le mur sud.

Niveau intermédiaire : Scriptorium et salle des hôtes[modifier | modifier le wikicode]
Le Scriptorium ou «  salle des Chevaliers  »
Plan du niveau de la salle des chevaliers

Le Scriptorium, appelé aussi « salle des Chevaliers », est la salle de travail des moines. C'est là qu'ils copient et mettent en couleurs les manuscrits. Les livres étaient très chers, et ils empruntaient des manuscrits à d'autres abbayes, ils les copiaient. Le livre était placé dans la grande bibliothèque. Au Moyen Âge, les abbayes possèdent les plus grandes bibliothèques ; les livres sont des livres religieux et des livres de l'antiquité grecque et romaine.

Salle des hôtes

La salle des hôtes se situe dans le bâtiment ouest. Elle est divisée en deux nefs séparées par une rangée de colonnes supportant une voûte sur croisées d'ogives.

C'est un lieu élégant, une salle princière où les moines recevaient les hôtes et leur cour. De grandes cheminées dans le mur ouest constituaient la partie cuisine qui était séparée de la pièce par une tapisserie suspendue à des poutres encore visibles.

La salle était décorée de peintures, de vitraux et d'un carrelage rouge orné de fleurs de lys dorées.

Niveau inférieur : entrepôts et accueil des pauvres[modifier | modifier le wikicode]
Plan du niveau de l'aumônerie
Cellier

Le cellier est un entrepôt où l'on conservait les vivres. Il soutient le Scriptorium (« salle des Chevaliers ») placé juste au-dessus de lui.

Aumônerie

L'aumônerie est un vestige roman de la première abbaye. Elle est située sous la salle des hôtes, qu'elle soutient. C'est une grande salle de 35 mètres de long, divisée en deux nefs couvertes par de simples voûtes d'arêtes. Cette salle est le lieu où les moines respectaient la parole de saint Benoît : elle procurait un abri et de la nourriture aux pauvres.

Derniers éléments gothiques[modifier | modifier le wikicode]

Chœur gothique flamboyant de l'église abbatiale

Le chœur de l'abbatiale est de style gothique flamboyant, avec des voûtes sur croisée d'ogives. Ce chœur, très vaste, est baigné de lumière par ses vitraux. Il remplace un ancien chœur roman, écroulé.

Les possessions de l'abbaye au Moyen Âge[modifier | modifier le wikicode]

Les moines ont acquis leurs terres grâce aux ducs de Normandie, notamment Richard Ier. Les ducs de Normandie, mais aussi les rois de France (comme Philippe Auguste), ont fait des dons en terre et en argent.

Des paysans travaillaient sur les terres des moines. Ils cultivaient des champs au profit des moines, et bénéficiaient en retour de leur protection. La nourriture ainsi récoltée pouvait aussi servir à nourrir les pauvres qui venaient chercher de l'aide à l'abbaye.

Sur l'ensemble de la seigneurie, l'abbé perçoit des impôts et des taxes nommés cens et champart, versés par les paysans : taxes sur les marchés, les poids et mesures...

Les dons que les pèlerins faisaient à l'abbaye servaient aussi à sa construction .

L'abbé possède six baronnies et cinquante paroisses qui représentent des milliers d'hectares. Les moines sont souvent des seigneurs qui ont beaucoup d'argent qui permet aussi de financer les constructions.

La vie des moines au Moyen Âge[modifier | modifier le wikicode]

Leurs règles[modifier | modifier le wikicode]

Les moines du Mont-Saint-Michel suivent la règle de saint Benoît (aussi appelée la règle bénédictine). Ils doivent se consacrer uniquement à la méditation, à la prière et vivre à l'écart de la population. Les moines étaient une soixantaine au XIIe siècle et au XIIIe siècle, une quarantaine.

La journée d'un moine[modifier | modifier le wikicode]

  • 0 h 30 : Vigile (messe) - 2 h 30 : Ils se recouchent. - 4 h 00 : Mâtines (nouvelle messe et prière) - 4 h 30 : Ils se recouchent encore.
  • 5 h 30 : Lever en même temps que le soleil ; toilette de la barbe et du corps avant 6 h. - 5 h 45 : Messes privées - 6 h 00 : Prime (prière, messe et chant) - 6 h 30 : Lecture d'un chapitre de la règle de saint Benoît - 7 h 30 : Messe. - 8 h 15 : Messe privée - 9 h 00 : Tierce (messe et chant) - 10 h 45 : Travail - 11 h 30 : Sexte (prière, messe et chant).
  • 12 h 00 : Repas - 12 h 45 : Sieste - 14 h 00 : None (messe et chant) - 14 h 30 : Scriptorium (salle de travail) - 16 h 30 : Vêpres (prière, messe et chant)
  • 17 h 30 : Souper - 18 h 00 : Complies (prière, dernière messe et chant) - 18 h 45 : Coucher.

Dans le cloître, les moines réfléchissent à la Bible. Dans le réfectoire, les moines se lavent les mains avant chaque repas et ont l'obligation de manger tout ce qu'il y a dans leurs assiettes. Ils sont également obligés d'arriver à l'heure pour ne pas manquer la prière. Pendant tout le repas, un moine lit des textes religieux et le repas se fait en silence. Les moines communiquent par gestes. Ils n'ont pas le droit de regarder l'assiette de leur voisin, ni de faire du bruit en mangeant. Il leur est aussi interdit de faire des taches sur la nappe.

Quelques moines ont un travail particulier. Le chapelain par exemple est le secrétaire particulier de l'abbé : il occupait le rôle de secrétaire général et était chargé de rédiger et d'expédier les actes au nom de l'abbé. Il est probable qu'il était aussi chargé de s'occuper des archives. Son importance changeait selon les abbés qu'il servait. L'aumônier organisait l'accueil des pauvres, des mendiants et des pèlerins. L'évolution du pèlerinage au Mont-Saint-Michel entre les Xe et XVe siècles laisse deviner l'importance de sa tâche.

Les pèlerinages du Moyen Âge vers le Mont-Saint-Michel[modifier | modifier le wikicode]

Les pèlerins étaient des croyants (appelés miquelots). Beaucoup de personnes célèbres sont venues au Mont-Saint-Michel, la plupart étaient des rois comme Philippe Ier (?), Louis IX de France, Louis XI de France, François Ier de France ou encore Philippe Le Bel.

On venait en pèlerinage au Mont-Saint-Michel pour prier l'archange saint Michel et se faire pardonner ses péchés. En priant, ils espèrent obtenir le salut de leur âme (aller au paradis).

Les pèlerins faisaient la traversée à pied quand la marée était basse. Le problème, c'était les sables mouvants, beaucoup de pèlerins s'enfonçaient. Aucun ne venait en bateau à marée haute, c'était très dangereux.

Avant, les pèlerins allaient au mont Gargan, en Italie, chercher un morceau de roche. Ce fameux morceau de roche était sacré pour eux. Les pèlerins du Mont-Saint-Michel voulurent imiter les pèlerins qui allaient au mont Gargan, mais cette pratique fut interdite. Ils décidèrent de ramasser des coques pour les porter sur eux. C'est devenu l'insigne du pèlerin. C'était déjà l'insigne du pèlerin à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Les pèlerins venaient aussi pour voir les reliques : il y avait 214 reliques au Mont-Saint-Michel (dont le crâne de saint Aubert, son bras et un fragment de la Croix de Jésus) et les moines devaient les présenter aux pèlerins pendant les messes.

Liens[modifier | modifier le wikicode]

Abbey-of-senanque-provence-gordes.jpg
Des abbayes
Article mis en lumière la semaine du 11 février 2013.
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Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Abbaye du Mont-Saint-Michel de Wikipédia.

48° 38′ 09″ N 1° 30′ 41″ W / 48.635834, -1.511389